Jours
fastes pour les fauteurs de mort ! Jours de quiétude absolue, aussi
!
Le mercredi 27 juin, le Conseil constitutionnel valide purement et simplement
la "loi Aubry", prolongeant de dix à douze semaines le délai légal d'avortement.
Tant pis pour les territoires français du Pacifique dont les instances
dirigeantes, en application de l'ouverture juridique faite par la loi
Veil, avaient toujours tenu que de les disposition concernant l'avortement,
relevant d'un problème de santé, étaient du ressort de la compétence
territoriale. Pas du tout ! répondent les neuf grands juges
de la République de telles dispositions relèvent du droit des
personnes et sont donc de la seule compétence du législateur. Les Français
du Pacifique n'ont donc aucun droit à échapper à la législation de mort
élaborée à Paris … sauf à vouloir cesser d'être Français.
Le vendredi 29 juin, la Cour de cassation, rejetant les arguments de
l'avocat général décide qu'il ne peut y avoir d'homicide à l'égard d'un
enfant non-né, en d'autre termes que celui-ci n'a pas la qualité de
personne humaine.
Contre l'arrêt de la cour d'appel de Metz qui avait jugé, en substance,
que pour qu'il y ait homicide, il fallait qu'il y ait "personne", et
que « pour qu'il y ait personne, il (fallait) qu'il y
ait un être vivant, c'est à dire venu au monde et non décédé »,
l'avocat général, dans son pourvoi, avait soutenu au contraire que «
le fait de provoquer la mort d'un enfant à naître constitue le délit
d'homicide involontaire dès lors que celui-ci était viable au moment
des faits … »
Pour le plus parfait haut-parleur de la pensée unique, le quotidien
Libération du 30 juin, qui revient sur des jurisprudences
plus ou moins contradictoires, dont LLV-SOS FM s'est plusieurs
fois fait l'écho, il est évident que l'on ne peut « tuer
que des personnes juridiquement vivantes ». « Encore
une lapalissade » , commente benoîtement ce journal,
qui ajoute : « Bien sûr, il est impossible d'assassiner
quelqu'un qui n'existe pas. Là la référence à l'avortement est explicite
et soulage tous les militants de l'IVG. »
On ne saurait effectivement mieux dire !
Il faut bien avouer que la logique de ces autres grands juges de la
République échappe quelque peu au profane ; car c'est bien les
mêmes qui, il y a à peine quelques mois, ont décidé que l'on pouvait
indemniser un enfant né handicapé, au motif que son handicap, détectable
mais ne l'ayant pas été lors de la grossesse de sa mère, celle-ci n'avait
pas eu de raisons de recourir à l'avortement. Alors ! ce malheureux
Nicolas Perruche, oui ou non était-il le même, dans la personne du fœtus,
marqué des stigmates de ses infirmités congénitales, et dans celle de
l'homme effectivement né et indemnisé pour cela ? Si on l'indemnise
c'est bien qu'il était le même. Et s'il était le même c'est bien qu'il
était vivant. Et s'il était vivant, c'est qu'on pouvait le tuer.
Quant
à Libération, qui traite comme quantité négligeable le
bébé de Sylvie Grosmangin, ne se lamentait-elle pas au contraire, il
y a moins d'un an ( le 3 octobre 2000), sur celui de Aïssatou Sidibé,
mort-né à Roissy où sa mère aurait été victime des mauvais traitements
de la police ?
Ce n'est pas Laissez-les-Vivre SOS Futures Mères , mais
bien Libération qui a titré sur "Le passager illégal meurt
avant de naître". Vous lisez bien : ce bébé-là est mort avant
de naître !
Non, vraiment, on ne comprend pas du tout ! Le bébé de Sylvie Grosmangin
n'était pas une personne. Il ne pouvait donc pas être tué. Point !
Le bébé d'Aïssatou Sidibé, lui, en était une. Donc il a pu être tué.
Jours fastes donc pour tout ce qui ne se préoccupe que de liquidation
constructiviste. Jours de quiétude aussi ! Car, au sein d'un immense
concert de lamentations, de protestations verbales, et d'oraisons jaculatoires
ou organisées, qui a posé la seule et unique question sérieuse, la seule
vitale, la seule susceptible de renverser le cours des choses, dans
une situation semblable, inscrite désormais dans la durée, qui est la
question de l'adéquation de la caste au pouvoir avec la finalité propre
à l'agir politique ?
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