L'O.N.U.
décidait il y a trois ans que 1974 serait "l'Année
mondiale de la population". La réunion vient de se
tenir à Bucarest.
Le
clan malthusien international, dirigé par les U.S.A., voulait
obtenir l'unanimité ou au moins une très large majorité
pour déclencher à l'échelle mondiale une
vaste offensive en faveur de la contraception massive et généralisée,
de l'avortement légal, de l'abolition des législations
familiales, sans parler des autres mesures s'inscrivant dans la
même ligne intellectuelle, la stérilisation étendue
et l'euthanasie qui, pour n'être pas au premier plan, se
situent dans la suite logique de l'idée directrice.
II
n'en a rien été.
Contre
ce groupe : U.S.A., Indes, Indonésie, certains pays scandinaves,
Tunisie, et Singapour et quelques autres, sont apparues deux forces
importantes :
1)
Un groupe entraîné par la Chine, l'U.R.S.S. certains
pays d'Amérique du Sud, telle l'Argentine, ou l'Afrique
centrale, qui ont dénoncé "la fausse alarme"
de l'explosion démographique déclenchée par
le groupe précédent, animé par les U.S.A.
et qui ont au contraire proclamé que la première
richesse de l'Humanité est l'Homme, c'est-à-dire
sa population et que si l'être humain est un consommateur
il est d'abord un producteur.
On
sait que quatre pays socialistes ont abrogé leur loi d'avortement
légal et libre.
2)
Le représentant du Saint-Siège, Mgr Edouard Gagnon,
qui représentait l'opinion catholique officielle, c'est-à-dire
celle de plus de 600 millions de personnes dans le monde, et qui
a restauré avec fermeté la hiérarchie des
finalités. II a rappelé que l'homme n'était
ni d'abord un consommateur, ni d'abord un producteur de biens
économiques, mais que son destin requiérait d'abord
qu'il pense et agisse conformément à la raison et
à l'équité, que le principe du droit à
la vie de tout être humain et le devoir corrélatif
du respect de la vie sont antérieurs aux aspects partiels
d'une présentation purement économique, qu'elle
soit formulée en termes de consommation, de production
ou même de répartition.
Le
Souverain Pontife avait notamment déclaré le 18
août, juste avant la conférence, que le premier aspect
est celui du droit à la vie, que cela comporte beaucoup
de choses et tout d'abord des principes fondamentaux pour l'existence
et le progrès du genre humain.
Donc
deux groupes puissants se sont opposés au groupe malthusien
occidental qui n'a donc pas pu imposer ses thèses et ses
lignes d'action.
II
a été en somme rappelé que l'Humanité
n'était pas composée que de consommateurs, présentés
sur le fond comme des tubes disgestifs exclusifs, sans cerveau,
ni bras, ni jambes, mais que les hommes avaient un cerveau, des
bras et des jambes pour travailler et produire et qu'il y avait,
en outre, autre chose que la vision purement économique
des problèmes.
II
est regrettable que le représentant de la France, dont
la natalité est en baisse rapide, n'ait pas cru devoir
rappeler les énormes problèmes du vieillissement
accéléré de la population qui atteignent
toute l'Europe occidentale et compromettent directement son avenir
économique et politique ayant dans l'inflation accélérée
actuelle une responsabilité au moins aussi importante et
sans doute plus importante que le pétrole.
Encore
aurait-il fallu que ce représentant, comme le Gouvernement
et le Président, à défaut de connaître
le problème, sache seulement qu'il existe ce qui n'est
pas.
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, décembre 1974
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