Nous
serons brefs pour ne retenir que l'essentiel mais nous irons à
l'essentiel. Dans le passé, il n'y avait pas d'aide à la famille,
car la famille était le fait de tous et un fait considéré alors
comme normal.
1
° Le malthusianisme se développe en France durant tout le XIXe siècle
et jusqu'en 1940 puis courte éclipse et réapparition en force.
Une nouvelle situation se crée qui met du temps à faire sentir
son anomalie puis à faire réclamer une correction. On voit ceux
qui n'ont aucune charge ou des charges restreintes au minimum
avoir un niveau de vie élevé et les familles vivre difficilement,
voire misérablement quand elles sont très nombreuses et dans des
milieux pauvres. II se développe en leur faveur un mouvement d'aide
au bout d'un siècle environ qui est une assistance.
Cette conception durera très longtemps, jusqu'au Code de la Famille
et à la politique inaugurée juste avant la guerre de 1939, poursuivie
par le régime de Vichy puis par les Gouvernements de la Libération
et de toute l'agrès-guerre.
2°
Cette nouvelle politique est un tournant fondamental. II ne s'agit
plus d'une assistance. II s'agit de la prise de conscience que
la préparation de l'avenir national dans la mesure
où la Nation veut un avenir et alors elle le veut est l'affaire
de tous les Français et donc que tous doivent y participer.
II est donc normal que les frais de préparation de cet avenir
soient supportés par toute la Nation et non par une
minorité sacrifiée. Les prestations familiales et les différentes
facilités données aux familles ne sont plus une assistance pour
miséreux mais un transfert social, et par différents moyens de
financement l'ensemble de la Nation contribue à l'effort financier
qu'exige cette préparation de l'avenir. Cette conception est absolument
normale. Les familles ne quémandent plus une aide. Assumant la
préparation fondamentale de l'avenir du pays, avenir qui n'existerait
pas sans elles, elles reçoivent de la part de la Nation des moyens
de financement pour cette uvre nationale. Elles ont le
droit le plus strict à ce financement pour une tâche considérable
d'intérêt national. Ce droit est aussi fondamental que le droit
à salaire ou à honoraires pour un travail normalement effectué.
Cette
doctrine parfaitement valable est restée en vigueur même encore
aujourd'hui. On doit seulement remarquer que la Ve République
a volontairement réduit constamment le niveau de vie des familles.
Le mot volontairement n'est pas un lapsus. Nous disons volontairement
puisque les Gouvernements de la Ve République ont gouverné sans
partage et ont fait absolument ce qu'ils voulaient depuis son
avènement. et que si la situation des familles s'est constamment
détériorée sous son règne, c'est bien parce que ces Gouvernements
l'ont voulu ainsi, ayant toutes les possibilités de faire autrement
avec toujours la majorité absolue au Parlement. Sur le plan
des idées, ce régime avait aussi tous les moyens d'endiguer la
poussée malthusienne actuelle, en raison entre autres de la situation
démographique tout à tait spéciale de la France actuelle. II ne
l'a pas fait non plus, ouvrant au contraire toutes les. possibilités
O.R.T.F., radio, etc., aux partisans de la mort nationale, les
autres, c'està-dire ceux grâce auxquels la France survit, n'ayant
pas la possibilité de s'exprimer, même à armes inégales.
Ce
régime a donc l'entière responsabilité de la nouvelle crise démographique
française, de la nouvelle dénatalité.
L'Histoire
jugera. Néanmoins, malgré une détérioration délibérée de la situation
des familles, il n'y a pas eu, en dépit de certaines tentatives
de retour à la politique de l'assistance, changement de doctrine
sur ce point. La famille est toujours un investissement national
à faire supporter théoriquement par tous.
3°
Un événement dont on n'a pas encore mesuré l'importance marque
un nouveau changement dans cette affaire, un changement théorique
profond, qu'il importe justement d'analyser. La loi Neuwirtz
n'est pas une simple modification de la loi de 1920. C'est
beaucoup plus que cela et cela amène à une nouvelle conception
de l'équité dans la question démographique. La conception
précédente reste en vigueur et valable, mais il y a quand même
des changements fondamentaux dont il importe d'analyser
la signification et de tirer les conséquences par de nouvelles
réclamations de la part de tous ceux qui défendent la famille
et les familles. Leur effort doit porter sur une nouvelle vision
du problème.
II
faut bien comprendre qua la pilule anticonceptionnelle est un
moyen théorique de destruction démographique par tarissement d'une
efficacité voisine de 100 (Rapport du Haut Comité de la Population,
p. 32-33). 1er point. La loi reconnaît officiellement à tous
le droit de s'en servir. Nous disons : à tous. Ceci
est donc strictement légal, et il est constitutionnel
que ce droit soit valable pour tous, et on chercherait en vain
dans la loi une restriction qui serait d'ailleurs anticonstitutionnelle,
l'égalité des droits faisant partie des principes constitutionnels
les plus fondamentaux et les plus formels. Ceci représente un
changement profond et radical sur ce qui existait avant,
période pendant laquelle les méthodes anticonceptionnelles n'étaient
que tolérées ou plus ou moins encouragées selon les époques, mais
toujours plus ou moins officieusement, mais jamais officiellement
reconnues et couvertes par la loi. Ce passage du toléré ou du
tacitement accepté à l'officiel est un changement
décisif.
II
faut donc obligatoirement examiner ce qui se passerait si ce droit
reconnu à tous était utilisé complètement par tous. C'est clair.
C'est la destruction totale de la Nation en quelques décades.
Le
Gouvernement autorise donc un droit qui utilisé constitutionnellement
par tous aboutit à la destruction totale du corps national. II
ne s'agit plus d'amoindrissement, de régression, mais de disparition
totale.
Comme,
par ailleurs, la mission du Gouvernement est d'assurer la survie
du corps national, il y a là une incompatibilité majeure dans
les principes d'organisation du corps national. Cette incompatibilité
n'est levée que si apparaît simultanément la notion du devoir
d'assurer la condition indispensable de la survie du pays, à savoir
le renouvellement des hommes. Et ce devoir ne saurait être facultatif,
car s'il était admis comme facultatif cela signifierait qu'il
serait admis pour tous qu'il est possible à tous de s'en dispenser,
ce qui, conjugué avec l'autre droit admis pour tous, aboutit à
la mort nationale. Ce point est décisif. Si ce devoir était facultatif,
cela voudrait dire qu'il peut ne pas être assumé et que tous
peuvent s'en dispenser, ce qui avec l'utilisation intégrale de
l'autre droit aboutit à la destruction totale.
A
moins d'accepter la volonté de destruction nationale de la part
du Gouvernement lui-même, le fait d'accorder à tous le
droit de décider la mort nationale (loi Neuwirtz) fait surgir
le devoir non facultatif d'assurer la survie nationale.
Certes le législateur pense que s'il reconnaît à tous le droit
de décider la mort nationale, ce droit ne sera pas utilisé par
tous. Et en cela il a raison sur le plan pratique, car tous ne
recourront pas à ce droit. Mais ce faisant, il crée officiellement
une situation nouvelle. Il crée officiellement deux catégories
de citoyens, ceux qui recourent à ce droit et ceux qui n'y
recourent pas.
La
création de ces deux catégories est en réalité effectivement
créée par la loi et reconnue par la loi. Ces deux catégories
sont :
1°
La catégorie de la mort nationale certaine et voulue ;
2° La catégorie de la survie nationale elle aussi voulue (puisqu'il
y a non-utilisation volontaire d'un droit admis).
Cette
situation nouvelle a des conséquences capitales
qui doivent faire naître de nouvelles dispositions politiques
et législatives, et qui conduisent directement au problème
de l'équité dans la question démographique. II y a encore deux
hypothèses de discussion :
ou bien nous avons affaire à un gouvernement-suicide qui décide
lucidement la mort de la Nation, et les problèmes ne sont plus
que ceux de la préparation des obsèques de la Nation. II ne s'agit
pas d'hypothèses macabres pour le plaisir. L'agression contre
la vie de l'homme par les moyens biologiques arrêtant la vie est
aussi dangereuse que l'anéantissement atomique. Et des individus
se suicident. Pourquoi pas des Nations ? L'hypothèse d'un
gouvernement-suicide n'est pas absurde. Tout est possible et les
nations ont les moyens de leur suicide. II y a des savants inquiétants,
y compris des prix Nobel (Dr Crick) et l'humanité est guettée
par d'autres dangers que l'arme atomique et aussi redoutables.
Les problèmes de la justice pour les hommes qui vivent sont dépassés
dans la pratique même s'ils ne doivent pas l'être sur le plan
de l'éthique ;
ou bien nous n'avons pas un gouvernement-suicide. Nous travaillerons
dans cette hypothèse. Nous ne supposerons pas un gouvernement
éclairé et cultivé sur les questions démographiques, mais un gouvernement
aux concepts élémentaires optant simplement pour la survie. Dans
cette conception gouvernementale, toute sommaire qu'elle soit,
l'État est obligé de considérer la catégorie de Français qui assure
la survie nationale comme s'acquittant d'un devoir non
seulement décisif mais obligatoire. Si cette catégorie
n'assure plus ce devoir, c'est la mort nationale. C'est
bien un devoir décisif. Et puisque l'option survie est choisie
c'est bien un devoir obligatoire.
Tout
est clair et précis.
Un
gouvernement malthusien mais qui veut quand même la survie
par opposition au gouvernement malthusien suicide est obligé
d'admettre ce point de vue. II existe dans la vie d'une nation
au moins deux autres devoirs vitaux :
le devoir de défense ;
- le devoir du travail.
S'il
y a refus général du travail ou s'il y a refus général de la défense,
c'est la mort nationale.
Dans
la question travail il n'est pas encore légalement admis
que des sujets normaux, non malades, peuvent ne rien faire en
vivant aux crochets de ceux qui s'imposent le travail.
Dans
la question de défense, l'objection de conscience est légalement
admises (loi du 21 décembre 1963). Dans la question de l'objection
de conscience, que passe-t-il et qu'est-ce que l'esprit d'équité
a entraîné comme solution ? L'objecteur de conscience doit
accomplir un service pour la société équivalent en charge et en
durée pour lui à celui qu'il élude ou refuse. II aurait été absolument
immoral et pour tout dire proprement intolérable que
pendant qu'une catégorie de Français s'impose un sacrifice important,
même en temps de paix, et a fortiori en temps de guerre (pendant
lequel à la perte de temps s'ajoutent le risque de blessures et
les risques vitaux) l'autre catégorie continue tranquillement
ses petites affaires, etc. Le service imposé aux objecteurs de
conscience est imposé formellement par l'esprit d'équité.
Où en sommes-nous dans la question démographique ?
Dans
les deux catégories officiellement créées par la loi, il y a la
catégorie de la vie qui s'impose un travail supplémentaire et
d'importants sacrifices financiers et il y a la catégorie de la
mort qui s'impose quoi et à qui l'État impose quoi ? Elle
ne s'impose rien et l'État ne lui demande rien, au point que le
niveau de vie d'une famille moyenne de trois enfants cas
schématique est, à profession égale, moins de la moitié
du niveau de vie de la catégorie de la mort nationale. Ce qui
veut dire que l'État donne en fait, à cette catégorie une sorte
de prime de niveau de vie qui le double, ce qui est énorme. Transposons,
puisque dans ce pays il est très difficile de faire comprendre
même les choses les plus simples et les plus claires. C'est comme
si l'État ne se contentait pas d'accepter officiellement l'objection
de conscience mais, en outre, ne demandait aux objecteurs aucun
service en échange du service refusé et en outre leur donnait
une prime spéciale doublant leurs revenus par rapport à la catégorie
acceptant le service militaire et la défense du pays en cas de
guerre. Ce serait un scandale énorme, une iniquité intolérable.
Il en est pourtant exactement ainsi dans la question démographique,
en ce moment même.
L'équité,
l'esprit d'équité, exigent donc une modification profonde de cette
situation ? L'équité exige donc l'introduction d'une notion
nouvelle dans cette affaire. Les notions d'assistance aux plus
défavorisés ou de coopération en commun mais dans des proportions
injustes aux charges de l'avenir, tout en restant valables,
sont dépassées. La catégorie qui assure l'effort de l'avenir a
droit à un niveau de vie au moins égal c'est
la moindre des choses au niveau de vie de la catégorie
de la mort nationale. L'État peut accepter totalement et vous
limiter l'objection de conscience entraînant la mort nationale
(1), mais au moins sans prime (2). Et il doit exiger de
cette catégorie un service équivalent au service éludé.
Et il doit, en outre, prendre les dispositions qui font disparaître
complètement les avantages de l'option de la mort. Ce sont
les conditions de l'équité. Ce sont aussi les conditions
de la véritable liberté de décision dans cette affaire.
Où est la liberté quand une décision dans un sens est assortie
d'une prime de fait doublant le niveau de vie ? Nous pensons
qu'il est déjà bien beau et magnanime de la part de l'État d'accepter
pour ceux dont le comportement entraîne la mort nationale un niveau
de vie égal à celui de ceux grâce auxquels la nation vivra. Cette
revendication est donc une revendication minimum, de stricte
équité, visant à l'élimination d'un scandale permanent
et profond. Les organisations qui défendent à la fois l'avenir
de la Nation et l'esprit de justice doivent formuler des revendications
concrètes dans ce sens. Comment formuler ces revendications
sur le plan pratique ?
L'équité
dans la question démographique exige certes une revalorisation
des prestations familiales, un quotient familial accordant une
part entière par enfant au lieu d'une demie, et toute une série
de mesures facilitant la vie des familles, le travail à mi-temps
pour la femme, etc., c'est-à-dire une amélioration des moyens
déjà connus avec certaines innovations, mais ceci ne peut
pas parvenir à assurer l'équité, c'est-à-dire un niveau
de vie égal des deux catégories de Frangais à niveau professionnel
égal. Ceci ne peut être obtenu par ces moyens parce qu'il
faudrait qu'ils soient augmentés dans des proportions extrêmement
importantes que l'économie ne pourrait permettre à supposer
que l'opinion l'accepte. Et dans son état actuel elle ne l'accepterait
pas. Ceci peut par contre être obtenu par un autre moyen
que l'opinion n'acceptera pas facilement étant donné, là encore,
son état actuel, mais qu'elle sera contrainte d'accepter
en raison de phénomènes implacables et sans complaisance
qui vont peser sans aménité sur l'économie de ce pays.
Ces problèmes sont les charges très élevées du vieillissement
et des retraites, charges qui seront encore plus lourdes si d'aventure
la démagogie ignorante abaissait l'âge de la retraite. II faudra
bien trouver des ressources nouvelles pour payer ces charges extrïmement
élevées et croissantes et du fait du vieillissement accéléré de
la population le déficit actuel de la Sécurité sociale n'est qu'un
début qui sera largement dépassé. II faudra des taxes inédites
pour les supporter : taxes qui ne sauraient être payées par
les seules entreprises industrielles qui auront aussi pour des
raisons qu'on ne peut développer ici des difficultés croissantes.
II faudra un impôt spécial retraites vieillissement
grands déficits sociaux. Et c'est par le jeu de cet impôt que
l'équité dans la question démographique pourra être obtenue. Qui
devra le payer en effet ? Du fait de la loi Neuwirtz, il
y a maintenant officiellement deux catégories de Français,
la catégorie avec charges et la catégorie sans charges. Et il
y a une nouvelle division des niveaux de vie, pas entièrement
nouvelle en réalité mais officiellement nouvelle, division
qu'on pourrait appeler verticale, existant du bas en haut de l'échelle
sociale. Et à tous les niveaux, il y a un secteur privilégié -
le secteur de la mort nationale et un secteur défavorisé
le secteur de la vie. II est conforme à l'équité
que l'effort soit demandé au secteur privilégié sans charges.
C'est l'évidence même.
Cette
taxe spéciale retraites vieillissement grands déficits
sociaux (S.S.) serait fonction non pas du salaire mais de la part
individuelle des revenus avec abattement pour les petites parts
individuelles.
Exemple
: Un célibataire a un salaire de 200 000 AF par mois.
II a 200 000 AF pour une part. II paie sur 200 000.
Un père de famille de 3 enfants a un salaire de 200 000 AF
et sa femme reste au foyer sans salaire. II a 200 000 AF
pour 5 parts, soit 40 000 AF par part. II devrait payer sur
40 000 AF, les enfants ne payant évidemment pas et la femme
sans salaire non plus. Et en admettant une détaxation des parts
individuelles au-dessous d'un certain niveau, à fixer, ce père
de famille pourrait être complètement déchargé de cette taxe.
Les
calculs devraient être faits dans le but de réaliser avec une
grande rigueur l'équité définie plus haut, c'est-à-dire l'égalité
des niveaux de vie à même niveau professionnel entre les deux
catégories de Français définis ci-dessus. L'équité dans la question
démographique exige impérativement que la taxe soit suffisamment
lourde pour équivaloir pour la catégorie de la mort nationale
le montant des charges éludées par elle.
Ce
système a beaucoup d'avantages. II n'accable pas exclusivement
les entreprises et la production. II exige un effort de la partie
privilégiée financièrement de tous les niveaux professionnels.
II permet seul de rétablir la véritable parité des niveaux de
vie entre les deux catégories et assure avec l'équité la vraie
liberté de conscience dans ce domaine. Enfin, calculé de façon
à ce qu'il y ait un très puissant abattement à la naissance du
premier enfant (40 à 50 % par exemple), un autre très important
pour le deuxième (70 % par exemple), l'abattement atteignant
99 % pour le troisième, il met fin à une difficulté importante
dans la lutte contre la nouvelle dénatalité. En effet, grâce à
la pilule, les ménages s'installent dans un confort financier
substantiel et on ne voit vraiment pas (3) ce qui peut faire que
subitement un ménage décide de diminuer brusquement de 50 %
son niveau de vie par la naissance des enfants. Les compensations
familiales telles qu'elles existent actuellement sont inopérantes,
les allocations sont faibles et ne compensent pas la perte d'un
salaire, et le quotient familial ne joue vraiment que pour les
revenus déjà importants. Pour les jeunes il ne joue qu'à peine.
La suppression brusque d'une taxe très lourde dès la déclaration
de grossesse peut avoir l'effet déclenchant qui mine au premier
enfant et peut représenter un effet de libération vis-à-vis d'un
effort social très lourd imposé aux ménages sans charges.
Avant la pilule le problème était différent. Depuis la
pilule, il faut un facteur déclenchant puissant et ce mécanisme
peut le représenter. La soustraction d'une lourde charge vaut
mieux qu'un apport positif qui de toutes façons ne peut pas compenser
la perte d'un salaire et ne peut assurer l'équité nettement définie
ci-dessus.
II
convient de faire remarquer que cette politique ne témoigne d'aucune
préférence accordée par le gouvernement au groupe de la vie mais
qu'elle fait disparaître la préférence énorme qu'il
accorde actuellement à la catégorie de la mort. C'est en cela
qu'en étant avant tout une politique d'équité, elle pourra combattre
la nouvelle dénatalité. II faut avoir à ce sujet le courage de
dire que les pays séniles à vieillissement accentué et rapidement
croissant doivent avoir une natalité suffisante pour survivre.
II ne faut pas, tels les moutons de Panurge, s'engager tête baissée
dans l'idéal supérieur de la Nation-Hospice-auto-géré et du suicide
national, ce à quoi nous amènent immanquablement tous les ignorants
volontaires de la science démographique, fussent-ils P.-D.G. ou
députés. Nous le disons donc ouvertement et sans atténuation.
Mais le problème discuté aujourd'hui n'est pas là. Cette politique
est avant toute chose celle de l'équité, celle de l'esprit de
justice.
Et
nous l'avons dit. II faut distinguer :
1
° Le malthusianisme suicidaire qui conduit directement la nation
à la mort et qui est sans doute la menace la plus lourde pesant
sur le monde occidental et particulièrement sur la France. II
n'est pas une fiction. Tous les moyens existent aujourd'hui pour
cela, ce qui n'était pas vrai dans un passé récent. Dans ce malthusianisme
suicidaire, l'équité devient une notion inactuelle, comme les
idées de prospérité, de santé et de justice pour un déprimé mélancolique
dont la préoccupation dominante et l'objectif unique sont le suicide.
2°
Le malthusianisme qui accepte cependant la survie. La différence
est fondamentale, car dans celui-ci il y a les deux catégories
et le problème de l'équité se pose intégralement. Même dans ce
malthusianisme condescendant à la survie, l'État a des devoirs
vis-à-vis de la population qui assure cette survie, car s'il les
oublie en favorisant massivement le parti de la mort, il vire
au malthusianisme suicidaire et renie une de ses caractéristiques
différentielles majeures, le séparant de l'autre. Donc un État
malthusien peut quand même accepter la notion d'équité dans la
question démographique.
RÉSUMÉ
Dans
la période de charges croissantes et extrêmement lourdes que la
Nation va connaître immanquablement, il devient indispensable
de prévoir une fiscalité spéciale permettant de faire face à ces
charges? Cette fiscalité ne saurait être supportée exclusivement
par les entreprises et par ceux qui ont déjà les lourdes charges
de l'avenir. II est d'autre part absolument inique que la catégorie
de la mort soit privilégiée par rapport à la catégorie de la vie.
II est tout à fait indiqué que cette fiscalité nouvelle soit supportée
par ceux qui n'ont pas de charges, qu'ils les aient éludées ou
non. C'est la justice même et à la faveur de ces nouvelles dispositions
l'équité dans la question démographique peut être réalisée.
Dr
E.-C. TREMBLAY
(1)
Dans la loi Neuwirth, il l'accepte totalement et sans limites.
(2)
Actuellement, c'est accepté totalement et sans limites, mais en
plus avec primes.
(3)
On le voit mais ces sentiments sont aujourd'hui dévalués, bien
faibles.
©
Laissez-les-Vivre SOS Futures Mères, avril 1972
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