C'est
un vieil argument, déjà mis en avant il y a plus
de cinquante ans, tout à fait éculé, mais
qui revient de temps en temps et notamment actuellement.
Quelle
est au juste sa valeur ?
II
y a cette idée que trop d'hommes est une cause de chômage,
que le chômage serait dû à un excès
d'hommes, autre façon d'exprimer la même chose, d'où
la conclusion de limiter (c'est-à-dire d'abaisser) les
naissances comme remède au chômage.
En
réalité, on ne peut pas bien comprendre ce problème
si l'on ne comprend pas bien la signification du mot et de la
réalité qu'est l'investissement et si d'autre part
on ne distingue pas l'immédiat et le futur. L'investissement
est en effet une donnée essentielle sur le double plan
économique et démographique et sur le plan des relations
entre eux. L'homme ne passe d'un stade I à un stade II
différent que par une transformation. Si ce stade II est
inférieur au stade I donnant à l'homme des possibilités
inférieures en II à ce qu'il avait en I, la transformation
est dite destructrice. Si le stade II est supérieur au
stade I, lui donnant des possibilités supérieures
à ce qu'il avait en I, la transformation est dite créatrice.
L'investissement
peut se faire dans les deux types de transformations. Mais en
général, et sauf cas d'aberration (fréquent
en France) et en temps de paix c'est l'investissement dans la
transformation créatrice qui est le plus pratiqué
et est à l'origine de tous les progrès intellectuels,
matériels et économiques de l'Humanité, II
a donc un rôle décisif dans le devenir des Hommes.
Cet
investissement créateur consiste à consacrer et
à dépenser des capitaux, du travail, de l'intelligence
pour réaliser une uvre créatrice. II propose
ainsi à une collectivité un projet nouveau , il
offre aux travailleurs un travail nouveau, c'est-à-dire
qu'il diminue ou résorbe le chômage quand il y en
a (il assainit le marché du travail) et quand il est suffisamment
important il crée un appel à des travailleurs nouveaux
augmentant la population active.
L'augmentation
du rythme des investissements résorbe le chômage,
crée un appel à des travailleurs nouveaux, augmente
la population active, donc la population totale, toutes choses
égales par ailleurs. Ce sont les conséquences démographiques
de l'investissement lui-même qui se produisent dans le présent
au moment même de l'investissement et pendant sa durée.
Mais par ses conséquences, une fois réalisé,
l'investissement dans la transformation créatrice a aussi
des influences démographiques. Une fois terminé,
c'est-à-dire la transformation créatrice réalisée
et en fonction, il donne des possibilités économiques
accrues, permet I abaissement des prix de revient de la production
(il faut privilégier les investissements abaissant les
prix de revient pour une même qualité de production,
voire une meilleure, et faire un dosage optimum entre le court,
le moyen et le long terme) offre ainsi des débouchés
accrus à l'industrie et au commerce, fournit ainsi par
ses conséquences aussi des emplois nouveaux et augmentant
les moyens économiques, perme à nouveau l'augmentation
des investissements et ainsi de suite (la création entrains
la création).
Un
rythme élevé d'investissements permet un rythme
élevé d'investissements. II assure la résorption
du chômage et de ses conséquences, c'est-à-dire
le plein emploi, l'appel à de nouveaux travailleurs, donc
l'augmentation de la population active.
PSYCHOLOGIE
II
a aussi des actions démographiques d'ordre psychologique.
Le chômage effectif est cause directe du malthusianisme
pratique. Mieux, le risque de chômage à lui seul
a pratiquement les mêmes effets. Et plus encore, l'inquiètude
créée dans la population par la seule existence
du chômage a aussi presque les mêmes effets, ce qui
finit par concerner vraiment beaucoup de monde et à avoir
ainsi une forte incidence globale. L'insuffisance de l'emploi
dont une population est le témoin crée des interrogations
anxieuses sur l'avenir des enfants et déclenche parce biais
aussi des réflexes malthusiens. Alors qu'un climat de plein
emploi et un emploi en outre en forte expansion font disparaître
complètement tous ces phénomènes et le mauvais
climat psychologique qu'ils font régner et font régresser
le malthusianisme pratique. Par cette régression du malthusianisme
démographique dû au chomage, le plein emploi et l'emploi
en expansion contribuent à l'augmentation de la population
globale.
Nous
savons ainsi ce qu'il faut faire quand nous voulons résorber
le chômage et faire régresser un sentiment malthusien
diffus. Ce qui est le cas en France...
INVESTISSEMENTS
CRÉATEURS
L'investissement
créateur injecte dans l'économie une masse supplémentaire
d'énergie financière qui augmente son rythme, augmente
ainsi la production, est par là bénéfique
dès le présent et pendant toute sa durée.
La
réalisation terminée et en fonction, l'investissement
agit par ses conséquences et non plus en lui-même.
II permet l'abaissement des prix de revient de la production,
en augmente la valeur, augmente la qualité des produits
pour le même prix, améliore ainsi la compétitivité
des entreprises, augmente ainsi leurs débouchés
et leurs marchés, leur permet d'augmenter leur production,
leur chiffre d'affaires et leurs moyens financiers, leur permettant
ainsi l'augmentation de leurs investissements futurs et ainsi
de suite. L'effet devient cause. La création entraîne
la création. Tout cela est hautement bénéfique.
L'investissement créateur est donc bénéfique
dans l'immédiat dés son début jusqu'à
la fin et dans le futur par ses conséquences, c'est-à-dire
par l'uvre réalisée s'il s'agit d'un investissement
créateur.
L'investissement
dans la transformation destructrice ales mêmes conséquences
en lui-même (faire rétrécir une route demande
des capitaux, donne du travail et emploie du monde) mais la réalisation
terminée (l'amincissement, effectué) a des conséquences
exactement inverses de celles de l'investissement créateur.
Ce
qu'il faut retenir est que l'investissement créateur réduit
(ou supprime) (question de degré) le chômage en lui-même
et par ses conséquences. L'accroissement de l'investissement
a les mêmes effets en plus grand. Et a l'inverse, la diminution
de l'investissement a des effets inverses, c'est-à-dire
crée ou accroît le chômage en elle-même
et par ses conséquences.
QU'ELLE
EST LA SIGNIFICATION DE LA NATALITE ?
La
natalité vise notamment à remplacer l'homme adulte
qui, vieillissant, ne sera plus en état de travailler et
d'assurer par lui-même sa survie. Elle vise à reconstituer
la population active, c'est-à-dire la population adulte
qui travaille et assure la production. Chaque année une
part de la population adulte passe dans la vieillesse, et sans
la natalité, la population adulte ne serait pas reconstituée.
L'homme
est le moteur du monde humain. Reconstituer ce moteur qui sans
cette reconstitution disparaîtrait est, au plus strict,
un investissement. Remplacer une machine usée par une machine
neuve du même type est déjà un investissement
créateur. Remplacer une machine usée d'un niveau
donné par une machine neuve plus perfectionnée est
un investissement encore plus créateur.
Dans
l'hypothèse qui est vraie le plus souvent où les
connaissances d'une société progressent au fil des
années (nous savons plus de choses au point de vue scientifique
qu'il y a 20 ans), l'enfant est d'emblée plongé
dans un contexte qui a vingt ans d'évolution de plus que
celui de ses parents et il intègre ces progrès d'emblée
au cours de son éducation. Physiologiquement aussi, il
bénéficie de 20 ans de progrès médical.
La
natalité qui remplace une machine usée par une machine
neuve plus perfectionnée est ainsi, par sa finalité
elle-même, un investissement hautement créateur.
Elle en a en outre tous les caractères économiques
: engagement de capitaux, de travail et d'intelligence dans une
réalisation nouvelle. Elle propose ainsi un travail nouveau,
donc, comme tous les investissements, elle augmente l'emploi et
diminue le chômage.
Elle
a tous les effets bénéfiques de l'investissement,
accroît la production pendant sa durée, accroît
le rythme de travail, accroît la création économique,
injectant des capitaux dans le circuit de la production. Ceci
est normal puisqu'elle est un investissement.
Entrée
en fonction, cet investissement reconstitue en l'améliorant
et éventuellement en l'augmentant, le moteur de la production,
c'est-à-dire la population active. Elle a ses effets immédiats
pendant la réalisation de l'investissement et ses effets
au moment de l'entrée en fonction de la réalisation,
comme tous les investissements créateurs. C'est un investissement
à long terme irremplaçable non interchangeable.
Une société qui ne pratique que l'investissement
économique disparaît et meurt en tant que société
en moins d'une vie d'homme. Une société qui ne connaît
que l'investissement démographique vit indéfiniment.
Ce qu'il faut retenir est que la natalité comme tous les
investissements augmente l'emploi et diminue le chômage
proposant comme tous les investissements un travail nouveau. Son
augmentation augmente davantage les propositions de travail et
augmente davantage l'emploi réduisant davantage le chômage.
Elle joue ainsi par les mécanismes généraux
de l'investissement et parce qu'elle occupe directement un certain
nombre de femmes qui sans cela augmenteraient les demandeurs d'emploi.
Sa
diminution réduit les propositions de travail, diminue
l'emploi, augmente le chômage par les mécanismes
généraux de la diminution de l'investissement et
parce que de nombreuses femmes n'ayant pas à s'occuper
d'enfants, cherchent du travail, deviennent demandeurs d'emploi
et augmentent le chômage.
Tout
ceci est évident et s'intègre dans les effets habituels
de l'investissement et de son augmentation ou de sa diminution.
La
diminution des naissances accroît donc le chômage
et ne pourrait en aucune façon âtre un remède
au chômage. D'où vient donc qu'une opinion inverse
est souvent soutenue ? C'est ce que nous allons examiner
un peu plus loin.
Si
le rôle de l'investissement de son augmentation ou de sa'
diminution, si le rôle et la nature de la natalité
-autre forme d'investissement - de son augmentation ou de sa diminution,
sont bien établis et "bien clairs", il est certain
que les cadences d'investissement doivent âtre soutenues
et que toute chute entrains une crise de l'emploi et que d'autre
part le moment où la réalisation entre en fonction
pose des problèmes particuliers et variables. Quand ü
s'agit d'un investissement économique qui entraîne
une baisse des prix de revient d'une production, aucun problème,
ou bien les bénéfices de l'entreprise s'accroissent,
ou bien elle peut abaisser ses prix de vente, accroît ainsi
ses débouchés et ses ventes et ses bénéfices
s'accroissent encore. Certains investissements tout en rendant
service au plus grand nombre et à la collectivité
en général, suppriment ou réduisent certaines
activités et lèsent des minorités exigeant
pour elles des reconversions.
Une
hausse de natalité augmente l'emploi et diminue le chômage
pendant 20 ans. Mais au bout de 20ans, les jeunes commencent à
arriver à l'âge adulte et se présentent sur
le marché du travail. II faut que la création d'emplois
puisse les absorber. II faut donc que le rythme de l'activité
et des investissements soit soutenu, qu'il n'y ait aucun ralentissement,
à ce moment précis. II faut même, si la hausse
a été brusque et forte 20 ans plus tôt, que
l'on prévoie un passage de l'économie à un
rythme supérieur par un accroissement de l'investissement,
une amélioration importante de la compétitivité
des entreprises (ce qui s'obtient par l'investissement), ce qui
augmente les débouchés donc l'emploi, par une baisse
des prix de revient. Bref, il faut que pour ce moment, l'économie
passe à un rythme supérieur avec une expansion plus
forte et une création plus importante d'emplois. C'est
la grande ligne de politique économique générale
qui s'impose de toute évidence. Et la démographie
dans ce cas ne nous prend pas en traître. Nous sommes prévenus
et largement d'avance. Les chiffres sont connus d'avance et en
toute certitude. Nous avons tout le temps de prendre les dispositions
nécessaires et nos Gouvernements n'ont aucune excuse si
elles ne sont pas prises.
C'est
justement, quand de façon coupable, et sans aucune excuse,
les dispositions nécessaires ne sont pas prises, que les
jeunes peuvent paraître trop nombreux. Et si, au lieu de
dire, nous n'avons pas fait le nécessaire au point de vue
économique, les coupables disent : les jeunes sont trop
nombreux, ils déclenchent ainsi une réaction malthusienne
démographique, c'est-à-dire un non investissement
et aggravent immédiatement la situation, en créant
précisément un sous-investissement nouveau qui abaisse
le rythme déjà insuffisant de l'investissement,
alors que pour en sortir il faut faire exactement l'inverse.
ERREURS
II
est certain que la diminution des naissances accroît le
chômage et ne pourrait donc en aucune façon être
un remède au chômage. C'est l'inverse, elle l'accroît.
L'opinion
inverse ester ronnée et vient de la conjoncture que nous
venons de décrire : l'absence d'organisation d'une hausse
de l'activité économique et de l'investissement
au moment de l'arrivée des jeunes en plus grand nombre
sur le marché du travail. Et cette opinion erronnée,
toujours néfaste comme toute conception fausse va encore
nuire à cette occasion.
Quand
on a commis l'erreur de ne pas prévoir ce qui était
prévisible en toute certitude, si ,au lieu de réparer
en toute hâte les erreurs commises, on met en avant cette
conception fausse, on abaisse ainsi et encore l'investissement
démographique et économique et faisant ainsi exactement
l'inverse de ce qui s'impose, on aggrave encore la situation.
Ce
qui s'est passé en France est caractéristique de
ce qu'il ne faut pas faire et en est un exemple remarquable. La
natalité en 1946 a marqué une augmentation d'environ
30 % sur 1945 et cela donc, brusquement d'une année sur
l'autre. Et elle a gardé sensiblement les mêmes chiffres
(avec de faibles variations) jusqu'en 1973. En gros il y a eu
une augmentation d'environ 300 000 à partir de 1946
par rapport aux effectifs des dix dernières années
précédentes (moyenne). Ceci veut dire que 20 ans
plus tard jusqu'en 1965, c'était encore de petites générations
qui arrivaient sur le marché du travail, mais que brusquement,
à partir de 1966, c'était au contraire de fortes
générations qui arrivaient. Un effectif supérieur
de 300 000 veut dire qu'il faut avec un emploi féminin
de 50 %, 225 000 emplois nouveaux annuels pour faire face
à la situation (150 000 masculins et 75 000 féminins).
Ceci, on le savait en toute certitude (1). Et dès les années
60-65 on savait en plus que cette nouvelle cadence devait être
de longue durée, au moins 20 ans (on sait en 1978 que pour
ce seul problème, cette cadence élevée doit
durer au moins jusqu'en 1993) (avec la résorption nécessaire
du chômage et la correction du vieillissement de la population
les chiffres nécessaires sont beaucoup plus élevés).
"On"
le savait en toute certitude, sauf les énarques, sauf les
technocrates, sauf le Gouvernement, sauf le corps politique dans
son ensemble à quelques exceptions près.
C'est
le moment où l'on a inventé un aménagement
du territoire à forte composante malthusienne avec des
primes énergiques à la destruction des entreprises
et de l'emploi dans la ira région économique de
France, coupable d'une économie forte, alors qu'elle connaissait
elle aussi et comme les autres, dès 1966, un fort afflux
de jeunes sur le marché du travail (jeunes nés sur
son territoire) (arrivée de 55 000 en plus à partir
de 1966, chiffre annuel qui devait fortement augmenter par la
suite).
Nous
ne discutons pas ici cette question d'une façon exhaustive.
II s'agit d'une simple remarque au passage. Disons qu'on aurait
pu concevoir un aménagement du territoire tout aussi efficace
et môme plus sans malthusianisme. On a ainsi créé
de toutes pièces de façon parfaitement volontariste
un important chômage en Ile-de-France, chômage qui
n'aurait pas existé sans cette volonté active, et
qui a rapidement dépassé 120 000, bien avant
la crise internationale. On créait ainsi en France un important
processus de destruction de l'emploi et d'obstruction à
sa création au moment même où il fallait une
création très forte pour intégrer les jeunes
dans le travail (et beaucoup plus forte que la création
antérieure). On faisait donc exactement le contraire de
ce qui s'imposait.
Bien
mieux, maintenant que la crise internationale est arrivée
et qu'il y a un très important chômage en France,
et près de 300 000 chômeurs en Ile-de-France,
les mômes erreurs continuent et M. BARRE vient de
refuser à M. CHIRAC l'arrêt de l'obstruction
volontaire à la création et l'arrêt des destructions
d'emplois en Ile-de-France, alors qu'il y a dans cette région
nous le répétons près de 300 000 chômeurs.
Cette attitude atteint le niveau du scandale absolu et n'a aucune
excuse. Ce n'est pas parce qu'il y a une politique mal pensée,
mal élaborée que celle-ci doit continuer indéfiniment.
CROISSANCE
ZÉRO
Ce
n'est pas tout. A partir de 1966, il fallait au moins jusqu'en
1986 (on sait maintenant que c'est au moins jusqu'en 1993), une
politique de forte création d'emplois. C'est la période
pendant laquelle le corps politique, sinon dans sa totalité,
du moins dans sa partie responsable dirigeante, et le Gouvernement
lui-même, a adhéré à la théorie
économique suicidaire de la croissance zéro, qui
amenait immanquablement et en toute certitude une très
grave crise de chômage.
Les
économistes savent qu'une expansion de 5 % par an peut
se faire sans aucune augmentation de l'emploi, Du fait de la nécessité,
avant la crise internationale d'avoir en France une forte expansion
de l'emploi (225 000 par an minimum) soit plus du double
de ce qui a été créé annuellement
dans la décennie 60-70 (100 000 par an, 1 000 000
en dix ans) il fallait coûte que coûte maintenir une
croissance forte nettement supérieure à 5 %. Ceci
pouvait être difficile en raison du contexte international,
de la crise du pétrole et de la dépression générale,
ce n'était pas une raison pour en rajouter en adhérant
intellectuellement à une théorie fausse qui conduisait
à coup sûr, d'une façon absolument certaine
à une crise grave, à une intense crise de l'emploi.
On pouvait au moins limiter les dégâts, à
condition de ne pas tomber dans les erreurs des autres, et en
particulier dans l'idéologie croissance économique
zéro.
Enfin,
nous avons vu que la baisse de l'investissement démographique
comme toute baisse d'investissement accroît
la crise de l'emploi, et nous savions que la progression du vieillissement
de la population exigeait le maintien d'un investissement démographique
relativement élevé et légèrement plus
élevé que celui de la période 46-73 qui avait
ralenti mais n'avait pas arrêté la progression du
vieillissement). C'est le moment qu'a choisi notre corps politique,
Président en tige, pour lancer la France dans une crise
démographique grave, qui non contente de compromettre radicalement
son avenir, aggravait dans l'immédiat de façon importante
la crise de l'emploi, le chômage et la dépression
générale. Et il faut une dose d'inconscience ou
de cynisme peu commune pour oser parler de l'avenir de la France
quand on fait une telle politique.
Bref,
dans trois domaines essentiels, sans aucune nécessité
intellectuelle, nos dirigeants `ont adopté non seulement
des théories mais une politique pratique exactement inverse
de ce qui était nécessaire à la France en
raison de sa
conjoncture démographique. Ils ont fait exactement le contraire
de ce qui s'imposait, d'où la crise grave actuelle.
Certes
les erreurs commises ont été assez générales
en Occident, mais ce n'était pas une raison pour les suivre
tête baissée. Certes la crise en Occident avait nécessairement
des retombées défavorables et négatives en
France, mais c'était une raison de plus, et pas une raison
de moins, pour faire en France ce qu'il fallait et non l'inverse.
DES
REMÈDES
La
rectification de ces trois grandes erreurs constitue déjà
à soi seul une politique nouvelle importante.
Il faut ajouter que si le phénomène majeur est bien
l'insuffisance de l'investissement et de la création de
l'emploi, dans la période où arrivent sur le marché
du travail les générations importantes, cette capacité
d'investissement n'est cependant pas illimitée et qu'il
peut se produire que des générations soient trop
importantes pour la capacité d'investissement même
utilisée au maximum et même sans que les fautes graves
que l'on a vu en France ne se produisent, ou ce qui revient au
même que cette capacité maximum d'investissement
soit insuffisante pour les générations en question.
Cette conjoncture n'existe pas et de loin dans les pays occidentaux
et en France notamment. Et en France, même si la natalité
avait eu les niveaux nécessaires à l'arrêt
des progrès du vieillissement, celle-ci restait acceptable
pour les capacités d'investissement normalement utilisées
et à condition que les graves fautes commises ne l'aient
pas été et que des politiques exactement opposées
à ce qui s'imposait n'aient pas été mises
en uvre.
II
est certain que des générations jeunes plus importantes
contraignent au développement économique, ne serait-ce
que pour résoudre le problème de leur insertion
dans le marché du travail et sont ainsi un facteur de progrès
économique.
II
est certain encore qu'elles contraignent à une cadence
économique élevée, ce qui n'est pas toujours
facile à tenir, on en conviendra, mais est salutaire par
l'accroissement de la masse économique du pays qui en résulte
(d'où son enrichissement).
Il
est certain encore qu'il faut savoir faire une judicieuse combinaison
entre les trois types d'investissement économique court,
moyen et long terme et l'investissement démographique et
ne pas privilégier au moins pour un temps les investissements
qui, la réalisation achevée, sont fortement réducteurs
de main-d'oeuvre. C'est de cette harmonie que sort le développement
le meilleur.
II
est certain enfin qu'actuellement l'investissement démographique
est insuffisant en France, comme le prouvent le non-remplacement
des générations et la progression rapide du vieillissement
de la population. L'investissement démographique satisfaisant
est celui qui arrêtera cette progression du vieillissement.
En
Résumé
La
baisse des naissances n'est pas un remède au chômage,
mais elle l'aggrave au contraire. Et lorsque les jeunes arrivent
sur le marché du travail, il-faut avoir prévu à
l'avance d'organiser une politique d'expansion de l'emploi suffisamment
forte et adaptée. Et on peut le prévoir, puisqu'on
le sait 20 ans àl'avance. Et tout se passe bien quand on
fait ce qu'il faut et pas exactement le contraire, comme on l'a
fait en France.
(1)
Dans un de nos livres publié an 1958, nous l'avions dûment
expliqué et nous avions attiré l'attention sur la
politique à suivre à partir de 1966. Croître
ou Mourir, Préface Alfred Sauvy, professeur
au Collège de France.
E.Tremblay
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, juin 1979
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