Notre
propos est de dénoncer une erreur très fréquente
dans les milieux adonnés à la contraception, nous
pensons au parti pris de confondre la prévention de la
conception et l'action contre l'uf déjà fécondé.
La
prévention de la conception correspond, à coup sûr,
au terme anglais-saxon de contraception, mais l'action sur l'uf
déjà fécondé ne mérite cette
dénomination que par abus.
Et
pourtant, beaucoup préconisent, dans le cadre de la contraception
des méthodes agressives sur l'uf. Parmi elles les
dispositifs intra-utérins ont été légalisés,
tandis que d'autres méthodes restent projets.
Les
dispositifs intra-utérins dits stérilets
La
loi Neuwirth (1967) autorise, et présente comme contraceptifs
intra-utérins ces dispositifs intra-utérins mais
leur mode d'action, longtemps anal connu, est devenu fort évident :
l'appareil ne prévient pas la formation de l'uf.
Ceci
a été démontré à plusieurs
reprises, depuis dix ans au moins. Plusieurs expérimentateurs,
et en particulier, Noyes, aux États-Unis, ont réparti
les femmes qu'ils devaient opérer en deux lots, l'un avec
stérilet, l'autre sans, puis ne les ont opérées
que quelques jours après une période ovulatoire
où elles avaient eu une activité sexuelle... Ces
expériences, contestables sur le plan moral, mais parfaitement
valables sur le plan scientifique ont permis de récupérer
autant d'ufs fécondés chez les femmes appareillées
que chez les témoins.
Le
dispositif intra-utérin agit 5 à 7 jours après
la conception en empêchant la greffe de l'uf dans
l'utérus.
On
discute beaucoup pour savoir s'il agit surtout en altérant
la muqueuse utérine, ou en diminuant la fonction du corps
jaune, ou par une action toxique sur l'uf, mais de toute
façon il agit après la conception. Depuis trois
ans certains ont souligné que le stérilet attire
dans l'utérus des cellules (les macrophages) capables de
dévorer certains corps étrangers comme les spermatozoïdes.
Mais des expériences très systématiques chez
les guenons ont prouvé que cet effet ne parvient même
pas à diminuer le nombre des ovules fécondés.
Mastroïani
l'a prouvé à Philadelphie après ovulation
provoquée et insémination artificielle. D'autres
équipes, en Angleterre, l'ont prouvé dans les conditions
de da reproduction naturelle.
Qu'il
y ait eu, préalablement à l'ovulation, un projet
de ne pas tolérer de grossesse explique que le stérilet
soit vécu comme un contraceptif mais il n'y en a pas moins
destruction d'un uf humain.
Laissez-les
Vivre a donc entrepris un recours administratif auprès
du ministre de la Santé, puis, devant son silence, auprès
du Tribunal administratif. Ce recours vise à annuler sept
autorisations de mise sur le marché qui ont été
accordées à trois stérilets. Plusieurs médecins,
dont trois professeurs d'obstétrique, membres de notre
mouvement et conseillers régionaux d'obstétrique
se sont pleinement associés à cette démarche.
Récemment,
des stérilets de deuxième génération
sont apparus. Ils ont des formes nouvelles, et certains contiennent
du cuivre, qu'ils libèrent dans l'utérus, pendant
24 mois et qui exerce une action embryotoxique et spermotoxique.
Cette
action sur les spermatozoïdes est invoquée pour innocenter
ces nouveaux appareils, mais il ne fait pas oublier que l'action
anti-nidatoire de l'ion cuivre est mieux prouvée que son
action anti-spermatozoïde laquelle n'est peut-être
qu'un argument de circonstance.
4)
L'aspiration menstruelle, enfin, a été préconisée
par euphémisme, en cas de retard de règles, pour
ramener les hémorragies. C'est une méthode connue
depuis longtemps, mais reprise il y a quelques années par
Karmann... en attendant que l'avortement devînt légal
en Californie. Des "enragées" du Women's Lib,
l'homologue du M.L.F. l'avaient préconisé
comme un acte non médical quand il est pratiqué
dans les cinq premiers jours du retard menstuel, jusqu'à
ce que nos "enragées" de prônent avec fracas,
en rejetant .tout euphémisme et en criant : « oui
nous avortons ! ».
Avouée
ou dissimulée, l'action contre l'uf est toujours
blâmable. Elle fait bon marché de cette réalité,
microscopique mais vivante ; distincte des parents et riche
d'avenir. Elle nie le caractère irréversible de
la fécondation et cache une des significations de l'acte
sexuel. Elle méprise la réalité incorporée
de l'homme et dit non à la vie.
Il
est juste de reconnaître que les couples qui recourent à
ces moyens sont en général déculpabilisés
par le médecin et par leur milieu. Ils sont souvent de
bonne foi et n'imaginent pas toujours d'autre moyen pour régler
leur fécondité.
Il
nous faut beaucoup de doigté pour maintenir les principes
et pour les faire aimer...
Méthodes
nouvelles
Les
inconvénients médicaux et psychologiques des anticonceptionnels
et les disciplines qu'ils imposent, amplifiés quelquefois
par la presse à sensation, ont suscité, chez certains,
une démission devant la contraception et un appel à
des méthodes postcoïdales. Les firmes pharmaceutiques,
ainsi que les biologistes et les gynécologues l'ont bien
compris, et, depuis 1965 à peu près, des solutions
ont été proposées mais aucune ne s'est imposée.
1)
La pilule du lendemain est constituée, quelquefois par
une grosse dose de folliculine, commencée peu de temps
après le rapport sexuel. Elle réussit souvent, mais
les règles suivantes ,sont modifiées et cette pra-tique
ne peut être reconduite chaque mois de façon suivie.
On a proposé, aussi des antagonistes de la folliculine
mais ils n'ont guère dépassé le stade de
l'expérimentation animale.
2)
Les prostaglandines, qui sont d'authentiques abortifs sont parfois
présentées comme contraceptifs quand elles font
péricliter des grossesses jeunes en combinant une action
contre le corps jaune et des contractions utérines expulsives.
3)
Les méthodes immunologiques ne sont pas sorties du domaine
de la recherche. Elles agissent après la conception en
créant un conflit immunologique contre les tissus de l'uf
ou contre les hormones nécessaires à son implantation.
Dr
P. VIGNES
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, juin 1973
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