Des
changements profonds ont lieu cette année dans l'Union
nationale des associations familiales (U.N.A.F.) ainsi que dans
les Unions départementales (U.D.A.F.) ; des changements
qui ne nous enchantent pas.
Ceci
est important car l'U.N.A.F. doit être consultée
par le gouvernement pour beaucoup de décisions Intéressant
la famille. Or, ces derniers temps, l'U.N.A.F. était assez
partagée : moitié avec nous, moitié pour
des formules... libérales avancées.
Mais
l'U.N.A.F. va changer. Une loi de juillet 1975 a modifié
la composition des associations familiales. Les statuts de l'U.N.A.F.
et des U.D.A.F. ont dû changer. Leurs représentants
élus ne termineront pas leur mandat. De nouvelles élections
vont avoir lieu : des élections dont on peut beaucoup
craindre.
Trois
circonstances expliquent ce virage :
La
première, c'est la récupération de certaines
associations familiales par le mouvement syndical. Les syndicats
ont compris le parti qu'ils pouvaient tirer du mouvement familial
pour défendre le niveau de vie des travailleurs. Mais du
même coup ils ont introduit des tendances collectivistes,
réclamant en particulier des crèches et des garderies.
Parallèlement le gouvernement, qui privilégie les
associations de consommateurs encourage les associations familiales
à consacrer une partie de leur énergie à
la défense des consommateurs.
La
seconde tendance qui a déformé le mouvement familial
a été la tendance à aider les familles les
plus défavorisées. Cette solidarité avec
les plus démunis est sympathique mais elle ne se confond
pas avec la défense de l'institution familiale. Cette tendance
n'est pas neuve, elle remonte au gouvernement de M. Chaban-Delmas,
mais elle augmente singulièrement ces temps-ci et certains
craignent, si l'on continue ainsi, que le mouvement familial ne
garde d'yeux que pour les familles qui sont au-dessous du S.M.I.C.,
laissant les autres se débrouiller dans la jungle: Un principe
d'assistance aurait remplacé le principe de compensation
des charges familiales.
La
troisième donnée qui modifie le mouvement familial,
c'est la loi du 11 juillet 1975 qui a modifié le composition
des associations familiales. Celles-ci étaient formées,
naguère, de familles fondées sur le mariage et la
filiation c'est-à-dire que leurs membres étaient
des époux ayant des enfants. Maintenant les associations
familiales groupent des familles fondées sur le mariage
ou la filiation ; elles peuvent donc recevoir des époux
sans enfants ou des mères célibataires ou divorcées.
La situation difficile des mères seules rendait utile leur
représentation dans le mouvement familial et "Laissez-les
Vivre" ne peut que s'en réjouir mais l'impact des
associations de mères seules introduit un déséquilibre
aux dépens des familles normalement constituées.
Dans
une telle conjoncture, la conduite à tenir est délicate.
II ne faut pas bouder le mouvement familial. II, est très
regrettable, à cet égard, que les familles, les
vraies, ne participent pas en plus grand nombre aux associations
familiales pour augmenter le nombre de leurs suffrages. Encore
aura-t-il fallu, bien entendu, choisir une association familiale
dont les responsables aient le souci de l'institution familiale
en tant que telle.
Mais
il faut, de surcroît, agir sur le mouvement familial en
s'organisant autour de lui. Le mouvement familial institutionnel
est trop impliqué dans la défense à court
terme d'intérêts qui sont, hélas, gérés
par Mme Veil, pour avoir en toute occasion les coudées
franches et le verbe net. Seules quelques associations privées
auront quelque chance d'échapper au conformisme. Encore
ne le pourront-elles que si nous constituons l'aile remuante du
mouvement familial, impatiente des succès futurs. Le rôle
de "Laissez-les Vivre" sur ce point est capital, les
réunions de Parthenay et de Lille le montrent à
l'évidence.
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, mai 1976
|