CHUTE
DU MARIAGE ET RÔLE SUR LA NATALITÉ
Cette
chute du mariage est un phénomène extrêmement
important, dont les effets, semble-t-il n'ont pas complètement
été appréciés et ne sont sans doute
pas terminés.
Le
nombre des mariages est passé de 406 000 en 1972 à
269 400 en 1985, 265 700 en 1986, 266 000 en 1987
(source I.N.S.E.E. Bulletin mensuel de statistiques janvier
1988). On remarque une stabilisation en 1987, par rapport à
1986. Cette chute va-t-elle continuer ? La pause de 1987
par rapport à 1986 ne permet pas encore de conclusion.
Les effets de cette chute considérable en 15 ans ne sont
pas achevés et ne peuvent pas encore être pleinement
appréciés.
Un
point essentiel est le suivant: un chercheur de l'I.N.E.D.,
polytechnicien chargé de recherches, M. Philippe BOURCIER
de CARBON (début 1988) a montré que la fécondité
des femmes mariées était beaucoup plus élevée
avant 35 ans que celle de femmes célibataires, veuves ou
divorcées (C.V.D.), le chiffre étant multiplié
par 2 à 10, selon leur degré de jeunesse. Cf les
Collections de l'.I.N.S.E.E. D111 "la situation démographique
en 84", page 97 et 103.
L'effondrement
du mariage, que l'on observe depuis une quinzaine d'années
bouleverse les structures matrimoniales des effectifs des femmes
en France. Il se traduit par un fléchissement très
marqué des proportions à chaque âge des jeunes
femmes mariées.
La
baisse de la fréquence des femmes mariées étant
particulièrement concentrée sur les âges ou
précisément leur fécondité est la
plus forte et ou les différentiels de fécondité
entre celles-ci (M) et les autres femmes (CVD), sont les plus
élevées, cette distorsion des structures matrimoniales
ne peut manquer de peser fortement sur la natalité du pays.
En
supposant que les proportions de femmes mariées selon l'âge
soient, en 1984 restées identiques à celle de 1975
(ces propor-tions sont du reste demeurées stables jusqu'en
1975) et en appliquant aux effectifs féminins les fécondités
légitimes et natu-relles publiées par l'I.N.S.E.E.
(cf. la situation démographique en 84 p. 97 et 103),
il est ainsi possible d'évaluer toutes choses égales
par ailleurs, les effectifs des enfants que ces femmes auraient
mis au monde en 1984 en l'absence de ce phénomène.
Sans
entrer dans les détails statistiques compliqués
difficiles à suivre par les non initiés, il a démontré
qu'à fécondité stable des deux catégories
(M et CVD), si cette chute du mariage ne s'était pas produite,
la France aurait eu, au lieu des 760 000 nais-sances de 1984,
113 000 naissances de plus soit près de 15 % de naissances
en plus (nous disons à fécondité stable des
deux catégo-ries, sans augmentation de fécondité
de rune ou l'autre catégorie, donc simplement par le rétablissement
de la proportion entre ces deux catégories: mariées
M, et célibataires, veuves, divorcées CVD).
Cette
étude représente la mise en valeur d'un facteur
démographique essentiel. Ceci est très important
au triple plan :
Des causes de la chute de fécondité.
Des effets qu'il faut encore attendre de cette chute de
nuptialité (la chute de natalité induite
par ce fait n'a peut-être pas atteint son maximum), et il
faut prendre en compte ce problème et redouter les effets
non encore réalisés de ce phénomène
majeur.
Des mesures à prendre pour redresser la situation.
QUANT
AUX CAUSES DE CETTE CHUTE
Sans
entrer dans une discussion exhaustive, qui est un vaste travail,
plusieurs remarques s'imposent: il y a déjà tous
les effets de la perturbation des valeurs de civilisation et du
contrecoup des évènements intellectuels de 1968,
tous ceux du recul des valeurs religieuses, mais il y a aussi
les effets de phénomènes beaucoup plus concrets,
comme le comportement fiscal et civil de l'État, vis-à-vis
du mariage :
Beaucoup
de partis et formations politiques prétendent que l'État
n'a pas à intervenir dans ces valeurs de civilisation,
n'a pas à prendre part dan.!! cette affaire du mariage
ou de l'union libre et doit donc rester neutre.
Outre que ceci est discutable, il faut souligner que l'État
d'aujourd'hui n'est justement pas neutre dans cette affaire, contrairement
à ces affirmations, et a au contraire favorisé fiscalement
et civilement l'union libre, au point qu'on peut parler de l'extraordinaire
pénalisation fiscale et civile du mariage.
E.
Tremblay
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, juillet 1988
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