Pour
des raisons majeures qui doivent intéresser un public beaucoup
plus large et de loin, que celui du respect de la Vie.
DE
QUOI S'AGIT.IL DONC ?
Quels
sont donc les grands motifs qui nous imposent littéralement
cette politique ?
Indépendamment des considérations sur la grandeur
de la France et sur la nature de notre civilisation qui ne paraissent
pas susceptibles aujourd'hui de renverser la ligne politique,
il y a d'autres éléments. On entend dire partout,
dans la presse, dans les milieux politiques, industriels, économiques
et autres, que les prélèvements obligatoires sont
trop élevés en France, nous mettent dans une situation
très difficile sur le plan compétitivité
et concurrence internationale. Et c'est vrai.
Or
l'évolution structurelle démographique de la France
va amener, sauf correction à leur élévation
considérable, notamment en ce qui concerne leur partie
sociale qui va correspondre dans les décennies à
venir à une augmentation de 60 % et plus des charges vieillesse
et médico-pharmaceutiques
vieillesse, cette partie représentant environ la moitié
du budget global de la Sécurité sociale. Ce pourcentage
et il's'élèvera encore représente
une augmentation de quelque 30 % des charges sociales générales,
soit sur un budget Sécurité sociale de plus de 1 700
milliards environ, une augmentation de près de 600 milliards.
Et
le budget de la Sécurité sociale étant supérieur
mais du même ordre que celui de l'État, nous arrivons
en première approximation à une augmentation des
prélèvements obligatoires globaux de quelque 15 %
environ, et sans doute plus.
Alors
je pose une question : l'industrie française peut-elle
être compétitive si les prélèvements
obligatoires, au lieu d'être autour de 45 % (44,8 %) comme
aujourd'hui, c'est à dire déjà beaucoup plus
que ceux de tous les grands concurrents étrangers, et déjà
considérés comme intolérables, passent à
55-60 % ou plus ?
Nous
répondons catégoriquement NON. Et c'est la tout
le problème. S'ils deviennent ce qu'ils doivent devenir,
sans correction démographico-économique, l'économie
française ne pourra pas faire face a la conjoncture créée
et sera battue dans la concurrence internationale (ce qui commence
a se passer aujourd'hui est peut-être le début d'un
phénomène profond).
Ceci
devrait donc intéresser non seulement ceux qui pensent
à l'avenir de la France et à sa grandeur, mais encore
tous ceux qui veulent tout simplement survivre économiquement,
que les entreprises françaises continuent a exister et,
avec elles, l'économie française, c'est-à-dire
la grande majorité des Français et donc un très
large public (auquel nous nous adressons).
Il
s'agit ni plus ni moins que de son existence. La concurrence en
question n'est pas seulement celle des États occidentaux,
qui ont des taux de prélèvements obligatoires déja
bien inférieurs aux nôtres, mais aussi et surtout
et encore plus celles des grandes puissances économiques
industrielles asia-tiques, non seulement le Japon, superpuis-sance,
mais aussi Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Hong-Kong,
etc...
Rappelons
par exemple que le seul Taïwan, avec 19 millions d'habitants,
a eu en 1987 (Le Point 18 janvier 1988 p. 53)
un excédent commercial de 18 milliards de Dollars, soit
plus de 100 milliards de Francs lourds, à comparer
à nos 30 milliards de déficit en France, qui, si
le baril de pétrole était à 40 Dollars et
le Dollar entre 10 et 11 Francs nous donnerait actuellement un
déficit de plus de 130 milliards de Francs lourds.
Il
est évident que ces nouvelles grandes puissances nous mettront
dans une situation totalement intenable, avec des prélèvements
obligatoires encore supérieurs au niveau actuel (si le
processus Séguin continue, et il va obligatoirement continuer
sans notre politique). Sans correction de notre part, dès
maintenant c'est la défaite économique certaine
avec toutes ses conséquences sur l'emploi, la richesse
nationale, la défense, la politique générale,
voire l'existence même de la Nation dans un avenir prochain.
Pourquoi
un problème d'une telle ampleur ?
Et
qu'est-ce que cela a a voir avec la démographie et la politique
familiale ? C'est toute la question. Et à ce propos,
4 dates sont fondamentales: 1993, 2006, 2020, 2033 qui sont toutes
et chacune à elle seule des défits majeurs incontournables.
Le
1er janvier 1993
C'est
l'ouverture du Marché Commun, la mise en application de
l'acte unique européen. Ceci a des conséquences
multiples, mais notamment économiques, et elle ne peut
aboutir à un résultat positif pour nous, Français,
que si nos entreprises (1) sont complètement compétitives
et donc le sont redevenues, puisqu'elles ne le sont pas assez
actuellement. C'est déjà dire la tâche qui
s'impose sur le plan strictement économique pour obtenir
cette condition déterminante du succès, mais déja
pour 1993, deux composantes démographiques interviennent.
D'abord,
il y aura dans 5 ans une augmentation nouvelle de la population
âgée, de 5 a 6 % par rapport aux chiffres actuels,
donc les prélèvements sociaux retraite-vieillesse
et charges médico-pharmaceutiques-vieillesse vont augmenter
dans les mêmes proportions et alourdir le chapitre social
des prélèvements obligatoires, ce qui va contre
la récupération de la compétitivité.
Ensuite,
il reste a incorporer dans le marché du travail les 6 dernières
grandes générations correspondant a la forte natalité
des années 46-73, qui auront 20 ans d'ici 1993. Comme les
gouvernements précédents ont augmenté les
sorties du marché du travail au maximum (retraite à
60 ans, pré-retraite, licenciements économiques,
etc...). et qu'il n'est pas guère envisageable d'augmenter
a nouveau ces sorties (aucune autorité ne prévoit
en effet d'abaisser encore l'âge de la retraite de 2 ou
3 ans, a notre connaissance tout au moins), ce taux de sortie
peut être considéré comme ayant atteint son
maximum. On peut donc calculer l'impact de ces générations
importantes sur le marché du travail par différence
avec les entrées.des générations précédentes.
Or leur effectif annuel est supérieur de 300 000 en
moyenne à celui des dix générations précédentes
nées dans la période 35-45 et entrées dans
le travail de 55 à 65. Avec un emploi féminin estimé
au 2/3 de l'emploi masculin, ceci s.uppose donc une entrée
supplémentaire dans le marché du travail de 250 000
par an (150 000 hommes + 100 000 femmes). au minimum.
On
sait qu'actuellement, le solde créatif d'emploi, est nul
ou à peine positif. Ceci veut dire que, sauf nouvelle et
puissante impul-sion donnée à la création
d'emploi, il y aura d'ici 1993 : 250 000 X 6 = 1 500 000
demandeurs d'emploi nouveaux, donc chômeurs de plus. Ceci
signifie, que faute de tenir compte de ces 2 données démographiques
connues depuis longtemps mais négligées, en ne donnant
pas maintenant une forte impulsion à la création
d'emploi, et à la création économique, l'économie
française, au mo-ment de la mise en vigueur de l'acte unique
européen, aura 1.500.000 chômeurs de plus qu'actuellement,
donc entre 4 et 4,5 millions, d'où nouvelle augmentation
des prélève-ments obligatoires, par un 2ème
mécanisme démographique qui va encore jouer contre
la compétitivité.
C'est-à-dire
qu'il faut dès aujourd'hui tout faire pour donner une nouvelle
impulsion à l'économie, impératif reléguant
au second plan les considérations subalternes, donc la
rendre capable d'absorber ces jeunes générations
et les charges supplémentaires de la population âgée
croissante, donc de supporter deux gros efforts de plus qu'actuellement,
sans nuire à la compétitivi-té, et ceci dans
les 5 ans, c'est court. C'est dire qu'il faut agirtout de suite
pour avoir une chance de réussir.
1987
- 2006
C'est
une période au cours de laquelle, le nombre des personnes
âgées de 60 ans et plus va passer de 10 270 000
(1987) à 12 000 000. D'où, déjà,
nouvelle augmentation proportionnelle des prélèvements
obligatoires sociaux.
2006
Cette
date marque un tournant décisif. C'est en effet l'arrivée
à l'âge de la retraite des générations
importantes nées à partir de 1946 (1946 + 60 = 2006),
qui avaient un effectif d'environ 30 % supérieur à
celui des 15 générations précédentes.
2006
à 2033
C'est
l'explosion démographique.
A
partir de 2006, l'augmentation des 60 ans et plus va subir une
augmentation extrêmement forte et nous arriverons en 2020
à 16 millions de 60 ans et plus, au lieu de 10 actuellement,
soit 60 % d'augmentation (les 60 % annoncés au début)
et à 20 millions en 2033 au lieu de 10 actuellement, soit
100 % d'augmentation, c'est-à-dire doublement.
Le
fait de vivre longtemps est en soi heureux et favorable, car l'augmentation
de la durée de la vie est un succès de la médecine
et de la science, et bien en soi. Il ne pose un problème
majeur que parce que
1)
il coïncide avec le non-renouvellement des générations
(sans relation de cause a effet) et que
2) la population adulte productive et qui paye les cotisations
n'aura pas suivi la même progression, et se sera au contraire
stabilisée au niveau actuel ou aura même diminué,
résultat de la dénatalité instaurée
volontairement en France après 1973.
En
effet, les enfants nés à partir de 1974 ne renouvelaient
plus les générations. Ce sont eux (14 générations)
et ceux a naitre a partir de maintenant qui vont constituer la
plus grande partie de la population adulte productive des années
2006 - 2033. Cette population adulte restreinte va avoir,sauf
correction, des prélèvements obligatoires d'origine
sociale augmentés dans les énormes proportions évoquées,
ce qui comme on l'a vu, l'empêchera d'être compétitive
dans la concurrence internationale, l'empêchera d'investir
et de rester à la pointe de la technologie, (l'investissement
est pris sur ce qui reste de la production économique quand
on a soustrait les dépenses de vie courante et les charges),
et l'amènera donc à la défaite commerciale,
industrielle, économique générale.
En
effet, une augmentation de 60 à 100% des charges sociales-vieillesse
pour une population active stable ou en diminution n'est pas supportable
et n'est pas compatible avec la compétitivité industrielle
et commerciale. (1)
Il
faut souligner que les retraites sont calculées sur les
taux salariaux les plus élevés, de fin de carrière,
dont elles représentent environ les 2/3 et forment donc
une masse financière plus élevée que les
salaires eux-mêmes (CREDOC) à même effectif,
en tenant compte des taux faibles des débuts de carrière
et même de la phase moyenne des carrières. Et 20
millions de retraités pour 21 millions d'emplois effectifs
(chiffre actuel qui restera si justement l'emploi n'augmente pas)
représentent pour les postes de travail une charge insupportable.
C'est
dire que si nous ne faisons rien pour changer cette situation,
nous courons à un échec économique certain
gravissime, car il ne s'agit pas d'un léger amoindrissement,
mais d'une véritable défaite économique,
avec toutes ses conséquences et l'apparition d'un vrai
sous-développement.
Ce
n'est pas tout, il y a l'entrée dans le marché du
travail d'un nombre croissant de femmes. L'I.N.S.E.E. nous
dit qu'il y avait 7 776 000 femmes sur le marché
du travail en 1975, 8 806 000 en mai 1984, soit 1 130 000
de plus. Ceci est en relation avec la tendance et le désir
qu'ont les femmes a vouloir travailler sur le marché du
travail extérieur, car on vit mal avec un seul salaire
et lefait est donc lié en grande partie a l'avantage financier
que représentent pour un ménage 2 salaires - 2 retraites
par rapport à 1 salaire-1 retraite (déficit autrefois
en partie compensé par l'allocation de salaire unique main-tenant
supprimée). La tendance est poussée par une propagande
permanente médiatique, voire politico-médiatique,
et par les mouve-ments féministes de "Libéation
de la femme" (Nairobi ONU 1985 paragraphe 36).
L'avantage
très important crée une très forte pression
économique en sa faveur, avec
pour conséquences, d'abord une aggravation de la dénatalité,
puis sa propre aggravation, car lorsqu'un processus est puissament
poussé par des avantages économiques importants,
il se développe. Et
ce qu'a décrit l'I.N.S.E.E. de 1975 à 1984
n'est sans doute pas terminé.
Il
reste aujourd'hui 3 800 000 femmes en dehors du marché
du travail extérieur. Si l'on admet que seulement une sur
deux, soit 2 millions en gros, deviennent demandeurs d'emploi
dans une société incapable actuel-lement d'avoir
un solde créatif positif, ceci va augmenter le chômage
de 2 millions d'unités, schématiquement. Si donc
ce processus continue sans changement, si les stimula-tions en
sa faveur restent aussi fortes, si rien ne l'enraye, aux 1 500 000
de plus prévus en 1993, aux 2 500 000 en stage,
fin de droit, non inscrits, ou totalement sans ressources (2)
nous arrivons alors a des chiffres de l'ordre de 8 à 8,5
millions, ce qui est totalement inacceptable.
On
voit ainsi ce que notre société d'aujourd'hui, sur
sa lancée, avec ses idées telles qu'elles sont,
sa propagande médiatique, son comportement, l'absence actuelle
de politique économico-démographique et familiale
valable, la continuation d'aberra-tions telles que l'obstruction
a l'investisse-ment dans le quart de l'économie française
(décret Mehaignerie N° 87 774 du 9 septembre 1987
J.O. du 11 septembre 1987) comporte de difficultés
majeures en puissance, si rien ne change. C'est tout cela qui
est au bout de la course et des idées actuelles.
Le
transfert massif des femmes sur le marché du travail extérieur
pour cette population adulte restreinte et écrasée
par l'explosion du vieillissement et de ses prélèvements
obligatoires est le coup de grâce pour elle parce qu'elle
va devoir supporter en plus le coût du chômage massif
que nous venons d'évoquer. Elle ne pourra plus ni investir,
ni s'imposer d'avoir des enfants (autre aspect mortel). Ce sera
une situation intenable. Elle ne sera évidemment plus compétitive
et sera purement et simplement battue dans la concurrence internationale.
Ceci
veut dire que ses usines fermeront que son chômage s'eccentuera
encore, qu'elle ne pourra plus tenir dans la bataille économique.
Ceci est incompatible avec le maintien de l'économie française,
avec le maintien de l'économie française, avec le
maintien du niveau de vie, et il ne s'agit plus ment, mais d'un
effondrement pur et simple, d'une entrée dans le sous-développement.
Bien
entendu, un tel pays ne peut plus assurer ses obligations internationales,
ne peut plus fournir aucune aide aux pays défaillants ou
sous-développés du monde, n'a plus les moyens financiers
d'assurer sa défense, c'est-a-dire qu'il est prêt
pour la défaite
politique et pour la perte de sa liberté et de son indépendance.
La perspective de cette conjoncture intenable est plus qu'il n'en
faut pour rendre indispensable la nouvelle politique démo-graphico-économique
et famil iale capable de redresser, la situation et d'éviter
ce désastre.
QUAND
FAUT IL AGIR ?
MAINTENANT
L'explosion
du vieillissement n'est pas un phénomène possible
ou probable, mais absolument certain. Il est en outre énorme.
Il s'agit d'agir pour que les effets de l'action a entreprendre
se produisent avant lui, ou au moins à son début,
afin de l'atténuer, de le dominer et de le rendre supportable.
Il ne faut pas agir trop'tard, après la bataille,
quand tous les effets écrasants se seront déja produits,
et ne pourront donc plus être ni prévenus, ni amortis,
ni supportés.
Or, seule la reprise de la natalité aujourd'hui
et dont les effets se réaliseront dans 20 ans, peut endiguer
l'énorme vague. L'immigration adulte aujourd'hui ne le
peut pas. (3) Seule une immigration très importante de
jeunes enfants le pourrait, mais à notre connaissance,
cette solution n'est pas retenue par l'opinion publique, ni aucune
force politique. Donc, il n'y a bien qu'une solution : le redressement
de la natalité maintenant.
En outre, sur un autre plan, en raison des redoutables perspectives
de l'emploi, on ne voit aucun motif valable pour se priver dans
le domaine des effets bénéfiques importants de la
politique familiale et démographique. Pourquoi avoir plusieurs
millions de chômeurs supplémentaires, pour le seul
plaisir obstiné et têtu de ne pas le faire ?
- Une grande association française, qui s'appelle aujourd'hui
: Alliance Nationale Population et Avenir, qui a
bien mérité de la Patrie, née en 1896, a
pu faire adopter le Code de la Famille en 1939-1945, c'est-à-dire
au bout de 50 ans d'efforts. Elle a sauvé la France d'une
déchéance certaine. Il lui a fallu 50 ans.
Aujourd'hui, la situation est sûrement encore plus
grave qu'il y a un siècle, mais cette fois, la France n'a
pas le temps de prendre son temps.
C'EST
LA DIFFÉRENCE MAJEURE
Les
hommes politiques nous plongent dans un abime de perplexité.
Sauf exception, ils se taisent. C'est en soi un grand problème,
donc il va falloir s'occuper sans tarder, car c'est eux qui peuvent
prendre MAINTENANT les décisions qui s'imposent.
C'EST
MAINTENANT QU'IL FAUT AGIR.
(1)
et nos activités en général.
(2)
TUC |
200 000 |
SIVP |
600 000 |
fin
de droits
Post fin de droits
sans ressources
(UNEDIC) |
1 300 000 |
|
2 550 000 |
(Chômage
actuel
jeunes 1946-1973 à
encore incorporer
à l'emploi |
2 550 000
1 500 000 |
personnes
évoluant
vers le salarial
extérieur) |
2 000 000 |
Total |
2 550 000
2 550 000
1 500 000
2 000 000
8 600 000 |
(3)
et si elle est née entre 1946 et 1973, elle aggrave la
situation (augmentant l'explosion du vieillissement de 2006 -
2033).
E.
Tremblay
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, juillet 1988
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