En
travaillant à informer l'opinion publique pour rétablir la vérité
sur la réalité de l'avortement face aux propagandes mensongères
des avorteurs, l'Association "LAISSEZ-LES VIVRE" n'a pas pour
unique but d'empêcher la légalisation partielle ou totale de l'avortement.
Nous sommes, nous aussi, douloureusement conscients du scandale
des avortements clandestins qu'il s'agit de faire disparaître.
Ce ne saurait être en les légalisant, ce qui serait les rendre
bien plus scandaleux et ne changerait rien à leur caractère criminel.
Mais la solution n'est pas d'abord dans la répression policière :
il en est de l'avortement comme de la drogue. S'il faut pourchasser
les trafiquants, il faut surtout chercher les causes pathologiques
du besoin morbide de la drogue afin d'en guérir les intéressés.
Ici, aussi, il y a des partisans de la liberté de la drogue, et
ce sont souvent les mêmes que les partisans de la liberté d'avorter.
Ils oublient que celui qui prend la drogue dont on lui a permis
le libre accès n'est en fait pas libre, puisque son goût pour
la drogue est une maladie psychologique qui lui fait rechercher
ce qui est mauvais. Ne pourrait être libre que celui qui ne serait
pas malade et qui dans ces conditions mettrait sa liberté à ne
pas consommer la drogue. Le malade lui, est faible et fragile
et doit être protégé de ceux qui veulent exploiter sa misère.
Avortement
libre et gratuit : slogan mensonger, car la gratuité, ce
serait que les "charitables" avorteurs ne soient pas payés, ce
qui en réduirait vite le nombre. Quant à la liberté, il doit s'agir
de la liberté de ne pas avorter, des conditions sociales de progrès
qui n'obligeront plus la femme à réclamer l'avortement, conditions
sociales abominables que la légalisation de l'avortement permettrait
de maintenir. Le besoin d'avortement est chez la femme un besoin
pathologique, un signe de déséquilibre psychologique grave. A
moins d'être très gravement névrosée comme certaines féministes
qui ont refusé leur féminité, toute femme qui demande l'avortement
est dans le malaise de la dissociation entre son désir conscient
d'avorter, accentué par l'entourage et la propagande, et son sentiment
profond venu de son inconscient que l'avortement est une chose
mauvaise pour l'enfant, bien entendu, mais aussi pour elle-même.
Toutes les propagandes visant à rassurer sont inefficaces car
on ne peut rassurer l'inconscient fidèle à la vie par une conscience
déformée qui prend parti contre la vie, sous la satisfaction apparente
est un malaise profond qui se manifestera tôt ou tard. Nous n'avons
donc pas à rassurer, mais au contraire à inquiéter en faisant
comprendre la vérité objective de cette saine répulsion affective
contre l'avortement, ce mal absolu qu'on ne saurait tolérer en
aucune circonstance. Face aux "éminents" spécialistes qui se laissent
prendre à leurs erreurs et à leurs ignorances et donnent des arguments
mensongers dont il faudrait psychanalyser la motivation profonde,
il faut que chacun sans timidité ose répandre la vérité.
1°
L'avortement est inacceptable parce qu'il est l'assassinat prénatal
d'un être humain faible et fragile fait soi-disant dans son intérêt
sur la demande de celle qui doit l'amener à la vie avec l'aide
de médecins qui devraient tout faire pour sa santé au lieu de
le tuer. II est scientifiquement faux, même si des scientifiques
ou des médecins osent l'affirmer, que l'être humain, la personne
humaine ne commence pas à la conception, ce seul début où tous
les 19 caractères humains et individuels, notamment l'aptitude
au cerveau sont matériellement présents dans les acides nucléiques
de l'uf. Si on voulait mettre le début à la maturité cérébrale
et aux relations interpersonnelles d'une conscience éveillée,
il faudrait autoriser l'attentat à la vie jusqu'à 7 ans ou
même 18 ans. II faut apprendre à la femme que si elle a le
droit de ne pas se faire féconder, dès qu'elle l'est il n'y a
pas une chose lui appartenant et dont elle peut se débarrasser,
mais un petit enfant qu'elle doit aimer. Et ce n'est pas en ne
l'aimant pas qu'elle niera son existence comme l'a, hélas !
affirmé un jésuite perdu dans l'idéologie irréelle. Insister sur
la conception pour assurer la défense du petit être dans les premiers
jours avant sa fixation dans l'utérus (nidation) car c'est ce
moment que la technocratie sauvage des scientifiques va choisir
pour supprimer l'aspect actuel trop choquant de l'assassinat de
ftus âgés. En rendant l'utérus malade par des appareils
(stérilet) ou des médicaments (prostaglandines) ou en s'opposant
au développement de l'uf on transforme la mère en machine
à tuer sans même qu'elle se sache enceinte. Un des plus gros mensonges
des spécialistes est actuellement de baptiser contraceptives des
méthodes abortives. Hier, on vous disait : c'est contraceptif
et non abortif; aujourd'hui un pas est franchi ce contraceptif
est abortif, cela est sans importance.
Aujourd'hui
des femmes qui désirent ne pas avoir d'enfants, mais ne veulent
en rien avorter, sont technocratiquement avortées sans qu'elles
le sachent, ce qui est en particulier le cas des malheureuses
du Tiers-Monde, ce qui permet en limitant la croissance démographique
de maintenir la misère et l'exploitation. II est vrai que plus
souvent on se livre à cet autre crime inacceptable et profondément
déséquilibrant pour l'individu et le couple qu'est la stérilisation
chirurgicale définitive de l'homme ou de la femme.
2°
L'avortement est inacceptable parce que ce dépannage de la femme
est un crime contre elle. Même bien fait par un médecin cet attentat
contre l'utérus gravide est dangereux et peut amener bien des
complications et des séquelles, dont la stérilité. C'est un mensonge
que de dire l'avortement sans danger du moment qu'il est légal
et la différence n'est pas si grande entre l'avortement bricolé
et l'avortement scientifique. Mais surtout la réalisation de son
désir conscient d'avortement crée chez la femme un conflit psychologique
d'autant plus grave qu'il est inconscient, car l'avortement est
un crime contre l'inconscient maternel féminin. Inconscient maternel
qui n'est pas un préjugé social, mais un constituant psychobiologique
essentiel de la féminité lié à l'endocrinologie féminine. Cet
inconscient maternel n'oblige nullement à une fécondité sans limite
à condition que la limitation ne se fasse pas par une négation
destructrice, ce qui est le cas de l'avortement dont la réalité
profonde concerne l'inconscient, même si le conscient semble satisfait.
Ce
n'est évidemment pas en interdisant à la femme d'avorter, alors
qu'elle pense en avoir besoin, qu'on obtiendra son renoncement.
Dans une telle situation la femme a besoin d'une aide psychologique
qui compense les conseils des avorteurs, d'une aide qui consiste
à la sortir de son isolement, de son affolement, de son angoisse,
aide analogue à celle que donne S.O.S.-Amitié à un candidat au
suicide. Une présence affectueuse aide à y voir clair par soi-même
et à comprendre en accord avec l'inconscient maternel que l'avortement
est une mauvaise solution et que le vrai besoin est dans les conditions
propres à l'acceptation de l'enfant. Cette aide psychologique
efficace pour laquelle il faut se former à l'accueil, elle concerne
tous les adversaires de l'avortement et il serait de toute urgence
qu'elle s'organise comme c'est le cas dans certains états américains
comme New York (association Birth Rigth).
3°
L'avortement n'est pas d'abord un crime de la femme, mais un crime
du couple et un crime contre le couple. L'enfant a été fait à
deux, mais quand il est là, l'homme ne s'en sent pas responsable
et il abandonne lâchement la femme la laissant dans le désespoir
ou tout au plus lui conseille de se débrouiller. II faut tout
faire pour donner à l'homme une sexualité responsable et contrôlée,
un sens de la paternité qui chez lui n'a pas de dimension hormonale
inconsciente. Si "LAISSEZ-LES VIVRE" dans sa lutte contre l'avortement
a dû mettre en avant l'aide à la femme et non au couple, c'est
à cause de cette déficience masculine qui conduit non seulement
aux mères célibataires effectivement seules, mais aussi à la solitude
des épouses. L'urgence est donc bien d'aider les femmes à accepter
leur maternité, mais cette acceptation comporte obligatoirement
l'éducation de l'homme à la vraie virilité.
4°
Le criminel direct dans l'avortement, celui qui n'a aucune excuse,
c'est le tueur, l'avorteur surtout quand il devrait connaître
la réalité de son geste, s'il est médecin. C'est donc aussi pour
éviter ce crime contre l'honneur et l'équilibre psychologique
du personnel sanitaire, ces infirmières obligées sous peine de
renvoi de jeter des ftus vivants au crématoire, qu'il faut
refuser la légalisation de l'avortement. Comme l'a si bien dit
le Pr. Lejeune si l'État veut un corps de tueurs professionnels,
il ne saurait les prendre parmi les médecins qui sont faits pour
guérir.
5°
Le crime d'avortement sous ses apparences charitables est urne
paresse, une lâcheté, une mesure rétrograde cherchant à rendre
supportables des conditions sociales inacceptables au lieu de
les réformer. On nous dit c'est "en attendant". En attendant quoi,
puisqu'on ne fait rien, on ne fera rien et l'avortement est là
pour permettre qu'on ne fasse rien. Effectivement, il faut agir,
mais c'est pour supprimer la nécessité du recours à l'avortement,
et cela peut être immédiat si tous s'engagent.
6° Ce qui fait l'odieux de l'avortement, c'est qu'il est un attentat
contre des êtres faibles, la femme si peu soutenue par son conjoint,
la mère célibataire, l'enfant quel qu'il soit et plus encore s'il
est infirme, handicapé. II faut tuer l'enfant indésirable parce
qu'il sera malheureux et dans de mauvaises conditions, surtout
en fait parce que en le tuant, il nous délivrera de toute gêne,
de toute responsabilité; il s'agit de l'intérêt des parents égoïstes,
de l'intérêt de tout l'entourage qui sera délivré de tout souci.
La lutte contre l'avortement, c'est donc tout ce qui permet la
grossesse heureuse, l'enfance heureuse, l'aide familiale aux femmes
enceintes, les maisons maternelles et de repos si insuffisantes
en nombre, l'aménagement des congés de maternité, le travail à
mi-temps. C'est aussi qu'aucun enfant ne doit être privé d'affection
et qu'il faudrait un parrainage pour les enfants mis en institution
ou ceux à famille déficiente, qu'il faudrait lutter contre ie
préjugé qui juge meilleur pour une mère de tuer son enfant avant
la naissance que de le conduire au monde pour le laisser à une
famille qui l'adoptera et le fera heureux. L'avortement est aussi
un crime contre les foyers stériles qui ont tant de difficultés
à trouver un enfant à adopter. "LAISSEZ-LES VIVRE" est heureuse
de s'associer aux efforts des familles adoptives pour l'amélioration
de l'adoption, comme elle se réjouit de sa collaboration avec
les parents d'handicapés et d'inadaptés dans leurs efforts pour
donner à tous ces enfants une vie humaine correcte à tout âge,
un droit et non une assistance. Le rôle plus spécifique de notre
Association est surtout de lutter contre la propagande mensongère
qui fait croire que la plupart des anomalies viennent avant la
naissance et sont diagnosticables pendant la grossesse, alors
que les accidents de la périnatalité sont bien plus importants
et pourraient être évités, on commence heureusement à s'en soucier
et nous nous en félicitons. II faudrait aussi se préoccuper des
accidents automobiles. Si on pouvait prévoir une anomalie, ce
ne devrait pas être pour tuer l'enfant dans un racisme de bien
portant qui traite autrui de monstre alors qu'il est plus monstrueux
que lui, mais pour tenter de le guérir et pour prévoir son accueil.
Rien n'est plus barbare que le désir actuel de tuer les trisomiques
21 dits mongoliens sur un simple examen chromosomique qui ne précise
pas le degré de leur atteinte, alors que ce sont des petits êtres
heureux quand on les aime. Au temps de la civilisation, on aimait
l'idiot du village ; les névrosés d'aujourd'hui ayant perdu
leur coeur préfèrent le tuer : n'est-il pas improductif ?
7°
Des individus isolés face à un État libéral ou totalitaire, voilà
le grand déséquilibre des temps modernes, une société technocratique
et inhumaine. Nous avons le devoir de rappeler que ce n'est pas
un préjugé spiritualiste mais une vérité scientifique de dire
que l'homme est un être conjugal (famille monogamique permanente)
et familial où l'équilibre de l'enfant exige la présence suffisante
du père et de la mère. La famille n'est pas surajoutée à l'humain,
elle n'est pas une institution contestable, elle est la condition
même de l'humain. La société est avant tout une communauté de
familles s'aidant mutuellement. C'est cela que l'État moderne
ignore. Pas de solution à l'avortement sans ce retour au familial
et c'est pour cela que "LAISSEZ-LES VIVRE" s'associe à l'effort
des organismes familiaux. Le problème de l'avortement ne concerne
pas les médecins et le ministère de la Santé, mais doit entrer
dans les tâches d'un ministère de la famille tenant compte des
propositions des délégués des familles, y compris les familles
nombreuses pas assez écoutées comme le patronat ou le ministre
du Travail doivent tenir compte des délégués ouvriers. II nous
faut un nouveau statut de la famille. Notre commission spécialisée
a fait à ce point de vue d'importantes propositions concrètes
tant en ce qui concerne le niveau de vie des mères et des familles
dans le domaine des prestations familiales (allocations familiales
plus justes, allocation de présence maternelle et d'éducation)
et dans celui de la fiscalité où le poids des impôts indirects
pénalise les familles, que pour le grave problème du logement
suffisant que des règles administratives entravent. Ces propositions
seront transmises au gouvernement.
8°
Si le gouvernement doit tout faire pour supprimer l'avortement
ce n'est pas simplement par hygiène mentale et pour améliorer
les conditions de vie, permettre à tous d'avoir le nombre d'enfants
qu'il doit désirer, c'est surtout qu'il est responsable de l'avenir
du pays, une grave question qui concerne chaque citoyen, chaque
couple. La France a failli mourir de dénatalité. "LAISSEZ-LES
VIVRE" est spécialement sensible à ce crime contre notre démographie
que constitue la propagande abortive, y compris pour le tiers-monde.
Aussi sommes-nous en étroite association avec tous ceux qui militent
pour une saine démographie. II est inadmissible que l'État pénalise
ceux qui courageusement assurent l'avenir du pays. Nous proposons
un transfert social qui soulage les familles et leur redonne ce
qui leur appartient, tandis que des charges seront ajoutées à
ceux qui n'ont pas d'enfant afin de rétablir l'égalité financière
des situations.
Telles
sont les conditions politiques et sociales de la solution du drame
de l'avortement, ce qui permettra la réalisation du droit humain
le plus strict, le droit de ne pas avorter, le droit de tout enfant
à naître et se réaliser pleine-ment, le droit des parents à s'épanouir
par leurs enfants au lieu d'être con-damnés par l'égoïsme social
à être obligés de les tuer. Ces conditions nous n'avons pas à
attendre qu'elles se réalisent toutes seules. " LAISSEZ-LES VIVRE
" est un appel à l'engagement, l'action immédiate de tous avec
l'appui des pouvoirs publics. Nous espérons par l'organisation
de nos délégations départementales contribuer à toutes les initiatives
locales. Nous nous réjouis-sons de voir, dans de nombreux pays,
des initiatives analogues à la nôtre voir le jour en relation
amicale avec nous. Ainsi se prépare la grande révo-lution humaniste
de la vie.
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, novembre 1971
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