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HISTORIQUE DE LAISSEZ-LES-VIVRE – SOS FUTURES MÈRES


Avortement et santé de la mère
IMPRIMERConférence prononcée au Congrès de Versailles par le Dr Bernard Jamain

II aurait été simple d'énumérer les complications entraînées chez la mère par un avortement. Nous pourrions envisager chaque complication suivant sa localisation anatomique :

son évolution aiguë ou suraiguë ;
sa gravité immédiate ou secondaire ;
ses sequelles.

Cet aspect de la question, trop schématique, rebuterait rapidement un public non spécialisé.
Par ailleurs l'évolution de la science médicale :

l'utilisation des antibiotiques,
les techniques assez élaborées d'avortement,

ont semblé améliorer le pronostic de ces interventions. Comme tout, cette question évolue rapidement. II faut donc nous fonder sur des statistiques. et des documents récents, des expériences personnelles, des faits actuels. contrôlés.

Un seul point essentiel : rester objectif et exposer la vérité.
A la lumière des publications françaises et étrangères récentes, nous envisagerons :

1° La gravité actuelle de l'avortement provoqué ;
2° Les complications de l'avortement thérapeutique ;
3° Les problèmes psychosomatiques soulevés dans le couple par un avortement même en apparence accepté au moment de la décision.

Les avortements provoqués se produisent dans des conditions souvent dramatiques et des complications redoutables peuvent survenir. Un certain nombre de morts subites peuvent s'observer mais il faut d'emblée préciser que les chiffres de mortalité dûs aux avortements criminels sont en France de 110 (cent dix) à 160 (cent soixante) par an et n'atteignent pas tout de même les chiffres très exagérés qui ont été avancés par certains, encore une fois nous voulons rester objectifs. Pour en terminer avec le chapitre des morts subites dans l'avortement, nous rappellerons qu'elles surviennent en période digestive vers 5 heures de l'après-midi ou 9 heures du soir. Dans leur déterminisme joue l'enjeu et la peur. Ce sont les complications locales qu'il faut. maintenant étudier.

Rétention placentaire et apport septique sont les causes des deux complications les plus courantes : l'hémorragie et l'infection utéro-ovulaire. Les hémorragies sont tantôt courtes et très abondantes, tantôt modérées mais prolongées. Elles peuvent entraîner un état de choc rapide ou au contraire des anémies prolongées abaissant le nombre des globules rouges au-dessous de 3 millions. L'évacuation de la cavité utérine se fait par curage au doigt, par curetage ou aspiration et nous verrons que ces différentes manœuvres ne sont pas sans danger sur l'avenir de la cavité utérine.

Au cours du curetage on observe parfois l'existence d'une perforation due à la brutalité de la technique, et qui peut provoquer des lésions des viscères. abdominaux, des lésions de l'intestin, qui peuvent passer inaperçues ou peuvent se traduire au contraire par un tableau alarmant et se compliquer d'infections du péritoine. Au cours des examens on peut constater la présence d'une lésion assez courante due à des comprimés de permanganate de potasse que la femme s'est introduit dans le fond de la cavité vaginale. Les hémorragies sont souvent importantes, difficiles à juguler et l'avortement en plus ne se produit pas automatiquement.

Au cours de ces deux dernières complications, l'avenir de la jeune femme est intéressé car la perforation utérine fragilise l'utérus au cours d'une éventuelle grossesse et les lésions entraînent des brides d'adhérences avec des douleurs ultérieures au cours des rapports, des sténoses du col utérin ; enfin le curetage trop appuyé laissera des cicatrices gênant les fonctions gynécologiques. On a beaucoup parlé en un temps de l'infarctus utérin provoqué par les injections d'eau de savon, ce sont des complications redoutables entraînant des chocs graves et souvent la mort. Les complications infectieuses sont représentées à tous les niveaux de l'appareil génital.

II est des accidents toxiques dûs aux produits qui ont été utilisés : l'apiol entraînant à la dose abortive des lésions d'hépatonéphrite, la quinine, le mercure, le plomb ont été utilisés plus autrefois que maintenant; enfin on observe des accidents aigus neurologiques, soit immédiatement soit quelques minutes après l'intervention, qui relèvent d'embolies gazeuses ou liquidiennes. II existe des formes foudroyantes, des formes moyennes laissant des séquelles graves lorsque l'embolie se fixe dans le cerveau, des paralysies plus ou moins étendues persistent.

Quant aux séquelles dont nous avons déjà parlé, c'est-à-dire les conséquences à distance, nous signalerons les douleurs de types variés dues à des adhérences, à des mauvaises positions de l'utérus consécutives aux infections du petit bassin, l'augmentation des règles et parfois leur disparition définitive avec stérilité, ou temporaire mais prolongée, par un curetage trop appuyé. C'est évidemment la stérilité par synéchies utérines, par obturation tubaire qui reste une des complications les plus redoutables à distance et qui sera le plus durement ressentie par la jeune femme.

Tel est l'essentiel des complications classiques dues à l'avortement criminel. L'âge le plus fréquent se situe de 26 à 30 ans ; enfin la date maximum et la plus fréquente varie entre le 3e et le 4e mois de grossesse, rarement plus tard. II nous a paru utile devant ces problèmes de revoir la question à la lumière de statistiques récentes de façon à ne pas répéter des données plus ou moins classiques mais à voir où en est le problème actuel.

Le premier point est d'évaluer le nombre des avortements en France : les rapports présentés par l'Institut national d'Études Démographiques affirment que le nombre des avortements est probablement de un pour deux naissances et en tous cas plus proche de cette évaluation que celle communément avancée. II y aurait tous les ans en France entre 200 (deux cents) et 300 000 (trois cent mille) avortements provoqués (Planques- Moron). La mortalité par avortement criminel ne cesse de décroître en nombre absolu. On avait noté 1 316 (mille trois cent seize) décès entre 1939 et 1959 ; de 1939 à 1959 sont représentés les complications infectieuses, morts subites, tétanos. L'apparition des antibiotiques et l'amélioration des techniques permettant d'expliquer la raison de la régression des décès.

Nous vous apportons deux statistiques, celle de Toulouse et notre pratique hospitalière de l'Hôpital Bichat.

La statistique de Toulouse porte sur 426 (quatre cent vingt six) observations faites de 1966 à 1970, 371 (trois cent soixante et onze) cas sans complications et 55 (cinquante-cinq) avortements compliqués c'est-à-dire ayant nécessité une autre intervention que le simple curetage, l'admission dans des 4 services spécialisés avec avortement aboutissant à la mort. II faut noter que sur les 55 (cinquante-cinq) avortements provoqués 41 (quarante et un) viennent de services spécialisés.

Les avortements compliqués résultent tous d'une atteinte directe de l'œuf par des moyens mécaniques et l'on peut distinguer deux groupes de complications : les unes hémorragiques et traumatiques et les autres infectieuses. La perforation utérine impose la laparotomie, le choc hémorragique avec retentissement rénal grâce à une réanimation cardio-vasculaire attentive et un bilan biologique est redevenu normal à la sortie des services de néphrologie. Deux accidents de fibrinolyse ont entraîné deux morts. Quant aux lésions dues au Permanganate de potassium on retrouve 5 (cinq) femmes deux ont réussi leur avortement, une n'était pas enceinte, les deux autres ont vu leur grossesse continuer.

Les infections à perfringens dont nous avons parlé au début : on en retrouve 20 (vingt) dans les statistiques de Monbosies. 3 (trois) sont mortes, 17 (dix-sept) ont guéri de leur septicémie, l'une a présenté des séquelles rénales. On a noté enfin diverses septicémies, 10 (dix) au total dues à des germes variés dont 9 (neuf) ont guéri ; l'une d'entre elles est morte dans un syndrome hémolytique ictéro-azotémique.

Les récents progrès dûs à l'utilisation du rein artificiel ont pu faire monter les pourcentages des guérisons de 51 % (cinquante et un pour cent) à 80 % (quatre-vingts pour cent) selon les statistiques des nephrologues. II n'en reste pas moins que l'anurie post-abortum d'origine septicémique reste une complication redoutable. Dans les avortements un seul cas de tétanos a été mortel ; dans l'ensemble le tétanos est beaucoup plus rare car la sérothérapie se fait systématiquement.

Nous signalerons enfin les manifestations thrombo-emboliques ; dans l'ensemble la statistique de Toulouse oppose 385 (trois cent quatre-vingt-cinq) observations d'avortements provoqués hospitalisés dans le service de gynécologie et d'obstétrique ayant donné lieu à 14 (quatorze) complications seulement et n'ayant entraîné qu'un décès.

Étant donné l'impossibilité de comparaison statistique de ces chiffres nous ne pouvons indiquer le pourcentage exact de complications graves ou de décès dans les avortements provoqués, nous pouvons simplement dire que 55 (cinquante-cinq) complications ont entraîné 16,96 % (seize, quatre-vingtseize pour cent) de mortalité.

L'auteur conclut : l'avortement en 1969 : une éventualité pathologique immédiatement redoutable.

AVORTEMENT THÉRAPEUTIQUE

L'avortement thérapeutique est le nom que l'on donne à l'avortement décidé pour sauver la vie de la mère menacée par la grossesse actuelle. Ces indications sont reconnues par la loi française, il est question de les étendre :

1 ° Non seulement quand la vie de la mère est en jeu mais de même si sa santé est gravement compromise.
2° Enfin sont apparues les indications foetales depuis que la science a laissé espérer un diagnostic intra-utérin d'une maladie fœtale due par exemple aux aberrations chromosomiques.

Notre propos n'est pas de discuter de l'extension de la loi, des risques de voir l'avortement se libéraliser et son chiffre décupler.

On pourrait penser que l'avortement pratiqué dans un but thérapeutique – en milieu médical - hospitalier – ne comporte pas de risque : il n'en est rien.

Nous nous référerons à une statistique danoise parue en novembre 1970 portant sur les complications des avortements thérapeutiques : le texte est paru dans la Revue américaine internationale de Gynécologie et d'Obstétrique. De 1933 à 1966 les avortements thérapeutiques passent au Danemark de 500 (cinq cents) à 5 000 (cinq mille) par an (chiffre atteint dès 1951). L'étude sur le Danemark fait état de 27 435 (vingt-sept mille quatre cent trente-cinq) déclarations officielles d'avortements de 1961 à 1966.

Les techniques vont de l'injection intra-ovulaire à l'hystérectomie par voie abdominale.

Je voudrais vous apporter quelques chiffres qui permettront d'éclairer notre propos. Ces chiffres viennent du Syndicat national des Gynécologues et Obstétriciens de France, ce sont les suivants : ayant actuellement en France 0,5 % (zéro cinq pour cent) naissance d'avortement thérapeutique soit 400 (quatre cents) par an, on admet que si la loi Peyret passe le pourcentage passera de 0,5 % (zéro cinq pour cent) à 2,5 % (deux, cinq pour cent) soit environ 2 000 (deux mille) par an ; mais si on fait cette libéralisation progressive mais beaucoup plus importante, les chiffres seront beaucoup plus élevés et nous avons comme référence les pays scandinaves avec des avortements atteignant 30 ‰ naissances, l'Amérique 25 ‰. Ces chiffres méritaient d'être signalés avant de continuer notre exposé.

En fait, dans une autre statistique le taux de complication augmente de 2,9 à 4,7 % (deux, neuf, à quatre, sept pour cent) mais la mortalité diminue de 7 (sept) à 3 (trois) pour 10 000 (dix mille). Certaines complications ont été observées : hémorragie par perforation 88, (quatre-vingt-huit fois) ce qui représente 1,8 % (un, huit pour cent). Après dilatation aux bougies de Hégar, des complications sont survenues et ont entraîné des interventions abdominales dans la proportion de 0,7 % (zéro, sept pour cent). On a enfin observé des infections ovulaires après ponction de l'œuf ou injection intra ovulaire. Par conséquent, il existe de 3 (trois) à 10 % (dix pour cent) de complications avec les diverses méthodes employées et le taux des complications augmente avec le terme plus ou moins avancé de la grossesse.

Le résumé français de cet article conclut dans les termes suivants : il semble que l'on puisse recommander de prendre ces risques en considération lorsqu'on envisage un avortement thérapeutique.

PROBLÈME PSYCHOLOGIQUE

Il nous faut aborder maintenant le problème des incidences psychologiques des avortements.

Ces conséquences sont le plus souvent à type de culpabilité, elles sont prolongées, elles sont très souvent maintenues secrètes, elles sont capables de perturber de façon grave la vie de la femme et la vie du couple. Elles sont d'autant plus difficiles à apprécier que les manifestations conscientes de cette inquiétude et de ces remords ne sont pas les seules et que l'on peut avoir des perturbations inconscientes à l'origine de véritables névroses. Les femmes qui se sont fait avorter souffrent d'un sentiment de culpabilité ; la raison en paraît double, elles se sentent coupables d'avoir violé la loi collective, elles se sentent coupables d'avoir violé la loi individuelle.

© Laissez-les-Vivre – SOS Futures Mères, novembre 1971

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