Optimisme
ou pessimisme, ce peut être une question de nature personnelle,
mais ce peut être aussi un jugement lucide sur la situation.
Comment, en ce qui concerne l'avortement, pourrait-on être
pessimiste ? Ce n'est pas les combattants de la vie que nous sommes
qui peuvent désespérer, car plus ça va mal,
plus nous sommes engagés pour que cela change dans le bon
sens. Un optimiste ou un pessimiste c'est celui qui ne fait rien.
Ce sont des positions inhumaines et fausses de désengagement.
Nous sommes faits pour agir et lutter dans une perspective
de progrès. [...]
Le
monde a un sens qui a produit la vie et le progrès de la
vie jusqu'à l'homme, lequel n'est dans le sens de l'histoire
que s'il produit une société de plus en plus respectueuse
de la vie, ce que Teilhard de Chardin, dont cette année
voit le centenaire, appelait le noosphère. [...]
Notre
combat est un combat pour l'optimum. Nous accuser d'extrémisme
serait vrai si, refusant de voir les détresses, nous nous
contentions de vouloir interdire tout avortement légal
ou clandestin. Telle n'est pas notre position. L'optimum n'est
ni dans l'autorisation ni dans la simple interdiction, mais dans
la suppression du besoin d'avorter notamment par l'assistance
affectueuse de nos "S.O.S. Futures Mères". L'indissolubilité,
inscrite dans nos statuts, entre "Laissez-les-Vivre",
que je pourrais représenter, et "S.O.S. Futures Mères",
que représente Madame Poullot, est absolument indissociable.
II en est de même pour l'autre aspect de notre combat, où
est impliqué notre ami Tremblay, pour des lois sociales
et familiales, pour la rééducation des médecins,
des magistrats et des hommes politiques. La pédagogie ne
s'applique pas seulement aux enfants ! [...]
Nous
sommes pour la libération de la femme, mais la libération
de l'oppression d'une société masculine qui empêche
l'épanouissement de la femme, laquelle ne sert pas seulement
à une importante et irremplaçable tache familiale,
où d'ailleurs le père a son rôle, mais qui
a aussi la tache, tout autant sociale, de mettre un cur
dans un monde sans
cur. [...]
Citant
le manifeste de nos amis de Poitiers, intitulé "Collectif
pour la défense de l'enfance opprimée", je
dirais : « Quelle guerre plus atroce que cette guerre
civile des adultes contre leurs enfants ! ».
[...]
La
science se doit, si elle est complète et lucide, de nous
préciser ce qui va dans le sens de l'amour et ce qui y
est opposé. Cette recherche, je m'y suis consacré
et c'est ce qui a fait, naturellement en quelque sorte, de moi,
votre président, président qui, je crois, ne restera
pas définitivement, car si je vous dit maintenant "en
avant pour notre XXe anniversaire", je serais étonné
d'être encore votre président.
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, janvier 1981
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