A
Bordeaux, dans un laboratoire d'embryologie, des ftus humains
encore vivants sont fragmentés, leurs pancréas sont
prélevés et aussitôt congelés à
-150° dans les vapeurs d'azote liquide. Les cellules pancréatiques
sont par la suite cultivées sur milieu nutritif artificiel
de manière à favoriser la reprise des activités
cellulaires pour parvenir au stade "productif d'insuline".
Vingt et un pancréas de ftus humains ont servi à
réaliser une greffe sur un diabétique qui a ensuite
rechuté. Les ftus utilisés ont été
extraits intacts, à la suite d'interventions chirurgicales
ayant pour but la ligature des trompes entraînant la stérilisation
définitive.
Dans
d'autres laboratoires français et étrangers, des
ftus temporairement vivants sont, de la même façon,
transformés en objet d'expérience. Le Président
du Conseil national de l'Ordre des Médecins a fait cette
communication à l'Académie de Médecine : « Aux
États-Unis, des femmes enceintes acceptent moyennant finances
de mener leur grossesse jusqu'à un âge rendant le
ftus viable en vue d'expérimentation, dans l'intérêt
supérieur de la science. Le Pr. Jean CHEYMOL, ancien Président
de l Académie nationale de Médecine a fait état
d'un travail américano-finlandais portant sur des ftus
de 12 à 21 semaines qui ont été décapités,
leurs têtes isolées et perfusées servant a
l'étude du métabolisme cérébral des
glucides » (Ces deux communications ont été
publiées en 1979, dans un rapport inséré
au Bulletin n° 6 de l'Académie nationale de Médecine).
Ces
expériences basées sur la mutilation de ftus
vivants suscitent d'emblée une réaction légitime
de rejet liée au souvenir des expériences nazies.
M. Pierre EMMANUEL a écrit : « C'est du nazisme
pur. Il n'y a aucune différence dans la technique et à
peine en degré de brutalité. Pourquoi, précise
cet Académicien, n'en viendrait-on pas à considérer
certaines catégories d'inutiles sociaux comme du matériau
récupérable, entre autres, pour les chercheurs des
laboratoires d'État ? Ce jour-là, on verrait
que les nazis furent les pionniers un peu brutaux, mais efficaces
de la société totalement scientifique dont la légitimité
est déjà admise par presque tous »(France
Catholique, 23 mai 1980).
M.
Jean Yves NAU a souligné, dans un article publié
dans Le Monde le 18 janvier 1981, cette véritable
« course à l'expérimentation humaine »
qui ne peut manquer de soulever certaines inquiétudes.
Ce
développement s'explique. Une formule générale
ouvre la porte à toutes les expérimentations :
« Les essais sont nécessairement immoraux
et moralement nécessaires ». C'est la formule
du Pr. Jean BERNARD. Ce point de vue utilitariste rejoint celui
du Pr. MERGER qui a dit : « Il ne faut pas faire
d'éthique excessive ». Le ftus est
considéré comme "un matériel" selon
l'expression du Pr. LEPINE.
Il
est remarquable de voir avec quel soin on a "dédramatisé"
ces pratiques clandestines jusqu'à exclure du vocabulaire
le mot "expérimentation" au profit de l'expression
"essai thérapeutique". On en est venu à
dénommer "thérapeutique" un acte, pour
le seul fait qu'il ait lieu en milieu médical, quel que
soit sa finalité.
Cette
dédramatisation est un tentative pour échapper à
la réalité de l'acte destructeur. On met davantage
l'accent sur les justifications. Dès lorsque l'intention
est jugée bonne, beaucoup de nos contemporains ont du mal
à admettre qu'un acte puisse être mauvais. Pour minimiser
cette affaire, on fait valoir que le ftus n'est pas un être
humain à part entière, qu'il est insensible à
la douleur, qu'il est destiné à mourir (...)
Les
expérimentations actuelles se rattachent àtout un
courant de pensée qui réduit l'homme à une
simple réserve d'organes. Le Pr. A. MINKOWSKI nous a écrit
: « Je récuse cette qualité de grandeur
que vous attribuez à l'homme ». Sa pensée
rejoint celle du sénateur H. CAILLAVET qui a dit : « Vous
voyez une finalité à votre existence, moi je pense
qu'il n'y a pas de finalité dans le cosmos. Nous ne sommes
qu'une aventure (...)» Ils ne croient pas à l'esprit.
Maurice
CLAVEL a pressenti le retour à l'idolatrie biologique,
au rejet des indésirables, à l'expérimentation
sans limites. Voici son ultime témoigne « Nous
assistons à la naissance d'un néo-paganisme qui
peut très bien nous ramener à une sorte d'hithlérisme
d'eau douce, pour commencer, mais avec de beaucoup plus profondes
fondations philosophiques, et finalement beaucoup plus dangereux ».
Le
Pr. CRICK, Prix Nobel, biologiste à Cambridge a dit : « On
pourrait envisager une nouvelle définition de la naissance,
en repoussant la date de deux jours après la délivrance.
Cela permettrait d'examiner les nouveaux-nés qui ne sont
pas des êtres humains au vrai sens du terme et administrer
l'euthanasie à ceux qui sont nés avec une difformité
quelle qu'elle soit » Cette pensée rejoint
celle du Pr. SCHWARZENBERG qui a déclaré au cours
d'une réunion organisée le 26 septembre 1979,
par la société médicale Paris-Concorde :
« Les enfants mongoliens ne servent à rien
(...) ».
Face
aux égarements actuels, des voix s'élèvent.
Citons M. Georges HOURDIN qui nous a donné ce témoignage
: « Les expériences scientifiques et médicales
sur les corps humains ne peuvent être faites que s'ils s'agit
du corps d'une personne ayant cessé de vivre et avec son
autorisation. Le respect de la vie humaine et de l'intégrité
chamelle de la personne est exigeant même s'il s'agit de
ftus atteint d'anomalie. La vie et sa transmission est un
grand mystère qu'il faut respecter ; sans cela nous tombons
dans l'eugénisme dont le retour nous menace de toutes parts. »
M. Jean CHERlOUX, sénateur, estime qu'il devient pressant
de s'insurger contre le temps de l'indifférence où
plus rien n'a de prix, pas même la vie humaine.
Il
faut le dire avec netteté, comme M. André LA VAGNE,
Conseiller d'État : « Il est des cas, précis
et rares, où les principes sont et doivent rester des absolus.
La moindre transaction ne peut être admise quand elle menace
les principes qui fondent, justifient et protègent l'Homme.
D'instinct, tous sentent qu'ici c'est l'homme, dans ce qu'il a
de plus sacré, qui serait atteint ».
M. Étienne BORNE fait observer : « L'homme
ne doit pas être pour l'homme objet et moyen. Affirmation
première, capitale, fondatrice de toute morale. L'expérimentation
sur les ftus n'est défendable que si est contournée
et rendue inopérante la norme des norme ».
L'ancien Directeur Général de la Santé, le
Dr. Pierre CHARBONNEAU a écrit : « Nous
sommes menacés par des abus tels que ceux qui consistent
à utiliser des ftus présumés non viables
mais temporairement vivants. N'aborde-ton pas là l'ordre
cannibale ? ».
Jamais
la recherche ne peut trouver en elle même sa propre raison
d'être qui lui permettrait la poursuite de la réussite
à n'importe quel prix. Cette réussite est fallacieuse
et immorale si elle se réalise aux dépens du respect
inviolable dù à la personne. Présenter les
expérimentations comme des actes humanitaires d'entraide,
ne supprime pas l'immoralité foncière de la destruction
d'un être humain. Le plus faible devient entre les mains
du plus fort, instrument et objet. C'est la négation de
la valeur absolue de la personne humaine. Admettre de telles expériences,
c'est en revenir à une conception totalitaire de la médecine.
Le
Conseil de l'Europe a adopté, le 11 mai 1978, une "Résolution"
qui recommande à chaque État membre d'établir
des règles spéciales pour tout ce qui touche aux
embryons, en raison des graves conséquences que certaines
opérations peuvent entraîner. Une proposition de
loi, signée par 114 députés a prévu
l'interdiction des expérimentations sur l'enfant avant
comme après sa naissance. Il serait urgent de mettre è
l'ordre du jour de la prochaine session parlementaire cette proposition
de loi.
Au-delà
d'une intervention du législateur, une réflexion
serait à développer sur l'homme. II est plus grand
que tous les usages que l'on peut faire de lui. C'est notre mission
de témoigner de la valeur de tout être humain.
Les
enfants auront à souffrir d'attaques de plus en plus graves.
De puissants systèmes totalitaires répudient la
loi de la création.
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, janvier 1981
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