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HISTORIQUE DE LAISSEZ-LES-VIVRE – SOS FUTURE MÈRES



Congrès du Xème anniversaire 24-25 janvier 1981
IMPRIMEREn écoutant le Pr Lejeune (Extraits)

Depuis que la guerre a été déclarée aux enfants de France pour cinq ans, et puis continuée pour un temps supposé indéfini, nous avons assisté à une sorte d'écroulement de la médecine ; les digues se sont effondrées brusquement, et il y a eu comme une invasion. Mais il restait comme une zone libre (...)
Il suffisait que l'enfant soit né pour qu'il devienne légalement intouchable. Mais cette zone libre, maintenant qui est envahie à son tour.

Après sa naissance, l'enfant, depuis cette années, est attaquée officiellement dans notre pays. Vous vous rappelez certainement comment a été montée la campagne des promoteurs de la mort. Ils nous avaient dit, tout au début, la pilule remplacerait l'avortement, comme l'avortement avait remplacé l'infanticide. Or, comme toujours, la réalité était l'inverse de ce qu'ils disaient, parce que la réalité – et eux le savaient – était l'inverse de ce qu'ils disaient : c'est la pilule qui a amené l'avortement, et l'avortement permettant de tuer des êtres humains très jeunes, il devait nécessairement amener à l'infanticide.

D'ailleurs l'infanticide est déjà inscrit dans la loi Veil. Vous savez qu'il suffit de deux médecins pour que la grossesse puisse être interrompue, en cas de danger redouté pour l'enfant, à toute époque de la grossesse. C'est dans la loi française.

Et quand pour un médecin, la loi dit « Vous avez de tuer un enfant à toute époque, à 6 mois, à 7 mois, à 8 mois in utero » ; tant qu'il n'est pas sorti de l'abri maternel, on sait que cette loi inscrit, non pas la lettre, mais vraiment dans l'esprit, la notion d'infanticide. (...)

C'est l'origine de cette euthanasie. Elle a été inventée, mise au point, pratiquée par des médecins qui n'étaient pas membres du parti nazi. C'est dans les années 1924, en Allemagne, qu'est née, chez des médecins particulièrement respectables, la théorie des vies qui ne valaient pas la peine d'être vécues. Il y a un extraordinaire petit livre, imprimé en gothique, qui date de 1924, et qui explique tous les arguments que vous entendez aujourd'hui à propos des enfants anormaux, des vieillards ayant dépassé la limite de décrépitude, ou des blessés ayant été trop gravement abimés par un accident.

La responsabilité de la médecine est d'une gravité extrême. C'est parce que des médecins avaient commencé cela qu'a été érigée par une loi – alors là par le gouvernement national socialiste – une euthanasie spécifique, dont les services étaient réservés d'ailleurs aux aryens, et qui s'est appelé le grabentaut. Elle a exterminé à peu près 60 000 Allemands et dans les règles les plus remarquables. (...)

La responsabilité de la médecine est énorme. Les médecins sont les gardiens de la vie ou plutôt les serviteurs de la vie. Le jour où ils changent de camp et pactisent avec la mort et la maladie, ce jour-là la société qui possède ces médecins est en danger. (...)

On nous accuse, on nous a accusé, d'être des passéïstes d'une part et surtout de faire des procès d'intention. Et quand nous avons dit à "Laissez-les-Vivre" que de voter l'avortement c'était mener à l'infanticide et à l'euthanasie, on nous a dit : « Vous n'avez pas le droit de dire cela, vous faites des procès d'intention. Les gens qui font des avortements ne voudraient pas tuer des enfants déjà nés, ne voudraient pas tuer les vieillards ». Eh bien, ce n'était pas un procès d'intention, c'est une prévision pure et simple qui était strictement inévitable. (...)

Rappelez vous la technique qui a été employée. C'était en mettant en avant le bataillon des anormaux, des mal aimés, des mal venus, des malformés qu'on a commencé à parler de l'avortement. C'est ce qui a permis aux promoteurs de la mort d'avoir accès au public. Car il y a vingt ans personne n'aurait pu faire le panégyrique de l'avortement. (...)

Le coup d'envoi était prévu par une émission télévisée de M. Pivot. A cette émission, il était prévu de parler d'euthanasie pour la première fois à la télévision française. Parce qu'un médecin, qui s'occupe de réanimer des enfants prématurés, avait écrit un livre dans lequel il parlait, pendant seulement un chapitre, mais c'était ça le vrai sujet. Il s'est produit ce jour là un événement imprévisible par tous. Quelques heures avant l'émission, il y a eu un attentat dans une synagogue rue Copernic, et lors de l'émission, les personnes qui allaient parler, très discrètement très noblement, avec une certaine distance, et avec énormément de gentillesse, de bonhomie, d'éliminer quelques malades, ces personnes devant l'atrocité, étaient obligées de condamner en bloc le fait de tuer, et n'ont pas osé parler de ce qu'elles voulaient faire, à savoir accoutumer les citoyens à l'idée que l'on pourrait tuer certains, de temps en temps, et sans en faire une habitude.

Mais la provocation a été reprise et pour commencer l'année des handicapés, il y a eu une émission de télévision qui a proposé comme sujet non pas "A-t-on le droit de les tuer ?", mais, toujours en inversant les choses "A-t-on le droit de les laisser vivre ?".

C'était une émission à laquelle, malheureusement j'ai été obligé de participer. Je dis malheureusement. Il était malheureux que nous soyons obligés de prendre la parole à la télévision pour défendre la vie des malades. C'est un grand malheur que ce soit nécessaire.

[Un auditeur : « faites-le plus souvent ».]

Que je, ou que nous parlions plus souvent aux mass médias, ce n'est pas possible. Nous sommes interdits. La seule possibilité, c'est comme vous le montrez d'un mouvement, c'est d'aller de l'avant et de foncer quand même.

[Le Professeur Lejeune s'alarme alors d'un article anonyme, paru il y a un an dans un des principaux journaux médicaux du monde, et dans lequel un anonyme expliquait qu'en présence d'un nouveau-né anormal, il demandait aux parents si, en cas de syncope grave, il fallait essayer tous les moyens possibles pour le réanimer, et qu'en cas de réponse un tant soit peu ambigüe, il supprimait l'enfant avec un biberon de véronal.]

La spina bifida

Alors, cette guerre qui est déclarée ; il fallait lui trouver une raison que le public puisse comprendre et sur lequel on puisse polariser son attention. Et on a choisi la spina bifida. La spina bifida est une maladie relativement rare. Au début de la formation de l'embryon se forme un minuscule petit tube qui sera la moelle épinière et dont l'extrémité supérieure grossira pour devenir le cerveau. Ce tube neural se replie sur lui-même comme une gouttière, se referme comme une fermeture éclair et finit par se fermer en bas et en haut. Et s'il ne se ferme pas tout à fait, en haut, le cerveau ne se développera pas. L'enfant sera sans cerveau, ce sera un anencéphale. Si au contraire c'est en bas, il y aura une plaie au niveau des os qui contiennent normalement la moelle épinière et on verra au bas du dos une hernie qui contient les nerfs de la moelle épinière. Comme c'est les épines postérieures qui ne sont pas jointives on dit "spina bifida".

Le principe, c'est de prendre une maladie relativement rare, relativement connue dans certains pays (elle est spécialement connue dans les pays anglo-saxons) et d'en faire un tableau absolument abominable. Ceux d'entre vous qui ont vu l'émission télévisée ont probablement retiré l'impression qu'un enfant atteint de spina bifida est un être complètement broyé par une malformation, qu'il mène une vie grabataire, presque sans relation avec le monde extérieur et qu'il serait tout à fait incapable de mener une vie, même difficile, mais ressemblant un peu à la vie ordinaire. Et ça, c'est la technique, parce que les spina bifida en moyenne, et dans 90 % des cas à peu près, c'est un handicap qui peut être grave ou plus ou moins grave. Mais pour vous donner une idée, les cas les plus graves donnent une paralysie des membres inférieurs avec des difficultés importantes pour l'élimination de l'urine et des matières, mais, en gros, un enfant atteint de spina bifida grave est à peu près dans l'état d'un petit polio dans son fauteuil. Qui, il y a trente ans, aurait proposé de tuer les petits polio ? Or c'est ce que l'on propose à l'heure actuelle. Et pourquoi ? Probablement parce que nos sociétés sont plus désespérées qu'elles ne l'étaient il y a encore une trentaire d'années.

[Le Professeur Lejeune poursuit en expliquant certaines circonstances de survenue de la spina bifida, sa prédisposition dans certaines familles, le rôle déclenchant des pommes de terre infestées de nielle en année humide, puis il montre que, depuis les travaux de Smithells en Angleterre, on incrimine à l'origine de la spina bifida le manque d'une vitamine, l'acide folique, pendant la vie prénatale.]

Et la lumière pour une fois, et à contrario nous est venue des avorteurs. II y a une vingtaine d'années un certain Thiersche, en Amérique, avait inventé de faire des avortements avec de l'aminoptérine. C'est un produit qui empêche les tissus d'utiliser cette vitamine dont je vous parle, l'acide folique. Et on se sert de l'aminoptérine comme d'un médicament puissant pour tuer les cellules cancéreuses qui requièrent beaucoup d'acide folique pour se diviser. On traite ainsi les cancers. Or M. Tiersche eut l'idée abominable de provoquer des avortements en donnant à la mère de faminoptérine exactement comme s'il avait cru que le fœtus est un cancer. Et il a tué de nombreux fœtus. Mais certains ont survécu et ceux qui ont survécu avaient des spina bifida, des encéphalocèles, des anencéphalies, et même des hydrocéphalies. C'est-à-dire que nous savons, par une abominable expérimentation humaine, qui heureusement a été très vite arrêtée, qu'effectivement, empêcher l'usage normal d'une vitamine chez la femme enceinte peut provoquer cette maladie. Alors M.Smithells a eu l'idée très simple de voir si on ne pourrait pas empêcher la maladie en donnant de l'acide folique.

Mais en Angleterre, on n'a pas accepté les idées de Smithells, car c'est un des pays, avec les États-Unis, dans lequel on a dépensé le plus d'argent pour mettre en route un énorme programme de dépistage in utero de cette maladie. Car on peut s'apercevoir qu'un enfant est malade, qu'il a cette spina bifida, parce qu'il y a une fuite d'une certaine substance, l'alpha fœtoprotéine, quand le cerveau ou la moelle épinière sont mal fermés. Cette substance passe dans le liquide amniotique et passe dans le sang de la mère. On a fait des programmes de dépistage énormes pour savoir si l'enfant a émis beaucoup d'alpha fœto-proléine et éventuellement le tuer. Ces programmes sont extrêmement coûteux, et on discute à l'heure actuelle au Sénat américain pour savoir si on imposera au contribuable cette nouvelle "aide" à l'enfance.

Or, avec Smithells c'est beaucoup plus simple s'il y a effectivement un trouble chimique, le mieux ne serait-il pas de choisir les mères qui ont déjà eu un, enfant atteint, et dont on sait qu'il y a un grand risque (une chance sur vingt) que le prochain enfant soit atteint et de leur donner préventivement une certaine dose de vitamine folique quelques mois avant la mise en route du prochain bébé et de voir si on préserverait ainsi les enfants. Les résultats ont été excellents. II a traité 178 mamans et un seul enfant est né atteint. Parmi les témoins, c'est-à-dire parmi des mères dans le même cas et qui n'avaient pas eu de traitement, Smithells a recensé, ensuite, 260 cas, et 12 enfants étaient atteints, c'est-à-dire à peu près 1 sur 20, comme on s'y attendait.

II est vraisemblable, scientifiquement, on devrait dire raisonnablement sûr, que Smithells est sur la bonne voie, qu'il a trouvé quelque chose de très important. Or, et c'est là où je vous pose la question : Est-ce-que vous avez entendu parler de lui dans vos journaux ? Et ce qui est plus extraordinaire, c'est qu'en Angleterre non plus. La grande presse n'a pas repris cette information. Et quand j'étais il y a deux mois à Chicago, j'ai parlé de cela avec des spécialistes de la spina bifida. II n'en savaient rien non plus.

II faut vous dire, et vous parliez tout à l'heure de l'accès à la télévision, que même lorsqu'un chercheur publie quelque chose, qui est scientifiquement important, s'il ne va pas dans le sens de la mode, s'il ne va pas dans le sens de ce que l'on répète tous les jours, à savoir qu'il faut dépister tôt les maladies pour pouvoir tuer les malades, sa nouvelle n'est pas diffusée.

Et pourtant, il est vraisemblable que nous sommes en train de renverser l'équilibre des forces. Ceux qui luttent pour la mort des enfants sont en train de perdre du terrain parce que la médecine est en train de gagner. Nous n'avons pas encore gagné une victoire, mais nous avons déjà établi, au moins en ce qui concerne la spina bifida, une première tête de pont et le gros de l'armée va s'y engouffrer dans quelque temps.

Mais ce n'est probablement pas le seul endroit où la balance est en train de pencher.

Les maladies de l'intelligence humaine

L'autre endroit où la balance est en train de pencher, c'est l'ensemble des maladies qui frappent l'intelligence humaine. Celles qui font qu'un enfant riait frappé dans sa chair et son esprit et se trouve condamné à la débilité de l'intelligence. C'est la maladie, c'est la seule maladie qui soit typiquement humaine, car seuls les hommes peuvent souffrir de n'être pas intelligents. Les animaux n'en souffrent pas. Et c'est en même temps la plus inhumaine parce qu'elle interdit au sujet qui en est frappé de jouir pleinement du vrai patrimoine des hommes, c'est-à-dire de pouvoir penser.

Et cette maladie est peut-être celle pour laquelle on aurait la plus tendance à s'imaginer que peut-être une vie pareille n'est pas aussi élevée en valeur qu'une vie pleinement normale. Ce serait un jugement tout à fait absurde. II tiendrait compte de la puissance intellectuelle, comme on tiendrait compte de la puissance fiscale d'un véhicule ; il ne tiendrait pas compte d'une autre puissance qui, elle, n'est pas diminuée chez les débile mentaux qui est la puissance du cœur. Et cette puissance là n'est peut-être pas toujours normale chez les gens à grand quotient intellectuel qui ont une raison désespérée.

[Le Professeur Lejeune explique alors comment la plupart des maladies constitutionnelles du système nerveux sont dues à une déficience d'acide folique, ou plutôt de ses métabolites dans le cerveau, et en particulier dans la myéline qui isole les fibres nerveuses. Il poursuit :]

Nous avons pour la première fois une maladie dans laquelle une anomalie d'un chromosome, un petit fragment d'un chromosome ne fonctionne pas très bien et on voit au microscope qu'il ne prend pas très bien la couleur. Et cette maladie d'un chromosome est spécifique de certains sujets débiles mentaux, pas tous les débiles mentaux, mais une grande catégorie, probablement aussi nombreuse que la trisomie 21. Chez ces enfants, un australien, M. Sutherland, a découvert que si on enlève l'acide folique, l'anomalie augmente.

Cela amène à ce résultat, que je vous confie, car il ne sera publié que demain à l'Académie des Sciences, pour la première fois, en utilisant un médicament relativement simple (proche de l'acide folique et déjà employé pour récupérer des malades atteints de leucémie qu'on avait un peu trop traités par l'aminoptérine) on a pu transformer un état pschotique, chez un enfant, en un état normal. Ceci comme si on agissait directement sur le mécanisme chimique qui est en jeu.

Ça ne veut pas dire que nous avons gagné la guerre, mais il est sûr et quand je dis nous, ce n'est pas notre équipe, mais tous les chercheurs dans les différents pays du monde, il est sûr que nous avons fait sauter un verrou et que, dans les années qui viennent, vous verrez – ça mettra un temps que je ne peux prévoir, un an ou dix ans, mais pas cinquante ans – vous verrez que ces maladies, qui étaient considérées comme irréductibles, comme hors d'atteinte, vont être comprises progressivement. (...)

Et si je dis cela ce n'est pas pour vous rassurer, ce n'est pas pour vous dire que les euthanasistes ont tort et que ça va s'arranger, je vous le dis parce que c'est vrai et que la science n'est pas désespérée.

C'est très important. Non pas de laisser croire aux parents qui ont des enfants anormaux qu'on va les guérir demain, car je ne sais pas quand est le demain pour tel enfant particulier. Mais de comprendre que la position désespérée qui consistait à dire le raisonnement en trois points des euthanasistes :
II y a des malades, c'est vrai.
Ce sont des maladies graves que nous ne savons pas guérir, c'est vrai.
Donc il faut les tuer, c'est faux.
Donc il faut les guérir et cela n'est pas impos
sible.

© Laissez-les-Vivre – SOS Futures Mères, janvier 1981

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