Laissez-les-Vivre

Qui sommes-nous ?
Programme
Communiqués
Le "Courrier"
Publications
Diffusez vos idées
Adhérez
Liens
Archives

SOS Futures Mères

Qu'est-ce que c'est ?
Un cas SOS FM
Joindre une antenne
Aider SOS FM
Sa vie avant la naissance
Qu'est-ce qu'un avortement ?

DOCUMENTATION

Démographie mondiale
F.A.Q.

Nous contacter
HISTORIQUE DE LAISSEZ-LES-VIVRE – SOS FUTURES MÈRES



IMPRIMERXIe Congrès – Claude Bruaire :
L'avortement ou désavœu de l'esprit

L'effacement des certitudes

Je veux d'abord répondre à une question : que vient faire la philosophie dans notre galère ? Pourquoi faut-il emprunter le détour du raisonnement, de la réflexion, alors que les certitudes semblent vives et les convictions assurées au moins chez les membres de "Laissez-Ies-Vivre" ?

C'est qu'il y a, à ce moment de notre histoire, un effacement général de ces certitudes, et peu à peu, de manière de plus en plus massive, un oubli quant à la manière d'être de l'existence humaine. Il semblait acquis, aller de soi, c'était passédans les institutions, que chaque individu de notre espèce était habité par un être d'esprit, qui avait une valeur, un prix infini, c'est-à-dire pas de prix, infini, ç'est-a-dire incommensurable avec tous les biens de la terre. Or cette administration générale, cette croyance passée dans la lettre de la législation et des constitutions était cependant récente ; et vous savez que ce qui est récent est fragile.

Et si l'on examine l'histoire, que cela plaise ou non, on est obligé de remarquer qu'il a fallu un acharnement séculaire de la pensée du christianisme, où l'on affirmait que chacun était promis à une destinée divine, pour faire admettre ce qui autrement allait contre toute certitude.

Mais il s'est produit en premier lieu ceci : avec l'accélération du savoir scientifique, cette admission générale, cette certitude inscrite dans les institutions, tend à s'effacer dès lors que la science ne peut procéder qu'en en faisant abstraction. On a constitué un savoir scientifique par une sorte de choix collectif. Il n'y a pas longtemps, trois ou quatre siècles, avec certains instigateurs de génie, comme Descartes par exemple, un choix collectif a été fait de constituer une science de la matière sur le mode mathématique, c'est-à-dire capable de techniques. On ne pouvait le faire qu'en mettant entre parenthèses que l'être humain diffère infiniment de la vie animale et qu'il a son ordre propre. Ce qui veut dire, pour prendre le domaine ou, probablement, l'accélération du savoir a été la plus vive depuis la guerre, les sciences bio-médicales, qu'un médecin qui a fait de la biologie pendant au moins sept ans n'y a jamais appris (car autrement cela n'aurait pas été de la biologie), que les "individus de notre espèce" recèlent un être spirituel, et que, par conséquent, on ne peut pas traiter l'homme comme un animal, par exemple dans l'expérimentation médicale. On le savait, on le sait peut-être encore, mais d'un savoir venu d'ailleurs que de la science, puisque la science en fait méthodiquement abstraction, abstraction que nous ne pouvons nous permettre. On le savait communément, massivement, parce qu'il y avait une éthique de la médecine conforme à une morale générale, elle-même portée par une croyance religieuse. Elle ne l'est plus maintenant et ce qui venait massivement de certitudes liées à une foi religieuse a disparu.

Il faut prendre la mesure de cette situation qui fait que par exemple, au terme de la science, un médecin ne peut savoir en quoi il diffère d'un vétérinaire, sinon parce qu'il est assigné à une seule espèce animale. La manière du savoir scientifique crée le risque d'un oubli de la manière d'être spirituelle de l'homme. Je ne fais pas un procès à la science en ce moment, je dis qu'il y a un revers à la médaille de notre savoir scientifique.

Dans le même temps, l'observation scientifique ne considère que ce qui est manifeste, c'est-à-dire ce qui est de l'ordre des phénomènes observables, mesurables, vérifiables. Il en résulte ceci : l'être étant mesuré à l'une de ses manifestations, si on considère le paquet de chair et d'os, pour parler comme Descartes, qu'est la vie humaine commençante, on n'y aperçoit aucun phénomène qui puisse assurer, qu'est présent là, étrangement au secret et recélé dans l'être naturel, quelqu'un promis à une destinée spirituelle. Si ce qui ne se manifeste pas n'existe pas, alors on traitera différement, ne serait-ce que du point de vue du droit, l'âge adulte et l'enfance, la maturité et l'extrême vieillesse, l'handicapé et le bien portant, la vie cornmençante et la vie manifestée. Cela par nécessiténon pas sociale, mais biologique, car la biologie qui n'a d'autre norme que la performance biologique verse tout entière dans un eugénisme. c'est aux individus qui manifestent le plus de capacités de vivre qu'il faut donner le plus de chances.

S'ajoute à cela que la capacité opêratoire de la science a multiplié les besoins avec les techniques. Et cette prolifération a entrainé la récession, voire l'extinction de ce qui est constitutif de l'existence proprement humaine, de ce qui en est proprement le manifeste premier : une demande illimitée qui ne demande pas la satisfaction des besoins, mais qui fait que nous serons éternellement insatisfaits. Insatisfaits de tout, et de la guerre et de la paix et du bonheur et du malheur. Cette demande illimitée, dès l'instant où elle s'éveille chez l'enfant – c'est tout à fait étonnant – fait qu'un être naturel a des besoins, des exigences qui ne servent pas la vie. Une demande qui fait que l'enfant porte en germe toutes les aventures de l'existence humaine, toutes ses requêtes, la recherche sourde d'un salut de la mort, parce que, en dépit de la vie et de la mort, il est désir d'être, parce qu'il est désir de liberté, parce qu'il est exigence d'absolu.

Si ce désir s'efface, fait silence ou s'éteint au profit de demandes en termes de besoins, alors il est bien certain que le respect, et à fortiori le respect garanti par la loi d'un être jugé comme ayant un prix infini, parce que c'est un être d'esprit, disparaitra, non pas parce l'homme est méchant, mais parce qu'il n'en percevra plus la nécessité.

Dès lors, chaque fois que la demande n'exprime pas des besoins que la production peut satisfaire, chaque fois qu'il s'agit de manifester et de porter une exigence qui dépasse la vie naturelle, on trouve de façon massive une indifférence et par suite un état des mœurs qui fait que, par exemple, on ne s'adressera plus au pouvoir pour qu'il protège les droits de la liberté, en particulier chez l'innocent, mais pour qu'il gère notre vie économique. C'est pourquoi on mettra le meilleur économiste de France comme Premier Ministre. C'est pourquoi aussi un pays a la législation qu'il mérite. Ce n'est pas par un coup de force artificiel qu'on a fait sauter dans la loi l'affirmation que la vie humaine commençante devait être respectée pour son prix infini, c'est parce que massivement, on n'y croyait plus. Et que par suite, aucun pouvoir ne pouvant supporter les dossiers judiciaires intraités parce qu'intraitables, il fallait changer la loi.

Vie naturelle et vie humaine

La conséquence de cette différence radicale entre vivre et exister humainement, ce n'est pas le respect de la vie. Le respect de la vie n'est rien. La vie n'est faite que pour mourir. Laissez vivre qui ? les chats, les chiens vivent. Et la vie vaut la vie, ni plus ni moins. Et il est évident, c'est la chose élémentaire et la plus banale, que la naissance sur le plan de la vie naturelle n'a pas d'autre avenir que la mort. Il faut la disparation, la mort, pour que la vie continue, c'est-à-dire pour que les générations se remplacent. C'est bien pourquoi (et là je me permets d'insister, dans une époque très animalière où les gens dépensent une fortune pour soigner leur chat ou leur chien, mais se refusent à donner quoi que soit pour la conséquence de leurs actes et de leurs plaisirs, par exemple la naissance), ce qui est en cause, ce n'est pas le simple vivre, c'est exister humainement et spirituellement par différence de la vie. C'est là où se situe le "tout ou rien" dans nos certitudes, et en particulier en ce qui concerne la signification de la mort pour l'homme. On a dit, on a répété, que l'homme pouvait se définir par le fait qu'il anticipait la mort, qu'il savait qu'il allait mourir. En quelque manière, c'est exact. Pourquoi sommes-nous angoissés par la mort, quand nous n'en sommes pas, jour après jour, détournés, divertis, oublieux ? C'est parce que, pour nous, la mort est le signe possible, non pas de la fin biologique, non pas de la décomposition de notre paquet de chair et d'os, mais la fin possible de notre être d'esprit. Et là, c'est le "tout ou rien" qui inquiète. Etre ou n'être pas. Si l'on pense qu'entre la naissance et la mort, on vit plus ou moins, on évolue, on passe de l'enfance à l'âge adulte, puis à la vieillesse et au tombeau, il ya des degrés et par conséquent, il n'y a pas de prix infini qui exigerait le "tout ou rien", une affirmation péremptoire.

Par contre si la mort est envisagée comme la menace, non pas sur "l'animal bipède sans plumes", mais sur un être d'esprit qui éprouve au moins à certains moments qu'il est à donner à lui-même sans retour, c'est-à-dire éternellement, alors là, il y a effectivement une situation où on ne peut pas biaiser, une situation ou on ne peut être plus ou moins certain, et où les choix qui sont faits dans l'ordre de l'existence personnelle, comme dans l'ordre du droit politique, ne peuvent en appeler à des degrés de force et de capacité, mais à ce qui est sans degrés, ni parties, tout ou rien, là ou pas là.

Bien entendu il se trouve que cet être d'esprit est entré dans le corps vivant lié à la vie naturelle. C'est ce qui fait, que cette vie étant menacée, dans notre anticipation de la mort, nous sommes en inquiétude. Mais une inquiétude que ne connaît pas l'animal. Elle porte sur être ou ne pas être, et non sur exister plus ou moins bien, survivre plus ou moins bien et plus ou moins longtemps. Et je me demande ce qu'il y a derrière ce que l'on a appelé la demande de santé, Mme Simone Veil disait que, selon une enquête, la demande prioritaire des Français était la santé. Je ne sais pas ce que c'est exactement que cette demande, mais probablement il y a là en effet quelque chose de très significatif. Demander la santé, ce n'est pas désirer d'être éternellement, mais d'avoir une vie avec le moins d'épreuves possible, la plus anesthésiée possible, la plus prolongée possible, et par conséquent avoir en effet une vie naturelle qui soit aussi bien soignée que possible, comme on peut soigner un chat ou un chien. Si c'est cela qu'on entend par le respect de la vie, alors je dis tout de suite que, de mon point de vue, cette vie ne mérite pas d'être respectée. Si par contre, on entend par vie humaine la présence étonnante qui, pour la décrire, exige un discours difficile, parce qu'elle n'est pas toujours manifeste, parce qu'elle commence par être au secret, la présence d'un être spirituel en peine de son origine comme de sa destinée et qui, en tous cas, s'affirme comme ayant vocation à exercer sa liberté, à désirer plus que la vie et la mort, à être traité comme ayant un prix infini, surtout là ou l'innocence est patente, alors là, c'est autre chose que de respecter la vie humaine.

Toute la question est donc de savoir ce qui exige ce respect, s'il y a bien ou non la présence de quelqu'un dans un corps et comment on peut en être sur, bien qu'il ne se manifeste pas encore dans la vie commençante, ou qu'il ne se manifeste plus dans la vie meurtrie ou dans la vie menacée en peine de sa mort.

La verlté de nos certitudes : L'homme être d'esprit

Il y a donc chaque fois une alternative. Bien entendu cette alternative est supprimée dès lors qu'on considère que l'homme n'est que le représentant d'un espèce biologique parmi d'autres.
Si l'on considère que nous ne sommes que cela, il est bien évident que la question de savoir si, en arrêtant la vie humaine commençante, on fait un meurtre ou pas, ne se pose plus. Parce que le meurtre a ici un sens humain, à savoir qu'on raye de la carte expressément un être d'esprit dans le temps même où par ailleurs on affirme que chaque être humain doit être protégé par une loi, quel que soit l'état de son corps. Si cependant on maintient que c'est un meurtre, on le fait en prenant acte d'un certain nombre de phénomènes de l'esprit. Ainsi pour prendre l'exemple le plus simple, comment connaissons-nous quelqu'un ? Ce n'est pas du tout par suite d'une analyse bio-chimique, ni à l'aide d'une carte d'identité développée, qui nous expliquerait très précisément son rôle social, son origine, les journaux auxquels il est abonné, sa fortune, enfin tout ce que les ordinateurs sont en train de faire pour nous connaître. C'est précisément dans la mesure ou son être propre, singulier se revèle, non pas dans des mots, mais par ses gestes, par son visage, son regard. Et c'est tout à fait étonnant là aussi, aussi étonnant que ce désir non naturel dont je parlais tout à l'heure. Rappelons-nous bien qu'autrement, nous ne connaîtrions jamais personne, et c'est pourquoi, quand on parle de nous. "on ne parle pas de nous", parce qu'on emploie des mots tous trop généraux et qui, par conséquent, ne peuvent pas signifier l'être singulier et unique que nous sommes. C'est très important : si nous sommes un être unique (bien que nous soyons quelqu'un, c'est-à-dire un parmi d'autres), cela veut dire que nous avons quelque chose qui nous apparente au divin, lequel n'est rien s'il n'est l'Unique absolument.

Revenons à l'alternative: "y-a-t-il meurtre ou pas, dès lors qu'on arrête la vie humaine ?" J'ai tenté, en 1973 de faire inscrire cette alternative dans les préambules d'une loi que vous connaissez. Ce fut sans succès. On me disait qu'il ne fallait pas mettre trop sur les épaules des gens. C'est pourtant important de savoir ce que l'on fait. Est-ce un meurtre ou non, quand la vie comme telle n'est pas manifeste ? Est-ce que l'on tue quelqu'un ou pas, quand sa vie n'est pas adulte ? Il apparait que lorsqu'on répond : "non l'avortement n'est pas un meurtre, non l'euthanasie n'en est pas non plus", alors de deux choses l'une. Ou bien on revient à ce que je disais tout à l'heure: il faut traiter l'homme selon sa vie naturelle, et il ne vaut pas mieux, peut-être moins que le chat ou le chien pour lesquels les français dépensent 1 % de leur produit intérieur brut. Ou bien – et c'est le raisonnement implicite, qu'il eût fallu expliciter, des partisans de la loi autorisant l'avortement – on identifie l'être humain avec sa manifestation adulte, du moins une manifestation suffisante pour qu'il soit reconnu tel ; mais on ne peut plus affirmer que l'être spirituel de chacun était présent dès l'origine, au secret et en puissance, et par suite, on sera obligé d'ajouter qu'un homme, un être humain n'est pas tel, avant son éducation, avant que la société l'ait fait. Autrement dit, il n'est rien par lui-même dans son être personnel (triomphe du mythe de l'âge adulte qui a fleuri avec la philosophie des lumières) et son être propre n'est pas présent, indépendamment de sa manifestation. C'est là le point Iraglle des positions prises par le législateur de 1973 : on confond ce qui est avec ce qui est manifeste.

Si par contre vous tenez que c'est un meurtre, il faut pouvoir et c'est aujourd'hui de nécessité fondamentale, exposer clairement que ce qui est propre à l'esprit est tout entier présent, en puissance, avant sa manifestation, de la même façon que nous ne sommes pas moins libres, quand nous ne prenons pas une décision, que quand nous la prenons. Raisonnement difficile, explication qu'il faut sans cesse reprendre, parce qu'elle est largement oubliée. Quelques vives que soient nos certitudes, face à cet oubli massif elles ne suffisent pas. De plus, il faut être capable de démonter le discours de ceux qui réduisent l'être humain à ses manifestations et de leur faire mesurer les immenses conséquences de cette réduction. Auraient-ils jamais dit et jamais soutenu qu'un être humain qui a un prix infini quand il se manifeste, n'en a pas quand il ne se manifeste pas.

Avant de conclure, essayons de bien tenir, d'un seul tenant du raisonnement, ce lien consubstantiel, cette implication nécessaire entre "être spirituellement quelqu'un" (par différence de la vie naturelle) et "échapper nécessairement à une réduction en termes de phénomènes". Ceci est capital, car c'est là qu'on n'a pas trouvé en 1973 l'argumentation convaincante pour affirmer qu'un être humain dans sa vie commençante recélait intégralement tout son être spirituel pour la protection duquel la loi est faite. Il faut donc tenir, et la série simple des manifestations principales de notre esprit, qui sont telles qu'elles manifestent justement ce qui est caché, et l'être d'esprit qui est manifesté.

Au fond, je veux dire par là qu'il faut s'assurer le relevé de ce que j'appelle l'archipel des manifestations propres à l'homme, concernant sa mort, concernant la connaissance d'autrui, concernant ce fait élémentaire que connaissent ou connaissaient les parents, que quand un enfant arrive, tout un monde arrive, et pas simplement un paquet de chair et d'os, de telle sorte qu'on fait l'aveu implicite d'être procréateur et non créateur et qu'il y a là, reposant sur lui-même, un être d'esprit voué à lui-même, donné à lui-même et que le don de son être n'est pas tel, s'il n'est pas don tout entier sans degré et dès l'origine. Il est donné à lui-même et par conséquent ne peut être retenu (donner et retenir ne vaut). L'être qui est là est là, donc tout entier. avec ses promesses, sa destinée qu'il passera sa vie à quêter. Il est donné simplement parce qu'il n'est pas son propre auteur et c'est pourquoi, quand nous essayons de faire le tour de nous-mêmes, il y a au fond de nous cette tache aveugle qui fait que nous ne sommes pas à l'origine de nous-mêmes.

Notre être n'est pas d'esprit s'il n'est un être de don donné à lui-même et par conséquent libre : est libre ce qui est donné à soi. Habituellement on parle de don à propos de l'avoir ; on donne quelque chose à quelqu'un. Il s'agit ici d'une situation, d'une situation propre à l'esprit, où le bénéfice est en même temps le bénéficiaire, où par conséquent celui qui n'a fait que faire venir au monde n'a rien donné de l'être neuf qui arrive, et où par suite, ce qui est donné est donné tout entier, avant même sa manifestation, dans l'absolu de lui-même et peut-on dire, tel que toutes les aventures de sa vie n'ajouteront rien à sa manière d'être personnelle (elles pourront manifester sa puissance ou son impuissance ce qui le fait résider géographiquement et historiquement quelque part, sans que jamais elles n'ajoutent quoi que ce soit à son être – et à sa manière d'être originale – qui est celui de l'esprit, d'être donné à soi-même). C'est pourquoi l'enfant est en état de conversion à soi-même, repose sur soi-même, avant même de réfléchir, consciemment, psychologiquement. Cette conversion native à soi, qui fait que nous sommes donnés à nous-mêmes et par conséquent libres, est notre unité constitutive, notre principe d'identité qui informe les choses de la matière. On sait que d'elle-même, elle s'évente dans la poussière infinie de ses éléments. Par contre, l'être d'esprit est ce qui fait réflexion sur soi, ce qui repose sur soi, ce qui est donné à soi, parce que par là il a son principe d'unité. Loin d'être le matétiel de la vie naturelle l'esprit est ce qui est éminent.

Pour résumer, je rappelerai ce que je disais au point de départ. S'agit-il seulement, quand on parle du respect de la vie, de la vie naturelle ? Alors ce n'est pas la peine de se mettre en frais et charges de se battre pour la faire respecter. La vie commençante, si elle est toute naturelle n'est que celle d'un individu d'une espèce naturellement médiocre et elle ne naît que pour mourrir. Par contre, si nous sommes assurés qu'il y a vivre et vivre, que ce qui compte, ce n'est pas la vie, mais l'existence humaine et l'esprit qui l'habite, alors oui, cela vaut la peine de se battre pour la faire respecter et de se mettre en frais pour faire partager de plus en plus massivement notre assurance. Cela implique que nous puissions, simplement mais communément, rendre raison de la vérité de nos certitudes.


© Laissez-les-Vivre – SOS Futures Mères, novembre 1983

REMONTER EN HAUT DE LA PAGE