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HISTORIQUE DE LAISSEZ-LES-VIVRE – SOS FUTURES MÈRES



IMPRIMERXIe Congrès – Dr Stéphane di Vittorio :
Le message de la vraie science

Mesdames et Messieurs,

Les chiens aboient, les caravanes passent, le premier sentiment que l'on éprouve, quand on se trouve en face de vous – comme je le suis en cet instant –, c'est un sentiment de profonde gratitude.

Votre obstination, votre fidélité, votre persévérance, votre assiduité aux congrés et aux manifestations qui se succèdent, et qui se succéderont, vous ont fait assumer dans l'histoire des hommes un rôle sans proportion avec votre nombre et – laissez-moi le dire comme je le pense – sans proportion avec ce que j'appellerai notre modestie à tous.

Il n'y a pas d'option personnelle en matière de respect de la vie et il n'y a pas d'option philosophique. Le respect de la vie de l'homme relève d'un impératif de structure, qui comme tel sl'impose objectivement à tous.

D'éminents philosophes viennent de nous rappeler et de nous enseigner des choses, que nos sociétés et ceux qui les gouvernent n'auraient jamais dû perdre de vue. Laissez-moi faire office de "voiture-balai" et ramasser quelques effets terre-à-terre, c'est-à-dire si vous le permettez, quelques aspects cliniques de la question. Vous allez voir en quoi – comme vient de le dire le Professeur Bruaire – un médecin peut savoir, au regard de la science, ce qui le distingue d'un vétérinaire. Je crois qu'aujourd'hui j'ai fait un adepte de plus à la cause pscyhanalytique. Je vois que nous partageons beaucoup de représentations et c'est de bon augure pour un rétablissement culturel de nos générations.

Le 14 novembre 1983, c'est-à-dire il y a quelques jours, la télévision française procède à la rediffusion d'un film bien connu, où 3 acteurs en jettent du train un 4e. Le jour même ou du lendemain, trois crétins trouvent moyen d'en faire autant vis-à-vis d'un quatrième voyageur innocent...(1)

Je n'en ferai pas une théorie mais il est bien évident que l'image du crime et à plus forte raison le crime lui-même, engendrent le crime. Surtout, si au lieu d'être désavoués, ils sont encouragés.

La législation contemporaine - en voie de devenir universelle, si nous n'y prenons activement garde – du meurtre des hommes intra-utérins n'est pas faite pour promouvoir le progrès des civilisations.

Le progrès du genre humain, Mesdames et Messieurs, s'est toujours opéré dans l'application d'un savoir, et jamais dans le triomphe de l'ignorance.

Que ce que je vais dire ne vous monte pas à la tête, mais il faut vous persuader que votre combat est celui de l'intelligence – et de l'instruction – contre la sottise – et l'ignorance.

Nous ne vivons pas dans un siècle de lumière ; il faut le regretter. Mais ce serait une erreur de le croire. Nous vivons dans un siècle de transition, où des pouvoirs politiques généralement mal affermis – et surtout dans nos pays d'appellation démocratique – sont encore contraints de s'appuyer sur les aspects les plus fantasques et les moins fiables des velléités des populations. Qu'ils cultivent, d'ailleurs, pour leurs visées de stratégie électorale.

Il n'y a pas de motivation plus générale, de l'aberration intellectuelle et morale – pourtant en passe de devenir ubiquitaire – de la loi contre laquelle vous avez été contraints de vous dresser et de faire front.

Vous remarquerez facilement, Mesdames et Messieurs, la fréquence anormale avec laquelle dans nos sociétés on s'adonne à la tâche de gérer la mort. Ce qui est tout simplement le signe d'une carence de la pensée. Ça ne date pas d'hier. L'imbécile qui criait "Vive la mort" - "Viva la muerte" – a prospéré.

Si nos concitoyens pensaient, ils auraient honte de s'instituer si souvent en gestionnaires de la mort. Imaginez seulement d'ici, le charme que ça peut avoir pour quelqu'un, de gérer un avortoir. Remarquez pourtant encore, combien est significative, cette dissimulation de tout ce qui désigne administrativement la mort – et spécialement la mort violente volontaire administrée – par le moyen pudique des abréviations. Pour dire avortement, on dit I.V.G., pour dire tentative de suicide, dans les services on dit T.S., pour dire bombe atomique vouée à détruire l'Europe, on dit SS 20. Chacun de vous trouvera encore d'autres exemples.

Comment nier dès lors que quelque chose de l'ordre de la religion a à voir avec ce fondamental affrontement de la vie et de la mort ?

Dans notre métier de psychanalystes, il n'y a pas un film, une exposition, un événement public important qui ne reçoive dans les vingt quatre heures, de la part des patients, son commentaire.
Et bien, qu'est-ce qu'ils ont dit dans cette histoire de l'arabe jeté du train, métaphore et je dirais même métonymie on ne peut plus appropriée de l'enfant indésirable jeté du train de la vie ?

Ils ont tous dit que la véritable horreur, l'horreur la plus intime, celle qui a la plus grande portée et la plus grande signification, ça a été de constater que les assistants n'étaient pas intervenus.

C'est celui-là le poème fort que les philosophes auront indéfiniment à faire valoir.

Quant à moi, le seul témoignage que je puisse vous apporter c'est que le mouvement scietifique est de votre côté ; et que vous êtes du côté de la science. La science moderne, en ses niveaux d'énonciation actuels, dit qu'il faut –- au sens propre du terme – être 'fou" – c'est-à-dire psychotique –, avec toutes les conséquences corollaires qu'il vous est quotidiennement donné de constater –, pour penser un seul instant qu'un homme n'est pas un homme parce qu'il est intra-utérin.

Hommes, ils le sont encore plus que nous, quand chacun sait aujourd'hui que l'homme se définit scientifiquement d'être un signifiant, c'est-à-dire une espérance.

Quand toute la science, aujourd'hui, converge à se représenter l'homme comme "échappant lui-même à la science" – ("il n'y a pas et il ne saurait en aucun cas y avoir de science de l'homme ; parce que l'homme de la science n'existe pas, mais seulement son sujet") – ; parce que l'homme est le produit d'un mystérieux – (mystérieux pour tous les hommes) – ... d'un mystérieux investissement par le signifiant, de cette lignée jusqu'alors continue des êtres vivants.

Signifiant. qui introduit le langage, en même temps qu'il introduit entre l'homme et toute la lignée jusqu'alors continue de tous les autres êtres dits vivants, cette coupure, cette rupture sans transition, qu'aucune flagornerie, aucune fantasmagorie, aucune démagogie, aucune idéologie et je dirai même aucune écologie ne pourront jamais combler.

C'est vous qui êtes du côté de la science, et jamais vos adversaires.

La psychanalyse, scientifiquement conçue comme on le fait à l'école de la Cause Freudienne, qui, coïncidence piquante, tenait ses assises il y a juste un mois, dans ce même Palais des Congrès, sur le thème de l'Éthique – et je dois dire dans une salle sensibliement plus grande que celle-ci, la salle bleue, à laquelle il avait encore fallu ajouter une autre salle, connectée par télévision – et probablement la doctrine scientifique actuelle la plus fermement hostile au concept et à la pratique de l'avortement humain.

Nous faisons exactement au registre subjectif et mental, ce que Lejeune fait au registre génétique et corporel.

C'est-a-dire que nos recherches et notre action sont symétriques et convergent scientifiquement dans la démonstration de l'absurde aberration de l'avortement.

Les psychanalystes sont contre i'avortement pour mille raisons théoriques et pour mille raisons pratiques.

Je n'ai pas ici à faire larmoyant, mais la psychanalyse est bien placée pour savoir quel désastre psychologique elle est obligée de connoter et pendant combien de temps, quand une femme fait mention de quelque avortement.

N'en déplaise aux obstétriciens ici présents – et par exemple à mon très grand ami Pierre Vignes –, les femmes ne comptent pas leurs enfants en fonction de leurs parturitions, de leurs accouchements, mais en fonction de leurs conceptions. En tous cas sur le divan du psychanalyste.

Et même une femme aussi peu douée intellectuellement que qui je pense et que vous pensez, aurait pu savoir ça et en prendre acte. Vous mesurez quelle régression culturelle et politique de l'Europe cela peut signifier, que nos représentants respectifs se soient accordés à la prendre comme présidente.

Mais désastre aussi des fratries. quand l'un des frèrel est assaissiné par les géniteurs, tous les autres frères se sentant consciemment ou non, humiliés et traumatisés.

C'est un désastre pour un homme, d'avoir à se dire qu'il tient la vie – non plus de l'immense et irrépressible puissance créatrice de l'Univers, mais – de l'arbitrage – c'est-à-dire du caprice – de son petit papa et de sa petite maman.

Ce ne sont pas les hommes nés dans ces conditions-là, qui sauront, demain être à la hauteur de la force de vie toujours plus nécessaire, par les temps qui courent, pour être capables de porter dignement le nom d'homme.

A cette conception de l'homme, comme sujet de la parole créatrice du monde – et non comme fils à papa ou fiston à sa mémère –, personne ne peut désormais échapper – et vous n'y échapperez pas vous-mêmes.

Mais cette exaltation moderne – et constante, dans la philosophie sérieuse – de la parole créatrice - "de la fonction et du champ de la parole et du langage", comme on dit maintenant – implique et suppose le respect préalable, inconditionnel, des corps vivants qui sont capables de la recevoir, de la donner et de la transmettre.

Vous savez la chanson :

Un oranger
sur le sol irlandais
on ne le verra jamais.

Escompter voir émerger une civilisation de l'avortement autant escompter voir sortir des orangers, des citrons ou des pommes, d'un citronnier, d'un oranger ou d'un pommier dont on aurait au préalable soigneusement scié le tronc à la racine.

Cette insistance scientifique est bien ce qui met le plus violemment en péril l'action et les posi tions des avorteurs ; et qui finira nécessairement par en venir à bout.

On n'a jamai pu faire indéfiniment obstacle au développement et à la propagation d'une notion scientifique.

(1) Allusion à un fait réel : trois parachutistes revenant de permission, avaient jeté, par la fenêtre du train, un voyageur nord africain (N.D.L.R.).

© Laissez-les-Vivre – SOS Futures Mères, novembre 1983

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