Responsable
Nationale de "SOS Futures Mères"
Le
21 janvier 1971, l'annonce de la constitution de l'Association
Laissez-les-Vivre parut au Journal Officiel. L'article
2 de ses statuts ne parlait alors que du respect de la vie « dès
sa conception », y fut ajouté par la suite
« et jusqu'à la mort naturelle »,
dès que les dangers de l'euthanasie devinrent plus inquiétants.
Immédiatement
après sa première grande réunion publique
d'information, le 5 mars 1971, l'Association fut interpelée
par des femmes enceintes en difficulté. « Clamer
le respect de la vie, c'est bien mais, qu'allez-vous faire de
nous qui ne pouvons, seules, faire face à nos problèmes ? »
Prenant la logique pure pour base, ces futures mères avaient,
elles-mêmes, ainsi créé "S.O.S. Futures
Mères", émanation concrète de Laissez-les-Vivre.
Petit
à petit les antennes téléphoniques se multiplièrent,
entraînant la création de services d'entraide dans
leurs secteurs. Au fur et à mesure, grâce au radar
de la Providence qui nous a toujours guidés, nous avons
pu répondre positivement aux appels au secours matériels
et moraux. Des milliers de jeunes femmes sur le point de commettre
l'irréparable se sont ainsi détournées de
l'avortement grâce il l'information donnée et à
l'aide personnalisée, proposée.
Pour
éviter les déviations extérieures qui se
faisaient jour après le vote de la loi, Ie Journal Officiel,
à notre demande, donnait l'appellation définitive
de l'Association qui devenait L.V.V. S.O.S. Futures
Mères, "LLV." et "S.O.S. F.M,"
étant donc ainsi indissociables l'un de l'autre.
Les
attaques, quelles qu'elles soient, les coups de boutoir sont le
plus souvent la rançon de l'efficacité. Le travail
admirable de nos responsables d'antennes "S.O.S." qui
se fait chaque jour à travers toute la France, sans oublier
Tahïti et l'Ile de la Réunion et ceci dans l'anonymat,
le désintéressement, le don de soi-même, pour
sauver les vies à naitre en danger, ne pouvait y échapper
: nous en reparlerons tout à l'heure.
J'aimerais
de suite vous faire saisir le rôle que S.O.S.
Futures Mères peut jouer et joue même dans la
demande de l'abrogation de la loi autorisant et remboursant l'avortement.
Nous
voguons à contre-courant, c'est indiscutable mais après
treize années d'expérience, nous sommes certains
d'être des "avant garde" et non pas des "rétros".
Nous
sommes obligés, et nous le souhaitons, d'avoir des contacts
avec les services officiels pour remettre autant que possible
une future maman "sur rails". Cela nous permet des échanges
fructueux. C'est au cur maternel des Assistantes Sociales
que nous parlons alors, elles doivent comprendre que nous n'avons
nulle envie de les "doubler" mais de les aider au contraire.
Les années passant, certaines d'entre elles, nous confient
qu'après tout la loi d'avortement est hors nature et, reconnaissent
que c'est la société qui est avorteuse. Elles en
ont assez de participer au massacre collectif et nous appellent
à leur tour quand elles savent que nous allons les épauler
pour aider une future mère au début de sa grossesse
cap terrible à passer actuellement quand on est
démuni de tout .
Pour
sauver la maternité traquée, nous devons marcher
la main dans la main avec des Assistantes dont l'idéal
doit être de secourir les plus faibles mais auxquelles on
ne donne aucun moyen pour le faire ou tout au moins dans l'immédiat.
La lenteur administrative est cause de bien des drames alors que
notre réputation est bien éta-blie maintenant :
"S.O.S. - Futures Mères" à la vitesse
d'intervention des pompiers...
Sans
demander à ces personnes de regagner officiellement nos
rangs, nous pouvons solennellement, ce soir, les assurer de notre
appui le plus total. Les quelque 30 000 adhérents-militants
doivent être à même, dans la mesure de leurs
possibilités, et là où ils sont, de répondre
"présents", quand un service social marternel
les appelle. C'est ainsi par notre témoignage que nous
changerons les mentalités qui ont accepté cette
meurtrière solution de facilité qu'est la destruction,
dès avant la naissance, de l'enfant qualifié pour
cela de "problème".
Si
nous disons "non, non et non" à la loi, c'est
par un "oui, oui et oui", que nous devons répondre
à toute action uvrant pour son abrogation.
Nous
sommes affublés depuis la création de "L.L.V."
d'une curieuse image de marque qui semble provenir de ces miroirs
déformants qui font tant rire ceux qui s'y admirent ou
bien encore, tel un chat, nous traînons une casserole sur
le fond de laquelle est écrit en grosses lettres "Politique".
Parfois avec une majuscule, parfois avec une minuscule. Qu'importe,
l'étiquette est bien accrochée.
Si
on lit les statuts de notre Association, on voit qu'elle est a-politique,
a étant privatif, comme tout le monde le sait. « Mais,
direz-vous, tout est politisé actuellement et, pour être
dans le vent, il faut choisir entre la droite et la gauche ».
D'une
part, le mot "choisir" depuis qu'il est un sigle me
fait horreur, d'autre part, je ne connais qu'une seule cause :
celle de la défense de la vie naissante. Elle n'est ni
de droite ni de gauche, elle émane seulement d'un cur
maternel.
« Tout
cela est irréel, pouvez-vous ajouter, prenez position,
votre uvre "caritative", c'est ainsi que certains
définissent "S.O.S. Futures Mères",
est "gentillette", mais vous ne débouchez sur
rien ».
Sachez
que nous sommes déjà parvenus à sensibiliser,
je ne dirai pas la France profonde, on dirait que je fais de la
politique mais, tant et tant de personnes aux problèmes
de la future mère en larmes, cette porteuse de vie, accablée
par un environnement hostile que, lorsque l'heure des élections
sonnera la réflexion orientera leur vote. Comment voulez-vous
que cet homme ou que cette femme qui ont uvré concrètement
dans cette grande chaine d'amour maternel qu'est S.O.S.
Futures Mères envoie pour les représenter au
Parlement ou ailleurs, un partisan de la loi de mort ? Le
moment venu, à nous d'éclairer les électeurs
en leur conseillant de s'adresser directement à leur candidat
pour connaitre son opinion; leur conscience fera le reste.
Un
exemple entre autre : l'acte si banal et pourtant si contraignant
de confectionner des colis de layette et de les porter à
la poste, participe, en toute humilité, mais efficacité
à la demande de l'abrogation de la loi aussi utilement
que ceux qui uvrent par leurs seuls écrits dans le
même but. Voici comment se situe le rôle de "S.O.S."
au sein de Laissez-les-Vivre.
Donc,
à tous les niveaux intellectuels, affectifs et matériels,
la machine est en marche pour supprimer cette loi inhumaine. Il
dépend de nous seuls, défenseurs de la vie, d'accélérer
sa vitesse.
Nous
rematerniserons les femmes ridiculisées ou honteuses à
cause de leur grossesse, ce n'est pas une uvre de charité
mais de justice pure. Aucune discrimination n'est admise : la
maternité souffrante est sans frontière et, dans
une société digne de ce nom, une future maman qui
se trouve en France, d'où qu'elle vienne, mais traquée,
abandonnée, battue, doit pouvoir accueillir dans ses bras
son nouveau-né avec autant de fierté et de ferveur
que, par exemple, la future reine d'un pays voisin.
Avant
de vous donner lecture de quelques phrases extraites de la lettre
d'une future mère, sachez que cette dernière, âgée
de 40 ans, son mari harki, elle-même gardienne d'immeuble,
ridiculisée par les locataires à cause de son état,
menacée par son médecin de mettre au monde un mongolien,
me téléphona lia veille du jour fixé pour
son avortement.
Naturellement,
nous avons très, très longuement parlé et
plusieurs fois cette conversation se renouvela.
Juste
avant la naissance d'une superbe petite fille, je pus lire : « J'allais
faire une bêtise : tuer un être que la Nature a fait.
Heureusement Dieu vous a mise sur mon chemin, le chemin qui mène
au bonheur. Comme on dit : après l'orage il y a toujours
du soleil et le sourire de la végétation, les roses
et les fleurs »...
Arrêtons-nous
aux fleurs... nous n'en recevons pas toujours ou alors accompagnées
de venin. En commençant, j'ai fait allusion à des
attaques, à des coups de boutoir. Je ne citerai personne,
cependant, traitée de malthusienne, je peux répondre
à mes détracteurs :
Enceinte
pendant 111 mois, c'est-à-dire 9 ans et 3 mois, mère
allaitante de mes 9 aînés soit, pendant 4 ans et
demi, j'ai déjà été, à l'époque,
traitée de mère lapine et de vache à lait.
Je mettais alors un V majuscule à cette dernière
expression et, en imagination, je partais faire un voyage gratuit
au milieu des Vaches sacrées en Inde !...
Si
tous les foyers malthusiens avaient fait comme le mien, le problème
de la retraite ne se poserait pas avec tant d'acuité aujourd'hui...
C'est
avec le même mépris que je considère les autres
attaques mais ma curiosité serait cependant satisfaite
de connaitre les noms des soi-disant "zigotos" qui "m'entourent
et me conseillent". Cette franchise honorerait mes vitupérateurs.
Je
viens de recevoir la collection de tout ce qui fut publié
contre moi, donc contre S.O.S. Futures Mères, depuis
le début de l'année et parut dans des journaux qui
se disent "défenseurs de la vie". En survolant
ce ramassis de ragots, de mensonges, d'élucubrations délirantes,
il ressort nettement que l'on vise à nous mettre au rancart:
"sois belle et tais-toi", semble-t-on nous dire.
Je
ne détiens pas hélas ! de potion magique pour réparer
des ans l'irréparable outrage mais que nos détracteurs
se réjouissent. De plus en plus, de jeunes foyers, non
disponibles à plein temps mais, étayés par
leurs parents, sollicitent la responsabi-lité d'une antenne
S.O.S. Futures Mères. La relève est donc
assurée.
Quant
au "tais-toi", plus que jamais nous sommes sollicités
par des mouvements de jeunes pour leur parler du respect de la
vie et de l'aide efficace que l'on peut apporter à la maternité
attaquée, elle aussi.
Je
ne me tairai donc pas.
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, novembre 1983
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