Je
voudrais répondre à la question « est-ce
que le reproche qu'on nous fait est fondé ? Est-ce
que les partisans de la vie sont contre la liberté, et
en particulier contre la liberté de la femme ? »
Et ce devrait être une évidence que de poser la question
« qu'est-ce qe la liberté ? ».
Mais,c'est ce qu'on ne fait pas. Or, c'est une question d'actualité
après cette année du bicentenaire, dont on a assez
et trop parlé.
Dans
ce bicentenaire célébrant les droits de l'homme,
on ne nous a pas assez parlé des raisons de cet échec
qu'est la Terreur, négation des droits de l'homme. Mais,
est-ce que ceci n'est pas tout à fait actuel, car, parlant
de la liberté, de la liberté de l'avortement, ou
de l'euthanasie, en réalité, on aboutit à
la Terreur, à partir de lois dites lois de liberté.
Eh
bien ! Laissez-les-Vivre luttant contre ces fausses
libertés est pour la vraie liberté du respect de
toute vie humaine. Il faudrait réfléchir à
ces adjectifs qui caractérisent soi-disant les partisans
de la liberté. Sont-ce des libéraux, sont-ce des
libertains, sont-ce des libertaires ? Mais tous ces mots,
se rattachant à la liberté nous narlent d'ennemis
de la liberté, car la liberté n'est un droit que
si elle est un devoir, un devoir de se libérer et d'aider
les autres à se Iibérer de leurs peurs, de leurs.
idées fausses, de leurs agressivités.
Elle
ne repose pas d'abord sur un aspect sociologique de suppession
de certaines contraintes, elle repose essentiellement sur l'éducation
du contrôle lucide de soi. Il faut apprendre a bien vouloir,
c'est-à-dire à vouloir le bien. Non pas en conformité
avec une morale qu'on nourrait discuter, mais une morale naturelle
fondée sur les lois psychobiologiques de notre épanouissement.
Il
est impossible de libérer ce qui prive de liberté
: la drogue, la violence, le suicide, la sensualité. Ce
n'est pas libérer la femme qu'autoriser les puIsions de
mort contre son enfant. Mais il y a un aspect complémentaire,
c'est qu'un des graves problèmes qui se posent aujourd'hui
avec les nouvelles procréations est cette hécatombe
d'embryons. Vous avez les embryons que l'on a greffés et
dont la greffe ne prend pas. Vous avez les avortements partiels
que l'on fait, car on a greffé une multiplicité
d'embryons. Et, enfin, il y a la masse immense de tous les embryons
qu'on garde au froid en se demandant ce qu'on va en faire : Les
tuer ? les Iivrer à la science ?
Eh
bien, pour ce problème, il est assez curieux de voir, quand
on lit le livre de Testard l'uf tranparent que lui
et son équipe étaient des gauchistes qui ont été
en 1968 des partisans acharnés de la liberté de
l'avortement pour la femme et qui se sont aperçus que la
femme doit être totalement libre et qu' une femme sterile
qui veut un enfant à tout prix a droit que l'on se mette
à sa disposition pour 'lui donner, dans n'importe quelle
condition, cet enfant qu'elle veut absolument.
Eh
bien, en réalité tout ceci est inacceptable et la
maternité féminine n'est pas un instinct. Elle doit
être lucidement contrôlée. Et le plus grave
c'est qu'on parle de Iiberté de la femme, alors qu'il s'
agit de la liberté de vivre de tout enfant conçu
qui va en parallèle avec la liberté de la mère,
car la mèere qui demande l'avortement est gravement mutilée
dans son inconscient et souffrira toute sa vie.
Ceci
concerne aussi le père qui en est d'ailleurs moins conscient.
Science
et médecine sont là pour guérir et non inventer
de nouvelles normes fantaisistes .Une éthique commune de
la vie s'impose à tous.
Il
est dommage que les commissions d'éthique soient un peu
divisées entre les options philosophiques et morales et
ne voient pas qu'il y a là une valeur absolument commune
et que, quand on a reconnu comme le fait dans son dernier
livre le Professeur Jean BERNARD que l'embryon existe
on est absolument forcé de respecter cette liberté
qu'il a de vivre.
J'insiste
sur le danger qu'il y a quand on déclare que l'autre humain
à la conception est certes humain, mais qu'il serait une
personne potentielle, car il y a une ambiguité et j'aime
mieux ce qu'avaient dit les évêques anglais quand
ils déclaraient : « c'est une personne qui
a un potentiel ». Le potentiel est au maximum lors
de la conception, mais nous ne sommes jamais une personne realisée,
toujours nous avons un potentiel de réalisation et, pour
le croyant, nous savons que, même à la mort naturelle,
nous avons le potentiel le plus important : celui de l'autre
vie.
Il
faut réaliser toutes ces possibilités, même
si elles sont amoindries et pas seulement les possibilités
intellectuelles mais affectives.
Il
est lamentable qu'en se basant simplement sur un soi-disant quotient
intellectuel, on néglige la dimension la plus humaine la
plus affective. C'est ainsi qu'on s'attaque violemment aux trisomiques,
aux mongoliens, alors qu'à ce point de vue affectif, plus
que certains intellectuels, ils sont des surdoués. Ce qui
me permet de saluer le dernier livre de notre ami, l'abbé
Jean TOULAT, qui est consacré aux enfants qu'on
dit mongoliens.
Toute
culture doit se fonder sur ces lois de la vie, qui doivent être
la base d'une éducation théorique et pratique. Il
ne s'agit pas de lutter contre son corps ou inversement par peur
des complexes de s'y abandonner, il s'agit de savoir le gouverner
en progressant dans la lutte contre ses pesanteurs. Il ne s'agit
ni de refoulement, ni de défoulement, mais de faire en
soi la lucidité, le calme, la paix, cette paix, cette joie
d'exister et de voir que l'énergie n'est pas dans la violence,
mais dans la douceur qui est vraiment efficace. Il s'agit de ne
pas se demander désespérement où est le bon
chemin, mais de trouver en soi le bon chemin.
Devant
autrui nous sommes tentés souvent, soit d'avoir peur, soit
au contraire, surmontant cette peur, de nous montrer agressif
et violent. Or, la seule attitude humaine authentique en rapport
avec l'ordre, c'est l'accueil souriant de la tendresse. Une relation
n'est libre et liberatrice que dans l'égalité. Et,
cette égalité aussi est un mot contestable, car,
qu'est ce que l'égalité ? Ce n'est pas l'identité,
c'est-à-dire le refus de toutes. les différences,
et notanment du masculin et du féminin, dont la conjonction
fait la richesse de l'humanité. Mais c'est de refuser les
fausses supériorités et les fausses infériorités,
mais valoriser les différences. Il faut apprendre difficilement
cette égalite qui n'est pas mépris d'un autre inferieur,
qui n'est pas peur devant un autre soi-disant supérieur,
qui n'est pas non plus la fausse egalité de celui qui
se croyant supérieur à tout veut faire l'autre
identique à lui en le déséquilibrant. Toutes
ces attitudes sont au fond des attitudes de mépris raciste,
base d'un dangereux eugénisme, alors que, bien-entendu,
bien souvent on ne voit le racisme que d'un certain point de vue
et pas dans cet aspect.
On
n'est homme que si on reconnaît non seulement ses richesses
personnelles, mais aussi ses insuffisances qui font que l'on a
besoin des autres et des autres les plus différents de
nous.
La.
loi cosmique fondamentale, base de tout progrès, on commence
à s'en apercevoir scientifiquement, quoique les scientifiques
hésitent à le dire, tout le progrès évolutif
depuis le fameux "big bang" essentiel, qui est un progrès
de complexification et de conscience, est au fond le déploiement
d'une énergie d'amour. Et au plan humain, il s'agit de
réaliser une société d'amour, qui est la
seule société normale d'épanouissement. Une
société de tendresse, d'aide mutuelle, de civisme
: aimer son prochain comme soi-même. Cet optimum difficile
est, au fond, le secret d'hygiène individuelle et sociale.
Mais il s'agit et c'est difficile de savoir aimer
ce qui n'est pas effectivement ce que nous apprend la télévision
où sur la 2ème chaîne, l'amour est identifié
avec la sexualité la plus dévaluée. Et vous
savez comment les auteurs de cette série d'émissions
ont été jugés quand les petites filles d'une
ecole ont dit à ce génial psychiatre : « ça
va pas, la tête, on n'est pas des lapins ».
(applaudissements). Savoir aimer justement, c'est
lutter contre ce qui est le contraire de l'amour, c'est-à-dire
l'égoïsme. Et bien souvent, quand on nous parle des
droits de la femme à l'avortement, on fait appel justement
à une fausse charité qui n'a rien a voir avec la
veritable charité.
Vous
voyez alors comment Laissez-les-Vivre et les associations
similaires mènent, non pas un combat d'arrière-garde,
mais un combat d'avant garde, mais spécialement à
travers cet accueil fraternel des organisa-ions type SOS Futures
Mères, où, précisement, on apprend à
la femme à triompher de ses peurs et, lucidement, à
travers ce que l'on peut lui proposer, elle peut accueillir l'enfant
qui va venir et se rassurer elle-même, dans son inconscient
maternel et nous travaillons au service de la vraie société
des droits-devoirs de l' homme dans tous pays d'Europe et du monde,
et ceci dans la vraie paix et la justice.
Vous
me permettrez, en terminant de dire ici à quel point nous
avons besoin ici de tous les merveilleux conseils de ce militant
de la vie, bien-entendu je parle de ce cher Pape Jean-Paul
II et en catholique, vous pourriez dire que je vais parler
spécialement du Pape, et bien entendu
je suis heureux qu'il soit pape, mais précisement ce qui
me paraît merveilleux, c'est de voir en lui ce militant
de la vie qui va dans tous les milieux, y compris le milieu international,
fonder ces valeurs de la morale naturelle et révéler
à tous les hommes, quels qu'ils soient, leur vocation d'amour
(quel que soit le nom qu'ils donnent à son mystère),
et en particulier le respect de la vie, base de la liberté
: ce devoir au service du droit.
Dr
Paul Chauchard
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, mars 1990
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