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HISTORIQUE DE LAISSEZ-LES-VIVRE – SOS FUTURES MÈRES



IMPRIMERXIIe Congrès : EUROPE DE LA VIE
Perspectives :
L'amour, source de vie, condition d'un authentique humanisme

L'amour, source de vie.

L'amour est nécessaire à la vie : on ne peut pas vivre sans amour, et l'on peut presque ne vivre que d'amour, si l'on en croit l'expression courante « Vivre d'amour et d'eau fraîche ». Et c'est vrai que l'amour peut faire accepter bien des privations, alors que le manque d'amour n'est jamais compensé par des biens materiels, quels qu'ils soient.

On peut distinguer plusieurs sortes d'amour : conjugal, maternel, paternel, filial, fraternel. Ils comblent des besoins différents et concourent tous à faire vivre la personne humaine. L'amour conjugal donne la vie, d'une manière charnelle à l'enfant, mais cette vie a besoin, pour se developper harmonieusement de l'amour maternel, puis de l'amour paternel pour parfaire son equilibre. L'enfant a besoin d'aimer ses parents et préfère parfois se culpabiliser plutôt que d'admettre que ses parents ne sont pas dignes de son amour filial. On trouve ce comportement chez les enfants maltraîtés, en particulier.

Ceux qui ont manqué ou manquent de cette nourriture affective fondamentale en sont marqués pour la vie et éprouvent une difficulté d'être, particulerement les adolescents qui se tournent vers la drogue ou en arrivent au suicide. « Personne ne m'aime » est souvent l'explication qu'ils donnent à leur conduite. Un colloque réuni à Bordeaux vient de tirer la sonnette d'alarme en annonçant une inquiétante progression du nombre des suicides (13 000 décès par an
en France, plus que par les accidents de la route et 140 000 tentatives, dont 1/10e chez les jeunes). La cause reconnue par les medecins serait : le relachement des relations affectives.

Tout être humain a besoin d'aimer et d' être aimé, pas seulement les jeunes. C'est aussi le drâme des personnes âgées, mais également de toute solitude Cependant, l'amour dont je dois vous parler, c'est plus précisement celui qui unit l'homme et la femme et qui est porteur de vie dans toutes ses dimensions. Il arrive de plus en plus souvent que la procréation soit deconnectée de l'amour : amour sans procréation, procréation sans amour. Est-ce compatible avec un authentique humanisme ? Et d'abord qu' est-ce que l'amour conjugal ?

C'est la communion de deux êtres : corps et âme, chair et esprit, union totale ouverte au don de la vie. Trois éléments sont nécessaires pour qu'il y ait un amour vrai. C'est un sentiment, le sentiment amoureux, qui engage les personnes dans leur totalité, spirituellement et charnellement, et l'ouverture à la fécondité en est une dimension essentielle. D'autre part, l'acte concret, exprimant le don de chacun à l'autre, spirituellement et physiquement, est le seul lieu humainement possible pour l'éclosion d'une nouvelle personne. Amour sentiment, sexualité et ouverture à la vie, ce sont les trois éléments de l'amour.

Or, actuellement, on tend de plus en plus à dissocier ces différentes composantes. Nous vivons une véritable crise de l'amour, une civilisation de l'amour éclaté. Pourtant, sans cette unité, l'amour n'est plus vraiment un amour humain et ne peut plus assurer le plein épanouissement des personnes. Les ruptures qu'on lui fait subir ont de graves répercussions sur la personne, et, en particulier sur celle de la femme. Et c'est surtout d'elle que je vais parler, tout d'abord parce que le don de la vie est avant tout sa vocation, elle le vit dans son corps en même temps que dans son cœur et dans sa tête, et puis les femmes n'ont pas si souvent la parole..., du moins celles qui defendent le respect de la vie. Et, la plupart du temps, on parle du couple, oubliant que l'homme et la femme ne "vivent pas de la même façon ces différentes situations.

J'ai été souvent frappée par l'ignorance de la psychologie féminine chez des hommes qui pourtant devraient être familiarisés avec elle. Il y a quelques années, une enquête sur la fécondité de la femme a été menée par des medecins gynécologues de Grenoble. Ils voulaient interroger les femmes sur les événements de leur vie gynecologique : grossesses, accouchements, fausses-couches, avortements. Ils avaient décidé de limiter leurs questions à quelques années en arrière de peur qu'en remontant plus loin leur mémoire soit defaillante et quelle n'a pas été leur surprise en s'apercevant qu'elles se souvenaient de tout, jusqu'au moindre détail, depuis le début de leur vie de femme. Ils avaient sous-estimé l'importance pour toute femme de tout ce qui touche au don de la vie. Car l'enfant est un mystère profond de la vie et la femme est profondément impliquée dans ce mystère par sa maternité.

Je vais étudier successivement les différents dissociations intervenues entre les éléments constitutifs de l'amour, et tout d'abord l'amour sans ouverture à la vie, l'amour sans fruit, l'amour stérile. Stérilité provisoire, mais qui parfois se prolonge au-delà des désirs de la femme et qui maintenant devient parfois définitive, par recours à la stérilisation.

Dans ce schéma, il y a bien amour : amour sentiment et sexualité, mais le don de la vie est exclu. Cependant, ce refus de la fécondité altère l'attitude de la personne face à son conjoint. Le mari notamment, n'accepte plus sa fem-me dans sa totalité, dans l'acceptation de son rythme spécifique. Or, on ne peut nier que l'union sexuelle, qui couronne l'amour de l'homme et de la femme, est structurellement orientée vers la génération d'une nouvelle vie. Ceci est particulièrement ressenti par la femme chez qui le don de la vie fait partie de la sexualité, une sexualité très complexe, beaucoup plus que celle de l'homme. Lui se trouve toujours à l'exterieur du processus de la grossesse. La maternité, elle, est un processus bio-physiologique, mais aussi psychique, qui se rattache donc en même temps au sentiment d'amour et à la sexualité. Elle implique toute sa personne.

Une femme qui aime ne" peut très longtemps refuser que son amour porte du fruit. Elle désire un enfant de l'homme qu'el'le aime ,un enfant qui la comblera et lui donnera la plénitude du bonheur. Cet enfant sera la prolongation de son amour. Pour les hommes, le désir d'enfant est beaucoup plus dicté par la raison. La femme, elle, peut souhaiter d'être mère contre toute raison. C'est ce qui la rend souvent difficile à comprendre. Son attitude vis-à-vis de la maternité peut être très ambigue et son refus de l'enfant est rarement total. Ceci peut expliquer l'oubli de la pilule, cause en réalité par un désir non conscient d'être mère, ou le fait que la femme ne la tolère plus. La frustration est autant psychique que physique. L'amour peut éveiller chez une femme qui s'en croyait très éloignée un désir d'enfant. Le réalisateur de television, Stellio Lorenzi, trouvait émouvant qu'une femme puisse dire : « je voudrais un enfant de toi » à l'homme qu'elle aime.

On peut comprendre alors le drame d'une femme amoureuse, lorsque le père de l'enfant qu'elle a conçu, l'homme qu'elle aime, rejette cet entant et lui demande de le supprimer (parfois, c'est le chantage : lui ou moi). Comment lui demander de cboisir, alors que le paradis pour,elle, c'est de conserver les deux ! Tout son bonheur s'écroule en un instant. C'est le "paradis perdu", comme l'écrivain Hemingway l'a admirablement décrit il y a bien longtemps dans une de ses nouvelles qui porte ce nom. Et ce paradis, la femme qui en est chassée ne le retrouvera peut-etre jamais : elle risque, déçue, de ne plus croire à l'amour et de se lancer dans des aventures sans lendemain pour oublier ou se venger.

Ces conséquences d'ordre psychique de l'avortement, on comnenca à les reconnaître. On parle du syndrome post-avortement, et ce n'est pas un changement de méthode, l'utilisation du RU 486 ou d'une autre technique, n'empêchera qu'elles surviennent. Le lien entre l'amour et la procréation fait que, si une grossesse survient dans une liaison sans véritable amour, il est beaucoup plus difficile pour la future maman de l'accepter. Avant d'être aimé pour lui, l'enfant l'est souvent à cause de l'homme aimé qui l'a engendré. C'est pourquoi il est insensé et même criminel, d'inciter les jeunes filles à vivre des liaisons sans lendemain, simples expériences sexuelles. Elles devraient toujours se demander avant de céder, si elles seraient prêtes à assumer un enfant du garçon auquel elles cèdent.

Autre dissociation : la sexualité sans sentiment amoureux. On dit qu'on "fait l'amour", mais ce n'en est qu'une caricature. Si la sexualité est une composante de l'amour, l'amour ne se confond pas avec elle. Il s'agit ici d'aventures sans lendemain. L'homme s'en accomode souvent assez bien, la femme non. Elle n'est pas faite pour l'aventure. Il lui est difficile de faire le don de son corps sans engager son cœur. Je me souvient d'une conversation avec un homme, assez coureur de jupons, qui se plaignait de ce que les femmes ne pouvaient s'empêcher de toujours y mettre du sentiment ! Un homme se satisfait du moment présent, pour la femme le grand problème est celui des "après", disait l'auteur d'une étude sur le problème de l'aventure amoureuse.

J'ai pu dernièrement constater, lors d'une des émissions scandaleuses de la télévision, que les jeunes filles adolescentes, malgré la propagande à laquelle elles sont soumises, n'avaient guère changé, qu'elles rêvaient toujours au Prince Charmant plutôt qu'à des plaisirs physiques, pour lesquels elles ne se sentent pas mûres. Elles rêvent à l'homme dont l'amour remplira leur vie, toute leur vie. Même Françoise Sagan, dont on ne peut pas dire qu'elle symbolise la morale traditionnelle, a reconnu, au cours d'une interview que « l'idéal serait que le premier amour d'une femme soit le seul amour de sa vie », mais elle ajoutait aussitôt : « malheureusement c'est impossible ». Impossible, sûrement pas, mais certes pas toujours possible, surtout avec le modèle de compertement sexuel préconisé aujourd'hui.

Enfin, la troisième dissociaion à laquelle on est arrivé, c'est la séparation de la fécondité et de la sexualité. L'enfant sans relations sexuelles. Nous avons vu que la sexualité est une composante importante de l'amour : elle est le lieu de communication physique et spirituelle du couple qui s'aime, élément essentiel de l'amour auquel l'Église même attache un grand prix, puisqu'elle estime nulle une union non consommée. On peut remédier aux stérilités qui ne font que se multiplier et aussi parce que ces techniques passionnent les chercheurs, on s'ingénie à présent à faire naître des êtres humains sans union sexuelle. C'est ce que l'on appelle les procréations médicalement assistées, et plus particulièrement la FIVETE, la conception de la vie étant réalisée dans une éprouvette. L'enfant devient l'objet d'un projet parental, que des techniciens vont s'efforcer de réaliser, en se servant du corps des epoux qui deviennent des instruments... L'enfant, lorsqu'il est obtenu, est alors le produit d'une technique, un objet de fabrication, et non plus le fruit de l'amour du couple, dans son intimité.

Ces manipulations blessent la dignité de la personne humaine. Elles ressemblent plus à des actes vétérinaires. J'ai lu récemment que l'on venait de réaliser un "poulain-éprouvette", en utilisant des techniques proches de celles utilisées pour l'homme. Ainsi, c'est l'homme qui maintenant sert de cobaye pour la race chevaline ! Ces manipulations blessent la dignité de la personne, mais elles sont particulièrement éprouvantes pour la femme. La différence physiologique des sexes fait qu'une seule opération, tout extérieure, suffit pour se procurer les gamètes mâles.Il est en tout autrement pour les gamètes femelles, qui ne peuvent être obtenus que par une série d'opérations subies par la femme, chacune comportant des risques et pour lesquelles cette femme doit être à la disposition des techniciens pendant des mois, voire des années.Son corps est d'ailleurs devenu un véritable champ d'expérience ; une vingtaine de procédés différents ont été expérimentés pour obtenir une fécondation artificielle. Jacques Testart parle de "capharnaüm technologique". On compte, paraît-il, 5 lieux possibles où déposer les spermatozoïdes, 2 où placer les ovules, 3 où transferer les deux types de gamètes et 2 pour déposer les embryons. Toutes ces expériences portent atteinte à la dignite de la femme.

Certes, la détresse des femmes stériles est telle, que l'espoir d'être mère fait supporter à beaucoup toutes ces épreuves. Mais, il arrive qu'elles aient du mal à tolérer toutes ces manipulations entièrement déconnectées de leur sentiment amoureux. L'une d'elles avouait avoir l'impression de tromper son mari avec les médecins ! Une autre reconnaissait : « c'est vraiment quelque chose de très difficile à vivre. On recommence sans cesse, espérant toujours que
la prochaine tentative sera la bonne. Cela devient de l'acharnement, une véritable obsession ! Tout cela est supporté dans l'espoir de la réussite, et au bout de toutes ces épreuves, le plus souvent, c'est le vide, "un gouffre qui s'ouvre
" », disait-elle. Elle ajoutait : « Par moments, on se dit : s'ils n'avaient pas trouvé cette technique de fécondation in vitro, je n'en serais pas là aujourd'hui ! »

Elles avouent ressentir une certaine angoisse, qui peut s'expliquer par le fait qu'elles se savent, même inconsciemment chargées, en tant que femmes, d'une grave mission, celle de protéger la vie. Comme Jean-Paul II l'a magnifiquement rappelé dans sa lettre apostolique sur la Dignité de la Femme et sa vocation : « Dieu lui confie l'homme, l'être humain, d'une manière spécifique ». En acceptant d'abandonner aux mains des chercheurs les germes de vie dont elles sont depositaires, les femmes ne trahissent-elles pas cette mission ? Ont-elles le droit, pour satisfaire un désir bien-sûr légitime de maternité, demettre en péril le genre humain lui-même ? Ce danger n'est pas à écarter, maIgré tous les garde-fous que la loi pourra essayer d'instituer.

Ne serait-il pas plus sage de prévenir au lieu d'essayer de guérir ? (Il faut rl'ailleurs noter qu'on ne guéritpas la stérilité, qui demeure, même après la naissance d'un enfant). Car, au fond, on a favorisé des comportements sexuels qui compromettent justement la fecondité des jeunes femmes. Quand on connaît la détresse engendrée par la stérilité, on peut estimer criminel de ne pas les informer des risques qu'elles courent en vivant selon les nouvelles normes imposées. La liberation sexuelle incite les jeunes filles à vivre d'une maniere dangereuse pour leur avenir de femme. Nous l'avons vu, leur epanouissement ne peut resulter que de l'harmonie de leur personnalité qui est complexe. Engagement de toute la personne, corps et âme, dans un amour réciproque, ouvert à la vie. Cette harmonie n'est pas atteinte dès l'âge de la puberté. Ce n'est que progressivement que la syhthèse se fera entre tous ces éléments. Il fait laisser se construire la personne.

Jusqu'à 12 ou 14 ans, c'est surtout l'amour des enfants qui s'exprime chez lia jeune fille. Elle rêve d'enfants, mais pas d'enfants qu'elle engendrerait elle-même, plutôt d'enfants tombés du ciel, comme un cadeau de Noël, qu'elle pourrait choyer, protéger. Elle se sent généralement attirée par les bébés ou les très jeunes enfants. Puis, vers 15-16 ans, son cœur se met à
battre et elle rêve alors au prince charmant qu'elle aimerait d'un amour platonique. Recevoir des lettres d'amour la comble plus que des tentatives de rapprochements physiques. C'est l'âge romantique, de à quoi rêvent les jeunes filles de Musset. Période dont on essaie de priver nos jeunes actuellement. On leur vole leur adolescence. Certes, l'attitude de l'adolescente peut tromper et donner l'impression, par sa coquetterie, de rechercher des expériences plus réalistes.

En réalite, elle cherche à vérifier son pouvoir, tout neuf, sur les garçons. On est souvent, mal dans sa peau à cet âge-là, on est rarement satisfait de son physique, on veut se rassurer. Mais il ne s'agit que d'un test que les garçons, mal avertis de la psychologie féminine, interprêtent selon leurs réactions a eux.

Ce n'est que plus tard que les sens s'éveillent à leur tour, accompagnant les émois du cœur, pour intégrer enfin le désir d'enfant, qui devient alors vraiment un desir de maternité. Il faut un long temps de maturation pour que toutes ces dimensions de l'amour se fondent dans le respect du rythme de chacune d'elles. Si ce rythme est bousculé, la personnalité de la jeune femme risque de ne jamais être bien structurée. Il faut laisser le temps pour que tout se mette en place, c'est le sens du Conte de la Belle au Bois dormant, qui exprimait une vérité que l'on ne veut plus voir.

Une sexualité trop précoce peut bloquer cette structuration et laisser la personne immature.
La banalisation de l'amour, des essais malheureux qui entraînent déceptions et désillusions, compromettent les chances de connaître un jour l'Amour avec un grand A dont tout le monde rêve, dans toute sa plénitude, le seul qui puisse répondre à la soif d'absolu qui est en toute personne humaine.

Françoise Rollin

© Laissez-les-Vivre – SOS Futures Mères, mars 1990

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