Dans
notre Congrès, nous avions à examiner l'état
actuel du respect de la vie et de la situation démographique
en France et dans l'Europe des Douze, notamment l'évolution
prévisible de ces deux faits en l'absence de correction,
la nouvelle situation créée et les risques qu'elle
comporte.
L'heure
est maintenant venue de tirer les conclusions.
L'enjeu
est énorme, comme nous le verrons, dans de multiples domaines.
Faut-il
laisser les choses suivre leurs cours, selon les orientations
actuelles ? C'est ce que nous allons voir en conscience, et en
pleine connaissance de cause.
A
- COMMENÇONS PAR LA DÉMOGRAPHIE
Nous
examinerons d'abord-la situation démographique de l'Europe
de l'Ouest, ses perspectives et ses conséquences.
Nous
ne ferons qu'une récapitulation rapide des principaux faits,
en vous priant de nous excuser du caractère technique de
cette partie. Nous utiliserons le minimum de chiffres, en ne gardant
que le strictement indispensable.
Premier
fait : La proportion dans le Monde de l'Europe des Douze va
diminuer démographiquement de 40 % dans les 30 ans à
venir, de 6,22 % de la population mondiale, elle va passer à
3,82 %, du fait d'une natalité qui n'est que de 2,68 de
la natalité-mondiale. Deux exemples illustrent ce fait
:
La France a actuellement une popula tion voisine de celle
de l'Afrique du Nord, 57 contre 58,5 miliions. Dans 25 ans, on
en sera à la moitie, 60 pour la France, 120 millions pour
l'Afrique du Nord.
l'Europe des 12 a 100 millions d'habitants de plus que
le pourtour sud-est méditerrannéen non européen.
Elle aura 100 millions de moins dans 25 ans.
Deuxième
fait : Aucun pays de l'Europe de l'Ouest ne renouvelle ses
générations, sauf l'Irlande libre, qui ne represente
que 1 % de l'Europe des Douze, et dont d'ailleurs la natalité
est en baisse rapide.
Le
déficit est partout profond, y compris en France, ou il
est seulement un peu moins profond qu'ailleurs.
Troisième
fait : le vieillissement de la population est un des plus
élevés du monde. Il est croissant et va subir une
sorte d'explosion au moment de l'arrivée des générations
importantes dans la catégorie des 60 ans et plus. Exemple
: en France, les 60 ans et plus vont doubler de maintenant a la
fin de
cette explosion du vieillissement. Il y aura un retraite à
la charge de chaque adulte en activité au lieu de un de
mi aujourd'hui.
Quatrième
fait : Cette forte progression du vieillissement, à
moins d'un recul très important de l'âge de la retraite,
va entraîner une élévation considérable
des charges sociales retraite-vieillesse et frais médicaux
pharmaceutiques-vieillesse, deux chapitres distincts à
ne pas confondre et qui s'ajoutent l'un à l'autre. Les
charges médico-pharmaceutiques vieillesse représentent
en France plus de la moitié des charges maladie totales.
L'accroissement absolu rapide de la population âgée,
dont il faut se féliciter, explique évidemment l'accroissement
des charges médico-pharmaceutiques vieillesse, mais aussi
en très grande partie des charges médico-pharmaceutiques
générales.
Ceci
signifie élévation des charges sociales et donc
des prélèvements obligatoires pour les entreprises
et pour les adultes producteurs qui supportent pour l'essentiel
l'cconomie.
Cinquième
fait : Il y a abaissement de la capacité d'investissement.
En effet, la capacité d'investissement est ce qui reste
de la substance economique, quand on a prélevé les
dépenses de vie courante et les charges sociales, et l'ensemble
des prélèvements obligatoires. L'augmentation très
importante des charges sociales abaisse ainsi la capacité
d'investissement des entreprises et des adultes producteurs. Et
si l'on ne mobilise pas pour l'investissement très activement
les moyens financiers détenus par les personnes âgées,
ceci abaisse la capacité d'investissement de la collectivité
tout entière.
Sixième
fait : L'abaissement de l'investissement et son insuffisance
relative abaisse la compétitivité dans la concurrence
internationale.
Si dans l'Europe actuelle il y a des économies tres compétitives,
comme l'économie allemande, du fait d'une compétence
spécialement excellente en matière industrielle
et commerciale, certaines économies sont très défaillantes.
Le déficit exterieur industriel français dépasse
100 milliards de F et ne se redresse pas. Le deficit anglais
est encore plus élevé.
A
l'exception de l'Allemagne, aucune économie européenne
n'est capable de résister pleinement en rase campagne economique,
à l'économie japonaise. Et il en est déjà
ainsi, alors que les conséquences de l'explosion du vieillissement
ne se sont pas encore produites. Et l'Europe des 12 a déjà
renoncé à des investissements de haute technologie
(IDS), malgré leur interêt pour elle, parce que trop
coûteux.
Septieme
fait : l'abaissement de la compétitivité entraîne
le risque de défaite économique. En effet, en matière
de bataille économique, la sous-compétitivité
n'entraîne pas un risque de vague amoindrissement, mais
un risque de défaite économique avec la spirale
infernale de la succession en chaîine : sous-investissement,
sous-compétitivité, perte de marchés, fonte
des ressources, sous-investissement accru, sous-compétitivité
plus grande, plus grande perte des marchés et ainsi de
suite. Bref, c'est bien la spirale infernale. D'aucuns diront
: « les progrès technologiques, scientifiques,
donc économiques arrangeront tout ». C'est
un raisonnement simpliste. Ils oublient que ces progrès
exigent précisément des investissements économiques
pour être réalisés. Or, justement, en raison
de la chute des investissements, ils seront au-dessous des prévisions
et surtout, ce qui est plus grave encore, au-dessous de ceux de
la concurrence. Cet argument simpliste est donc sans valeur.
Huitième
fait : Au-delà de la spirale infernale, il y a le risque
de quasi-irréversibilité de la défaite économique.
Quand on est dans la défaite éconornique son sous-investissement
et son sous-développement, il est très difficile
d'en sortir. Les moyens d'investissement passent au-dessous des
besoins
d'investissement. Ce qui créée une situation irréversible
sans aide extérieure, aide extérieure qui créée
la dépendance.
Qui
dit aide extérieure dit dette et interêtts de la
dette, interêts qui empêchent les progrès économiques
et absorbent les résultats des rares progrès qui
peuvent se produire. C'est le cycle infernal dans lequel sont
engages les pays du Tiers-Monde et on le sait maintenant beaucoup
de pays communistes même européens. C'est le résultat
inéluctable du vieillissement extrême non corrigé
de la population.
Neuvième
fait : Il y a en outre l'irréversibilité démographique.
Nous n'avons pas le temps ici d'en démontrer le mécanisme,
mais il est évident qu'une population adulte raréfiée
par la dénatalité de ses ascendants écrasée
de charges et en état de défaite économique
ne peut plus augmenter du chiffre nécessaire sa propre
natalité pour reconstituer l'effectif anterieur.
Une
chute de natalité de remplacement strict de 50 % exige
que la génération suivante amputée de moitié,
ait une natalité trois fois supérieure à
la natalité de remplacement, pour reconstituer l'effectif,
soit six fois la natalité des ascendants directs. Dans
la situation économico-sociale créée, c'est
impossible.
Voici
donc les perspectives qui menacent l'Europe de l'Ouest sur sa
lancée actuelle et sans correction. Elles sont inacceptables.
C'est pourtant ce que nous proposent ceux qui s'opposent activement
à toute correction, comme certains politiciens, qui veulent
ouvertement aggraver la dégradation démographico-économique
de l'Europe, ou comme les autres qui opposent la force d'inertie
la plus parfaite à tout effort de correction.
A
- Notre sous-titre du Congres est : "L'EUROPE POUR LE MONDE"
Sa
raison est la suivante : il est tout à fait certain en
effet, qu'en l'absence de correction, l'effort financier pour
tenir dans la compétition internationale sera absolument
maximum, raclera toutes les disponibilités et qu'il ne
sera donc plus possible de distraire quoi que soit pour les aides
extérieures, donc pour aider le Tiers Monde.
On
peut, sans paradoxe, dire que c'est par le rétablissement
de la vitaIité de l'Europe, que passa la possibilité
d'aider le Tiers Monde, donc la solution pour lui.
Le
Monde Soviétique, plongé dans le désastre
économique provoqué par sa doctrine politique et
les conceptions économiques de celle-ci en est totalement
incapable.
Les
U.S.A. ont d'énormes problèmes et ne peuvent pas
subventionner le monde entier à eux seuls.
La
Nouvelle Asie industrielle pense d'abord à elle, et d'abord
à consolider ses succès et ne veut pas engloutir
ses bénéfices dans un immense tonneau des Danaïdes.
C'est
donc seulement une Europe vigoureuse qui peut l'aider, en prenant
d'ailleurs des précautions spéciales sur le plan
de l'utilisation financière,
afin de ne pas renouveler les cuisantes expériences antérieures.
Ce n'est pas une Europe recroquevillée, diminuée,
atteinte par un
extrême vieillissement en état de défaite
économique et d'implosion démographique
qui le pourra.
Ce comportement suicidaire, egoïste de l'Europe, est une
désertion face à la misère du Monde pauvre.
Tout
cela devrait inciter les gouvernements européens à
nous entendre.
B
- Abordons maintenant le RESPECT DE LA VIE
Résumer
la situation dans l'Europe des 12 est rapide. Sauf l'Irlande libre
(1 % de la CEE), tous les autres pays ont accepté ou subi
le non-respect
de la vie humaine a son debut, à savoir l'avortement.
Quand
il n'est pas encore légal, la loi d'interdiction est suspendue
plus ou moins complètement (Belgique).
Il
y a certes des différences dans les délais et modalités.
Certains
comme la France ont en outre accepté l'eugenisme de sinistre
memoire. (Allemagne nazie), article 162-12 de la loi du 17 janvier 1975.
L'euthanasie
est tolerée, parfois en grand, comme aux Pays-Bas et de
grands efforts y sont faits pour aboutir à sa légalisation.
Il y a en somme une triade anti-vie (anti-respect de la vie),
avortement - eugénisme - euthanasie, dont seule une partie
est appliquée Iégalement.
La
procreation médicalement assistée pose des problèmes
spéciaux, dont certains touchent a l'avortement et au rôIe
de l'État dans la procréation et le contrôle
de la population, et nécessiterait des développements
particuliers, d'ailleurs abordés dans ce Congrès.
Toute
la philosophie anti-vie s'efforce de rendre légale l'ensemble
de la triade. Ils sont à mi-chemin. La question est de
savoir si ce qui existe régressera, si les choses resteront
en l'état ou si la légalisation de la .triade complète
abou.tira.
.Ceci
dépend de la puissance des forces philosophico-politiques
en présence. Ceci modifie la société et modifie
la nature politique du régime. Bien entendu, les questions
de démocratie et d'état totalitaire dépassent
la question du respect de la vie, maIgré son importance.
Il n'empêche que cette question influence la nature de la
société, le Droit et la structure politique.
Les
atteintes à la vie humaine ne concernent pas tout le Droit,
mais une partie importante de celui-ci.
En
somme, la question poséee est : quelle société
aurons-nous dans cette Europe de demain, quel régime politique
aurons-nous ? Revenons au fondement de la discussion.
La
vie humaine commence à la conception et le patrimoine genetique
est complet dès ce moment et il n'y aura plus aucun apport
génétique ultérieur jusqu'a la mort. Les
bases organiques de l'individualité et de la personnalité
sont posées dès cet instant.
L'avortement
est bien la mise à mort d'un être vivant humain ayant
la totalité de son génome définissant la
personne. C'est un meurtre évident, prémedité,
portant sur la personne d'un être humain, en outre complètement
sans défense et complètement innocent.
Ces
caractères conférent à cet acte le maximum
de gravité si nous les transposons à n'importe quel
être humain.
Il
y a dans le droit une logique, qui assure une hiérarchie
des peines et des sanctions, selon la gravité de l'acte
commis, logique et hiérarchie assurant la cohérence
du Droit, cohérence qui assure elle-même l'autorité
et donc la force du Droit. Dès lors que l'avortement, avec
ses 4 caractères péjoratifs maxima, est absout
complètement par la loi (et en plus remboursé financièrement),
au nom de quoi les actes moins graves, autres crimes prémédités
ou non et a fortiori, les délits non criminels,
simples fautes, seraient-ils sanctionnés, puisque
l'acte le plus grave ne l'est pas ?
Les
sanctions perdent leur légitimité dans les autres
crimes ou délits. Et le droit perd sa cohérence,
devient donc incohérent et par la contradictoire et arbitraire,
et perd ainsi de son autorité et de sa force.
Au nom de quoi, Ia même personne humaine, selon qu'elle
pas encore à l'air libre ou qu'au contraire elle l'est,
peut être tuée, sans sanction ou au contraire avec
sanction.
C'est
une incohérence et une discrimination selon l'âge,
illégitime, que rien ne justifie et qui ne figure d'ailleurs
pas dans la Constitution.
Tuer volontairement un enfant avant sa naissance ne coûte
pénalement rien et est payé pour les frais engagés,
alors qu'un stationnement irrégulier est sévèrement
sanctionné et littéralement traque, montre l'incohérence
du droit actuel, est de plus une insulte et une injure à
la personne
humaine, et à sa dignité, et montre de façon
éclatante l'étendue du mépris que les initiateurs
de ces lois ont pour la personne humaine.
Si
la sanction pour l'acte le plus grave n'existe plus, tout le reste
du système de sanctions est déstabilisé.
Le non-respect de la vie humaine ébranle tout l'edifice
du droit, même dans ce qui n'implique pas une atteinte à
la vie elle-même. Le respect de la vie humaine apparaît
comme la cIé de voute de cet édifice.
La ligne de partage entre la partie sanctionnée et la partie
non sanctionnée est elle aussi arbitraire.
Même s'il reste dans le droit actuel des morceaux de logique
et de cohérence, l'ensemble ne l'est plus et l'arbitraire
n'est pas appliqué par la logique cohérente, mais
par le pouvoir politique.
Le
recul du droit va ainsi de pair avec une extension du pouvoir
et de la force politique et c'est par l'arbitraire politique que
la France viole l'article 2 de la Convention Européenne
de Sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales
du 4 novembre 1950 qu'elle a ratifié le 3 mai 1974
et qu'elle doit appliquer notamment depuis l'arrêt du Conseil
d'État du 20 octobre 1989.
La légalisation de l'avortement créée une
autre différence majeure
avec le passé.
Le
médecin hippocratique obeit à sa seule conscience.
Dans l'avortement, les médecins obéissent à
un tiers et tuent sur ordre de ce dernier. Ils tuent sur ordre.
Des
malades ne peuvent confier leur santé et leur vie à
des medecins capables de tuer sur ordre de tiers, c'est l'évidence
et dans ces cas, la confiance du malade est ruinée.
La
sauvegarde réside dans la liberté de choix du medecin
par le malade, liberté essentielle que certaines forces
politiques veulent supprimer (dans quelle intention profonde ?).
Qui
est le tiers? Dans l'avortement, c'est la femme, le plus souvent
influencée.
Mais,
quand on adopte la règle d'obéir à un tiers,
on peut obéir à un autre tiers. L'État, par
exemple, donc le pouvoir politique.
Dans
l'avortement, lêtre humain visé est tout au débutde
sa vie.
L'avortement
eugénique, légal en France (art. L 162-12 de la
loi Veil) a lieu un peu plus tard dans la grossesse.
L'euthanasie
concerne des humains plus âgés, adultes ou âges
ou gravement malades.
Le
mouvement anti-vie cherche a rendre légale toute la triade.
Ce
n'est pas encore le cas au stade actuel de la bataille philosophico-politique.
(Mais, Jacques ATTALI, Conseiller du Président de la République,
déclarait, il y a quelques années, dans L'AVENIR
DE LA VIE Éditions Seghers, « l'euthanasie
sera un des instruments essentiels de nos sociétés
futures ».
Si
l'eugénisme global et l'eufhanasie deviennent legaux, des
médecins pourront tuer sur ordre, sans sanctions légales
et pénales pratiquement du début à la fin
de la vie, comme ce fut le cas dans l'Allemagne nazie. Les conséquences
seraient énormes. D'abord, qui peut le plus peut le moins.
S'ils
peuvent tuer sur ordre, ils peuvent mentir sur ordre. C'est toute
la psychiatrie politique sovietique. Deux médecins psychiatres
d'État peuvent declarer que n' importe qui a des troubles
psychiques et doit eêtre interné, ou a une maladie
incurable, douloureuse, nécessitant .l'euthanasie, pour
lui éviter de pénibles souffrances (Cf. nazis).
Même
dans un pays comme la France actuelle, quand on nous rapporte,
par exemple, qu'un médecin conseiller municipal fait exécuter
par des tueurs à gage un de ses collegues, bien qu'existent
des risques de sanctions pénales, si la triade anti-vie
devenait légale, avec l'imagination qui règne dans
ces domaines, le fait qu'il existerait des gens capables de tuer
sur ordre, comme cela existe déjà, mais alors sans
sanctions pénales, ouvrirait dans notre société
des perspectives grandioses.
Ainsi,
cette triade a été utilisée très largement
par des systèmes totalitaires certains, mais en plus elle
fournit des moyens à tel ou tel système totalitaire
nouveau éventuel.
La
triade anti-vie a fait dans l'Europe actuelle une bonne partie
de son chemin, mais n'est pas parvenue à sa plénitude.
Elle affaiblit le Droit, ruine l'État de Droit, augmente
le pouvoir politique et fournit des moyens
d'action à un totalitarisme éventuel.
Il
y a d'autres mécanismes totalitaires accessibles : la conquête
d'une large majorité dans le grand appareil médiatique.
Si un parti important s'assure le contrôle d'une large majorité
médiatique, il est à l'abri très largement
des fluctuations de l'opinion et peut parvenir à un pouvoir
presque absolu. De même, si une philosophie devient fortement
dominante, dans ce grand appareil médiatique qui fait l'opinion,
elle règne. Nous sommes déjà dans
cette situation.
Les
grands malthusiens avorteurs internationaux support de la triade
anti-vie exercent un contrôle fortement majoritaire sur
les grands médias et soutiennent en outre globalement le
pouvoir en place, le mettant à l'abri des vagues de l'opinion,
et lui permettent ainsi un pouvoir quasi-absolu.
Ils
peuvent laisser parler leurs adversaires, se donnant le bénéfice
moral de l'objectivité apparente, et du maintien de la
libre expression.
Il
leur suffit, ensuite de couper pratiquement la diffusion, pour
empêcher ceux-ci d'atteindre le grand public. Les résultats
sont supérieurs aux interdictions absolues des dictatures
classiques et le pouvoir d'un grand parti qui contrôle le
grand appareil médiatique est presque aussi grand et sans
doute plus que celui des dictatures habituelles, dont les ébranlements
actuels montrent
les faiblesses.
Cette
domination sur l'opinion et le pouvoir ne suffit pas à
nos grands malthusiens internationaux.
Il leur faut plus. Dans le livre d'une grande Internationale,
dont ils sont. les maîtres : la Crise de la Democratie
( 1975
p. 182), ils souhaitent, je cite, « que les gouvernements
conservent les droits et la possibilité pratique de retenir
l'information à sa source ».
Ils
s'attaquent ainsi ouvertement à la liberte de la Presse,
un des fondements de la Démocratie, et par là ont
un comportement nettement totalitaire.
Ils
font partie de structures mondialistes. Un des membres éminents
de celles-ci, Cord MEYER, Président de l'Association
Mondialiste américaine explique, je cite : « une
fois qu'elle sera jointe au gouvernement fédéral
mondial, aucune nation ne pourra se détacher ou se révolter,
du fait que disposant de la bombe atomique, le gouvernement fédéral
mondial rayerait cette nation de la surface du globe ».
L'esprit totalitaire est évident. Le risque totalitaire
est donc réel (et plus grand qu'on ne pense généralement
dans nos pays). Ajoutons que l'influence de ces groupes est très
grande en Europe, et s'oppose précisement à ce que
l'Europe sorte de ses problèmes dans les deux domaines
etudiés ici. Ce sont eux qui les créent et les imposent,
et s'opposent à leur correction. C'est une des grandes
raisons de nos difficultés en France et dans le reste de
l'Europe.
Il
y a donc un réel danger juridico-politique pour les états
européens et la future Europe. Europe qui a, peut-on dire,
de lourds antécédents.
En
outre, les diverses formules proposées pour la constitution
de la nouvelle Europe comportent des risques spéciaux pour
certaines d'entre elles. Sans entrer dans ces discussions qui
n'ont pas leur place ici et qui, d'autre part, risquent d'être,
caduques, en raison des multiples changements qui peuvent intervenir,
disons qu'avec la règle de l'unanimité dans les
décisions de l'exécutif, il n'y avait aucun danger
qu'une majorité impose ses vues
à une minorité ou à un État isolé.
Mais,
avec la règle de la majorité, ce risque est entier
et une minorité
ou un État isolé n'a pas le pouvoir de s'opposer
aux décisions d'une majorité qui peut être
une coalition contre tel ou tel État.
L'Assemblée
Européenne de Strasbourg, consultative pour le moment,
s'indigne que l'IVG soit encore interdite de jure et de facto
dans deux états membres de la Communauté européenne,
en l'occurence l'Irlande et la Belgique (1). Cette assemblée,
purement consultative a peu de pouvoirs.
Supposons
qu'elle devienne un véritable parlement, le risque devient
beaucoup plus considérable.
Et
surtout, si la Commission exécutive adoptait ce point de
vue, avec la règle de l'unanimité, elle n'aurait
pas le moyen d'imposer Sa décision.
Avec la règle de la majorité, elle l'a bel et bien.
Et ces deux pays se verraient contraints de s'aligner.
Sans
entrer dans ce redoutable débat, disons que, pour nous,
les droits des minorités doivent être absolument
préservés, et que les nations ne doivent pas être
contraintes, et notamment en matière de respect de la vie,
démographie et famille, elles ne doivent pas se voir imposer,
par une majorité hostile, des politiques contraires à
leur philospphie, à leur intérêt, voire à
leur survie.
Tout
ceci brosse des pays européens un tableau très peu
satisfaisant avec des dangers certains.
Un
autre grand problème est la DISSOCIATION ENTRE LA SCIENCE
ET L'ÉTHIQUE :
C'est
un autre danger européen et mondial. Expliquons-nous :
la Science actuelle est toute puissante, fait des progrès
à pas de géant. Elle sera demain encore plus puissante,
dans ce XXIe siècle qui se pointe. Elle implique des enjeux
et des intérêts économiques énormes,
dans presque tous ses domaines, haute physique, conquête
de l'espace, exploration du génome, etc...
Mais,
la Science peut tout autant le mal que le bien. C'est l'éthique
qui assure la direction, et quand on dirige un engin très
puissant, et qui
met en jeu de très grands intérêts et les
passions humaines, il faut une direction très ferme, très
lucide, très cohérente pour tenir la ligne.
Le problème de la direction de la Science a toujours existé.
Qu'est-ce
qui a changé.? C' est que la Science est devenue très
puissante, et met en jeu des intérêts énormes
et que l'Éthique, elle, est devenue faible, fragile, flottante,
incertaine quant à sa propre orientation.
La
direction a deux orientations possibles : le mal et l'hostilité
à la vie humaine : appelons-la la contre-éthique
; le bien et l'amour de la créature humaine et de son bien,
appelons-la l'éthique.
Le
sens du mal est en effet une direction comme l'autre, mais inverse
de l'autre.
Ou
bien il l'emporte et avec la puissance de la Science actuelle
et future, le pire est à craindre.
Ou bien, le sens du bien l'emporte et la Science peut être
très bénéfique pour l'Homme et l'Humanité.
Tant
que le combat entre les deux, entre l'éthique du bien et
la contre-éthique du mal, est incertain, la résultante
est elle-même incertaine, mal affirmée, sans puissance,
incapable d'assurer avec fermeté la direction de la Science.
Cette
incertitude et cette faiblesse de l'Éthique résultante
est un
très grand danger contemporain.
Malraux disait : « Le XXle siècle sera spirituel
ou ne sera pas » ; on peut dire aussi bien : « l'Éthique
du bien sera puissante et l'emportera franchement, et nous vivrons,
ou elle restera débile et l'Humanité sera en très
grand danger ».
Le
respect de la vie humaine et sa protection sont le centre et la
référence (supérieure) de l'organisation
de la société. Et une éthique incohérente
sur ce point central, donc contradictoire, est une ethique fragile,
incapable de diriger avec la fermeté qui s'impose à
une Science toute puissante. Et c'est la dissociation actuelle
entre la toute puissance de la Science et la débilité
de l'Éthique qui crée les plus grands dangers contemporains
pour l'Europe et le Monde.
Beaucoup
de peuples vivent dans l' incohérence et la contradiction
dans les domaines les plus divers, et pourtant ils vivent. Mais,
ils vivent mal et en danger, et nous en connaissons beaucoup qui
vivent dans le marasme.
Dans
nos deux domaines, la situation européenne actuelle et
les perspectives d'avenir sont mauvaises, sans correction.
ET
POURTANT, LES RAISONS D'ESPÉRER EXISTENT :
Elles
sont multiples.
D'abord,
il y a des solutions. S'il n'y en avait pas, on pourrait courber
le dos, mais il y en a, à condition, il est vrai d'agir
maintenant rapidement.
Si
d'atermoiement en atermoiement, on se retrouve dans 10 à
15 ans, sans avoir rien fait, alors il n'y aura plus pratiquement
qu'à subir, sans pouvoir, éviter quoi que ce soit.
D'autre
part, des pays importants ont amorcé leur redressement.
Dans
le domaine respect de la vie, les U.S.A. ont avancé un
revirement important de l'opinion et les Présidents REAGAN
et BUSH ont pris parti pour le respect de la vie. Dans
le domaine démographique, la Suède, maIgré
la longue tradition malthusienne et socialiste a finit par être
ébranlée, et a
mis au point une politique familiale nouvelle et qui a dejà
donné des résultats encourageants, puisque sa fécondité
est maintenant nettement au-dessud de la fécondité
française. Ces deux exemples prouvent qu'un redressement
est possible.
Et
l'inacceptable est inacceptable, et il faut le repousser et le
réduire, quelles que soient les difficultés.
Notre
politique, pour y parvenir, est clairement définie. Elle
est parfaitement applicable avec ses trois parties : respect de
la vie, politique démographique et familiale, mesures d'accompagnement
économique indispensables pour le financement. Elle fait
en soi la matière d'un Congrès (le prochain).
Il
faut, pour aboutir, militer activement pour elle, avec tous les
moyens que vous proposent nos diverses associations qu'il faut
rejoindre et renforcer.
Le
seul véritable problème est le refus obstiné
de la classe politique établie de s'occuper de ces questions
et l'impression qu'elle a, qu'on a tout le temps de voir venir,
ce qui est absolument faux.
C'est le danger majeur. Il faut que tous les militants de cette
salle et de nos mouvements travaillent spécialement leurs
hommes politiques.
UN
SURSAUT PUISSANT S'IHPOSE SANS DELAI
Il
suppose un changement rapide et profond. Nous ne pouvons pas nous
payer le luxe de prendre 20 ans pour une ébauche de commencement
de réflexion. Alors, il sera trop tard définitivement
et irrémediablement. C'est maintenant qu'il faut agir.
Si
en politique les solutions intermédiaires et les compromis
sont fréquents, dans cette question. il n'en est pas de
même.
En
dernière analyse, il n'y a pas d'intermédiaire entre
le respect de la vie humaine et le non-respect de la vie humaine.
Vous
êtes-vous demandés, par exemple, quel est le contraire
de l'expression Laissez-les-Vivre ? Eh bien, c'est Laissez-les-Mourir,
Laissez-les-Tuer, Tuez-les ou Faites-les-Tuer
(toutes actions condamnees par la loi : non assistance à
personne en danger, incitation au crime).
C'
est le non-dit implicite mais évident : de ceux qui nous
combattent avec l'énergie farouche que l'on sait. C'est
le non-dit de ceux, par exemple, qui viennent de déposer
à l'Assemblée nationale le 15 novembre 1989, la
proposition de loi n° 1 000 (unanimité du groupe
socialiste plus apparentés), qui trouvent qu'on ne tue
pas assez facilement. Les adeptes de ces 4 devises implicites
pratiquent l'exclusion de l'autre par la mort, le refus de l'autre
qui va jusqu'au crime.
Entre le concept biblique avec les données de la Science
les mieux établies qui font de l'homme le phénomène
d'organisation et le phénomène organisant le plus
puissant de la création et ceux qui considèrent
que l'Homme est le cancer de la terre, comme feu Aurelic PECCEI,
Président fondateur du Club de Rome et tous ceux
qui le suivent à savoir nos adversaires, il n'y a pas de
conciliation possible. Les deux thèses sont inconciliables.
On ne peut passer de l'un à l'autre que par un changement
profond, une conversion par son propre chemin de Damas en la matière
(ou autrement). C'est là qu'est l'espérance dans
ce combat.
C'est
le message à transmettre et l'action à entreprendre.
Donc,
c'est un sursaut puissant que nous demandons aux hommes et aux
femmes de France et d'Europe. Il faut qu'il soit assez fort, pour
renverser la situation et redresser le cours de l'Histoire.
(1)
À la date de notre Congès, la loi n'était
pas encore votée en Belgique.
Dr
Emmanuel Tremblay
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, mars 1990
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