Olivier
Pichon : Pour traiter de la question que François
Marie ALGOUD appelle à juste titre l'incitation
à la débauche, nous allons procéder comme
lors de notre première rencontre sur les ondes de Radio-Courtoisie,
sous la forme de questions précises.
Tout d'abord, que je vous dise à la fois ce qui m'a plu
dans la personne de François-Marie ALGOUD et dans son action.
Il s'est montré capable d'aller à l'essentiel et
de proposer très vite des moyens d'action. Cela tient sans
doute à sa qualite d'ancien chef d'entreprise. C'est qu'en
effet, nous sommes ici tous d'accord sur le drame de l'avortement.
Il ne suffit pas d'en être philosophiquement convaincu et
socialement conscient. L'avortement n'est que l'aboutissement,
vous le savez, d'une réaction en chaine qui atteint toute
la société. Il en est l'image négative et
tragique.
Mais
ce drame, qui se joue au sein de nos avortoirs subventionnés,
résulte de tout un environnement. Considérez les
murs de nos villes, considérez les écrans de nos
télévisions, considérez les journaux et les
magazines de nos kiosques et plus insidieusement encore la littérature
enfantine, voire les manuels scolaires. A force de tout voir,
on finit par tout accepter, et à force de tout accepter,
on finit par tout approuver, disait Saint-Augustin. Eh bien, c'est
sous son patronage éminent, et Saint-Augustin était
l'observateur attentif d'une société décadente,
c'est sous son patronage que je voudrais vous interroger sur les
armes que l'on peut forger dans ce qu'il faut bien appeler une
guerre faite à nos enfants, nos familles et la société
toute entière.
Cette
guerre qui nous est faite rend légitime la défense
que nous voudrions vous proposer et je prends un exemple : le
minitel rose doit disparaîitre. Outre les profits scandaleux
qu'il engendre, il est l'outil préféré des
maniaques sexuels et il faut savoir qu'aujourd'hui, les services
de police traitent de plus en plus d'affaires de cette sorte.
Il ne s'agit pas uniquement de proxénétisme, mais
d'incitation des mineurs à la débauche et de la
pédophilie.
Alors, ma première question sera : que peut-on faire, dans
sa commune, contre ce raccolage publicitaire sur la voie publique,
quels sont les pouvoirs d'un maire ?
François-Marie
ALGOUD : Il est important de rappeler au départ
qu'il ne suffit pas de faire des grands discours sur la pudeur.
Ce n'est pas le sujet. Le problème est qu'il y a une immonde
saloperie. Et on peut lutter et sur le point précis que
nous abordons, les maires ont des pouvoirs de police considérables
depuis la loi de décentralisation. Or, chacun de nous peut
le faire, personnellement ou avec les associations de famille,
il est possible de demander au maire un arrêté interdisant
l'affichage, et d'autre part la distribution des journaux gratuits
dans lesquels il y a, vous le savez, des demi-pages, et parfois
4 pages d'annonces pour ces messageries télématiques
pornographiques, car c'est là le terme de la Cour d'Appel
en juillet 1989.
Les
maires ont ces pouvoirs. Nous avons commencé des campagnes
de ce genre et actuellement nous avons plus de 30 arrêtés.
Et jamais il n'y a eu d'intervention d'un préfet, puisque
vous le savez, le préfet a deux mois pour déclarer
qu'un tel arrêté outrepasse les pouvoirs du maire.
Et attention à l'affichage. Ce n'est pas seulement l'affichage
sur les grands panneaux, c'est aussi l'affichage chez les commerçants,
chez les marchands de journaux, article 249 du Code Pénal
et loi de 1949 de protection de la jeunesse.
O.P.
: D'ailleurs François-Marie ALGOUD a publié une
liste des communes qui, d'ores et déjà ont pris
des arrêtés sur ce que j'ai appelé improprement
le "Minitel rose". Je peux vous en citer quelques unes
: Antony, le Bouscat, Boulogne, Verneuil-sur-Seine, Villeneuve-sur-Seine,
Vitry-sur-Seine, Lyon, Poissy, le Plessis-Trévise.
Deuxieme
question : vous avez employé l'expression de "pornotrafiquants".
Est-ce à dire que derrière cette appelation il y
a des enjeux politico financiers ?
F.M.A.
: Il y a surtout tous ceux qui veulent gagner de l'argent à
n'importe quel prix. Car on fait de l'argent: les messageries
télématiques rapportant à peu pres un milliard
lourd aux sociétés qui s'en occupent, et six cents
millions aux télécom. Puisque vous le savez, quand
on appelle le minitel, ça rapporte un argent fou, et on
voit derrière des banques qui vous sont très connues,
ou vous avez peut-être des comptes, des journaux très
connus. Et comme le portefeuille est, en général
devant le cœur, on s'arrête au portefeuille et on ne
va pas jusqu'au cœur. Vous avez un livre intitulé
: Le sexe, la politique et la finance de Yann
Moncomble, qui donne des précisions et ce livre
précise, avec des noms, toute une entreprise ou l'on retrouve
des hommes politiques de toutes couleurs.
O.P.
: Alors, vous nous avez montré qu'il y avait en effet des
risques importants, mais que le citoyen n'est pas impuissant,
puisqu'il existe des lois. Maintenant, après le citoyen,
ce qui nous intéresse, c'est le père de famille.
Comment peut-il se défendre contre l'incitation à
la débauche, car l'intimité familiale n'est jamais
préservée. Je pense notamment à la television
qui se livre jusqu'au cœur même de la famille à
de veritables agressions. Quels sont les moyens de lutter ?
F.M.A. : Il y a un certain nombre d'associations qui
luttent contre ces saletés. Il y a en particulier R.O.C.,
dirigé en particulier par Pierre d'André,
son épouse et leur équipe si dynamique. On doit
aider cette association et y faire écho, c'est-à-dire
que quand on a vent d'une émission et qu'on sait ce qui
s'y prépare, il est parfaitement possible d'agir. Lorsque
vous avez vent d'une émission, par R.O.C. ou par
le supplément de Famille Chrétienne qui
est fait par leur équipe, il est parfaitement possible
de faire trois choses :
1°) Pendant cette émission on peut téléphoner
au directeur de la chaîine.
2°) Il faut en même temps prier, car l'action sans la
prière, ça ne va pas.
3°) Il faut le lendemain écrire et confirmer ce que
l'on a dit.
Quand
le standard croule sous les appels qui viennent de partout, et
que vos lettres viennent par derrière, il y a des émissions
qui sautent. Les lettres ne suffisent pas. Il faut agir pendant
l'émission.
Il
faut aussi s'appuyer sur des associations. Il faut appuyer à
fond ce que fait R.O.C. et faire écho quand R.O.C.
dit de réagir.
D'autre
part, dans la famille, chacun fait ce qu'il peut : former les
enfants, leur donner une formation telle qu'ils réagissent.
Mais, vous ne pouvez pas empêcher que quand les enfants
sortent, ils voient tous ces immondices, aussi si vous n'agissez
pas, en même temps, en tant que citoyen, vous ne réussirez
pas. Quand vous avez des jeunes qui pianotent le mercredi sur
le Minitel, quand vous avez les vidéo-cassettes porno dans
les grandes surfaces, on peut agir.
O.P.
: Alors, précisement, vous parliez des magazines de publicité
gratuits qui sont maintenant remplis de tous ces mauvais conseils.
Y a-t-il un moyen de lutter contre ces magazines ?
F.M.A.
: Il y a justement toutes les lois utiles et dans le document
que nous mettons à votre disposition et qui s'appelle "Vade
mecum pour lutter contre les incitations à la débauche",
on passe en revue toutes les lois. Le tout, c'est qu'on veuille
appliquer la loi. Vous pouvez demander au maire un arrêté
contre la diffusion de ces publications, tant qu'elles contiennent
ces ordures. J'ai un modèle d'arrêté à
votre disposition.
Mais, il y a des choses toutes simples : quand on en met dans
les boîtes aux lettres, je connais des enfants qui les sortent
au fur et à mesure. On nettoie des rues entières
comme ça. En outre, il y en a des tas chez les commerçants.
Comme c'est gratuit, vous pouvez prendre le tas, et ça
se fait.
Vous avez des procédés simples pour les marchands
de journaux qui ne comprennent pas que les affiches pédophiliques,
c'est interdit, la bombinette à peinture noire est efficace.
Quand la boutique est fermée et que vous avez bien sali
la glace, le boutiquier ne tarde pas à devenir intelligent.
O.P.
: Alors, on constate aujourd'hui avec la montée de la pornographie
la montée de la violence faite aux enfants et leur disparition
de plus en plus fréquente. Alors, là dessus, l'association
que vous présidez fédère toute une série
d'associations pour donner des moyens aux familles, lorsque l'enfant
a disparu ou pour prevenir ce risque.
Expliquez-nous l'essentiel de l'action que mène l'Association
pour la dignité humaine.
F.M.A.
: L'Association pour la Dignité humaine est en
quelque sorte une confédération. La présidente
est Christine BOUTIN, et je suis secrétaire
général depuis quelques mois. Il y a donc un certain
nombre d'associations adhérentes et parmi elles, il y a
le Cercle de la Cité Vivante pour la sauvegarde de
la dignité humaine qui mène le combat en affichant
son drapeau chrétien et j'en suis le président.
Le Cercle de la Cité Vivante a decidé d'aider
un couple et un troisième personnage que je ne nommerais
pas, pour des raisons de sécurité, car ils s'occupent
des problèmes de disparitions d'enfants.
Car, vous n'ignorez pas qu'il y a environ 100 000 fugues
par an. Il y a des enfants et des jeunes qu'on ne retrouve jamais,
car ils sont enlevés. Ça va très loin, car
nous avons des centaines de dossiers, allant de 4 ans à
43 ans (des femmes mariées qui se font enlever sur une
plage...), en général pour des réseaux de
prostitution.
Puisqu'un enfant se vend, en Suisse 500 000 F pour les bordels
des pays du Golfe. J'ai été témoin, à
Bahrein, d'un certain nombre de faits.
Or, il y a 5 à 6 enlèvements par jour : 162 en un
mois et je dis : « heureux les parents qui retrouvent
un cadavre », car les autres sont condamnés
à la torture morale toute leur vie.
Donc, vous avez un problème très grave. Vous avez
des enfants ou des jeunes qui pianotent, qui téléphonent,
qui ont des rendez-vous et, comme me le disait un commissaire
de police principal, ils tombent dans une nasse et c'est un enfer
(on le sait par ceux qu'on arrive à sauver) .
O.P.
: En cette matière, on tombe très souvent
dans la non-assistance à personne en danger. En effet,
les parents ignorent parfois une chose très simple qui
est que, dès que l'enfant est disparu, il faut porter plainte
contre X dans l'heure qui suit. C'est le meilleur moyen d'avoir
la certitude que l'enquête sera poursuivie. Et quelquefois,
nous avons des cas de jeunes gens ou de jeunes filles qui disparaissent
à 17 ans et quelques mois, et comme la plainte n'est deposée
qu'après la majorité, eh bien, ces jeunes qui n'existent
plus pour la police, puisqu'ils ont pratiqué l'exercice
le plus élémentaire de la liberté.
F.M.A.
: Parce qu'il y a le droit à disparaître. Justement,
ce comité est là pour conseiller les personnes qui
sont dans le désespoir, d'autre part, il est en train de
constituer avec des juristes quelques projets de loi, parce qu'il
y a là des lacunes très graves.
Mais, dans un autre domaine, on ne parle pas assez du rôle
que jouent les vidéo-cassettes pornographiques. Elles sont
totalement illégales quand on les présente dans
les magasins. Or, elles sont soutenues par 70 publications qui
elles-mêmes sont diffusées par les Nouvelles
Messageries de la Presse Parisienne. Or, vous pouvez agir
dans les magasins, nous avons écrit dans notre "Vade
mecum" tout ce qu'on peut faire.
O.P.
: J'ai envie de me faire un petit peu l'avocat du diable. On nous
oppose que l'idéologie pornographique se présente
comme celle de simples partisans de la libération des mœurs
et leur production ne sont que des divertissements ou des exécutoires.
Que repondez-vous ?
F.M.A.
: Il y a une première réponse qui est que la liberté
s'arrête à la dignité humaine. Dès
qu'on attaque la dignité humaine , il ne peut y avoir liberté
de salir son voisin, ou de le pervertir. C'est fondamental.
Et ensuite, la protection de l'enfant est capitale. S'attaquer
aux jeunes, c'est immonde. Quand on sait ce qui se fait lors de
réunions fermées, quand on sait ce qui se fait sur
des enfants de 4 ans, ou de 18 mois, on ne peut pas parler de
liberté.
O.P.
: D'autant que vous aviez signalé une chose qui est assez
caractéristique de notre époque, à savoir
que, non seulement ces productions ne sont pas neutres, mais elles
pratiquent un proselytisme, un véritable impérialisme.
Il revient contre la loi de ne pas accepter ces pratiques, comme
c'est le fait déjà pour l'avortement.
F.M.A.
: Ce qui est anormal, on voudrait maintenant nous le montrer comme
normal. Ceux qui ne sont pas pédérastes ou lesbiennes,
ils sont anormaux et M. BILLALIAN a déclaré à
la télévision que l'homosexualité apportait
un plus. On ne va pas nous imposer ces idees, en nous disant « vous
devez être comme nous ».
On nous dit aussi : « vous menez un combat d'arrière
garde ! ». Je réponds les ringards, c'est tous
ceux qui sont dans la pourriture d'il y a 2 000 ans. Nous,
nous sommes les gens de l'avenir, parce que nous sommes les gens
de la vie.
O.P.
: Vous le savez, la loi punit quiconque maltraite un groupe ethnique.
Dans certains pays, la loi interdit toute discrimination à
l'égard des homosexuels. Comment alors tolérer qu'on
injurie publiquement et quotidiennement les femmes, qu'on réduise
en esclavage les enfants, et que l'on traite l'enfant comme du
matériau humain ?
F.M.A.
: C'est justement là que nous devons nous battre. Cette
lutte contre les traficants et contre les incitations à
la débauche, n'est pas une affaire ringarde, c'est une
affaire vitale : on défend les familles et les jeunes.
Il faut que chacun soit concerné. Si l'on compte seulement
sur un président ou un secrétaire généraI
d'association pour tout faire, c'est insuffisant. Chacun peut
écrire, chacun peut se mobiliser. Qu'on nous demande conseil,
c'est bien. Nous avons des tracts, des vade mecums, mais
que chacun agisse.
O.P.
: Alors, j'aimerais que nous concluions en rappelant que tout
se tient, car derrière les artisans de mort, il y a des
structures idéologiques et politiques.
F.M.A.
: Il est capital de voir que la lutte contre l'avortement, la
lutte dontre l'euthanasie et la lutte contre l'incitation à
la débauche, c'est un tout. D'autant que ce sont les mêmes
personnages qui incitent au suicide.
Il est caractéristique que le Sénateur CAILLAVET
soit le président de l'Association pour le droit à
mourir dans la dignité, soit aussi celui qui a déposé
la loi sur le divorce par consentement mutuel.
Ce
sont ces mêmes personnages qui ont lutté pour soutenir
le livre Suicide mode d'emploi. Ce livre a permis à
de nombreux jeunes qui étaient dans des situations difficiles
de savoir comment s'y prendre. Ce livre a été vendu,
il a même été vendu à la Procure.
Je le dis parce que j'ai le courrier ici. Et M. BONNAL,
Président de l'Association de défense contre
l'incitation au suicide a eu un fils qui s'est suicidé
avec le livre. Le personnage qui a realisé ce livre a été
condamne : 3 mois de prison avec sursis pour 17 cas patents.
Qu'est ce qui est arrivé ? Il y a une loi contre l'incitation
au suicide. On a réussi à la faire passer. M. BONNAL
a lutté pour cela. Mais, depuis, cet auteur a ressorti
son livre ; il est rediffusé, et l'éditeur Alain
MOREAU a été pris comme collaborateur par
Edith CRESSON pour l'aider dans sa promotion
générale – en faveur de la santé humaine
– c'est évident !
Mais surtout, je vous en supplie, ne pensez pas que vous n'êtes
pas concernés. Ce n'est pas parce qu'il existe une association
que tout va bien.
Nous ne sommes rien si nous n'agissons pas ici. Car, comme disait
Jeanne d'Arc : « il faut que les
hommes d'armes se battent et Dieu donnera la victoire ».
François-Marie
Algoud et Olivier Pichon
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, 3 mars 1991 |