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HISTORIQUE DE LAISSEZ-LES-VIVRE – SOS FUTURES MÈRES



IMPRIMERXIIIe Congrès : VIE - FAMILLE - ACTION
La dynamique des associations américaines
pour la vie

INTRODUCTION

En tant que Présidente de l'Association la Trêve de Dieu, quelle qualité ai-je pour parler des associations américaines pour la vie ?


Les activités de l'Association la Trêve de Dieu ont mis ses responsables en relation privilégiée avec quelques unes de ces associations américaines, pour une collaboration où nous avons été les seuls ou les premiers.

Quelques exemples :
En mai 1988, avec Thierry LEFEVRE, Secrétaire Général de la Trêve de Dieu, et que son, engagement contre la pilule abortive a fait surnommer "monsieur RU 486", nous avons monté le
dossier du boycott des produits Roussel-Uclaf et Hoechst pour les États-Unis ; nous étions persuadés que la sanction contre le fabricant et distributeur du poison anti-enfants ne pourrait venir que de pressions économiques relayées par le puissant National Right to Life Committee qui avait fait ses preuves dans d'autres campagnes de boycott ; par la suite, nous avons continué notre front commun par des échanges techniques et par l'envoi de nos spécialistes en consultation là-bas, par exemple Bernard KERDELHUE, rapporteur du document scientifique de la Commission Internationale d'Enquête sur le RU 486 qui comme vous le savez, est une initiative de la Trêve de Dieu.

En août 1989 nous avons organisé la visite en France de plusieurs leaders des Opérations Rescue aux États-Unis; il s'agit des organisations qui empêchent directement et physiquement les avortements, ce à quoi nous avons donné le label français d'Opération-Sauvetage ; nous avons propagé leur message autant auprès des autres associations françaises pour la vie que par voie de presse.

Vous noterez donc que notre connaissance des milieux pour la vie américains n'est pas de nature théorique, et encore moins livresque ; c'est un véritable partenariat qui nous a mis en mesure d'analyser leur pouvoir et les modalités de leur réussite.

Le meurtre légalisé des enfants avant la naissance est un phénomène mondial ; la riposte doit être planétaire. La barbarie totalitaire contemporaine a pour vecteur une idéologie liée à la
ciIvilisation du plaisir et du pouvoir absolu de la science, et non plus la personnalité d'un tyran. Aucune organisation pour la vie crédible ne peut se prétendre strictement nationale et la solidarité internationale ne peut se limiter à des échanges philosophiques ou religieux. En ce qui concerne la Trêve de Dieu, je donnerai un exemple : elle a envoyé des participants à des Congrès, mais pour déboucher sur des réalisations concrètes : ainsi c'est au Congrès mondial des Médecins Respectant la Vie Humaine de décembre 1989 à Rome que ses représentants Pierre NEMO et le Dr Florence ALLARD ont porté un coup d'arrêt à l'introduction du RU 486 en Italie ; après que
BAULIEU, quelques jours auparavant, ait parlé à la télévision Italienne pour appuyer la demande du produit par le Secrétaire d'Etat Italien à la Santé, ils ont présenté les rapports d'expertise du Ministère de la Santé français à propos des effets tératogènes du RU 486, et ceci, relayé par toute la presse Italienne, a suffi pour empêcher son exportation.

LE GÉNIE AMÉRICAIN

Lorsque nous affirmons que l'ensemble des activités des associations pour la vie américaines est exemplaire et spectaculaire, il ne s'agit pas d'un pro-américanisme primaire : il s'agit d'analyser ce qui, dans les valeurs caractéristiques du génie américain, a été utilisé par ces associations comme des armes sur le chemin d'une victoire, quand pour nous, avant que nous décidions de commencer à les imiter, la situation paraissait bloquée.

1) LA LIBERTÉ

Au nom de la liberté, certes dévoyée, le fameux arrêt de la Cour Suprême de 1973, Roe contre Wade, autorisait les États à légiférer sans limites restrictives sur le terme des grossesses. Peut-on se féliciter qu'en France les contraintes réglementaires imposent des limites dans le temps et dans le nombre ? C'est en tout cas l'esprit qu'a prétendu donner le législateur par la limite légale de 10 semaines et par le contrôle administratif pour éviter un moyen de profits et un système de commercialisation.

C'est oublier que la "loi" de 1975 réglemente également les IMG (Interruptions Médicales de Grossesse) ou ITG (Interruption thérapeutique de Grossesse), soit les avortements au-delà du délai de dix semaines lorsque la vie de la mère serait en danger ou lorsque l'enfant serait atteint de malformations congénitales, à condition que ce soit sous le contrôle de deux médecins désignés par le Conseil de l'Ordre.

C'est pourquoi ce qui se passe en France n'est pas différent des États-Unis. C'est seulement camouflé. Ce sont des médecins du Conseil de l'Ordre qui m'ont donné les précisions suivantes :
En France comme aux États-Unis on incite les femmes qui veulent avoir recours à un avortement tardif à le repousser au maximum en vue du prelèvement d'organes frais. Les cellules fœtales cérébrales que le Comité National d'Éthique autorise à greffer peuvent-elles réellement être trouvées dans la bouillie humaine qu'on obtient après une aspiration ? Certainement pas. Le raisonnement du Professeur NATHANSON est le suivant : les transplantations d'organes aux États-Unis (1 400 cœurs, 800 reins, 30 000 cornées, 900 foies... par an pour un coût d'environ 1 milliard de dollars) vont être supplantées par la technologie du tissu fœtal. Étant donné la demande potentielle (1 million de parkinsonniens, 2 à 3 millions d'Alzenheimer, 6 millions de diabétiques etc.) pour 120 000 avortements de milieu de grossesse, on ne pourra éviter le trafic international, l'encouragement pour les femmes à mener des grossesses le plus longtemps et le plus fréquemment possible en vue d'avortements, le manque de soins aux grands prématurés, etc. Et la France, qui fut pourtant le théâtre de scandales de trafics de foetus vite étouffés, serait exclue de ce scénario ?

Certainement pas.

Au contraire, les avortements thérapeutiques y sont des infanticides avec provocation d'accouchement sous prostaglandines ou par césarienne, et les révoltes d'infirmières n'ont pas eu de publicité faute d'organisations capables de les soutenir.
Les autorités françaises relayées vertueusement par la presse assurent que les chiffres d'avortements sont en régression ; et c'est notre faute si nous n'avons pas su comme les associations américaines prendre des photos des enfants massacrés, éventrés ou démembrés, déposer des plaintes suivies de poursuites ; ils ont percé le mur de la honte, alors que tant de
médecins français du Conseil de l'Ordre ont connaissance de dossiers qui leur font horreur ; leurs beaux principes se réduisent alors à l'éthique du secret médical. Alors qu'il y aurait mille manières de faire connaître ces scandales sans perdre son travail ; et même, l'objection de conscience ne consiste-t-elle pas justement à perdre son travail s'il le faut, pour sauvegarder l'honneur?

2) LE PROFESSIONNALISME

L'efficacité des mouvements pour la vie américains s'explique certainement par l'application à ce domaine de l'esprit d'entreprise et du professionnalisme qui est le facteur de réussite des États-Unis, en général. Certains hommes ont construit des outils de riposte à la complexité du phénomène de l'avortement organisé, de la même manière qu'ils auraient construit leur entreprise, une compagnie de transport, que sais-je ? Cela commence par la disponibilité : mettre tout son temps, toute son intelligence au service de la lutte contre l'avortement. Reprenons encore cet exemple : des documents montrent et prouvent ce qu'est le massacre des bébés ; des hommes ont là-bas assez de sang-froid et de motivation pour visiter les cliniques d'avortement, prendre des photos et filmer en video. Ces pièces à conviction sont essentielles, même si elles ne passent pas plus dans les grands médias américains que dans les français : ils sont des preuves historiques et des instruments de propagande. Sans les Américains, nous n'aurions rien.


En France, il est banal de constater le faible taux de syndicalisation ou la chute de l'engagement militant. Dans nos mouvements pour la vie, dont on préfèrera taire les vrais chiffres actualisés d'adhérents réels, on s'estime avant tout dédouané lorsqu'on verse sa maigre cotisation. Certes, les conditions d'imposition favorisent l'effort financier des Américains, mais c'est surtout qu'ils savent mener des campagnes de financement et implanter des structures administratives décentralisées. Nos réalisations dans le domaine de la promotion sociale de l'accueil à la vie sont dérisoires. Telle œuvre à caractère national en est à créer un foyer maternel et explique que les capacités réduites de celui-ci correspondent à la rotation possible. Je ne nie pas la générosité de certains individus et qu'un don de 1 000F représente pour un particulier un sacrifice financier. Mais je connais les chiffres des budgets des associations locales et les subventions qu'elles reçoivent. Sans se référer forcément aux Américains, on pourrait Imaginer une œuvre sociale qui gérerait d'importants fonds destinés à la protection et à la défense de la vie humaine, les Instituts religieux et les oeuvres caritatives y parviennent bien, chacun dans sa spécialité. Tout aux États-Unis est fait sur une échelle supérieure : que ce soit la mise en place de groupes de pression politiques ou celle de centres d'accueil, un ou plusieurs correspondant à un lieu de dissuasion sur le terrain, tandis qu'ils fonctionnent en relation avec des fondations de recherche, par exemple celle sur le P.A.S. 1 du Professeur MORE en Californie, travaillant sur l'expérience clinique.

Résultat pratique, les femmes américaines sont dissuadées à un pourcentage très élevé, ou au moins contactées avant leur avortement à 50 % ; les femmes françaises ne sont pourtant pas plus endurcies.

3) LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE

Mais l'organisation des mouvements pour la vie et leur capacité de mobilisation, de leur propre aveu, ne pouvaient suffire à propulser le débat sur l'avortement à l'avant-scène de l'actualité, et donc à accélérer le processus de retour sur les législations criminelles. La descente dans la rue de dizaines de milliers de personnes est une chose étonnante pour nous autres Français,
lorsqu'il ne s'agit pas de manifestations de masses, ni de marches silencieuses, ni de protestations, ni d'actes symboliques dénonçant un phénomène général, mais d'une opposition déterminée et effective aux meurtres d'enfants qu'on est décidé à empêcher en tant que meurtres. il s'agit des Opérations Rescue que j'ai évoquées en introduction. Elfes font reférence à la non-violence comme méthode de lutte politique basée sur une spiritualité, Celle-ci est diffusée aussi bien par les catholiques soutenus par Human Life International du bénédictin Paul MARX, (qui, d'organisation américaine très puissante, est devenue aussi un mouvement mondial avec son siège au Vatican) ; que par la branche évangélique ou baptiste de Rescue avec Randall TERRY.

La tradition de la désobéissance civile date des temps abolitionnistes, avec des théoriciens comme Henry David THOREAU. Elle est si vivante dans la mentalité collective américaine, jusqu'à l'opposition à la guerre du Viet-Nam, que les adversaires de la vie eux-mêmes invoquent. Ainsi, Molly YARD, de l'ultra féministre National Organisation of Women, a déclaré en 1989 : « il n'y a pas assez de prisons en Amérique pour enfermer les femmes prêtes à défier une loi qui leur enlèverait le droit a l'avortement ».

Mais pour l'instant, ce sont les partisans de la vie qui sont en prison. Dans les premiers mois de 1989, il y eut plus de 50 000 arrestations pour les Opérations Sauvetage (pour 12 601 en 1988 et 900 en 1987). Ils subissent de durs temps de prison (condamnation de 2 ans pour Randall TERRY, de 5 ans pour Joan ANDREWS), des pertes d'emploi, des brutalités policières, des amendes effroyables (50 000 dollars réclamés à Opération Rescue pour l'ensemble de ses actions de mai 1988).


Ils se réclament de l'éthique de Martin Luther KING, pour des raisons de popularité. Mais aussi de la révolution philippinne qui porta pacifiquement au pouvoir Cory AQUINO, de SOLIDARNÖSK Polonais, et aussi de l'encyclique Solicitudo Rei Socialis de JEAN-PAUL II. En effet, le concept de péché social, qui culmine avec la mise en place de structures socio-
économiques d'oppression, s'applique exactement à l'accumulation de péchés individuels et de complicité dans le cas de l'avortement. La culpabilité politique est partagée par tous les citoyens d'un pays. La culpabilité morale leur incombe à des degrés divers dans la mesure ou ils ne révisent pas leur participation à des rouages directs de l'avortement ou au fonctionnement du système.

La non-violence, en résumé, veut rompre avec le cycle infernal de la violence qui engendre la violence, particulièrement dans le cas de l'enfant, éxécuté sans contre-partie, c'est-à-dire sans que les causes de l'injustice qui ont abouti à cette mise à mort en soient modifiées. Le non-violent n'est pas un simple spectateur ; Il est un acteur décidé à détourner sur lui volontairement une part de la violence, et par là-même, à changer le cours habituel du processus. En prenant des risques et en souffrant, il amorce un au-delà de son engagement personnel : c'est le principe du pouvoir du martyre. La solidarité commence par la présence côte à côte avec les victimes et par la participation à leur sort.

RETOUR VERS LA CIVILISATION

1) LE DÉTONATEUR SAUVETAGE

Pour le monde entier se dessine une immense espérance : la grande Dresse. de tous les pays relate avec passion ce qu'on peut reg'arder comme une accumulation de batailles sans trêves
à l'issue toujours incertaine depuis plus de trois ans, dont le point culminant fut la décision WEBSTER de la Cour Suprême revenant depuis la première fois depuis 16 ans sur l'arrêt ROE contre WADE de 1973 ; et pourtant elle n'a pas calmé les tensions, bien que ce soit une consolidation des positions des partisans de la vie et un tremplin pour de nouvelles victoires. Il est difficile de mesurer la part des Opérations Sauvetage dans ce qu'on ne peut qualifier comme un retournement de l'opinion américaine en faveur de la vie ; d'une manière imagée, on peut voir dans les Opérations Sauvetage le détonateur de ce que Libération titre comme « la nouvelle guerre de Sécession » et les journaux américains comme « la nouvelle guerre civile ».

Les Opérations Sauvetage, commencées dès 1976, sous une forme sauvage, et d'inspiration catholique, autour du thème de la résistance aux lois injustes, sont pendant des années restées
impopulaires. Puis elles ont pris une ample dimension en 1988 grâce au charisme et au génie organisateur d'un prédicateur évangélique, Randall TERRY. Le recrutement des Sauveteurs a bel et bien été préparé par un travail préalable d'information et de sensibilisation. Il existe des brochures à l'usage spécialisé de tous les publics, même pour les hommes et pour les grands-parents, sans compter d'innombrables vidéos. Mais la version des Sauveteurs est qu'ils ont été poussés à s'impliquer physiquement et à sacrifier leur réputation, leurs biens, leur avenir professionnel, parce que des années d'éducation du public, d'activité militante classique, comme tracts, entretiens, etc., et même de prière n'ont pas abouti. Au contraire, les choses se sont détériorées par la fécondation in vitro, l'expérimentation sur les embryons, la technologie fœtale. Il ont donc "radicalisé", autrement dit transformé un débat en bataille, avec la conviction que la politique changera quand les citoyens auront apporté la tension suffisante dans la nation. Ils ont replacé l'avortement à sa véritable dimension, non pas une question de société parmi d'autres, mais la question centrale pour l'avenir d'une civilisation à travers lui condamnée, et pour l'avenir de la dignité de l'homme.

2) LE LOBBYING POLITIQUE

Un certain nombre d'éléments sont à considérer en écho aux agissements des Sauveteurs, soit comme un encouragement, soit comme une conséquence.

Dès janvier 1984 le président REAGAN décrétait une journée pour la vie. Il ne manqua jamais de soutenir les "marches pour la vie" sur la Maison Blanche avec des déclarations sans ambiguYté ; comme son successeur Georges BUSH, par exemple en janvier 1988, avril 1989... qui dit que « l'avortement est une tragédie americaine ». Outre que le président des ÉtatsUnis ne peut agir sur les législations que de manière indirecte (l'une d'entre elles est la nomination de nouveaux juges à la Cour Suprême... si l'occasion s'en présente), il ne faut pas être naïf et croire qu'il s'agit pour lui d'une préoccupation politique majeure. À part le fait qu'il doit son mandat à sa position "pro-life" qui lui fit distancer son rival de 18 point au tout dernier moment, il arrive qu'elle l'embarrasse dans ses relations avec les membres du Secrétariat d'État.

La stratégie majeure du "Iobbying" politique des associations est d'obliger, dans toute compétition électorale, les candidats à se prononcer sur ce thème, en fonction duquel un grand nombre d'électeurs se déterminent comme unique critère de choix. C'est le "single vote". Le Planning Familial le reconnait à propos de la constitution du Congrès du Missouri, à 90 % "pro-life" pour des raisons électorales ! Mais les observateurs expliquent qu'on n'ait pas abouti plus tôt à un retour sur l'arrêt R.v.W.2, malgré la répugnance de 60 % de l'électorat américain pour l'avortement sur demande, à cause des dissensions entre les mouvements "pro-life". Ce sont essentiellement National Right to Life Committee, American Life League et Ad Hoc Committee, qui ne réussirent pas à s'entendre pour soutenir des contestations émanant du Congrès (échec du HATCH amendment et du HELMS bill).

3) LA COUR SUPRÊME

C'est à la Cour Suprême des États-Unis que s'est jouée la partie décisive. Depuis juin 1986, l'État du Missouri avait légiféré dans le sens de l'arrêt des avortements dans les hôpitaux publics au nom du droit des États à disposer de leurs deniers, acte de portée symbolique, puisque la majorité des avortements se font dans des cliniques privées. Le ministre de la Justice du Missouri, WEBSTER, se pourvoyait en constitutionnalité, après le rejet de cette loi par la justice fédérale en première instance et en appel. L'arrêt WEBSTER de la Cour Suprême du 3 juillet 1989 autorise les États à un certain nombre de limitations de l'avortement. C'est surtout leur donner toute latitude pour adopter des lois très restrictives (ce que 23 États étaient immédiatement prêts à faire), de façon à ce que les enchères montent à nouveau à la Cour Suprême, puisqu'elles viendraient à être contestées. C'est le cas d'une loi de la Louisiane du 8 juillet 1990 à laquelle le gouverneur a donné son veto et qui sera de nouveau discutée à la session de printemps 1991. La décision WEBSTER, en raison de son caractère symbolique après 16 ans d'une situation juridique bloquée, fut surtout précédée de nombreux affrontements, à travers manifestations successives des deux parties et prises de positions dans la presse.

4) L'ÉGLISE

Un facteur essentiel dans l'expansion explosive du mouvement Sauvetage fut l'attitude des différentes Églises. Des personnalités religieuses, et même des rabbins, qu'on voit sur des photos pendant des Sauvetages côte à côte avec un prêtre ou une religieuse, ont donné l'exemple en s'engageant dans les rangs des sauveteurs. Aussi les fidèles, sans forcément s'engager à leur tour, ont été profondément sensibilisés, au moins à la vérité sur l'avortement. Les sauveteurs, en plus, jouissent des supports logistique et financier des différentes Églises, et même de certaines universités confessionnelles. Phénomène en grande partie valable pour les églises protestantes, dont beaucoup sont devenues extrêmement libérales, l'Église catholique, tres affaiblie, démotivée et gauchie, n'est pas unanime. Six évêques, dont NNSS OTTENWELLER, DUDLEY, VAUGHAN, ont fait du Sauvetage et même de la prison ; d'autres comme le Cardinal O'CONNOR, Mgr LAW, affirment fermement le message pontifical sur le respect de la vie

et dégagent de très importants crédits pour la lutte contre l'avortement (5 millions de dollars pour le diocèse de New-York). Par contre, la doctrine de la "tunique sans couture" a été mise au point par le Cardinal BERNARDIN de Chicago: il n'est pas possible pour un catholique de se déterminer sur ce seul critère de l'avortement dans les consultations électorales, mais sur un ensemble de questions sociales que le candidat devra avoir adoptées simultanément: peine de mort, libertés civiles, respect de l'environnement, pacifisme, minorités ethniques, etc.

Cela signifie que le mouvement Sauvetage représente une dynamique pour l'Église catholique américaine. Il semblerait que se vérifie la parole de l'apôtre: là ou le mal a abondé, la grâce a surabondé.

5) LES SONDAGES D'OPINION

Dans ce contexte, les sondages d'opinion apparaissent comme un élément mineur et difficilement interprétable au regard de la passion des deux camps, "pro life" contre "pro choice". 41 % des Américains seraient opposés à l'avortement, mais en fonction de la précision des questions, ou on évalue des paramètres comme le viol, l'inceste, les grossesses des mineures, les risques pour la santé de la mère, les chiffres ne concordent plus. Seulement 20 % des Américains seraient aujourd'hui en faveur de la liberté totale d'avorter; mais aussi seulement 20 % contre l'avortement dans tous les cas absolument. Aussi, face à cette indécision de l'opinion, jamais qualifiée d'ailleurs pour en avoir une, et qui se laissera toujours entrainer par faiblesse si on lui laisse une liberté fallacieuse, la décision appartient au plus fort et au plus habile des deux groupes bien formés, l'un à la vérité, l'autre à la subversion. C'est pourquoi, Opération Sauvetage n'a pas tort de brandir dans une de ses devises : « si nous ne pouvons rendre l'avortement illégal, nous le rendrons impossible ».

Seul, logiquement, le fait que l'avortement ne soit pas possible, conduira à trouver une autre solution pour régler le problème qui l'avait motivé.

CONCLUSION

Certains attribuent l'efficacité d'Operation Rescue à une orchestration médiatique. Pour moi c'est cet aspect, qui ne s'oppose pas à la sincerité et à la fermeté de sa doctrine, qui a été décisif pour que je fasse à mon tour du Sauvetage. Les grandes figures, les grands caractères crèvent l'écran : dans cette affaire d'avortement, c'est le courage de quelques hommes qui a été décisif pour en conduire des milliers d'autres à faire pencher la situation. Une année d'Opérations Sauvetage en France a suffi pour déclencher une couverture de presse sans précédent en France sur les adversaires de l'avortement. Par le Sauvetage, nous avons reconquis le droit à la parole. Aucune conférence de presse, aucun Congrès n'amène les journalistes comme les occupations des blocs opératoires. Sortons de nos peurs, sortons de notre frilosité, de notre confort. Il est temps qu'un sursaut contre les lois injustes sonne le réveil des chrétiens pour la rechristianisation de l'Europe et la reconquête de notre civilisation.. Et c'est d'ailleurs ce que certains des membres les plus qualifiés du comité de parrainage de notre Congrès ont déclaré à des responsables d'Opération Sauvetage en France.

1. Post Abortion Syndrome, le syndrome post-abortif
2. Roe versus Wade, Roe contra Wade 1973

Claire Fontana

© Laissez-les-Vivre – SOS Futures Mères, 3 mars 1991

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