Mesdames,
Messieurs,
Je
vous remercie de m'inviter à ce Congrès de Vie,
Famille et Action.
J'aime
bien ce titre parce que le mot-cIé de mon organisation
est ACTION. La Pro-Life Action League a été
créé pour sauver directement la vie des enfants
à naître. Nous croyons que la meilleure méthode
de sauver une vie est d'être là où les avortements
sont pratiqués et d'offrir des alternatives aux mères.
A
Chicago, nous avons développé une méthode
: "La Méthode Chicago." Il est souvent difficile
d'intercepter une femme qui va dans une clinique et de la convaincre
de nous parler. Elle ne pense pas beaucoup à son enfant
à ce moment-là. Elle pense qu'elle a un problème
et en éliminant le bébé, elle élimine
le problème. Probablement, tous ses amis l'ont poussé
à avorter. Peut-être même, le père de
l'enfant désire-t-il aussi qu'elle avorte. Peut-être
est-elle jeune et elle ne veut pas dire à ses parents qu'elle
est enceinte. Elle veut tout simplement se debarrasser de son
probleme.
Nous avons découvert qu'une femme ne s'intéresse
pas à son enfant à ce moment, mais qu'elle se préoccupe
d'elle-même uniquement. La "Méthode Chicago"
tire avantage de cette situation. Pour chaque clinique nous faisons
des recherches et nous decouvrons que des procès sont intentés
contre cette clinique et contre les médecins qui y travaillent.
Nous disons alors aux mères qui veulent aller dans cette
clinique que des femmes y ont été victimes de complications
post-abortif. Aux États-Unis, les rapports officiels des
tribunaux sont libres d'accès au public. J'imagine que
c'est vrai en France aussi. On peut demander au greffier du tribunal
des renseignements sur les procès contre ces cliniques.
Ensuite, nous redigeons un petit résumé de chaque
procès.
Il
existe aussi une organisation qui aide les femmes qui ont avorté
et qui veulent poursuivre en justice un médecin ou une
clinique. Quand nous allons à l'entrée des centres
d'avortement, nous donnons aux femmes le résumé
des procès et le numéro de téléphone
de cette organisation ou elles peuvent appeler s'il y a une complication
après l'avortement. Nous espérons que ces deux renseigements
feront réfleéchir la femme et l'arrêteront
dans sa démarche.
La
Pro-Life Action League forme des conseillers qui peuvent
se rendre dans les cliniques et parler aux femmes. Nous les appelons
des conseillers-trottoirs. Je comprends qu'en francais il y a
une autre signification à cette expression. Mais, si je
parle des "conseillers-trottoir", je veux dire les volontaires
qui vont à l'entrée d'une clinique pour offrir l'aide
aux femmes. L'année dernière nous avons organisé
un séminaire d'enseignement de notre méthode et
nous sommes en train d'en monter un vidéo. Notre but est
d'avoir au moins deux conseillers par clinique durant les heures
d'ouverture.
Quand
une femme s'approche de la clinique, nous lui disons, « Excusez-moi,
Madame. Allez-vous dans cette clinique ? Vous devez savoir
que beaucoup de femmes ont été victimes de complications
post-abortives ici. Il y a beaucoup de procès contre cette
clinique et contre les médecins qui y travaillent. »
Nous ne lui parlons pas à ce moment de l'enfant.
En
même temps, nous lui donnons notre documentation : le résumé
des procès contre la clinique, une brochure sur le développement
fœtal, le nom et le numéro de telephone d'un centre
d'aide aux femmes enceintes en détresse et des informations
sur les droits des patients à être informés
sur les procédures médicales. La plupart du temps,
les femmes ne nous parleront pas, mais si une femme s'arrête
quelques instants, nous avons l'occasion de sauver l'enfant et
la mère.
Généralement
notre approche n'implique pas l'arrestation. Mais quelquefois
un employé de la clinique ou un ami d'une de ces femmes
appelle la police. C'est pourquoi nous recommendons de ne jamais
être seul. Il y aura toujours au moins deux personnes.
Outre
notre démarche à l'entrée de la clinique
nous organisons une grande manifestation devant la clinique une
ou deux fois par an. Cette action est menée pour informer
les commercants du quartier et les habitants qu'ils ont un avorteur
dans leur quartier.
Nous organisons aussi des manifestations devant la maison du medecin.
De
temps en temps, à la place d'une manifestation, nous distribuons
simplement des renseignements au sujet de l'avortement et de l'avorteur
dans tout le quartier et notament le resumé des procès
contre le médeciln. Dans beaucoup de villes ,il y a des
lois interdisant les manifestations devant une maison d'habitation.
Cependant La Cour Suprême a déclaré que l'on
peut manifester dans une rue d'un quartier mais pas en face d'une
maison determinée. C'est mieux, parce que nous pouvons
marcher dans tout le quartier avec des placards et le nom de l'avorteur
sur une grande affiche. Tous ses voisins nous voient et l'avorteur
est embarrassé.
Aussi
de temps en temps, nous organisons un Rescue. Cela nécessite
beaucoup de soin. Il y a des réunions pour choisir la clinique,
pour donner les instructions et le plus important – pour
prier. Nous essayons d'être plus de cent personnes pour
un Rescue, parce que le but est de faire fermer la clinique
et plus on est nombreux pour bloquer l'entrée, plus il
faut de temps aux policiers pour nous éloigner.
Le
Rescue n'est pas l'activité principale de Pro-Life
Action League, alors je préfère recentrer mon
discours sur les conseillers places à l'entrée de
la clinique. Nous avons constaté que nous pouvons sauver
jusqu'à huit à dix bébés par matinée
et par clinique. Un samedi matin, nous en avons même sauve
vingt-sept ! Nous demandons à tous ceux qui sont contre
l'avortement de consacrer deux heures par mois à cette
activité. Certaines personnes pensent qu'elles ne sont
pas capables de parler aux femmes. Mais, ce n'est pas difficile,
si on étudie le développement de l'enfant à
naître, et aussi les complications qui peuvent suivre un
avortement ; et si on demande au Saint Esprit de vous donner les
mots. Il est très important aussi de donner des renseignements
sur les centres ou la femme peut etre aidée. Nous avons
toujours les cartes de visite avec noms, addresses et numéros
de téléphone des centres où elle peut demander
de l'aide. Souvent il faut se rendre avec la femme dans un centre
d'aide des femmes enceintes. Là-bas des conseillers peuvent
lui trouver un medecin, où lui donner des vêtements
de maternité si elle en a besoin. Ils peuvent lui trouver
un logement et peut-être un emploi. Mais la chose la plus
importante est qu'elle sente que quelqu'un l'écoute et
lui apporte l'appui dont elle a besoin pendant cette période
difficile. La plupart des femmes qui vont dans ces centres décident
de garder leur enfant. Une fois qu'une femme sait que quelqu'un
se soucie d'elle et de son enfant, elle peut se consacrer à
résoudre ses problèmes. La plupart des femmes sont
capables de résoudre leurs problèmes seules. Le
bébé n'est pas le problème principal. Si
nous aidons une femme à se respecter elle-même, elle
peut aussi respecter son bébé. Donc si nous sommes
à l'entrée des cliniques et si nous pouvons diriger
les femmes vers nos centres, il est possible
de sauver des centaines et des centaines d'enfants.
Deux
heures par mois – ce n'est pas trop de demander. Si chacun
de nous passe deux heures par mois devant une clinique ou un hôpital
ou des avortements sont pratiqués nous pouvons accomplir
un grand travail. Nous pouvons donner la chance de naitre à
des centaines d'enfants. Et notre recompense ? Le bonheur
de sauver une vie humaine.
Notre
présence dans la rue nous permet de faire connaître
la réalite de l'avortement. Enseigner est aussi un de nos
objectifs. Car plus les gens conaissent cette réalité
là, plus ils voteront intelligement. Il est très
important de voter pour des hommes politiques responsables qui
ont conscience de la valeur de la vie humaine, et qui ont le courage
de la protéger.
Dans
le mouvement pro-vie aux Ótats Unis, comme en France,nous
attaquons l'avortement sur divers fronts. Nous introduisons de
nouvelles lois au Congrès Fédéral et dans
les assemblées de chaque État. D'habitude, aussitôt
qu'une loi est votée et signée par le gouverneur,
elle est attaquée en justice par le Planning Familial
et l'union des Libertés Civiles Americaines, une
organisation en faveur de l'avortement. Ensuite, il y a une longue
procédure dans les différentes cours, se terminant
souvent devant la Cour Suprême.
Je
voudrais décrire brièvement les lois les plus récentes
dans certains États aux Étas-Unis. La legislation
pour le respect de la vie a été introduite dans
trente-sept États cette année. Les cas où
l'avortement est autorisé sont alors de plus en plus limités.
Par exemple, trente-trois États ont des lois qui exigent
qu'une femme de moins de 18 ans doit informer ses parents avant
avorter. Mais plusieurs États, comme le Nevada et le Maryland
ont voté une loi appellée "Liberté de
Choix" empêchant à l' avenir toute restriction
de l'avortement. Le gouverneur du Maryland, par exemple, a signé
une loi qui prevoit : premièrement que la femme est la
seule à pouvoir décider d'avorter ou non, et qui
deuxièmement empêche de promulguer de nouvelles lois
contre l'avortement. Une loi similaire a été proposée
devant le congrès fédéral. Il serait impossible
alors de protéger l'enfant à naître. Nous
verrons ce que la Cour Suprême décidera quand la
loi du Maryland sera examinée.
Aux
Étas-Unis nous avons les yeux rives sur l'Utah et le Sud
Dakota. L'utah a été le premier État à
adopter une loi restrictive cette année. Cette loi interdit
l'avortement sauf en cas de viol, d'inceste, ou si le fœtus
à des imperfections physiques ou psychologiques qui sont
incompatibles avec la vie. Malheureusement, la loi autorise l'avortement
si la femme court la possibilité de risques graves. Mais
le langage est vague quant à la signification de
"risque grave."
Au
Sud Dakota une loi restrictive a aussi été votée,
avec les mêmes exceptions que dans l'Utah, mais à
la place de risques graves, il est specifié que la femme
peut avorter dans le cas où la vie de la mère est
en danger. Le gouverneur a dit qu'il la signerait.
Dans
le mouvement pro-vie, certaines personnes sont contre ces lois
et réclament des lois qui interdisent l'avortement sans
exception. Mais la plupart des législateurs pensent que
ce n'est pas possible pour le moment et qu'il faut commencer par
voter des lois qui défient la decision de Roe contre Wade
qui a permis l'avortement sur demande aux États-Unis.
La
loi de l'Utah a été signeée par le gouverneur
et doit prendre effet fin avril. Mais l'union des Libertes
Civiles Americaines et le Planning Familial ont
promis de s'y opposer. Cela se terminera devant la Cour Suprême.
Les
lois restritives de l'année dernière de l'État
de Pennsylvanie et du terrritoire de Guam passeront probablement
devant la cours Suprême cet automne.
Nous
ne savons pas quelle sera la décision du nouveau juge de
la cour suprême, David Souter. Mais à
vrai dire la Cour est plus conservatrice et nous avons des raison
de croire que beaucoup de restrictions seront accordées
quand
elle aura entendu les arguments.
Depuis
dix-huit ans l'avortement est légal aux États-Unis
et depuis dix-huit ans nous essayons de promulguer des lois restrictives.
La procédure est longue et parfois frustrante, mais il
est nécessaire de continuer cette action. Nous rencontrons
parfois des problèmes à cause des différentes
stratégies des organisations qui luttent contre l'avortement.
Nos différences sont honnêtes et légitimes.
Il y a des bons arguments de chaque côté –
que ce soit soutenir un projet de loi avec les exceptions ou le
combattre. Personne ne veut les exceptions. Nous voulons sauver
tous les enfants. Mais nous ne pouvons pas attendre pour changer
la loi.
En
particulier, les groupes et les personnes actifs ne peuvent pas
s'asseoir et attendre que les lois sauvent les bébés.
Chaque jour aux États-Unis cinq mille enfants sont tués
! Nous devons les sauver un à un. C'est pourquoi nous nous
rendons devant les cliniques.
Chaque
enfant qui meurt dans un avortement est un fils ou une fille qui
n'aura jamais une famille, qui ne transmettra jamais le patrimoine
héréditaire de sa mère ou de son père
à une autre génération. Personne ne verra
jamais plus les caractéristiques de ses grands-parents
ou de ses parents, les cheveux, les les yeux, talents. Tous sont
morts. Chaque avortement est la mort d'une famille. C'est un suicide
à travers une génération. Avorter c'est avoir
le désir de mourir. C'est une action de desespoir. Toute
la société souffre quand un enfant est tué.
Et quand des milliers meurent chaque jour c'est si tragique que
nous avons du mal à le concevoir.
Nous
ne pouvons pas sauver tous les enfants, même en réussissant
à changer les lois, mais chaque enfant que nous sauvons
représente beaucoup, beaucoup de vies qui apportent leur
contibution unique à notre monde. Peu de personnes ont
la chance de sauver une vie humaine. Nous sommes bénis
d'avoir été choisis pour
cette mission.
Ann
Scheidler
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, 2 mars 1991 |