Notre
beau pays dans le grand Nord est couvert par la neige blanche
pendant un hiver sans limites, froid et brumeux sous un ciel noir
ou étincèlent seulement des étoiles claires.
Le même pays se transforme pendant l'été en
paradis terrestre où le soleil brille jour et nuit et les
jeunes gens dansent sur les prés verts. Oui, c'est la Suède,
et notre grand metteur-en-scène, Ingmar Bergman
vous a déjà donné dans ses films un aperçu
de la vie en Suède, de ses drames noirs, de sa joie de
vivre.
Pour
nous, l'optique de cet après-midi est différente.
Il
s'agit d'expliquer comment un pays comme la Suède, profondément
traditionnaliste avant la guerre, s'est transformé en un
État ultramoderne dans ses mœurs et dans sa manière
de vivre la vie quotidienne.
Après
la guerre, la Suède a connu des changements profonds dans
son tissu social. L'industrialisation rapide du pays a créé
une demande importante de main-d'œuvre pour les usines et
l'État socialiste a créé la même demande
de personnel pour une administration publique toujours en croissance.
La
vie calme en campagne n'était plus viable. Alors des jeunes
de toutes catégories se sont mis en route pour aller en
ville pour chercher du travail, de l'argent et du bonheur.
Mais, en ville, ils n'ont pas seulement trouvé une nouvelle
façon de vivre, ils ont aussi trouvé une autre manière
de penser et d'agir. Chez nous, comme dans d'autres pays de l'Europe,
les vieilles autorités traditionnelles, comme la famille
et l'église – en Suède luthérienne
ont peu a peu perdu leur influence en face des nouvelles idéologies
marxistes et ultra-libérales. Celles-ci ont proclamé
aux jeunes leur devoir historique de se libérer de tout
système réactionnaire. La nouvelle génération
a le droit de se réaliser et de mettre en exécution
une égalité sans exceptions entre les deux sexes.
C'est
en effet entre les années 1965 et 1975, que ces idées
nouvelles ont été implantées dans la société
suédoise. Des radicaux de toutes les opinions ont effectivement
réussi à réduire à rien l'influence,
et même les possibilités de s'exprimer des groupements
traditionnels.
Désormais,
l'État suédois est fondé sur le principe
que tout homme et toute femme sont, tous les deux complètement
libres de façonner leur vie à leur gré. L'État,
de son côté accepte de pourvoir à leurs besoins
et d'y pourvoir sous la seule condition que tout le monde se mit
au travail.
Ceci est très important, parce que notre système
exige que ce soit en sa qualité de salarié, que
l'homme ou la femme, devienne un vrai citoyen, membre de la communauté
humaine.
Nos
fameux systèmes de Sécurité sociale, par
lesquels le citoyen est protégé du berceau au tombeau,
n'acceptent que trois catégories des citoyens : enfant,
l'étudiant, l'homme ou la femme salariée et les
retraités. Pour bénéficier de nos subsides
sociaux, il faut, en principe, appartenir à une de ces
categories, et une mère qui ne travaille pas touche seulement
une fraction du subside, dont profite une mère salariée
jusqu'a 90 %.
L'individu
salarié constitue la base de tous nos systèmes d'assurances
sociales. Le système est égal pour tous et il n'existe
pas, comme dans d'autres pays, des caisses de maladie liées
à une entreprise locale. Le salarié paye par ses
taxes, sa propre sécurité et, en plus, son employeur
rend à l'État environ 40 % en taxe sur le salaire
de l'employé pour la Sécurité sociale.
Revenons
à nos jeunes en ville !
À
la nouvelle liberté et à la nouvelle joie de vivre,
se sont ajoutés des expériences plus dures comme
la difficulté évidente de combiner la nécessité
de se lever tôt pour aller au travail et de rentrer tard
dans la soirée avec les soins qu'un père ou une
mère doivent offrir a leurs enfants.
Une
des conséquences de cette manière de vivre, a été
depuis 1970, l'augmentation dramatique des avortements, qui actuellement
sont plus de 40 000 par an, dont 24 % à Stockholm.
En
Suède, la vie des familles, ces dix dernières années
s'est caracterisée par les faits suivants :
– Une formation élevée des familles nouvelles.
– Une dissolution élevée des familles existantes.
– Un nombre accru des personnes qui vivent seules.
– Un nombre des mariages qui diminue.
– Un
nombre de cohabitations qui augmente.
– Un style nouveau de vivre ensemble : huit sur neuf de
nos familles nouvelles se composent de jeunes gens, qui sont des
cohabitants.
En
1986, 85 000 mariages ou cohabitation ont été
dissous, 36 000 par la mort et le reste par un divorce légal
ou une séparation.
Les
suites des ruptures sont souvent dures pour les enfants et chaque
année environ 42 000 enfants sont victimes d'un
divorce ou d'une séparation familiale, 7 mères sur
10 gardent chez elles leur(s) enfant(s).
En
dépit de ces informations, qui sont plutot décourageantes,
il me fait du bien de pouvoir vous raconter que le désir
de la vie de nouveau triomphe chez nous. Depuis 1983, l'année
apres le retour des sociaux-démocrates au pouvoir, après
six années des gouvernements bourgeois, la courbe de fécondité
ne cesse d'augmenter. En 1983, le taux de fecondité, c'est-à-dire
le nombre d'enfants nés par femme en Suède, c'est
de la statistique, bien-sûr, a atteint 1,61.
En
1985, ce chiffre est déjà 1,73 et l'année
dernière on est arrivé à 2,01, un chiffre
dont nous sommes bien fiers, parce qu'il représente le
chiffre le plus élevé en Europe. La petite Islande
exceptée, où l'on est arrivé à 2,21
sur une population de presque 250 000 habitants.
Ce qui s'est passé en Suède, s'explique comme ceci.
En Suède, comme en France, des troubles graves ont secoué
la société, en 1968 et après. La fécondité,
chez les jeunes femmes, a commencé de baisser rapidement
; les jeunes gens préférant la cohabitation au mariage
et les études au babil des bébés.
Sans
enfants, le mariage n'est plus nécessaire. Chez nous, le
nombre de femmes travaillant à plein temps ou mi-temps
a rapidement augmenté, et les avocats de la plus complète
égalité entre l'homme et la femme ont raison d'être
satisfaits : 90 % des femmes entre 25 à 44 ans sont maintenant
employées. En 1975, seulement 75 % de ce groupe était
employé.
La
crise de la fécondité a naturellement inquiété
le gouvernement et les partis politiques au Parlement suédois.
Comme il n'était pas question de changer les bases de nos
conceptions sur la vie et sur la mort, lesquelles sont d'une manière
générale acceptées en Suède, il fallait
de toute urgence mettre en œuvre d'autres modèles
pour encourager et augmenter la fécondité en Suède.
Pour un État, inspiré par un système matérialiste,
il a été simple d'avoir recours aux moyens matérialistes,
comme des subventions ameliorées ou comme des possibilités
de s'absenter de son poste de travail, avec un minimum de pertes
financières, pour s'occuper de ses enfants. On voit ici
l'avantage d'avoir, comme en Suède, un système de
Sécurité sociale généralisé,
qui est égal pour tout le monde, et qui est subventionné
et dirigé par l'État mêrne.
Dans
la Société suédoise actuelle, les femmes
aussi bien que les hommes veulent le plus souvent mener de pair
l'exercice d'une profession et la vie familiale. Les femmes ne
sont que rarement disposées à rester à l'ecart
du marché du travail pendant les longues années
de croissance des enfants.
Cette
conception des choses a imprégné la politique familiale
suédoise pendant bientôt deux décennies et
a des conséquences plus révolutionnaires que l'on
peut croire à première vue. Elles n'ont été
possibles que grace à d'importantes actions menées
par la collectivité, et la profonde mutation du mode de
vie qui en découle n'est sans doute pas encore tout à
fait perceptible. Il s'agit entre autres de remplacer par de nouvelles
solutions les activités de soin traditionnelles presque
invisibles des femmes en marge du marché du travail.
Cette
évolution ne s'est pas faite sans susciter débats
et remises en question, mais l'idée fondamentale n'a soulevé
que peu de protestations ouvertes, du moins de la part des partis
politiques établis. Les critiques, formulées essentiellement
par les partis non socialistes portent sur la définition
du maîitre mot "liberté de choix", et reviennent
à exiger, pour les familles avec enfants, plus de facilités
financières permettant à l'un des parents de rester
au foyer à plein temps, pour s'occuper des enfants.
Comment
répartir la prise en charge de l'enfance ?
Dans
le domaine de la politique familiale, les tensions idéologiques
se manifestent dans le débat sur les actions entreprises
par la collectivité, en vue de la prise en charge de l'enfance,
conséquence directe de l'accession massive des mères
au marché du travail.
On
ne peut comprendre l'évolution des choses, que si l'on
est informé sur la politique fiscale et que l'on garde
présent à l'esprit le débat incendiaire des
années 1960 sur l'égalité entre l'homme et
la femme. C'est à cette epoque que fut lancée pour
de bon l'idée qu'il était naturel et souhaitable
que les femmes ayant des enfants participent également
à la vie professionnelle. Les pères devaient assumer
leur part de responsabilité à l'égard des
enfants de façon à favoriser l'essor de ces nouveaux
principes.
Notre
nouveau système fiscal constitue un facteur important de
l'entrée des femmes sur le marché sur le marché
du travail. Il convient, cependant, de garder à l'esprit
qu'à peu près la moitié des mères
ne travaillent qu'à temps partiel. C'est vrai que les hommes
se sont donné plus de peine pour faire le ménage
et s'occuper des enfants, mais pas du tout en proportion avec
la participation accrue de femmes à la vie du travail.
Un
niveau de chômage traditionnellement bas, mais qui augmente
maintenant, à cause de notre crise économique, des
formations plus longues parmi les femmes, l'intensification de
l'enseignement pour adultes et l'aspiration à un niveau
de confort matériel plus élevé, tels sont
quelques autres facteurs ayant largement favorisé cette
évolution. Mais, petit à petit, celle-ci a eu pour
conséquence que les familles avec enfants éprouvent
des difficultés à boucler leur budget et à
maintenir leur niveau de vie lorsqu'un seul des deux parents travaille
hors du foyer, même si son revenu est élevé.
L'augmentation des allocations familiales n'a pas vraiment changé
grand-chose à cet état de fait.
C'est
dans ce contexte que le vrai contenu du débat sur la liberté
de choix est apparu dans les années 1970, pour devenir
par la suite un véritable feuilleton dans le débat
politique et bientôt un enjeu brûlant pour les élections
de cet automne.
Les
allocations familiales s'élèvent actuellement à
9000 c.s. par an et par enfant âgé de 0 a 16 ans.
La limite supérieure est portée à 19 ans,
pour les jeunes qui poursuivent des études. Pour le 3ème
enfant, le montant est majoré de 50 % par an. Pour chaque
enfant suivant, l'allocation supplémentaire correspond
à 160 % de l'allocation de base. Une famille de trois enfants
perçoit donc 31 500 c.s., une famille de 4 enfants
49 500 c.s., de six enfants, 94 620 c.s.
Le coût de ces mesures, 17 200 milliards de c.s. est
pris en charge par l'État.
Les
allocations familiales ne sont pas imposables. Cette exonération
est considérée comme une importante expression de
ce qu'il est convenu d'appeler la politique générale
de bien-être : les recettes fiscales ne doivent pas être
réparties uniquement sur ceux qui vivent dans des conditions
difficiles.
Allocation
de logement : Actuellement, elle est versée à quelque
250 000 familles (généralement avec enfants),
et son montant dépend du revenu, du nombre d'enfants et
du coût du logement. Elle a contribué à stimuler
la demande de logements spacieux et de bonne qualité.
Avances
sur pensions alimentaires, etc... Dans le cadre de la politique
familiale, s'inscrivent en outre des aides importantes, telles
que les allocations de soins, les avances sur pensions alimentaires
et les pensions d'orphelin, qui font rarement l'objet d'un débat
de principe. Les allocations de soins – 870 millions de
c.s. cette année – sont versées aux parents
ayant des enfants handicapés qui bénéficient
de soins et d'une surveillance au foyer.
Plus
de 30 000 enfants ont perdu leur père, leur mère
ou leurs deux parents et perçoivent une pension d'orphelin,
ce qui coûte à l'État 272 millions de c.s.
Les
Pouvoirs publics versent 2 445 milliards de c.s. par an pour
environ 300 000 enfants, dont l'un des parents ne contribue
pas à leur subsistance. L'exemple type est celui de la
mère restée seule avec des enfants dont le père
ne verse pas la pension alimentaire.
Assurance
parentale : la collectivité a tenu compte de l'évolution
du marché du travail en instituant l'assurance parentale,
qui prévoit l'octroi d'un congé rémunéré
à un parent, à l'occasion de la naissance d'un enfant,
et en développant la prise en charge, en régie sociale,
les enfants dont les deux parents travaillent ou poursuivent les
études. Ces deux mesures ont recueilli un large consensus
politique, mais les partis socialistes ont réclamé
aussi une aide aux initiatives privées de prise en charge
des enfants, y compris dans le cas où un des parents reste
au foyer à plein temps.
L'assurance
parentale implique que la mère ou le père peut rester
au foyer pendant 12 mois à l'occasion de la naissance d'un
enfant, tout en percevant une indemnité egale à
90 % de son revenu professionnel normal. C'est autant qu'en cas
de maladie. Après ces 12 mois, l'indemnité peut
être versée pendant trois mois supplémentaires,
mais est alors ramenée à 60 c.s. par jour. Celui
ou celle qui n'avait pas de revenu professionnel avant la naissance
de l'enfant a droit, pendant les 15 mois considerés a un
"montant garanti" de 60 c.s. par jour. De plus, le père
a droit, à l'occasion de l'accouchement, à une periode
de conge de dix jours avec indemnité calculée selon
le principe de la perte de revenu, c'est-à-dire à
raison de 90 %. Toutes les indemnités perçues au
titre de l'assurance parentale sont imposées comme des
revenus et l'assurance parentale peut être utilisée
pendant les premières huit années de l'enfant.
Le
cas le plus fréquent est celui de la mère qui reste
au foyer et bénéficie de l'indemnité parentale.
Cela s'explique par de nombreuses raisons d'ordre pratique, et
notamment par le fait que les médecins suédois recommandent
une période d'allaitement de 6 mois. Mais, si la famille
le préfère, le père est libre de rester à
la maison et de s'occuper de l'enfant. On s'efforce, par l'orientation
de l'opinion, à encourager les pères à prendre,
ne serait-ce que un ou deux mois de congé.
On
constate que ce sont les dirigeants d'entreprise et les travailleurs
de l'industrie qui se montrent les plus hésitants à
elargir le "rôIe de l'homme" et à assumer
directement la responsabilité des soins à donner
à leur nourrisson. De nos jours, il y a des parlementaires
qui prennent leur congé parental.
Par
souci égalitariste, certains – surtout les communistes
– exigent que la période de congé parental
soit pondérée, c'est-à-dire qu'un des parents
doit obligatoirement prendre une partie determinée du congé,
faute de quoi, celle-ci serait perdue pour la famille. Cette suggestion
a cependant toujours été rejetée, mais revient
périodiquement.
Par
contre, les hommes ont commencé à recourir plus
fréquemment à ce qu'on appelle l'indemnité
parentale spéciale, qui permet aux parents de rester au
foyer pour soigner des enfants malades âgés de moins
de 12 ans, tout en percevant une indemnité correspondant
à 90 % du salaire perdu. En 1985, les femmes ont pris à
ce titre 2,89 millions de journées de congé, les
hommes 2,2 millions. Ce droit s'applique aussi au cas où
la gardienne familiale tombe malade.
Cette
indemnité parentale spéciale a longtemps été
limitée à 60 jours par an et par enfant. Ce nombre
est désormais porté à 120, pour tenir compte
du groupe très restraint de parents, dont les enfants sont
particulièrement maladifs.
Pour
diminuer les frais de l'indemnité spéciale, cette
indemnité est limitee à 80 % pour les premiers 14
jours.
Comme
il est difficile de placer des enfants âgés de moins
d'un an dans les crèches gérées par les pouvoirs
publics, il arrive fréquemment que le congé avec
l'indemnité parentale soit pris d'une seule traite. Mais
il est possible d'épargner son congé et de travailler
à mi-temps ou à temps partiel avec compensation
du revenu perdu.Les parents ayant des enfants d'âge préscolaire
ont également un certain droit à des congés
sans indemnisation.
L'État
subventionne l'assurance parentale à raison d'environ 15
% de son coût. Les 85 % restants sont financés par
le biais des cotisations sociales acquittées par les employeurs
et les indépendants. Le coût total est estimé
pour cette année à près de 20 milliards de
c.s.
Prise
en charge de l'enfance :
Mais
les enfants doivent également être pris en charge
pendant la partie de la journée où les deux parents
exercent leur activité professionnelle. C'est pourquoi
on a commencé, au début des années 1970,
à mettre en place un grand nombre de garderies communales,
pour enfants d'âge préscolaires. Elles doivent, non
seulement leur offrir un accueil socio-familial de bonne qualité,
mais aussi stimuler leur imagination, développer leurs
aptitudes et leur inculquer l'esprit de coopération. Ces
dernières années, l'accent a été mis
plus nettement sur l'aspect pédagogique des activités.
En
règle générale, les crèches sont ouvertes
de 7 à 18 h avec certaines variations. Le travail à
temps partiel étant courant chez les femmes, le séjour
des enfants est très souvent moins long. En outre, les
parents s'efforcent de moduler leur temps de travail de façon
à pouvoir aller chercher l'enfant plus tôt. La situation
la plus contraignante est celle des parents isolés occupés
à plein temps et de leurs enfants. Les heures d'ouverture
sont mal adaptées aux besoins des parents faisant du travail
posté dans l'industrie et dans le secteur des soins. C'est
une des raisons pour lesquelles les familles ouvrières
ont moins d'enfants inscrits dans les ccrèches que d'autres
groupes de population.
En
même temps, ce sont les sociaux-démocrates et les
communistes qui œuvrent le plus infatigablement pour l'extension
des crèches. Il y a huit ans, ces deux partis, rejoints
par les libéraux, ont décidé de développer
l'accueil de l'enfance, de façon à ce qu'en 1991,
une place soit garantie à tous les enfants à partir
de l'âge de 18 mois soit dans une crèche, soit chez
des gardiennes agrées par les communes (garderies familiales).
Ces personnes accueillent les enfants chez elles et sont rémunérées
par les communes, mise à part la cotisation des parents
qui couvre environ 15 % du coût.
La
prise en charge de l'enfance comprend également "l'école
maternelle à temps partiel", qui organise des activités
de groupe pendant quelques heures par jour. Les enfants dont les
parents restent au foyer ou les enfants placés dans des
garderies privées ont gratuitement droit à ce type
d'accueil préscolaire pendant l'année qui précède
leur entrée à l'école de base à 7
ans. Dans de nombreuses localités, ils peuvent participer
à ces activités pendant plusieurs années,
la commune prenant tous les frais à sa charge. Les gardiennes
familiales agrées par les communes, entre autres, peuvent
également conduire occasionnellement les enfants qui leur
sont confiés à l'école maternelle, par exemple
pour s'y servir du matériel de jeux qui s'y trouve.
Sur
les quelque 700 000 enfants de 1 à 7 ans que compte la
Suède, 569 000 sont placés dans des crèches
communales ou dans des garderies familiales. Environ 70 000 sont
accueillis selon des solutions privées choisiées
par les familles elles-mêmes. Les autres sont entièrement
pris en charge par leurs parents.
Quant
aux enfants âgés de 7à 9 ans (dans certaines
localités, jusqu'à 12 ans), les communes organisent
pour eux des activités de loisirs pendant la partie de
la journée où ils ne sont pas à l'école
et où aucun de leurs parents n'est encore rentré.
Les
données concernant le coût d'une place de crèche
varient, mais, selon une estimation prudente, il s'élève
à environ 65 000 c.s. par an. Les garderies familiales
reviennent nettement moins cher. La cotisation des parents pour
les crèches communales varie considérablement d'une
commune à l'autre, mais couvre généralement
environ 10 % du coût. Des subsides peuvent être accordés
à des "coopératives de parents", c'est-à-dire
à des groupes de parents qui organisent leur propre crèche
selon des modalités contrôlées. Les associations
à but non lucratif peuvent également obtenir des
susides pour les crèches qu'elles gèrent. Par contre,
aucune aide n'est accordée à des "entreprises
d'accueil" privées.
Le
budget de l'année prochaine prévoit une participation
de l'État d'à peu près 13,8 milliards de
c.s. aux frais de fonctionnement. La contribution des communes
est du même ordre de grandeur. Elles doivent en outre financer
la construction des très nombreuses crèches dont
la mise en place leur a été imposée.
Certains
rapports montrent à présent qu'environ la moitié
des communes ne croient pas ou doutent fort qu'elles puissent
en construire assez pour résorber les listes d'attente
d'ici la fin de l'année. Les communistes et les femmes
social-democrates ont réclamé une législation
en la matière.
En
dépit de toutes ces difficultés que nous pose cette
fin de siècle si moderne, il faut tout de même faire
le constat qu'en Suède, les partis politiques et, par eux,
le Gouvernement, ont finalement compris l'importance de l'enfance.
Ils ont à leur manière voulu rendre possible un
système d'assistance sociale aux petits enfants, qui a
beaucoup aide au rétablissement des relations stables entre
parents et enfants. Mais la chose la plus importante, c'est que
les mères et les pères en Suède ont de nouveau
commencé à comprendre que sans enfants, personne
n'a plus d'avenir.
Dr
Jon-Peter WIESELGREN
Ministère de la Santé de Suède
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, 2 mars 1991 |