L'Association
"LAISSEZ-LES VIVRE" n'a pas une longue histoire. Dans l'antiquité
on trouvait normal d'exposer les nouveaux-nés sur le fumier. Après
des siècles de civilisation, la Révolution française n'a pas imaginé
un instant que le meurtre de son propre enfant pût être revendiqué
comme une liberté. Après la Libération, les horreurs de la dernière
guerre ont conduit les nations alliées à proclamer solennellement
te droit de tout être humain à la vie.
Le
droit de tout être humain à la vie est évidemment incompatible
avec la liberté de tuer son semblable, fût-il tout petit et infirme,
fût-il de sa propre chair. Ftus ou embryon la science
nous l'atteste aujourd'hui l'enfant dans le sein de sa
mère est avec certitude, déjà un être humain. Depuis quelques
années cependant dans les pays occidentaux, et tout récemment
dans notre pays, des groupes de pression travaillent l'opinion
pour imposer aux pouvoirs publics une légalisation de l'avortement.
Déjà depuis deux ans au pays où fut lancée la mode de la minijupe,
la loi nouvelle cause des ravages, et remplit des poches. Depuis
l'été dernier à New York, dans la ville même où elle fut proclamée,
la déclaration universelle des droits de l'homme est ouvertement
bafouée.
Voici
que la vague a atteint notre pays : elle déferle; va-t-elle nous
submerger ? Une proposition de loi a été déposée ; des journaux
font campagne... Silence des uns, indignation des autres. Mais
l'émotion trouve difficilement à s'exprimer. Quelques personnes
se rencontrent, trois, puis sept : c'est l'Assemblée constitutive
de l'Association, le 27 novembre 1970 à Paris. "LAISSEZ-LES VIVRE"
a trouvé ce soir-là, à la fois son nom et son objet : « Promouvoir
la valeur spécifique de toute vie humaine, qui doit être respectée
dès la conception... aider la femme à assumer sa maternité. »
Dans
son numéro du 8 décembre, le Journal "Le Figaro" annonce la création
de l'Association. Les statuts sont déposés à la Préfecture. Le
"J.O." du 21 janvier 1971 publie la déclaration légale.
Le
12 février 1971, "LAISSEZ-LES VIVRE" tient une conférence de presse
chez le Dr VIGNES, 23, quai Anatole-France, à Paris (7e), devant
une vingtaine de journalistes ; les objectifs de l'Association
sont précisés « Nous voulons faire ressortir les
causes véritables de l'avortement volontaire, et nous attacher
à les faire disparaître.
« Tout
enfant conçu doit pouvoir être accepté et avoir une vie heureuse.
« Notre
action commence à partir du moment où la vie est donnée.
« La
profession médicale est faite pour soigner et non pour tuer... »
Une affiche est présentée qui annonce pour le 5 mars une grande
réunion publique d'information à la Mutualité. L'Association n'a
aucune ressource : elle compte à peine cent membres.
"MUTUALITÉ
5 MARS 1971", c'est vraiment la naissance de l'Association : Ce
soir-là une foule énorme se presse à l'entrée de la rue Saint-Victor
et déborde sur la place voisine. Des groupes entraînés à l'action
subversive et des militants de l'avortement ont déployé des moyens
considérables pour faire échec à la réunion; mais c'est la tentative
des perturbateurs qui avorte : après un début mouvementé, notre
manifestation connaît un immense succès. La Presse parisienne
ne peut plus nous ignorer. Le mouvement est désormais bien lancé ;
les adhésions affluent tous les mois par centaines, spontanées,
enthousiastes; rien ne pourra l'arrêter. L'Association a fait
imprimer une brochure contenant les communications données lors
de la réunion du 5 mars; c'est un précieux instrument de
réflexion et un programme d'action passionnant. En trois mois
à peine, la première édition est en voie d'être épuisée.
La
force et le succès de l'Association "LAISSEZ-LES VIVRE" nous paraissent
tenir à son objet : non seulement défendre le droit à la Vie pour
tous, mais encore rechercher, inventer et mettre en oeuvre les
moyens de faire assurer pratiquement le respect de ce droit :
Tâche
immense certes, qui peut paraître utopique à tous ceux qui sons
désabusés, sans espérance; ceux-là seront tentés de baisser les
bras et d'accepter la solution de facilité, et de lâcheté, qui
consiste à supprimer les problèmes en supprimant les âtres qui
les posent, plongeant ainsi dans le passé vers un formidable recul
de civilisation.
Mais
nous pouvons avoir confiance, car le progrès humain est fondé
sur l'effort, sur la recherche, sur la jeunesse, sur l'enthousiasme,
et nous avons avec nous des hommes de science, biologistes et
généticiens, nous avons avec nous de nombreux jeunes, pleins d'ardeur,
et toute une foule de gens de coeur; souvent mieux informés que
d'autres sur la réalité de l'avortement, ils ont la même soif
de liberté, mais d'une liberté pour tous, et la liberté de vivre,
d'abord !
Dès
maintenant "LAISSEZ-LES VIVRE" prépare son Congrès qui se réunira
à VERSAILLES, le 6 novembre prochain, afin de présenter les premières
réformes qu'appelle l'objet de notre Association. "LAISSEZ-LES
VIVRE" se préoccupe aussi de renforcer ses structures régionales
et locales : après son meeting de Nancy le 11 juin, elle va organiser
de nouvelles manifestations, à Nantes, Angers, Montpellier, Bordeaux,
Grenoble, Strasbourg, ainsi que dans d'autres villes de France.
Déjà
plusieurs correspondants nous écrivent de l'étranger.
Avec
le concours de tous ses membres, "LAISSEZ-LES VIVRE" est en passe
de devenir un puissant mouvement à vocation nationale.
(1)
Littré dit : "Les nouveau-nés", mais plus d'un auteur écrit
"des nouveaux-nés" (cf. grammaire Grévisse, p. 326).
Jean-Bernard
Grenouilleau
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, 1971
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