Le
libéralisme revient à la mode, en prétendant
apporter une extension notable des libertés.
Sous
couvert de Libéralisme, on a en effet soutenu que le Droit
n'avait rien à faire de la Morale et on a par la suite
présenté l'avortement comme une nouvelle conquête
de la Liberté.
A
l'occasion du grand débat sur l'avortement, on a prétendu
qu'il fallait mettre le droit en accord avec le fait, puisque
le fait ne respectait plus la Loi. Indépendamment du processus
fatal auquel devrait conduire en toute logique une telle assertion
(légalisation du vol, du viol, de la prise d'otage ou de
la fraude fiscale), on constate que cela revient à faire
primer la force sur le droit. Or, le droit est l'antithèse
de la force qui, étant supérieure au droit, le détruit
alors que lui étant inférieure, elle le consolide.
On
objectera qu'il n'y a rien d'extraordinaire en soi à ce
que le droit suive le fait ; le droit du travail en est un exemple
souvent cité. II convient cependant de remarquer qu'en
la matière, il s'est toujours agi d'entériner un
progrès dans les relations sociales et de consacrer un
fait qui était un bien. S'agissant de l'avortement, par
exemple, tout le monde s'accorde à dire qu'il est un mal
et aucun de ses partisans, même doté d'une intelligence
moyenne, n'osera soutenir qu'il est un bien. Dés lors,
le droit ne peut le légitimer car un droit qui permet le
mal n'est pas un droit. Le droit étant ce qui est bon et
juste ne peut faire sien le mal qui, par définition, est
injuste.
II
est vrai que le légal n'est pas toujours le moral ; mais
faut-il s'en féliciter ou souhaiter plutôt que le
légal soit toujours moral ?... A la rigueur le droit peut
être amoral quand il embrasse des domaines où la
morale n'est pas en cause. Mais, en aucun cas, il ne peut être
immoral, sinon il se nierait lui-même, étant source
d'injustice.
Certes,
le moral est infiniment supérieur au légal, il est
même d'un autre ordre et le légal ne doit pas être
tout le moral. L'avortement étant un mal, donc un acte
immoral, le droit ne peut que le rejeter. Méconnaître
cela, c'est oublier le rôle d'éducation que doit
avoir la loi.
Pour
nombre de gens, le légal délie du moral quand il
ne s'identifie pas à lui, quoi qu'il comporte. Ils verront
dans la loi permissive un apaisement pour leur conscience morale.
L'idéologie de 1789 ayant conféré à
la loi ce caractère sacré, quasi divin, il pourra
paraître impensable que la loi soit à ce point immorale.
II n'est pas rare non plus, quand on offre à un peulple
le choix entre l'effort et la facilité qu'il se tourne
plus volontiers vers la seconde ; c'est dans la nature des hommes,
comme c'est dans celle du pouvoir de les en dissuader mais, pour
cela, encore faut-il ne pas gouverner au gré de la rumeur
publique mais selon la volonté nationale, c'est-à-dire
dans l'intérêt supérieur de la Nation, qui
ne peut être un intérêt immoral.
En
tout état de cause, personne ne peut se conformer à
une loi en elle-même immorale « Une loi ne
mérite obéissance qu'autant qu'elle est conforme
à la loi éternelle » (Léon
XIII, Enc. "Rerum Novarum") car, « ce
qui ne correspond pas à la vérité et à
la loi morale n'a objectivement aucun droit à l'existence,
ni à la propagande, ni à l'action »
(Pie XII, Discours aux Juristes Catholiques, 6 décembre 1953).
Cette
position de principe peut surprendre dans notre société
contemporaine où l'idéologie libérale prône
depuis peu le "droit à l'erreur". Remarquons
pourtant la précision introduite par le Magistère
suprême quand il dit que ce qui est contraire à la
vérité et à la loi naturelle n'a "objectivement"
aucun droit. En effet, l'erreur n'a aucun droit objectif à
exister, sinon on la mettrait égalité avec la vérité
qui, elle, est authentiquement et exclusivement titulaire de ce
droit objectif. L'erreur et la vérité sont incompatibles.
Le "droit à l'erreur" est une usurpation, une
perversion intellectuelle. Car le "droit à l'erreur"
entraîne comme conséquence la disparition de toute
responsabilité. L'auteur d'une fausse manuvre ayant
fait dérailler un train sera couvert par le "droit
à l'erreur" ; le collaborateur de l'occupant sera
relaxé en vertu de son "droit à l'erreur"
etc.
En
fait, l'erreur ne fait l'objet que d'une tolérance, non
pas pour elle-même, puisqu'étant le contraire de
la vérité, elle n'a aucune valeur intrinsèque
et n'est digne d'aucun respect, mais pour celui qui en est le
partisan, car étant une personne humaine, il est titulaire
de certains droits subjectifs, notamment celui d'expression qu'il
convient cependant de délimiter dans l'intérêt
de la vérité et de la société.
LA
LIBERTÉ
Ce
n'est pas un simple hasard si cette idée de "droit
à l'erreur" se fait jour dans les États libéraux.
Pour
le Libéralisme, en effet, il n'y a pas de vérité
ni de valeurs objectives immuables, il n'y a que des vérités
ou des valeurs subjectives et changeantes.
Chacun
a sa vérité, ou plutôt chacun cherche sa vérité.
En conséquence le droit ne pourra être le reflet
d'une vérité ou d'une loi morale inexistantes. Le
Droit, dans son fondement philosophique, ne sera qu'un compromis
social établi en fonction des données de chaque
époque. II sera donc essentiellement variable face à
une vérité qui, pourtant, n'existe pas moins et
qui reste immuable.
Pour
le Libéralisme, la liberté est le principe fondamental
de toute chose. II soupçonne tout ce qui est norme imposée,
tout ce qui est autorité, tout ce qui est contrainte. La
Liberté étant la fin dernière de l'activité
humaine, le Libéralisme se fera un devoir de promouvoir
la liberté intellectuelle absolue ("toutes les opinions
sont bonnes", "tout se vaut") laissant se propager
une pensée subversive qui visera à détruire
la liberté même qui lui aura donné
droit de cité ; la liberté économique et
sociale effrénée ("laissez faire, laissez passer")
engendrant une concurrence illimitée mettant les faibles
à la merci des forts ; la liberté familiale maximum
(indépendance des époux, divorce à la demande,
avortement à la carte, contraception généralisée
sans droit de regard des parents, etc.) dissolvant l'unité
primordiale de la famille, cellule de base de toute société
humaine.
Les
libéraux considèrent, en effet, qu'être libre,
c'est pouvoir faire ce que l'on veut, ce qui plait ; la liberté
est donc le caprice. C'est là une conception négative
de la vraie liberté, totalement illusoire de surcroît.
Car
cette liberté absolue n'existe pas en soi.
La
liberté n'est respectable qu'autant qu'elle concourt à
procurer un bien sinon elle est cause de désordre intellectuel,
moral ou social et dégénère rapidement en
licence.
Or,
la liberté est le pouvoir de faire ce qui est bien, ce
qui est bon, ce qui est juste ; le pouvoir de faire ce que l'on
doit, ce que la loi morale commande de faire.
L'homme
a la liberté de faire tout le bien possible. II n'a pas
le droit de faire le mal. L'homme a tous les droits qu'impliquent
les devoirs que Dieu lui impose. Dieu n'a pas créé
l'homme libre de faire tout et n'importe quoi.
Dans
le plan de Dieu, l'homme n'est pas libre de faire le bien et le
mal. « Un tel pouvoir est si peu un attribut de
la liberté que Dieu, pourtant souverainement libre, est
dans l'impossibilité absolue de faire le mal. II s'ensuivrait
donc que l'homme est plus libre que Dieu si la liberté
consistait dans le pouvoir de faire le bien et le mal »
et Saint-Thomas d'Aquin disait fort justement que « la
faculté de pécher n'est pas une liberté,
mais une servitude » (cf. Saint-Paul « Celui
qui pèche est esclave du péché (...)
seule la vérité vous rendra libres »).
En
dernière analyse, le Libéralisme conduit à
priver le citoyen de sa liberté de jugement et de discernement
entre les lois justes et les lois injustes ; ce qui est, en définitive,
logique puisque pour cette idéologie toute loi, du moment
qu'elle est la loi, étant juste, il n'est plus nécessaire
de s'interroger sur sa légitimité. Toute loi, commandant
d'être obéie, puisqu'elle est l'expression de la
volonté générale, l'État mettra tout
en uvre pour en assurer l'observation. Le Positivisme libéral
est ainsi le fourrier de l'absolutisme étatique puisque,
la loi devenant la norme suprême, tout doit s'incliner devant
elle. Or, à force de vouloir respecter scrupuleusement
toute loi civile, on finit par ne plus savoir ce qui est permis
ou ce qui est défendu moralement. Cette conception très
commode du droit qu'est le Positivisme libéral tend à
atrophier la conscience et à l'enfermer dans l'indifférentisme
moral. On pourrait donc dire, à cet égard, que le
Libéralisme est, lui aussi, "intrinsèquement
pervers" !
Ainsi
les lois donneront-elles lieu à un laxisme général
en vue de cet idéal qu'est la plus large satisfaction de
la volonté populaire, notion récemment modernisée
en France sous le nom de "décrispation"...
Toutefois,
il y a des volontés populaires que le Libéralisme
ne saurait tolérer, car et ce n'est pas un mince
paradoxe ! la tolérance affichée
par l'idéologie libérale se transforme rapidement
en intolérance masquée mais déterminée
dés lors que se diffusent des opinions non libérales.
On l'a bien vu lors des débats sur l'avortement où
tout fut mis en uvre aux différents niveaux de l'État
et de son administration, pour baillonner ou ridiculiser les défenseurs
du droit à la vie, notamment au moyen des instruments de
communication sociale.
En
vérité, le Libéralisme, dans sa nature intrinsèque
comme dans ses manifestations socio-juridiques, ne peut s'accommoder
de la morale naturelle, tout en sentant le besoin de se légitimer
de quelque manière. C'est la raison pour laquelle certains
néo-libéraux ont entrepris l'élaboration
de ce qu'ils appellent une "nouvelle morale", la "morale
de l'espèce".
LA
"NOUVELLE MORALE"
Cette
"Nouvelle Morale" est apparue tout d'abord dans des
recherches effectuées ou des propositions formulées
par des savants de réputation mondiale ; elle a été
ensuite adaptée et vulgarisée par des groupes de
pression nationaux et internationaux, avant de trouver un commencement
d'application dans les législations des États.
Ainsi,
en 1963, le Professeur PINCUS, "le père de
la pillule" suggérait, dans un congrès tenu
à Londres, d'introduire des stérilisants dans l'eau
et l'alimentation afin qu'il y ait des géniteurs privilégiés
qui soient féconds.
Le
Professeur CRICK, Professeur de biologie moléculaire
à l'Université de Cambridge, Prix Nobel de Médecine,
a déclaré dans un colloque : « L'homme
a-t-il droit à la procréation ? Dans une éthique
humaniste, je ne vois pas pourquoi ce serait un droit d'avoir
des enfants ». Le même savant allait encore
plus loin : « De nouvelles définitions légales
de la vie et de la mort sont nécessaires si l'on ne veut
pas que l'explosion démographique pose un problème
de qualité autant que de quantité. Par exemple,
on pourrait envisager une nouvelle définition légale
de la naisssance, en repoussant la date deux jours après
la délivrance. Cela permettrait d'examiner les nouveaux-nés
qui ne sont pas des âtres humains au vrai sens du terme,
et d'administrer l'euthanasie à ceux qui sont nés
avec une difformité quelle qu'elle soit. La mort légale
pourrait aussi se situer après 80 ans, date au-delà
de laquelle les médecins pourraient se trouver exemptés
de leur obligation d'essayer de prolonger la vie de façon
coûteuse et souvent inutile. Mes idées ainsi exprimées
impliquerait bien sûr une réévaluation complète
de la vie humaine elle-même. Je ne crois pas un mot de ce
point de vue traditionnel selon lequel tous les hommes sont nés
égaux et sacrés ». Quant au biologiste
français Jean ROSTAND, il a affirmé: « Je
ne suis pas contre une eugénique qui empêcherait
l'anormal de naître et même qui ferait des supernormaux ».
(Les Nouvelles Littéraires, 19 mars 1970).
Enfin,
l'été 1974 a vu la publication d'une déclaration
de 40 personnalités favorables à l'euthanasie
les signataires (dont le Professeur MONOD, Prix Nobel de
Médecine, et M. Sicco MANSHOLT, ancien Président
de la Commission du Marché Commun) avouaient sans complexe
: « Nous croyons que la Société n'a
ni intérêt ni besoin véritable à faire
survivre un malade incurable ».
Corrélativement
à ces initiatives de scientifiques, des groupes de pression
passés maîtres dans l'art de l'intoxication ont émis
diverses propositions dites "sociales". Vraisemblablement
pour faire écho aux propos du Docteur CALDERONE
du Sex Information and Education Council of the United States
pour qui « les bébés constituent une
épidémie dangereuse », l'Association
Américaine des Nations Unies a préconisé
« un traité de prolifération des êtres
humains » (cf. sa Revue Population du Monde).
La
revue Le Médecin de France a révélé
que dans certains pays on envisage l'amniocenthèse obligatoire
pour détecter les mongoliens qui « reviennent
très cher à la Société ».
(cf. n° 329).
Aux
États-Unis, on fait actuellement des recherches pour "rentabiliser
socialement" les débiles mentaux en les transformant
en robots pour des travaux dont les autres travailleurs ne veulent
plus (cf. l'article du Professeur DUPEYROUX, Le Monde,
30 mai 1972).
En
Afrique du Sud, des fonctionnaires du Ministère de la Santé
ont imaginé des mesures de contraception et de stérilisation
obligatoires pour faire diminuer la natalité des Noirs
Bantous.
En
Grande-Bretagne, .Sir KEITH Joseph, personnalité
en vue du Parti Conservateur a préconisé un contrôle
des naissances sélectif et autoritaire pour les classes
pauvres afin d'enrayer la criminalité (cf. Le Figaro,
21 octobre 1974 ; Le Monde, 22 octobre 1974).
Et
M. Sicco MANSHOLT, déjà partisan de la croissance
zéro, a suggéré la pénalisation fiscale
des familles nombreuses des pays de la C.E.E.
C'est
à tort qu'on pourrait penser qu'il s'agit là d'opinions
limitées dans leur audience et donc dans leur conséquences.
Car, ces propos ici rapportés ne sont que quelques uns
parmi un très grand nombre ; et la qualité de ceux
qui les professent devrait suffire pour évaluer leur importance.
D'ailleurs,
on voit, ici et là, un commencement d'exécution
de ces funestes projets :
Aux
Indes, où le Gouvernement a lancé une énorme
campagne de stérilisation masculine en faisant miroiter
aux candidats une petite rémunération ou un simple
transistor !
En
Grande-Bretagne, où un vaste "marché de ftus"
s'est établi entre avortoirs et laboratoires qui poursuivent
en toute impunité leurs expérimentations sur les
ftus vivants !
Quant
aux Organisations Internationales spécialisées dans
l'aide au Tiers Monde, elles mettent le plus souvent l'adoption
des méthodes du Planning familial comme condition
à l'octroi de prêts financiers ou matériels,
ainsi que le pratiquent déjà les États-Unis
dans leur système d'aide bilatérale. L'O.M.S.
elle-même, dont c'est la mission de combattre la maladie
en défendant la vie humaine, met partout en uvre
des programmes de planning familial, en élabore un autre
d'interruption de grossesse, intègre la stérilisation
des hommes et des femmes dans les "soins sanitaires"
et qualifie de "progrès social" les mesures punitives
envers les familles nombreuses, ainsi qu'il ressort du dernier
rapport du Directeur Général (cf. intervention de
Mgr GERAUD, Docteur en Théologie et en Médecine,
Observateur du Saint-Siège à Genève).
La
philosophie de toutes ces expérimentations a, semble-t-il,
été résumée dans cette conclusion
tirée par le Docteur Claude PEYRET (député
U.D.R. de la Vienne, initiateur au Parlement de la légalisation
de l'avortement, décédé en 1975) qui s'est
demandé s'il ne fallait pas, après tout, « asseoir
la morale sur d'autres fondements ».
Parmi
les groupes plus ou moins occultes qui ont aidé le Docteur
PEYRET, le plus important est le mouvement G.R.E.C.E. (Groupement
de Recherches et d'Études sur la civilisation Européenne).
Après la parution du numéro de sa Revue Nouvelle
École consacrée à l'Eugénisme,
où on relevait des expressions évocatrices, telle
que "Humanisme biologique", "aristocratie biologique",
"nouvelle création", "surhomme"...
le Docteur PEYRET écrivit : « je conserve
ce document pour étayer la thèse que nous soutenons
en matière de réforme de la législation sur
l'avortement » (9). Pareillement, le Docteur TREMEAU
déclara devant le Groupe U.D.R. de l'Assemblée
Nationale que « le progrès de la médecine
fait qu'à la sélection naturelle succédera
de plus en plus la sélection artificielle ».
Lors
du Colloque sur l'avortement et la contraception organisé
en mars 1974 par le Grand Orient de France, un de ses dirigeants,
François CORNELOUP, montra bien quelle était
la nature profonde du tournant de société que la
nouvelle législation allait introduire : « Pour
être vraiment efficace l'aauvre à entreprendre ne
devra pas se contenter d'être légale, elle devra
être accompagnée d'une action éducative sur
l'enseignement d'une Nouvelle Morale (...) elle entamera en fait
une ère nouvelle, celle d'une société de
qualité ». Donc on imposera une "Nouvelle
Morale" à la majorité des citoyens qui ne la
partagent pas, après avoir interdit à "leur
morale" de s'exprimer par la loi ! (Cf. Georges NAUGHTON
Le Choc du Passé, Éd. Garah, Paris 1975).
Voilà
quelques illustrations de ce qui tend à devenir de plus
en plus une "biopolitique" dont les composantes sont
la stérilisation autoritaire, l'avortement eugénique,
l'euthanasie périnatale, la délivrance par la mort,
la planification biologique au profit de géniteurs sélectionnés !
Il ne semble pas qu'ils soient très loin de la réalité
ceux qui ont parlé, à ce propos, d' "écofascisme".
Tout
cela est-il exagéré ? Est-ce du domaine de l'impossible
? Est-ce le fruit d'un raisonnement par l'absurde ?
Non
! Tout cela, c'est aujourd'hui et ce sera demain, si nous n'y
prenons pas garde ! Au début aussi l'expérience
nazie n'a impliqué que des changements subtils, à
peine perceptibles dans le comportement des médecins, dans
la déontologie médicale et dans la législation
nationale...
Notre
temps se glorifie, à juste titre, d'avoir découvert
les "droits inaliénables et sacrés de l'homme".
II les a en effet découverts au long des siècles,
et non pas inventés d'un seul coup. Les droits énumérés
par exemple, dans la Déclaration des Droits de (Homme et
du Citoyen, existaient bien avant d'être proclamés,
et c'est bien ainsi que l'entendaient les hommes de 1789. De même
pour la Déclaration Universelle des droits de l'Homme de
1948 et pour la Déclaration Universelle des Droits de l'Enfant
de 1959. C'est donc qu'il y a bien des droits qui sont antérieurs
à toute société humaine ou à toute
codification législative ! Le rôle de la société
se borne, en ce domaine, à s'efforcer de compléter
la liste de ces droits fondamentaux, et surtout d'en assurer le
respect et l'application ; loin d'en être la maîtresse
elle en est la servante !
Or
le premier de ces droits de l'homme, c'est sa vie ! Celui qui,
à l'évidence, conditionne tous les autres. C'est
un droit qui ne souffre aucune discrimination de race, de sexe,
de couleur, de religion, d'opinion et surtout d'âge !
Ce premier des droits est aussi le premier des devoirs : celui
du respect de la Vie !
Déceler
les signes avant-coureurs d'une vaste entreprise de mort, dénoncer
les violations criminelles de la dignité de la personne
humaine, décider les hommes de bonne volonté à
s'engager, à tous les niveaux, dans le combat pour l'Homme,
telles sont nos tâches !
II
ne s'agit pas d'imposer un point de vue, ni d'ériger en
système une opinion. Le respect de la vie n'est pas un
point de vue ni une opinion. II est un principe fondamental qui
fait partie de ces valeurs universelles dont Paul VI disait
qu'elles sont « comme la pierre touche d'une civilisation
; si on y porte atteinte, c'est l'homme lui-même qui est
menacé ».
II
s'agit de retrouver ce large consensus universel aujourd'hui disparu.
II s'agit de rappeler qu'il y a des choses qui ne dépendent
pas de l'homme car elles le dépassent et elles l'obligent.
II y a des choses sacrées, inviolables, intouchables.
Même
si cela n'est plus reçu, même si cela est mal accepté,
notre rôle est de le répéter sans cesse et
de l'expliquer « à temps et à contretemps »
(Saint-Paul), car il ne sert à rien d'être
dans le vent, il faut être dans la vérité.
Cette
vérité, nous croyons que l'homme est capable de
l'atteindre, de l'apprendre et de la comprendre car l'homme est
un être raisonnable, capable donc de prendre conscience
du bien que nous lui voulons.
Ayons
soin, Mesdames et Messieurs, de ne point figurer au jugement de
l'Histoire comme les artisans voire les complices d'une "société
libérale avancée" qui s'avère être
de plus en plus une "société avachie".
Joël-Benoît
d'ONORIO
Assistant de Droit Public à l'Université
d'Aix-Marseille III
Président régional des Juristes Catholiques de Provence
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, 21 novembre 1976
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