II
y a eut un jour, un journal "Laissez-les-Vivre" glissé
dans une boite aux lettres. Françoise l'ouvrit et lut que
"SOS. Futures Mères", à Paris, avait besoin
de layettes. Elle envoya une layette et reçut en retour
quelques documents. « Tiens, pensa-t-elle, il n'y
a pas d'antenne "S.O.S. Futures Mères" dans notre
département ». C'était une lacune
à combler :immédiatement elle proposa de devenir
responsable d'une antenne "S.O.S.".
Ce
fut là le commencement.
Peu
de temps après, Thérèse arrivait en Haute-Savoie;
c'était en 1976; elle venait d'un département où
elle avait, elle aussi, créé une antenne "S.O.S
- F.M.". Elle se rappelait qu'au départ, n'ayant trouvé
personne auprès d'elle pour la conseiller, elle éprouvait
quelque inquiétude en regardant son téléphone
: « Un jour il sonnera, ce sera une future mère
en difficulté... et comment cela se passera-t-il ? ».
Elle appela donc Françoise : « j'ai été
moi aussi responsable " S.O.S. Futures Mères ",
j'ai acquis un petit peu d'expérience, voulez-vous que
nous nous rencontrions ? ».
Françoise
accepta avec enthousiasme. Toutes les deux devinrent amies et
firent équipe.
"S.O.S.
Futures Mères" existait donc, mais iI n'y avait pas
encore d'appels. II fallait faire connaître son existence.
C'est alors qu'intervint un médecin du centre hospitalier,
adhérent de "Laissez-les-Vivre". II eut l'idée
d'écrire une lettre à tous ses confrères
du département leur signalant l'existence et le numéro,
unique alors en Haute-Savoie, du "S.O.S. - F.M." d'Annecy.
L'idée s'avéra excellente et le premier appel vint
effectivement d'un médecin pour une future mère
en difficulté qui se trouvait en consultation chez lui.
A
la réflexion, il paraît évident que la dissuasion
de l'avortement devrait s'opérer au stade de la première
constatation médicale, ou le plus tôt possible après.
Sinon, la candidate à l'avortement n'attend plus la seconde
signature que comme le cachet qui validera son bon pour avorter.
D'autre part, si un médecin essaie de dissuader de l'avortement
une femme
enceinte en difficulté, il est évidemment très
gêné de n'avoir à lui proposer, en face de
ses difficultés, que de bonnes paroles. II en va tout autrement
s'il peut lui donner notre numéro de téléphone,
avec l'assurance qu'elle sera dépannée.
Mais
il nous semblait qu'un seul numéro pour tout le département,
c'était peu. II fallait susciter des vocations. Alors nous
nous sommes mises à écrire, Françoise dans
un journal local, Thérèse dans différents
bulletins paroissiaux. Ailleurs, un conseiller général
adjoint au maire de sa commune et farouchement opposé à
l'avortement prenait contact avec Thérèse qui faisait
alors, dans cette commune, sa première réunion d'information.
Entre temps, l'équipe s'était enrichie de l'aide
d'une assistante sociale, totalement dévouée à
la cause du Respect de la Vie. Celleci nous envoya elle aussi
une volontaire. Une autre amie nous vint pour avoir été
bouleversée, hélas, par le drame provoqué
par un avortement dans une famille amie : avortement d'une mineure,
exécuté à toute vitesse, à l'insu
des parents, par un avorteur qui ne s'embarassait pas des pauvres
obstacles que la loi Veil prétendait mettre à l'avortement
libre...
Le résultat de ces actions diverses, c'est qu'aujourd'hui
nous avons dans le département plusieurs antennes : une
à Thonon, deux à Annecy, deux à Annemasse,
trois à Chamonix, quatre à Cluses. Et nous espérons
bien que cela ne s'arrêtera pas là.
Le
temps a passé et tandis que le réseau "S.O.S
F.M." s'étoffait, Thérèse est devenue
déléguée de "Laissez-les-Vivre".
Et la nécessité d'informer nous parait de plus en
plus urgente. Nous sommes frappées, chaque fois que l'occasion
nous est donnée d'aider une future mère, de l'entendre
dire : « je ne savais pas que cela existait... ».
C'est un peu par hasard qu'elle avait trouvé "S.O.S.
- F.M." sur son chemin. Combien d'enfants seraient sauvés
si "S.O.S. -F.M." était mieux connu !
C'est
donc à Thérèse, devenue déléguée,
que revenait cette tâche.
La
première évidence avait été : il faut
faire connaîttre "S.O.S. Futures Mères".
Thérèse comprit seulement ensuite que le public,
dans sa grande majorité, excepté ceux qui ont une
formation médicale ou para-médicale, ignore les
réalités de la vie prénatale, et les réalités
atroces de l'avortement pour l'enfant qui la subit. La première
urgence est là : mettre ces réalités sous
les yeux du public, grâce à une vingtaine de diapositives,
accompagnées d'un commentaire aboutissant à la conclusion
: la vie commence à la conception.
Enfin,
il faut mettre en garde les parents et les jeunes contre la propagande
des avorteurs. Voici en effet ce qu'une mère de famille
rapporte un jour dans une des ces réunions d'information.
« Dans l'école que fréquentent mes
enfants, j'ai tenu à assister à une séance
d'information sexuelle, assurée par une équipe du
Planning qui avait été invitée à cet
effet. Il s'agissait de classes de 4e et de 3e. Après avoir
parlé de l'anatomie et de la physiologie des organes génitaux,
ils ont parlé de la contraception. Le thème général
était » grâce à la contraception,
la vie est belle, profitez-en bien... Si pourtant vous aviez un
ennui, nous sommes là pour tout arranger... Ce n'est pas
grand chose, ça coûte 450 F (dans les premiers mois
de 1980). En principe pour les mineures, il faut la signature
des parents, mais on peut s'arranger. Le tout assorti d'une propagante
bien "politisée".
Thérèse
cherche donc à faire le plus possible de ces réunions
d'information. II suffit d'un sympathisant qui l'introduit dans
une école, d'un adhérent ou d'une répondante
qui accepte de retenir une salle, de lancer des invitations. II
y a 6, 8, 10 personnes, quelquefois moins, quelquefois plus. Ce
n'est pas beaucoup ? Sans doute : mais chacun de nous est une
petite flamme, capable d'en allumer beaucoup d'autres. Chacun
repart avec le désir de transmettre l'information qu'il
a reçue, à l'aide notamment des dépliants
"Pour sauver l'enfant à naître" et des
dépliants "S.O.S. Futures Mères" qui comportent
la liste de toutes les antennes françaises.
Cela
passe inaperçu, cela ne fait pas de bruit; mais n'en est-il
pas ainsi des graines minuscules qui dorment dans la terre, pendant
des mois ? Un jour des pousses fragiles sortent de terre, et plus
tard encore, sous le soleil de l'été, resplendira
une abondante moisson...
Jeanne
ARGENTON
Déléguée L.L.V.
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