Madame
Alix GOBRY, mère de neuf enfants, membre du Comité
National de "Laissez-les-Vivre S.O.S. Futures Mères"
participe depuis un an à la lutte contre le remboursement
de l'avortement par la Sécurité sociale. A l'heure
actuelle, le gouvernement entend présenter un projet de
loi allant dans ce sens. Madame GOBRY fait le point et répond
à nos questions.
Bruno
MEUNIER : Madame GOBRY, vous avez créé un groupe
de femmes pour le respect de la vie. Pouvez-nous nous faire l'historique
de l'action menée par celui-ci depuis un an ?
Mme Alix GOBRY : Dès septembre 1971, le Ministre dite
"des Droits des Femmes" annonçait un train de
mesures en leur "faveur". Le plus choquante: l'I.V.G.
sera remboursée par la Sécurité sociale.
C'est une véritable provocation contre les femmes et les
familles honnêtes. Provocation qu'il a fallu immédiatement
contrer. Une délégation représentative des
femmes du respect de la vie a demandé audience et n'a jamais
été reçue ni par le Ministre des Droits des
Femmes ni par le Premier Ministre et ni par le Président
de la République. C'est dire dans quel mépris sont
tenues les femmes qui font la France.
B.M.
: Parlez-nous du 8 mars, journée des femmes.
A.G. : Je tiens à vous préciser que cette date
a été fixée au Congrès socialiste
de Copenhague en 1910 !
Le fait que nous n'ayons pas été invitées
à la réception de l'Elysée est bien la preuve
que cette journée était réservée aux
complices du pouvoir. Le Président a profité de
cette réception pour faire annoncer par son Premier Ministre
le remboursement de l'avortement par la Sécurité
sociale. Nous n'avions plus qu'à descendre dans la rue
pour nous faire entendre ! En effet, notre énorme
manifestation, bien sûr occultée par tous les médias,
a été entendue jusqu'à l'Elysée, puisque
le pouvoir a reculé.
B.M.
: Beaucoup de monde à cette manifestation ?
A.G. : Environ 50 000 en comptant sur nos films le nombre
de rangs et de personnes par rang.
B.M.
: Nous sommes au cur d'une polémique au sein du gouvernement.
Qu'en pensez-vous et qu'en est-il ?
A.G. : Quand on est en face du gouffre de la S.S., les chiffres
parlent d'eux-même. L'opinion n'accepterait pas qu'on lui
oppose d'un côté le déficit, de l'autre le
remboursement de l'avortement. D'autant plus que les prestations
sociales ne cessent de diminuer pendant que les cotisations augmentent !
Par ailleurs, face à l'opinion publique hostile, le gouvernement
ressort sa tactique habituelle ! C'est toujours la même
chose ! On lance une idée, comme une sonde, on fait semblant
de faire marche arrière, puis on se laisse forcer la main...
Nous devons toujours être prêtes pour faire face à
la menace. C'est ainsi que le 23 octobre, nous sortirons nous
aussi de chez nous pour descendre dans la rue !
B.M.
: Le remboursement de l'avortement par la Sécurité
sociale, c'est dit-on pour les Français y participer, qu'en
pensez-vous ?
A.G. : Oui, cela obligerait tous les Français à
une participation active à un crime et cela nous le refusons
absolument. En plus, cette décision serait contraire à
la Constitution.
B.M.
: Jusqu'où irons-nous pour refuser de collaborer ?
A.G. : C'est une question de vie ou de mort pour nos plus
jeunes concitoyens. Nous n'abandonnerons pas le combat et nous
disposons de moyens illimités et l'on entendra encore parler
de nous.
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, novembre 1982
|