"Laissez-les
Vivre" est une association de bons citoyens qui aiment leur
pays et sont respectueux des lois qui garantissent l'ordre social.
D'où vient qu'ils apparaissent comme des contestataires
et des hors la loi en ce qui concerne le but de leur association,
la défense du droit à la vie des enfants conçus,
un domaine où les contestataires et les ennemis des lois
sont au contraire du côté d'une loi qu'ils jugent
bonne quoique insuffisante ?
C'est
qu'il y a deux manières d'envisager la loi. Dans un contexte
"libéral" la loi est ce qui permet à tout
citoyen de se conformer à ses désirs sans trop gêner
le voisin : la loi doit ainsi évoluer avec les murs
et c'est ainsi que, présentant l'avortement comme un besoin
social tout en tentant de justifier la réalité de
ce besoin par la propagande, on a estimé devoir le légitimer
sous le prétexte qu'on ne pouvait plus en maintenir l'interdiction
et la châtiment, après avoir, il est vrai, interdit
les poursuites contre les avorteurs.
Une
telle manière d'envisager la loi est inadmissible pour
qui a le vrai sens de la loi qui doit s'efforcer de rapprocher
le plus le légal du moral, un moral qui ne dépend
pas de la diversité des idéologies, mais de l'existence
objective d'une morale naturelle humaine commune, base du droit
naturel, du bien commun des individus et de la société.
La loi naturelle c'est ici le respect absolu de la vie humaine
innocente et commençante même si elle est déficiente.
Un respect qui est respect de la paternité et de la maternité,
un respect de la médecine. C'est aussi un respect des juges
à qui on ne saurait imposer d'appliquer une loi inhumaine,
un respect du législateur. L'interdiction absolue de l'avortement,
les poursuites et les sanctions contre les avortées et
leurs complices et d'abord le père, contre surtout les
avorteurs est une exigence de justice sans quoi il n'est plus
ni justice, ni loi, ce qui n'implique pas bien entendu le refus
d'évaluer les degrés de responsabilité et
les circonstances atténuantes devant ce qui est toujours
un crime.
On
ne saurait se contenter de ce moindre mal d'une objection de conscience
qui implique la possibilité individuelle de ne pas obéir
à la loi, une attitude qu'on devrait aussi accorder au
juge, car s'il peut y avoir objection de conscience valable c'est
que la loi n'est pas satisfaisante. L'objection de conscience
est ici obligatoire : on ne saurait obéir à une
loi mauvaise qui va en sens inverse de l'humain. II y a des cas,
ont art avec raison les moralistes, où la désobéissance
à une loi mauvaise est un devoir absolu de conscience.
C'est le cas ici.
Dire
non à la loi, c'est inlassablement éclairer sur
sa multiple nocivité, c'est militer pour sa suppression
et non son amélioration, c'est travailler positivement
à la suppression du faux besoin pathologique d'avorter
par l'aide aux mères en détresse, l'établissement
de bonnes lois familiales de vraie promotion de la femme et l'authentique
éducation sexuelle à base de maîtrise de soi.
La loi doit assurer l'assistance aux êtres en détresse,
aux faibles, et c'est ici l'enfant à naître. S'il
y a détresse de la mère, ce qui est hélas
souvent vrai, mais c'est souvent un faux prétexte, il faut
y remédier par une vraie aide à supporter la maternité.
P.
Chauchard
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, avril 1979
|