Comment
de nombreux adversaires de l'avortement en viennent-ils à
le tolérer ? « II s'agit, dit le P Verspieren,
de respecter la liberté de l'autre, en essayant de le
comprendre, en sachant que c'est l'autre qui porte la responsabilité
de ses propres décisions ». Nous en sommes
bien d'accord : l'entretien avec qui veut avorter doit se faire
dans une sympathie apparemment non directive qui ne vise pas directement
à dissuader, mais à donner des informations qui
devraient avoir ce résultat. « Essayer de
respecter autrui, de l'entendre vraiment ». Oui.
Mais si on ajoute « lui permettre de trouver lui-même
sa vérité ». Nous refusons le petit
"sa" et nous disons "la" vérité.
Comme le dit Mgr Duchêne
« II ne s'agit pas de mépriser les personnes,
mais de les aimer. Elles ont droit à la vérité
qui, elle aussi, libère. Dire la vérité et
la faire, c'est aussi aimer ».
Ambiguïté
de la liberté qu'on met faussement dans le refus de toute
loi humaine universelle, aboutissant à nous rendre esclaves
de nos pulsions inconscientes morbides. La liberté du suicide,
de l'alcool, de l'homosexualité comme la liberté
de l'avortement, cela n'existe pas, il faut rendre la liberté
qui permettra de refuser le suicide, l'alcool, la pratique homosexuelle,
l'avortement. Nous devons être des libérateurs, aider
les autres à trouver à leur manière l'unique
bonne direction, ce qui exige de ne pas tenter de leur imposer
des interdits ou des autorisations : il faut savoir difficilement
les persuader, les convaincre dans une pédagogie non directement
directive mais qui leur fera découvrir la vérité
et la lumière.
Certes,
il y aura des échecs qu'il ne faut pas se dissimuler
: ce n'est pas un succès, contrairement à ce qu'on
dit, en conseil conjugal, de permettre à un couple de "réussir"
son divorce ; le succès ce serait de le faire renoncer
librement à divorcer. II n'y a pas de bonnes motivations
à l'avortement qui nous permettent de signer un certificat
qui est le droit à avorter car si nous avions su rendre
la femme (et son entourage) lucide et responsable, elle n'aurait
plus eu besoin de ce certificat. On n'autorise pas quelqu'un à
être un alcoolique lucide car on ne peut être lucide
et alcoolique. On n'aide pas quelqu'un à se suicider car
personne de normal ne se suicide. Aucune loi au monde ne peut
légaliser l'alcoolisme ou le suicide, aucune loi au monde
ne peut légaliser l'avortement, c'est-à-dire la
névrose, la folie.
C'est
par charité, le respect de l'autre, l'amour que nous réussirons
à l'amener à se guérir en se libérant,
mais il n'y a de vraie charité que dans la vérité.
Nous n'avons pas à juger autrui, à évaluer
sa responsabilité, sa culpabilité, sa bonne ou mauvaise
foi. Mais nous devons juger objectivement les conduites humaines,
lutter contre la pathologie du mal et promouvoir l'hygiène
du bien. Ne pas le faire serait manquer à la charité
qui nous enjoint l'aide à toute personne en danger, personnes
qui sont deux en cas d'avortement, l'enfant, mais aussi la mère
dans la déviation morbide de sa féminité
sans oublier le père, le médecin, la société.
Refusant le sectarisme autoritaire inefficace qui n'est pas vraie
charité, nous rejetterons de même le sectarisme pseudolibérai
de la fausse tolérance qui dissimule ou rejette la vérité.
Dr
Paul Chauchard
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, juin 1979
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