Aider
la femme a assumer sa maternité, cette aide que veulent
apporter les militants de "Laissez-les-Vivre -S.O.S. Futures
Mères" à toute femme enceinte qui se sent en
détresse, peut être, dans le cas notamment des mères
célibataires, une suppléance à la déficience
du père ou des parents. Mais il ne s'agit pas de nier que
l'acceptation de l'enfant appartient normalement au couple qui
devient ainsi une famille. S'il nous revient d'être une
famille de suppléance aidant la mère abandonnée
angoissée par son isolement, nous désirons bien
plutôt être une aide pour le couple faisant prendre
conscience, non seulement à la femme, mais à l'homme
de ses responsabilités, l'éveillant à sa
responsabilité et sa vocation paternelles.
Notre
société est anormale car elle considère le
citoyen comme un individu isolé dans la foule. En accord
avec une psychosociologie correcte, LLV pense que l'élément
de base de la société n'est pas l'individu, mais
le couple origine de la famille berceau des futurs citoyens. II
ne s'agit pas simplement de laisser vivre l'enfant en luttant
contre l'avortement, il s'agit de donner à l'enfant le
milieu normal d'accueil nécessaire à son développement
heureux que constitue la famille, un père et une mère
qui s'entendent, qui, pour lui, ont le devoir de s'entendre sans
disputes, séparations ou divorces. Si l'adoption peut constituer
un moyen dépannage, l'idéal est évidemment
la famille des vrais parents.
Le
devoir de tout état, soucieux de son avenir et d'aider
les citoyens à être heureux, est donc d'aider la
famille sur tous les plans qui, tous, ont une dimension politique,
les ressources financières, le logement, l'aide à
la mère, etc ... Pour lutter contre l'avortement clandestin
ou légalisé, LLV pense que les interdits
sont inefficaces quoique nécessaires si on n'y adjoint
pas des mesures d'aide et d'encouragement à la famille
que nous ne cessons de réclamer depuis notre programme
de Strasbourg. LLV se range donc parmi les organismes familiaux
et est heureux de collaborer avec eux, surtout quand comme les
"Associations familiales catholiques", ils sont engagés
à fond dans la lutte pour le respect de la vie, ce qui
devrait être la base d'action de tous les familiaux.
Sans
nier la nécessité de vocations de célibat
pour plus de disponibilité, souvent d'ailleurs au service
des familles, nous considérons la famille et son rôle
pédagogique comme la vocation essentielle et passionnante
de l'homme et de la femme. Dénonçant l'égoïsme
de ceux qui la refusent, nous rappelons qu'une vraie famille ne
saurait s'épanouir avec l'enfant unique, même pas
avec deux, mais avec au moins trois enfants. C'est une peur pathologique
qui borne aujourd'hui les dimensions de la famille : il faut redonner
la joie d'avoir des enfants, même si cela impose certains
sacrifices. Non pas simplement par des justes mesures matérielles
prises par l'État pour ceux qui assurent son avenir, un
sacrifice imposé à ceux qui n'ont pas d'enfants,
mais aussi par une vraie psychothérapie allant à
contrecourant d'une fausse propagande culpabilisant les parents
et leur présentant la réussite éducative
comme très difficile, alors que dans un contexte d'amour
généreux tout est possible.
Entre
vie privée et vie professionnelle et civique, il faut assurer
un temps suffisant pour la vie familiale, un temps suffisant non
pas seulement pour la mère au foyer, mais pour le père,
le couple au foyer. Pour y réaliser cette éducation
communautaire de collaboration d'âges et de sexes divers
qui est le bon apprentissage de la vie sociale. Les militants
de LLV doivent s'engager dans l'action familiale qui devra
devenir aussi importante et efficace que le syndicalisme. C'est
la science qui nous atteste que l'homme est un être familial
: besoin de parents, besoin d'enfants.
Dr
P. Chauchard
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, novembre 1979
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