Nous
luttons contre l'avortement et l'euthanasie; notre Courrier
a été sous-titré "le seul périodique
entièrement consacré à la protection de toute
vie humaine", jusqu'à ce que paraisse notre "Bulletin
de liaison".
Alors
on nous objecte : « notre société
engendre de nombreuses atteintes à la vie humaine : de
l'avortement à toutes les tortures en passant par la famine,
les injustices, la condamnation à mort, les dégradations
de toutes sortes, la guerre. Et on ne défendra bien tel
ou tel secteur de la vie humaine que si le sens de la vie s'approfondit ».
Nous
en sommes bien d'accord. Mais on ne peut tout faire et parmi les
nombreuses uvres qui militent pour tel aspect de la défense
de la vie, nous avons voulu combler un vide concernant les plus
démunis et les plus oubliés les enfants à
naître, obligés de nous occuper éventuellement
des euthanasies postnatales. Nous ne reprochons pas aux autres
uvres de vie de ne pas s'occuper de l'avortement, mais nous
n'admettons pas qu'elles l'acceptent comme c'est souvent le cas.
Bien entendu, un militant de "Laissez-les-Vivre", même
s'il n'a pas le temps de s'y consacrer se doit d'être un
partisan du respect absolu de la vie humaine dans tous les domaines.
Et
il l'est forcément même dans le champ strict de son
action, car il ne s'agit pas de "laisser vivre" mais
de donner aux enfants sauvés et à leurs parents
les conditions d'épanouissement, ce qui oblige à
militer pour une société plus humaine, une société
d'amour, une société où dans tous les domaines
primera le respect de la vie.
Mais
de qui faut-il s'occuper d'abord, sinon des innocents et de leur
droit à la vie ? Respecter la vie c'est être pour
la paix contre la guerre, mais on ne peut sans nuance en conclure
qu'il faut être contre la défense nationale, objecteur
de conscience, car les innocents doivent être défendus
de l'atteinte à leur vie et leur liberté. Ici, respecter
la vie, c'est plutôt militer activement pour l'entente entre
les peuples dans la justice et le refus des excès nationalistes
ou internationalistes.
Et
la peine de mort ? II est ridicule de mettre en balance quelques
tueurs et les centaines de milliers d'innocents dont la plupart
des adversaires de la peine de mort acceptent la mort avec bonne
conscience. II est inadmissible de refuser de défendre
légitimement (rôle de l'État) les innocents
contre des tueurs, de risquer de légaliser le crime comme
on a légalisé le crime d'avortement. Faudrait-il
ne condamner à mort que ceux qui tuent sans autorisation
? Alors : pour ou contre la peine de mort ? Ce n'est pas la question.
Le respect de la vie est contre. Mais on ne respecte la vie en
étant contre (comme d'ailleurs dans le cas de l'avortement)
que si on s'efforce à dissuader les tueurs de tuer. Etre
pour la peine de mort serait solution de facilité. Mais
précisément en travaillant pour une société
juste, on prévient les aptitudes à la criminalité.
Le crime, comme pour l'avortement, est résultat d'une névrose.
Dans les deux cas la responsabilité est atténuée
: il faut donc prévenir et guérir, empêcher
au moins la récidive. SOS FM doit accueillir
les avortées pour qu'elles ne récidivent pas.
Nous
pourrons être franchement contre la peine de mort le jour
où ses adversaires créeront un "SOS Futurs
criminels" ou un "SOS criminels repentis ou libérés"
empêchant la récidive car les innocents importent
plus que les coupables, le jour où les prisons ou les centres
d'accueil aux sortis de prison seront des centres rééducatifs,
où les dangereux resteront surveillés.
P.Chauchard
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, juin 1980
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