Refuser
l'avortement semblait aller de soit : une réaction instinctive
inscrite dans notre coeur pour la défense de l'enfant.
C'est pour cela que la légalisation de l'avortement se
justifie paradoxalement du but souhaitable de le faire disparaitre.
Mais
aujourd'hui une formidable propagande disposant des mass-média
et contrairement à une loi inappliquée, nous
propose des arguments ne se contentant pas de justifier une autorisation
limitée d'avorter, mais faisant de l'avortement un droit
légitime, en niant sa réalité de crime contre
l'enfant, la maternité, la médecine, la justice
ou la société.
Ces
notes doctrinales ont donc pour but de rétablir la vérité,
de confirmer notre instinct par un savoir permettant d'établir
de façon certaine qu'on ne saurait en aucun cas justifier
l'avortement.
C'est
effectivement la doctrine de L.L.V. Mais, pour l'homme
de bonne volonté, qui reçoit des informations contradictoires,
qui lui permettra de s'y rallier, de se former une conviction
personnelle ? II ne faut pas croire que c'est facile, car nos
adversaires développent des arguments qui souvent semblent
logiques, pour entrainer notre acquiescement à un acte
qui fait appel à notre générosité
envers la femme qui ne peut accepter sa grossesse.
Et
ceux qui défendent ces arguments sont souvent des personnalités
dont on hésite à contester la compétence.
Quand une avocate déclare que l'embryon au début
n'est pas humain, on peut proclamer son ignorance de la biologie.
Mais, si elle est soutenue par des prix Nobel de biologie, qui
fixent l'humanisation à un stade tardif indéterminable
avec l'appui de théologiens qui se refusent à mettre
l'animation à la conception !
Nous
ne devons pas nous laisser intimider par les soi-disant compétences.
Comment choisir, par exemple, entre Lejeune et Monod ? Ce n'est
pas une affaire religieuse ou politique; le fait de trouver l'un
plus sympathique que l'autre ou se rallier à ce que nous
croyons l'opinion de la majorité. II faut absolument nous
faire une conviction personnelle objective. Un adolescent, une
femme de ménage doivent oser dénoncer les opinions
fausses d'un bilogiste ou d'un médecin.
Interpellé,
dans Le Monde, par un médecin étonné
des contre-vérités biologiques qu'il soutenait,
Monod répondit qu'il ne parlait pas au nom de la biologie,
mais de ses croyances sociales !
Pour
ne pas nous laisser entraîner par les manipulateurs d'opinion
ou pour ne pas sombrer dans le scepticisme de nier l'existence
de la vérité ou le moyen d'y parvenir, il nous faut
donc faire un gros effort personnel de lucidité et ne pas
croire sur parole les compétences.
Nous
devons ainsi pouvoir justifier objectivement et scientifiquement,
malgré tous ceux qui affirment leur savoir et enseignent
des erreurs, que l'avortement est l'assassinat d'un petit homme,
que l'homosexualité est anormale, que la masturbation est
un mal; que le stérilet est un abortif précoce,
que la pilule est aussi nocive pour la femme que les hormones
pour le veau et son consommateur, que la liberté n'est
nos le droit de faire n'importe quoi, qu'on ne saurait se résigner
car on peut toujours remédier au mal préventivement
ou curativement. Plutôt que de justifier le moindre mal
en le qualifiant de bien, reconnaissons le meilleur bien et rendons
le possible par notre engagement.
P.
Chauchard
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, novembre 1980
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