"Non
à la vivisection", lit-on sur les murs. Qui ne serait
d'accord qu'il faut limiter la souffrance animale ? On ne peut
cependant nier l'importance médicale des progrès
de l'expérimentation qu'on ne peut faire sur l'homme qu'en
l'absence de tout risque.
Mais
n'y a-t-il pas abus, gaspillage, menace d'extinction des espèces
quand le nombre des chercheurs s'accroit exagérément
?
Alors,
diront certains, pourquoi laisser perdre ces ftus obligatoirement
condamnés. Au lieu de les livrer au crématoire cette
perte, à l'industrie de récupération (méthode
nazie), pourquoi ne pas profiter de leur caractère humain
pour une expérimentation profitable à tous ?
Et
ceci est entré dans la réalité : au lieu
de tuer ou de laisser mourir, on maintient en vie pour la vivisection
humaine ; on adapte aux besoins la date de l'avortement,
on utilise une technique respectueuse du futur cobaye sans se
rendre compte qu'on crée un nouveau besoin d'avortement,
un devoir d'avorter pour la science.
Notre
slogan. Non à la vivisection humaine des ftus, qu'il
s'agisse de science pure, de cette curiosité scientifique
qui, nous dit J. Monod, ne doit connaître aucune limite,
qu'il s'agisse du bien direct des malades. Prélever avec
son accord un organe à un adulte vivant ou à un
mort pour une greffe, cet engagement de libre charité qu'on
ne saurait imposer, c'est tout autre chose que de couper en morceaux
un ftus vivant.
Au
congrès LLV de Strasbourg, Président de LLV, j'avais
dénoncé cette tendance abusive de la science. Jacquinot
à notre Congrès en 1981 a fait le bilan de cette
pratique en pleine expansion. Le passage de l'avortement à
l'euthanasie n'ira-t-il pas de pair avec l'expérimentation
sur les futurs exclus de la vie : malades, infirmes, vieillards ?
Quel profit certes pour la science, mais quelle barbarie.
Mais
on oublie d'autres ftus-cobayes, les précurseurs
de ces enfants en bouteille qui assureront mieux la dématernisation.
Paradoxe car ils se justifient d'abord pour la maternité
de femmes stériles à qui on réimplante dans
l'utérus l'embryon d'abord conçue et développé
en dehors d'elles. Merveilleux progrès ? C'est oublier
le nombre d'échecs, donc d'embryons tués pour une
réussite, les ratés du développement en milieu
artificiel, les ratés de l'implantation utérine
et les expulsés ou morts ultérieurs. Quel carnage.
Mais
on ne s'arrêtera pas là. On ira vers des banques
d'embryons où les femmes iront, sur fiche, choisir pour
implantation qui leur conviendra sans se soucier des donneurs
de cellules sexuelles : les laissés pour compte seront
périodiquement jetés pour renouveler le matériel.
Un
stade de plus et ce sera le développement entier totalement
artificiel avec eugénisme orientant vers telle ou telle
qualité physique ou psychique désirée par
l'acheteur, les enfants de l'État du "meilleur des
mondes" de A. Huxley, orientés vers l'esclavage ou
le pouvoir directeur. Qui réussira le premier, c'est tentant
pour le Prix Nobel. Petrucci serait Bata un autre italien qui
dit avoir arrêté la vie de ces enfants soi-disant
réussis. Vrai ou faux, nombreux sont ceux qui y travaillent.
Certes on pourrait alors garder en vie les fétus non viables
avortés, mais quelles hécatombes pour une réussite
et que de monstruosités à craindre. Le respect de
la science, l'honneur des scientifiques c'est de rester humain
d'un humanisme respectueux que la vraie science se doit de confirmer.
Non
à la toxicomanie scientiste celle qui fit du père
des V1 destructeurs de Londres, le promoteur admiré de
la conquête de l'espace.
Dr
Paul Chauchard
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, janvier 1982
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