"Respect
de la vie", "Laissez-les Vivre" : expressions un
peu ambigües. Il s'agit, bien entendu, de la vie humaine,
mais de son plein niveau qui est la personne humaine et de ses
droits. Mais on nous demande de préciser ce qu'est une
personne : on dénie à l'embryon dès
la conception le titre de personne sans pouvoir dire quand dans
la continuité du développement débuterait
la personne. Serait-ce l'aptitude à la relation qui semblait
exiger l'achèvement du cerveau bien après la naissance,
mais qui en fait existe très tôt pendant la grossesse
(L'aube des sens, cahiers du nouveau né,Stock) ?
Faux
problème en vérité, du à une conception
classique de la personne, être libre et responsable. Qui
l'est pleinement ? C'est pour l'homme une vocation inscrite
dès la conception dans ses gènes et qu'il devra
difficilement réaliser toute sa vie ; d'abord par
l'inconsciente croissance biologique de son cerveau puis par l'apprentissage
de sa bonne utilisation altruiste dans la lucidité du contrôle
de soi, hélas si négligée. Toute notre vie,
jusqu'à la mort naturelle, est effort de personnalisation,
un idéal, avec des hauts et des bas, et non un achèvement;
une montée et non un plateau.
Si
la personne exige la pleine conscience, le dormeur ne serait pas
personne, ni le comateux au cerveau vivant, ni le malade mental
et on n'aurait pas à respecter leur vie. On tombera même
dans la confusion des fanatiques de l'euthanasie et de l'aide
au suicide pour qui ce serait un droit de la personne que d'être
tuée, quand elle est diminuée, alors que précisément,
bien vécue dans la fraternité, la diminution peut
être personnalisante. Les faibles et les infirmes sont plus
personne, souvent, que les gens normaux qui le sont si peu. La
personne c'est le cur dont sont plus riches les trisomiques
que certains intellectuels diplômés.
On
comprend ainsi l'effroyable crime qu'est toute mise à mort
(dite euthanasie) quel que soit l'âge, de la conception
à la mort naturelle, de qui que ce soit.
On
nous dit aussi: la personne est l'individu unique. Donc pas dès
la conception où au début un peut devenir deux ou
plus {jumeaux vrais) et même deux devenir un (chimères).
Mais demain on pourra nous donner un jumeau (cloning) à
partir d'une de nos cellules. Ne serions-nous pas personne ?
L'atome, c'est le sens du mot, était insécable.
Aujourd'hui on le coupe ou le fusionne. Il en est de même
des possibilités de la personne. Et si on coupe un embryon,
les deux : ont les mêmes droits personnels ; on
ne peut en sacrifier un comme on nous le propose.
Dr
Paul Chauchard
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, juin 1983
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