"Laissez-les
Vivre". Engagement passionné pour la vie, avant comme
après la naissance, des bien portant, des désirés
comme des malades, des infirmes et des indésirables. Mais
pas d'utopie : nous savons que la mort est le destin naturel
et heureux de l'homme (renouvellement et rajeunissement des générations).
Donc nous souhaitons que tout humain atteigne la centaine d'années,
terme normal de sa vie. Nous savons aussi que la plupart des morts
ne sont ni naturelles, ni souhaitables: maladies, accidents, fragilité
du vieillissement.
Et
ceci est un engagement pour le respect de la mort, mort naturelle
inévitable et mort accidentelle, que la médecine
doit diminuer. Respecter cet aspect de la mort, c'est refuser
de tuer. Toute euthanasie au sens mauvais du mot, qu'il s'agisse
d'avant ou d'après la naissance, de gens normaux ou malades,
est un irrespect de le mort qu'il faut interdire et s'interdire.
Personne
n'a le droit de décider de tuer quelqu'un, personne n'a
le droit de se tuer ou de demander qu'on le tue. Qui le demande
est un malheureux qui demande une aide psychologique pour lui
redonner le goût de vivre. Le suicide est un comportement
pathologique qu'il faut combattre et non aider ou encourager.
Un livre comme Suicide, mode d'emploi qui néglige
la tentation morbide de suicide non fondée des adolescents
est un crime abject qu'il faudrait interdire. On ne saurait accepter
ces autres avortoirs que seraient des cliniques de suicide.
Un
des grands déséquilibres de notre monde inhumain
est de revendiquer un droit à la mort quand vous possède
la névrose du refus de la vie. On parle de ce monstrueux
"testament de vie" où des intellectuels demandent
qu'on les tue au lieu de les soigner quand ils seront gravement
atteints. Que diront-ils quand l'occasion se présentera ?
Et ce droit à la mort, on veut l'imposer à qui ne
le demande pas : les ftus indésirés ou
malades qui ont le droit de vivre même si cela déplait
au monstrueux égoïsme des gens qui se croient normaux
alors qu'ils n'ont pas de cur sinon une lâche sensiblerie.
On
condamne facilement l'acharnement thérapeutique :
en fait quand il échoue, mais pas quand il réussit
pleinement. Ce qui est à rejeter ce n'est pas la volonté
médicale légitime de guérir, c'est un irrespect
du malade et de sa mort. il faut tout faire pour guérir,
mais il ne faut pas renoncer à soulager la souffrance même
si cela fragilise ; il faut soigner, mais cela ne veut pas
dire isoler dans un appareillage technique qui supprime les relations
affectueuses et empêche de préparer à la mort,
de vivre sa mort, cet instant si important de notre vie.
Respect
de la mort que cette disparition dans la paix et la lumiére
que décrit A. Huxley dans L'Ile (le yoga et la mort)
et qui est à l'opposé de cet irrespect de la mort
solitaire, angoissée ou droguée qu'est trop souvent
la mort à l'hôpital que Huxley dénonçait
dans le meilleur des mondes.
Militants
de la vie, nous devons être militants de la bonne mort,
non le crime d'euthanasie médicale, mais la tendresse et
l'amour, la consolation pour les mourants ce qui devrait être
au sens étymologique la vraie et saine euthanasie. la bonne
mort, ce que réalise mère Thérésa
dans ses mouroirs de l'Inde, ce que diverses uvres réalisent
pour les derniers jours des cancéreux, ce qui est l'opposé
de leur assassinat, réclamé ou non par les intéressés
ou leurs proches. Une bonne mort dans la perspective de foi proposée
à tous que la mort n'est pas une fin, mais un commencement,
une métamorphose, une hypothèse rationnelle expliquant
notre refus d'un processus naturel considéré comme
fin totale inacceptable pour la conscience humaine, hypothèse
qui est certitude confirmée pour le croyant.
Dr
Paul Chauchard
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, octobre 1983
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