Devant
la nécessité de limiter généreusement
les naissances sans malthusianisme égoïste et irresponsable,
il est évident que la contraception n'a rien à voir
avec le crime d'avortement. Cependant il n'est pas possible d'accepter
n'importe quelle contraception. En effet, il est des soi-disant
contraceptifs comme le stérilet ou la "pilule du len-demain"
qui sont d'inacceptables abortifs précoces. Dans certains
cas quand on ignore si le pro-cédé n'est pas abortif,
il faut y renoncer.
Mais
surtout, partout et toujours, la légalisation de la contraception
pour empêcher l'avortement a conduit à l'augmentation
des avortements et leur légalisation, un apparent illogisme
dû au fait des échecs de la contraception et à
ce qu'on préfère l'avortement à des précautions
techniques
liées au rapport sexuel.
Le
mot contraception est devenu ambigü. Il s'appliquait aux
artifices empêchant la rencontre des cellules sexuelles
ou à la stérilisation temporaire (pour le moment
de la femme) par blocage neuroendocrinien de l'ovulation. En fait
une dénaturation, un irrespect technique et médical
d'une sexualité dévaluée, car réduite
à une sensualité génitale et au risque de
fécondité, qui présente de réels dangers
soit localement, soit sur la santé générale
qu'on ne saurait minimiser puisqu'on affirme la nécessité
d'un contrôle médical. Si les usagers connaissaient
le mode d'action de la "pilule" sur les centres nerveux,
donc tou.I'organisme, qui voudrait encore l'utiliser ? On
doit affirmer que c'est au nom de l'amour, du respect du sexe
qu'il faut s'interdire cette contraception.
Mais Ia régulation des naissances ne nécessite ces
artifices que pour des ignorants inéduqués qu'on
n'a pas le droit de dire inéducables. La sexologie soi-disant
scientifique s'oppose à une authentique éducation.
sexuelle et conduit à la nécessité des artifices
contraceptifs, de l'avortement ou de la stérilisation chirurgicale
définitive, cette déséquilibrante mutilation,
car elle assimile faussement la sexualité humaine à
l'instinct sexuel animal, elle dénature l'amour en le réduisant
au désir sensuel minimisant l'affectivité et la
relation. L'homme et la femme n'ont pas d'instinct sexuel, mais
des pulsions, des désirs qu'ils peuvent contrôler
lucidement au lieu de les refouler ou de les défouler.
Le contrôle cérébral du sexe c'est ce qui
lui donne son sens au plan individuel et relationnel, c'est ce
qui le met au service de l'amour, ce qui permet de se passer des
artifices contraceptifs, et en cas d'échec de cette sexualité
responsable d'accueillir l'enfant dans l'horreur de l'avortement.
Malheureusement
ceux qui ont raison de propager les méthodes naturelles
de régulation des naissances, en mettant l'accent uniquement
sur la fécondité périodique de la femme et
les signes multiples de l'ovulation, ont trop insisté sur
l'aspect contraception naturelle imposant une discipline opposée
à la spontanéité du désir et ont négligé
d'humaniser le sexe en enseignant de façon géné-rale
la maitrise de soi qui n'est pas un moralisme volontariste anxieux
et inefficace mais la pratique du contrôle cérébral
de soi ou l'attention exige non la tension, mais. la mise en état
de calme et de paix assurant le contrôle des réflexes
et des désirs. Dans cette perspective, on comprend la valeur
humaine des directives pontificales. C'est seulement ainsi, par
la valorisation du sexe au service de l'amour, que l'avortement
sera vaincu. Nous devons rendre hommage à nos militants
de Lyon A et H ( ) Isnard qui ont envisagé la sexualité
de façon complète dans leurs trois livres Harmonie
sexuelle clé de la régulation ; L'amour sans
contraceptifs ; Sauvons l'amour et plus récemment
Amour, tendresse et bonheur.
Dr
Paul Chauchard
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, juin 1984
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