Laissez-les
Vivre a pour mission d'assurer à tous les enfants conçus
cette vie heureuse à laquelle ils ont droit. Affirmant
la différence absolue entre la contraception et l'avortement,
nous ne nous occupons qu'indirectement de contraception pour faire
remarquer (Dr Rendu, Congrès de Strasbourg) que dans le
contexte érotomaniaque actuel de non maîtrise, la
contraception artificielle ne s'oppose pas à l'avortement,
mais y conduit.
Si
le droit féminin à la jouissance sexuelle irresponsable
qu'on baptise du nom de "libération" de la femme,
est une des grandes causes d'avortement dans le refoulement névrosant
de la maternité, il est un point tout aussi important sur
lequel nous devons aussi prendre position. Laissez-les Vivre
ne s'occupe pas de démographie, de croissance, d'économie,
de développement, de pollution. Mais, on a raison de l'affirmer,
tout se tient quand il s'agit de défendre et promouvoir
la vie et les partisans de l'avortement sont illogiques quand,
par ailleurs, ils se veulent des défenseurs de la vie et
notamment celle des bébés phoques.
Pourquoi attachons-nous ici tant d'importance aux problèmes
démographiques comme le marquent les justes éclaircissements
donnés par un de nos secrétaires généraux
le Dr Tremblay, pourquoi allons-nous y consacrer le congrès
de Versailles de novembre 1974, précisément en cette
année où se tient le Congrès de Bucarest
sur la population ?
C'est
que les partisans de la "croissance zéro" et
les ennemis de la pollution s'appuient sur l'argument d'une humanité
menacée par la vague démographique et préconisent
l'avortement comme seule solution efficace pour y remédier.
On
nous accuse donc d'être aveugles aux plus graves problèmes,
d'être de ces "natalistes" sans frein qui conduiraient
l'humanité à la catastrophe.
Nos
adversaires se croient à l'avant-garde, ils représentent
en fait l'offensive brutale de ce malthusianisme bourgeois pessimiste
que récusaient autrefois les marxistes. Ce sont les dirigeants
américains, ceux de l'économie surtout, qui prêchent
aujourd'hui cette croisade qui permet aux riches, classes et peuples,
de conserver leurs privilèges.
Un
monde où, de façon totalitaire, on empêcherait
la croissance démographique par avortement serait un monde
de vieillissement sans espoir où l'humanité perdrait
son enthousiasme créateur. La destruction des ressources
naturelles, la pollution, la surpopulation urbaine ne sont pas
des conséquences de l'excès démographique
puisque c'est le fait des pays riches dont la croissance démographique
est dangereusement stoppée. En quoi l'avortement proposé
par M. Dumont rendra-t-il les américains et les japonais
moins polluants puisqu'ils pratiquent largement cet avortement
et qu'il s'agit de le proposer au tiers monde afin, sans doute,
de permettre aux riches de ces pays de passer par la voie de la
pollution ?
L'érotisme
jouisseur ne concerne pas que la sexualité, c'est le fait
de l'excès de richesse, de l'excès de désirs.
L'homme a tellement peur de manquer qu'il est atteint par cette
toxicomanie du trop, du mauvais, de l'inutile ; cette toxicomanie
du gaspillage et du nouveau, à laquelle la publicité
l'incite. Nous sommes dans une société de mauvaise
consommation dont la contestation ne doit pas nous conduire à
retourner à l'insuffisance de consommation de la misère.
Nous
avons besoin d'une société de bonne consommation,
donc de bonne production optima c'est-à-dire de satisfaction
juste et donc limitée des besoins et des désirs,
Elle passe par une morale de la consommation qui est ascèse
hygiénique de respect de la vie.
On
se demande comment arriver à amener le tiers monde au niveau
de vie des peuples riches, américains en tête ?
Pourquoi les faire passer des maladies du trop peu aux maladies
de la richesse ?
Dans
une société basée sur l'affrontement des
classes, des peuples, des jeunes et des vieux, des citadins et
des ruraux, des adultes et des foetus, on insiste sur la nécessité
de la lutte où chacun essaye de faire échouer, avorter,
la vie de l'autre pour réussir la sienne. Ce qu'il nous
faut c'est une société d'attention à l'autre,
une société d'amour. Mais l'amour c'est vouloir
le bien de l'autre, donc que le pauvre ne meure pas de misère,
mais tout autant que le riche ne meure pas de richesse.
Notre
utopie à nous, réalité de demain, si nous
y croyons assez, ce n'est pas l'arrêt de la pollution par
le retour en arrière de la croissance zéro et le
retour voulu à cette démographie insuffisante que
la maladie imposait aux primitifs, c'est une économie réfléchie
au service de l'homme dans un grand élan optimiste pour
la vie.
Dr
Paul CHAUCHARD
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, octobre 1974
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