En
ce temps de Pâques, de résurrection, d'amour, où
la nature elle-même se renouvelle et renaît, tout
nous incite à la joie de vivre.
Cependant,
comment ne pas avoir le cur serré en pensant à
ces petits enfants conçus et bien vivants, encore à
l'abri près du cur de leur maman et que l'angoisse
morale, les difficultés matérielles, voire l'égoïsme
cruel, vouent à la mort ?
Pourtant
la science la plus récente prouve que l'être humain
existe en sa totalité dès la conception. De cet
instant à la mort, il s'agit du même être.
Il y a évolution mais non changement de nature. Peut-on
alors parler de progrès, de dignité de l'homme,
de liberté quand le prix en est la suppression délibérée
d'une vie humaine innocente et sans défense ? Peut-on
croire et faire croire que l'épanouissement et le bonheur
d'une femme puisse passer par la mort de l'enfant qu'elle porte ?
Peut-on croire et faire croire qu'elle n'en subira aucune séquelle
physique, morale, psychique ? Elle sait bien, même
si elle le nie, même si elle désire se faire avorter,
qu'il s'agit d'un enfant. Sa première question après
l'avortement n'est-elle pas souvent : « Était-ce
un garçon ou une fille ? ».
Comment
a-t-on pu ainsi banaliser cet acte si grave au point de le faire
ressentir comme un droit ? La manipulation du langage n'y
est pas étrangère : dire I.V.G. pour avortement,
ftus pour bébé ote gravité et vérité
à la réalité. On a matraqué les esprits,
dégradé les consciences : la loi le permet, donc
j'ai le droit. On oublie le devoir et on assiste à l'effondrement
du sens de la responsabilité.
Certes,
les difficultés auxquelles se heurtent de futures mamans
peuvent être considérables. Mais faut-il leur conseiller
de supprimer leur enfant ou les aider à l'accueillir et
l'élever ?
Le
réseau S.O.S. F.M. a choisi la deuxième solution
et, depuis 13 ans qu'il fonctionne, a aidé des milliers
de futures mères à travers toute la France. Jamais
aucune d'elle ne nous a reproché de l'avoir aidée
à garder son enfant. Bien-sûr et tous ceux
qui répondent aux appels le savent nous avons à
faire face à des difficultés matérielles
souvent très difficiles à résoudre. Mais
il est rare qu'on n'arrive pas, grâce aux services sociaux
et à des dévouements particuliers, à trouver
une solution, au moins de dépannage, qui permet d'attendre
des jours meilleurs. Mais très souvent, même s'il
y a des difficultés matérielles, la détresse
est morale. C'est la solitude porteuse d'angoisse. Combien de
jeunes femmes se sentent seules et incomprises ! La famille,
le milieu de travail, les médias font pression sur elles,
les accusant de ne pas savoir "se débrouiller"
et repoussent l'enfant attendu.
Non,
vraiment ce n'est pas l'enfant qui est cause de détresse,
mais l'environnement, l'égoïsme, les lois qui défavorisent
la famille. L'avortement ne résoud rien, laisse entier
tous les problèmes. Dès qu'une mère se sent
soutenue, de quel effort n'est-elle pas capable ! Il faut
voir, après la naissance. cette maman qu'on a connue écrasée
contempler d'un regard ébloui le bébé qu'elle
tient serré contre son cur. Qu'elle est belle et
courageuse, même si elle sait qu'elle aura encore à
se battre.
Comment
a-t-on pu faire d'un crime le symbole de la liberté de
la femme ? On a prétendu la libérer des tabous.
On a voulu favoriser le couple aux dépens de l'enfant.
Hypocrisie ! comme de laisser à la mère seule,
sous prétexte de respecter sa liberté, le choix
de garder ou non son enfant. C'est lui laisser porter un fardeau
trop lourd et se laver les mains comme Ponce-Pilate.
Malgré
tout, l'instinct de procréation reste le plus fort et notre
société en arrive à cette aberration :
supprimer allègrement la vie innocente et s'acharner à
des expériences génétiques (embryons congelés,
location d'utérus...) qui ne respectent pas la nature.
Où est le respect de l'être humain ? Où
est le respect de son être ?
Ne
permettons pas, sous aucun prétexte qu'on tue un enfant
parce qu'il gêne ou qu'il n'est pas "comme les autres".
L'enfant handicapé a une âme et sa souffrance le
rend plus proche de Dieu. Même l'incroyant admet que « toute
vie est un mystère et nul ne sait qui porte le message »
(1). Ce n'est pas à l'homme de choisir qui vivra. Son rôle
est d'aider à vivre. L'enfant c'est l'avenir et toute société
consciente de sa survie se doit de protéger la famille
et de lui donner la sécurité.
Continuons donc, à travers le S.O.S. Futures Mères,
d'aider les futures mamans. Mais n'oublions pas l'autre rôle
de notre association : informer, éduquer, agir afin d'obtenir
l'abolition de lois iniques au nom du respect de l'homme, de la
mère et de la famille.
(1)
Marcel PAGNOL : Les Secrets de Dieu.
Mme
Laissy
Vice-présidente de l'Association
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, mai 1985
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