Plusieurs
événements récents concernant le respect
de la vie méritent de retenir notre attention.
Sa
vertigineuse ascension Tout d'abord, on se demande bien pourquoi
M. CHIRAC a choisi comme Ministre délégué
auprès du Ministre des Affaires Sociales et de l'Emploi,
chargé de la Santé et de la Famille, une militante
de l'avortement. Cette personne totalement inconnue, au demeurant
adhérente de fraîche date au R.P.R, a donné
à M. Poivre d'Arvor la raison de sa soudaine promotion
: « je me suis beaucoup battue pour l'avortement
(...), la loi sur l'I.V.G., c'est une liberté et c'est
bien d'avoir cette liberté ». (Journal
du Dimanche 4 mai 1986. Relation faite aussi dans le Courrier
Hebdomadaire de Pierre DEBRAY n°842 - 15 juin 1986). Serait-ce
pour avoir les voix de la Grande Loge Féminine de France,
pro-avorteuse, dont la position qui n'a pas changé depuis,
a été indiquée par Mme Edwige Prud'homme,
Grande maîtresse de cette Loge, dans Le Monde du
26 avril 1975. Ceci a beaucoup choqué le monde du Respect
de 'la vie.
Un
décret du 21.82 fait obligation à tous les hôpitaux
publics de se donner les moyens de faire des avortements, et donc
prévoit l'extension des stuctures d'avortement il tous
les hôpitaux qui n'en étaient pas encore dotés.
Dans ces hôpitaux, les médecins concernés,
les directeurs et les conseils d'administration n'avaient, dans
l'immense majo-rité des cas pas donné suite il ces
textes, évitant ainsi la prolifération des structures
d'I.V.G. Or, actuellement, sous le magistère de Mme BARZACH
(Valeurs Actuelles 12 mai 1986) tous les hôpitaux
subissent une inspection incisive et agressive menée par
deux personnes spécialement détachées à
cet effet. Il y a encore 300 à 400 hôpitaux concernés
(Lettre du Dr Alain PINALlE du Centre Hospitalier de Thouars
qui se trouve dans ce cas parue dans le "Courrier
des Lecteurs" de Valeurs Actuelles du 12 mai 1986).
Mme BARZACH fait du zèle pour l'avortement.
Concubinage
Le
Groupe R.P.R. de l'Assemblée Nationale a repoussé
en Commission des Finances (73 membres) un amendement budgetaire
signé Michel DEBRE qui rétablissait l'inégalité
fiscale entre couples mariés et concubins (ces derniers
étant, comme on le fait, fortement favorisés fiscalement).
Seul le Front National, 3 R.P.R. et un U.D.F. (Alain GRIOTTERAY)
ont voté ce projet (Valeurs Actuelles 26 mai 1986).
Dans son n° du 2 juin 1986, Valeurs Actuelles relate
le refus d'Alain JUPPE, de faire disparaître cette inégalité
fiscale entre concubins et couples mariés: motif d'Alain
JUPPE : « cette mesure couterait 15 milliards ».
Réplique de DEBRE : « C'est bien la preuve
d'une sérieuse inégalité entre les couples
mariés et les autres ». JUPPE a promis de
corriger cela dans le budget de 1987.
Plus
tard
Le
Ministre Philippe SEGUIN, dans une lettre à une organisation
à laquelle nous participons déclare qu'il y aura
des mesures familiales « dès l'assainissement
de la situation financiere ».
Comme,
en matière Sécurité sociale et retraites,
en raison du vieillissement accéléré de la
population française (qu'on ne s'efforce absolument pas
de corriger), il y a des causes structurelles définitives
il ce déficit qui pourraient n'être pas définitives
si on essayait de les corriger, mais on ne le veut pas, et on
semble ne même pas soupçonner ce qu'il faut faire
pour cela , l'assainissement financier au moins dans ce
domaine n'est pas près d'être obtenu. Et comme en
matière d'investissement et de redressement économique,
en raison de ce même vieillissement démographique
structurel croissant, comme tous les démographes sérieux
le savent, il y a une insuffisance chronique de plus en plus accentuée
de la capacité d'investissement, il n 'y a pas la moindre
chance, si on ne prend pas tout de suite les mesures indispensables
(et il y en a, mais on n'en parle pas), que les possibilités
financières nécessaires, ressurgissent d'elles-mêmes.
Ceci reporte en fait, sine die, les mesures familiales
indispensables à coût financier notable.
S'il
n'y a pas une volonté politique prioritaire pour trouver
cet argent, on ne le trouvera pas, et sans dire non, on nous opposera
constamment l'argument financier. Cette phrase dilatoire est,
il elle seule très regrettable. C'est pourquoi Laissez-les
Vivre SOS Futures-Mères avait proposé,
parmi ses idées porteuses plusieurs mesures importantes
et non couteuses.
Pas
d'amendement
L'affaire
de l'amendement sur le remboursement l'I.V.G., de M. B.C. SAVY,
Mme PIAT et M. MARTINEZ est symptomatique. Le Gouvernement est
contre les trois amendements et demande à l'Assemblée
de se prononcer par un seul vote sur la loi de finance rectificative
pour 1986 àl l'exclusion de tout amendement. La question
sera reprise au moment de la discussion de la politique familiale.
Donc, ce sujet sera rediscuté.
Il
demeure que la majorité d'aujourd'hui, opposition d'hier,
avait voté contre la loi ROUDY et contre le remboursement
de l'avortement. Aujourd'hui, le même groupe politique,
voire les mêmes personnes, votent la loi finance rectificative,
el l'exclusion de tout amendement, le ministre délégué
s'étant déclaré contre les 3 amendements.
La majorité vote donc le crédit ROUDY.
Admet-tons que la majorité parlementaire se soit trouvée
piègée, soit, il demeure que les mêmes politiques
et les mêmes personnalités, qui avaient refusé
la loi ROUDY, il y a quelques années et les crédits
correspondants, quand ils étaient dans l'opposition, les
votent aujourd'hui. De plus, ils se trouvent maintenant au gouvernement
et sur le plan exécutif, et non plus parlementaire, ils
avaient décidé d'accorder les crédits ROUDY
avant de vote de l'Assemblée.
Ceci
pose le problème de la signification du vote législatif
de l'époque ROUDY. Ont-ils voté alors contre le
gouvernement socialiste parce qu'il était socialiste, et
sachant surtout que ce vote ne changerait rien et qu'il n'empêcherait
pas ce remboursement. Ou ont-ils voté alors sincèrement
contre le remboursement et son principe ? La question reste posée.
Le
fait qu'aujourd'hui au pouvoir, à l'exécutif et
ayant toute liberté d'accepter ou de refuser ces crédits
en période d'austérité financière,
ils les acceptent et s'arrangent pour faire repousser le amendements
qui les rejettent, montre que sur cette question ils ont évolué
contre nous. Et étant donné les déclarations
et promesses plus ou moins faites sur ce chapitre du remboursement,
le monde du respect de la vie est obligé de se sentir trahi
sur cette grande question de principe, comme le seraient des libéraux
économiques qui verraient le gouvernement "libéral"
faire du dirigisme ou proposer de nouvelles nationalisations (il
fait du dirigisme pour les prix pharmaceutiques et les honoraires
médicaux). Ceci serait un beau tollé. Bref, ceci
pour le monde du respect de la vie est particulièrement
choquant.
A
souligner aussi que, même si la discussion revient dans
trois mois, et à supposer qu'alors nous ayons satisfaction,
ce ne sera que pour les prochains 200 millions, mais ceux qui
ont été attri-bués grâce il la séance
du 28 mai 1986 le sont définitivement, et sont donc définitivement
perdus.
L'attribution
des 200 millions "ROUDY" par le gouvernement CHIRAC
fera plaisir à la gauche socialo-communiste. Il faut savoir
si on fait plaisir à ses amis ou à ses adversaires.
Ici la réponse est claire.
Collusion
Il
faut rappeler que le gouvernement GISCARD-CHIRAC a fait passer
la loi VEIL en alliant à l'Assemblée une part de
sa majorité, que le gouvernement GISCARD-BARRE a fait passer
la loi PELLETIER par le même mécanisme en alliant
une partie des siens avec des socialo-communistes.
Ce
qui vient de se passer est le 3ème épisode du même
comportement.
Nous
ne voyons pas au nom de quoi une classe politique non marxiste
qui s'allie automatiquement aux marxistes dans tout un groupe
de problèmes, aurait des leçons à donner
aux membres du respect de la vie, si ceux-ci gravement mécontents
en tiraient les conséquences.
Le
monde du respect de la vie a en ce qui concerne ces problèmes
le choix entre la trahison et l'hostilité. Or, la trahison
c'est l'hostilité plus la duplicité. La trahison
a un plus péjoratif par rapport à l'hostilité
pure, elle est donc plus grave que l'hostilité pure. Les
amis sont pour le moment minoritaires. Ceux pour qui le recpect
de la vie passe apres le reste ont un choix assez large selon
leurs inclinations, ceux pour qui le respect de la vie est prioritaire
n'ont plus à soutenir la trahison, si les avorteurs "de
droite" se refusent el accepter le soutien des avorteurs
"de gauche", les choses seraient différentes.
Mais il n'en est rien. Les membres du respect de la vie n'ont
donc plus de leçon il recevoir de gens qui s'allient aux
socialo-communistes et leur donnent toutes les satisfac-tions
possibles contre eux et contre leurs amis poli-tiques dans le
vaste domaine du respect de la vie humaine.
Ils
en ont dès le 28 mai 1986 tiré les conséquences
pour les prochaines Présidentielles.
En
résumé, après avoir voté contre le
remboursement de l'arvortement, étant dans l'opposition,
le gouvernement accorde les crédits de remboursement ROUDY,
maintenant qu'il est au pourvoir.
Le
Ministre est une militante de l'avortement et du zèle,
pour multiplier les avortoirs, la politique familiale est remise
dans un futur assez indéterminé « dès
l'assainissement de la situation financière ».
Nous
sommes scandalisés, c'est un constat, c'est un fait de
politique, dont il faudra arithmétiment tenir compte.
Il
faudrait vraiment que le gouvernement se rachète hautement
pour que notre attitude change, l'oubli n'est plus possible. Le
gouvernement fait en matière d'avortement la politique
ROUDY avec zèle. Les socialistes faisaient la politique
ROUDY sans zèle. On ne peut pas faire pire, ou est la différence ?
Et
on pourrait longuement épiloguer sur le libéralo-capitalisme
à résidus dirigiste (1), rockefelienne rien à
tendance socialiste prosoviétique et le socialisme libéralo-capitaliste
non antisoviétique.
Les
différences apparaissent évidemment tellement fondamentales
que la marge de manuvre au lieu d'être rétrécie
s'en trouve élargie.
Il
y a aussi la différence entre le malthusianisme capitalo-socialiste
rampant à droite et le malthusianisme socialo-capitaliste
de gauche édulcoré.
Mais
nous n'en sommes pas encore au moment des choix qui feront pencher
la balance et ou la mémoire sera utile.
(1)
(blocage des honoraires médicaux quasi-stagnation des prix
pharmaceutiques (2% d'augmentation globale). Ceci à cause
de la securité sociale, parce qu'on se refuse absolument
à agir sur les causes demographiques structurelles de sa
situation)
Dr
E. Tremblay
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, juillet 1986
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