Ceux
et celles qui ont eu le triste privilège d'avoir entre
les mains le numéro d'octobre de Marie-Claire faisant
l'apologie de l'avortement clandestin, ont pu y lire cette sinistre
exclamation de satisfaction : « Une vie qui aurait
pu être, et qui n'est plus rien. »
Cette
phrase évoquait, comme en écho, celle qui fut jadis
prononcée dans la cour de l'Université de Salamanque
: « Vive la mort, à bas l'intelligence. »
Aujourd'hui,
nous qui croyons en la vie, subissons apparemment une défaite.
Malgré
l'infinie tristesse qui est la nôtre après l'adoption
par la chambre des députés de la loi Veil, nous
ne pouvons nous empêcher de nous rappeler la phrase de Martin-Luther
King : « Le bien vaincu vaut mieux que le mal triomphant »
et de préférer notre place à celle de certains
parmi ceux qui ont contribué au succès de cette
loi.
On
se demande quel goût peut avoir une telle victoire pour
celui que beaucoup avaient suivi et soutenu dans le passé,
pendant qu'il représentait un certain idéal politique ?
Sa formation philosophique ne lui a-t-elle servi qu'à tromper
ceux qui lui faisaient confiance ? Son intervention "au
finish" fut déterminante.
Quelle
sorte de satisfaction peut éprouver, par ailleurs, celui
qui dans les années 1960 était capable de tenir
en haleine plusieurs milliers d'étudiants, réunis
dans un congrès "Inter-Cathos", en leur parlant
de "la sainteté" et qui a cru devoir peser de
tout le poids de son autorité "religieuse" pour
qu'aujourd'hui une telle "loi" soit votée en
France ?
Quelle
illusion peuvent encore avoir sur leur indépendance d'esprit
ceux qui ont voté selon les consignes de leur parti, en
une matière où chacun reconnaît qu'elle engage
sa conscience personnelle ?
La
thèse qui triomphe actuellement a largement eu les honneurs
des grands moyens d'information. Le combat n'était pas
à armes égales et il ne faut pas s'attendre à
ce qu'il le soit dans l'avenir.
Heureusement,
la sagesse populaire a toujours su que le Petit Poucet a finalement
raison de l'Ogre.
Et
l'histoire des hommes le confirme.
Ceux
qui n'étaient au début que quelques résistants
permirent à la France de rester la France.
Celui
que le premier ministre anglais traitait avec mépris de
"fakir à demi-nu" ébranla l'Empire colonial
britannique et rendit à l'Inde son indépendance
nationale...
II
ne manque pas d'exemples dans l'histoire de l'humanité
où ce qui n'était d'abord qu'une lueur d'espoir
dans un ciel de désespoir s'est finalement transformé
en une grande lumière, parce que la vérité
finit toujours par triompher du mensonge, la justice de la force
et qu'en dernière analyse, la vie est plus forte que la
mort.
Mais
n'oublions pas qu'au plus dur de son combat Martin-Luther King
disait aussi : « La plus grande tragédie
de Birmingham ne fut pas la brutalité des méchants
mais le silence des bons. »
Marie-Thérèse
Bornens
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, mars 1975
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