De
puissants moyens d'information viennent au secours d'un professeur
de gynécologie et d'obstétrique de Tours qui se
pose, ces jours-ci, en adversaire de la loi Veil.
A
première vue sa prise de position amène de l'eau
à notre moulin, puisque les médecins qu'il cherche
à rassembler s'indignent du nombre des avortements (500
000 par an), dénoncent l'absence de dissuasion, stigmatisent
l'avortement clandestin (450 000 par an) et soulignent que les
médecins accoucheurs hospitaliers n'ont pas été
consultés à l'occasion de cette loi qu'ils boudent,
pour la plupart.
Le
Professeur Soutoul s'alarme aussi de l'influence de l'avortement
sur la dénatalité, alors que le Pouvoir la met en
doute. II vitupère enfin la loi qui fait de l'avortement
un moyen de contraception.
En
réalité, ce mouvement de pensée est perfide.
Après des constatations justes, on nous propose
non pas d'abroger la loi Veil mais de l'appliquer (page
234). On nous propose un soutien spécifique pour la troisième
grossesse et le troisième enfant. On nous propose surtout
que les gynécologues accoucheurs des grands hôpitaux
publics président des commissions qui sélectionneraient
les demandes d'avortement.
Ces
commissions de la mort, véritables jurys d'assises, enverraient
au crématoire les enfants qui auraient la malchance d'être
les cinquièmes ou peut-être les quatrièmes
d'une fratrie. Elles refuseraient le billet d'avortoir à
la jeune femme qui veut aller aux sports d'hiver à la date
prévue pour la naissance. Or, ces commissions, nous les
connaissons bien. Outre qu'au Canada, leur fonctionnement est
émaillé d'incidents et que la Suisse cherche à
s'en affranchir, M. Soutoul lui-même en a vécu les
tracas et après 6 mois de pratique du système, il
a dû l'abandonner devant les critiques de "Laissez-les
Vivre" et les violences parfois physiques venues de l'autre
bord. D'autres médecins ont été traînés
en correctionnelles dès le premier refus d'un avortement
par la commission ou empêchés de présider
des examens universitaires parce qu'ils étaient sequestrés
par des manifestants réclamant l'avortement libre et gratuit.
D'autres, comme le Professeur Boulenger d'Amiens ont connu des
difficultés après 150 avortements et 300 refus.
Ces
commissions, nous les connaissons aussi par la pratique des pays
totalitaires, ces paradis où "l'appareil" décide
du niveau souhaitable des naissances et transmet, s'il le faut,
ses directives aux commissions : ces paradis où la
commission alimente un couyrant permanent d'avortement clandestin,
comme le rationnement entraîne le marché noir...
Ces paradis où les médecins n'ont pas de clause
de conscience. Ces paradis où la commission devient, périodiquement,
plus laxiste, laisse déraper la natalité, mais où
brusquement on lui resserre la vis, entraînant, huit mois
plus tard, un redressement subit des naissances.
Politiquement
parlant, M. Soutoul, a trouvé bon accueil auprès
de M. Neuwirth et il n'est pas douteux que certains qui se réclament
du gaullisme, et sont natalistes, puissent apprécier un
compromis qui ne supprimerait pas les avortements, mais laisserait
à la Faculté la responsabilité d'un équilibre
démographique toujours fragile. Et tout cela, sans faire
le moindre cadeau à la famille.
Politiquement
aussi, la main cachée qui dirige, si elle ne pouvait plus
compter sur Mme Veil et sur l'actuel Président, pourrait
trouver ainsi un autre moyen de contrôle.
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, février 1977
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