Le
magazine "Marie-Claire" a commencé, voici quelque temps
déjà, une croisade en faveur du massacre des innocents. Pour le
seul mois de juin 1971, il mobilise, au service de cette cause,
deux "personnalités" féminines. Tout d'abord, c'est l'éloge
enthousiaste d'un livre de la "doctoresse" Weill-Hallé, que je
n'ai pas lu, mais qui s'appelle L'Avortement de Papa.
Comme je ne crois guère qu'on ait pratiqué un avortement sur le
papa de Weill-Hailé, je suppose que c'est lui qui l'a pratiqué.
Sur qui ? Le livre me le dira quand je l'aurai lu.
Toujours
est-il qu'on ne tarit pas d'éloges sur l'ouvrage de ce membre
du "Haut-Comité de la Population", qu'on devrait plutôt
nommer au "Haut-Comité de la Dépopulation", où ses talents
seraient beaucoup plus précieux. On nous y apitoie sur le porte-monnaie
des femmes qui se voient obligées d'aller faire exécuter dans
une clinique de Londres l'enfant qu'elles portent : « Système
profondément injuste puisqu'il fonctionne au profit des privilégiés ».
Autrement dit, quand le crime est trop cher, il faut le mettre
à la portée de toutes les bourses ; je suppose que la Doctoresse
va également demander aux autorités locales de mettre en vente
la cocaïne dans les "Prisunic"
en sachets de cinquante centimes. Sans minimiser les dégâts irréparables
que provoquerait cette vente, puisque le Dr. Weill-Hallé, « comme
tout médecin sérieux, refuse de minimiser les conséquences psychologiques
et médicales de l'avortement ».
La
deuxième vedette mobilisée pour les massacres est Mme Ménie Grégoire.
Pour que les réclamations ne deviennent pas monotones, elle en
change le style et use d'un petit stratagème. Elle publie une
lettre ouverte procédé toujours alléchant pour les curieuses.
A qui ? Au Premier Ministre ? Non, car elle laisse cette
initiative aux membres du gouvernement. Au ministre de la Santé
publique ? Cela serait trop voyant. C'est au ministre de
la Justice qu'elle écrit. Pour lui demander de faire libérer les
médecins avorteurs ? Vous n'y êtes pas du tout : c'est
pour protester contre les projets de refonte du Code civil. A
propos de la légitimation de l'enfant adultérin, la dame écrit
des choses fort sensées ; et elle blâme fort judicieusement
ces projets désastreux pour l'enfant et la famille. Alors, que
va-t-elle proposer au Ministre en contre-partie ? C'est très
simple : la contraception, la facilité du divorce et la légalisation
de l'avortement « tel qu'il était proposé avec prudence,
par une association fort sage ». C.Q.F.D.
Évidemment,
« ces trois réformes-là seraient courageuses ».
Quant à la conclusion, elle est sublime, et je suppose que la
dame, si elle la formulait oralement, aurait des sanglots dans
la voix. « Le seul chemin de la morale, c'est la
responsabilité ». Voilà la puissance des magazines
à séduction : remplacer les réalités par des mots.
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, octobre 1971
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