Paris
le 2 Mai 1974
Monsieur
le Président,
J'ai
l'honneur d'attirer votre attention sur un fait qui nous semble
particulièrement inadmissible.
Au
cours de l'émission d'Europe n° 1, du samedi 13 avril
dernier, à 12 h 30, Il y a toujours quelque chose à
faire, Monsieur Pierre Bellemare s'est fait le propagandiste
direct et personnel de l'avortement et des avorteurs. Ceci tombe
sous le coup de la loi Neuwirth 67-1-176 du 28 décembre
1967 (articles 5 et 7) non abrogée par le Parlement.
Mais
il y a plus : cette émission, présentée comme
vécue, n'était pas une émission en direct.
II s'agissait d'un cas de détresse à secourir, parfaitement
possible à résoudre autrement que par l'avortement
: notamment par notre Service S.O.S. Futures-Mères,
auquel il eût été facile de s'adresser; L'enregistrement
faisait croire aux auditeurs à l'existence d'un cas dramatique
sur lequel on n'a pu nous donner aucune précision. En effet,
lorsque nos amis de S.O.S. Futures-Mères
téléphonèrent, au cours de l'émission,
à Europe n° 1, pour prendre ce cas en charge, il leur
fut répondu, avec ironie, qu'il s'agissait d'une bande
enregistrée et que depuis longtemps la femme avait dû
être avortée, puisqu'il n'y a plus de poursuites
en France...
La
propagande pour l'avortement est aussi grave que l'avortement
lui-même, car c'est elle qui fournit leur clientèle
aux avorteurs.
De
très nombreux appels téléphoniques nous parvinrent
alors de toute la France et même de certains pays étrangers.
Nos adhérents nous suppliaient d'empêcher cette femme
enceinte de 2 mois et demi d'avorter. Ils avaient été
scandalisés par les propos de Pierre Bellemare qui avait
dit notamment qu'il ne fallait pas qu'elle soit « la
dernière tuée de la guerre ».
On
nous reprocha même de ne pas être intervenus au cours
de l'émission qui avait bouleversé tous ceux qui
l'écoutaient, d'autant plus que la situation y était
présentée comme étant en train de se dérouler
au moment où M. Bellemare parlait.
Quand
ceux qui nous appelaient de toutes parts apprirent ce qui venait
de nous être répondu par Europe n° 1, l'indignation
se substitua à la compassion.
C'est
au nom de ces personnes indignées que nous venons, Monsieur
le Président, vous demander de bien vouloir user de votre
très haute autorité pour inviter Monsieur le Ministre
de la Justice à faire connaître les mesures qu'il
a prises, ou qu'il entend prendre pour faire appliquer la loi
réprimant de tels faits de provocation et d'incitation
à l'avortement.
Avec
nos remerciements, nous vous prions d'agréer, Monsieur
le Président, l'assurance de notre très profonde
et respectueuse considération.
Le
Président
Docteur
Paul CHAUCHARD
© Laissez-les-Vivre
– SOS Futures Mères, juillet 1974
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