L'Institut
National d'Études démographiques est un institut
scientifique, crée au lendemain de la Libération
pour étudier les problèmes de population. Il a longtemps
joui, en particulier sous la direction d A. Sauvy d'une
excellente réputation en raison de la qualité scientifique
de ses travaux.
Son
rapport de 1966 sur le nombre des avortements clandestins en France
en 1963 est par contre critiquable. Il fait croire qu'il y avait,
cette année là, environ 300 morts de femmes du fait
des avortements clandestins et près de 300 000 avortements
par an.
La
lettre ci-après, adressée à de nombreux sénateurs,
permet de saisir quelques unes des fautes de ce rapport. On voit
mal pourquoi l'actuel directeur de l'l.N.E.D., M. Calot,
s'obstine à défendre ce rapport indéfendable.
Monsieur
le Sénateur,
L'I.N.E.D.
déclare dans son rapport de 1966 repris en 1974 : tous
les décès d'origine obstétricale sont dus
à l'avortement provoqué clandestin. En d'autres
termes les décès dus à l'accouchement et
aux suites de couches sont dus, selon l'I.N.E.D., à l'avortement
provoqué clandestin.
Liste
des maladies obstétricales dont les décès
ont été considérés par l'INED
décès par avortement
(Source
: nomenclature I.N.S.E.E. 1962 -1963)
Toxémie gravidique
Hémorragie gravidique
Gestation ectopique
Autres maladies et accidents de la grossesse
Hémorragie de l'accouchement et de l'état
puerpéral
Autres accidents de l'accouchement
Phlébite et embolie post-partum
Autres infections puerpérales
Éclampsies post-partum
Complications des suites de couches autres ou non-spécifiées.
|
C'est
sur cette affirmation, qui multiplie le chiffre final d'avortements
provoqués par 6, que repose toute la propagande gouvernementale
pour la reconduction de la loi d'avortement.
C'est
sur cette affirmation que reposent :
1°
l'affirmation de l'existence de un décès par jour
de femmes avant la loi, extrapolation du chiffre de l'I.N.E.D.
de 332 décès en 1963, le chiffre de 332 représentant
précisément la totalité des décès
obstétricaux et non les décès dus à
l'avortement clandestin provoqué, ceux-ci étant
de 56 en 1963 (tableau I.N.S.E.E. n° IV page 658).
Tableau
VI de l'I.N.S.E.E. p.658
Décès
maternels d'orlons obstétricale déclarés
en France de 1954 à 1963
Années
|
Décès
|
Nombre
de décès attribués
à l'avortement
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1954
1955
1956
1957
1958
1959
1960
1961
1962
1963
|
549
490
444
468
449
454
423
379
356
332
|
(47)
(61)
(52)
(55)
(62)
(57)
(68)
(48)
(50)
(56) |
|
2°
l'affirmation que le nombre des avortements n'a pas augmenté
après la libération de fait de l'avortement en 1973
(procès de Bobigny) puis son adoption légale (loi
Veil).
3°
l'affirmation que la loi d'avortement n'a aucune influence sur
la natalité.
4°
enfin le fait qu'avant la légalisation 50 000 femmes
par an en moyenne avaient à souffrir des complications
de l'avortement, alors que maintenant c'est 400 000 femmes qui,
chaque année, sont soumises à ces complications,
à savoir l'effectif d'une génération entière
(avortements à répétition). Voilà
les dépits que cette affirmation fait subir aux femmes.
L'intérêt de la France, mais aussi l'intérêt
des femmes imposent que la lumière soit faite sur l'affaire
I.N.E.D.
En
tant que citoyens d'une République démocratique,
nous avons le droit de mener le combat pour ce que nous estimons
valable. Nous estimons que le Parlement décide souverainement,
mais nous pensons que le Parlement doit avoir à sa disposition
des documents valables et non des documents pour le moins sujets
à caution.
Encore
une fois, et c'est facile à comprendre, même pour
un non-initié, peut-on dire qu'une femme morte au cours
d'un accouchement ou après son accouchement, est morte
d'avortement provoqué ? Évidemment non. C'est pourtant
sur cette affirmation que repose le rapport et les conclusions
du rapport de l'I.N.E.D., multipliant par 6 le résultat
final.
C'est
pourquoi le Cartel pour oe Respect de la Vie qui regroupe
près de 100 associations françaises réclame
que Messieurs les Sénateurs désignent une Commission
d'enquête sur ce rapport afin de faire toute la lumière
sur ces faits, des chiffres justes étant le préalable
indispensable à toute discussion saine, ce qui ne préjuge
en rien des décisions finales, mais aura au moins l'avantage
que les raisonnements soient fondés sur des arguments valables
et tan sur des documents douteux.
On
ne voit pas pourquoi cette Commission serait refusée ou
redoutée par des sénateurs qui sont sûrs des
conclusions du rapport de l'I.N.E.D.
Dans
la mesure où l'erreur ou la falsification aurait été
établie on pourrait dire que la France a fait tuer 1 500 000 enfants
pour un rapport initial de base falsifié ou erronné.
C'est à la Commission d'enquête d'établir
s'il y a ou non erreur ou falsification.
Nous
vous prions de trouver ci-joint le résumé de la
critique Bel sur le rapport de l'I.N.E.D. (4 pages), la conférence
Bel (17 pages) est évidemment à la disposition de
tous les sénateurs qui en feront la demande.
Dans
l'espoir que notre requête sera prix en considération,
nous vous prions d'agréer, Monsieur le Sénateur,
l'expression de nos respectueux sentiments.
E.
TREMBLAY
Président
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, mars 1980
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