Jour
0 : une femme qui ne voulait pas d'enfant se fait poser un
stérilet dans l'utérus.
Jour
42 : le fil, attaché au stérilet, n'est
plus visible à l'orifice utérin. Une radiographie
montre cependant que ce stérilet est présent dans
la région utérine et n'a pas été chassé
hors da l'organisme. La médecin conclut que le stérilet
est bien en place ce que la suite des événements
ne confirma pas.
Jour
73 : une grossesse est découverte et un avortement
est décidé.
Jour
80 : mais au cours de l'avortement le stérilet n'est
pas trouvé dans les produirts de curettage. Aussi termine-t-on
l'opération par une coelioscopie qui finit par retrouver
l'emplacement du stérilet, juste à côté
de l'utérus en dehors de lui, près du peritoine.
On décide, pour ne pas ajouter les risques d'une opération
aux risques d'un avortement, de ne retirer le stérilet
que trois mois plus tard, et c'est peut-être une décision
sage.
Jour
110 : on opère la patiente et on retire le stérilet.
Mais
au
jour 114 elle est prise d'une embolie pulmonaire consécutive
d une phlébite post-opératoire. Elle est admise
en réanimation.
Au
jour 118 : elle y meurt sans doute d'une seconde embolie phlébite.
Cette
observation est instructive à plusieurs chefs :
1.
Elle illustre que le stérilet est un instrument dangereux.
Ici il a dû perforer l'utérus, peu après l'époque
où il avait été posé, et a dû
se déplacer d'un ou deux centimètres à côté
de l'utérus, sans entraîner d'ailleurs, de suppuration
ou d'hémorragies, toutes complications qui, dans quelques
cas, peuvent se produire et être redoutables, voire mortelles.
2.
La prévention des naissances par le stérilet n'est
d'ailleurs pas absolue : 2 ou 3 fois sur cent le stérilet
laisse une grossesse se produire. Beaucoup de ces grossesses surprises
sont dues au fait que comme ici, on n'a pas reconnu du premier
coup, la migration du stérilet.
3.
Nous n'ignorons pas en outre que le stérilet n'est pas
un vrai contraceptif. II n'empêche les grossesses (dans
97 % des cas) qu'en les interrompant de bonne heure, avant l'époque
où la femme aurait reconnu la gestation. C'est, sur le
plan moral, une objection très lourde contre le stérilet,
objection que "Laissez-les Vivre" cherche à faire
reconnaître par le Conseil d'État.
4.
Enfin l'avortement est parfois périlleux. Certes, ici l'avortement
parait n'avoir entraîné aucune complication, toutefois,
dans ses suites, il est fréquent que le risque de phlébite
soit accru. C'est bien pourquoi l'on ne s'est pas pressé
d'entreprendre l'opération qui visait à retirer
le stérilet et l'on a sans doute eu raison.
Rien
ne prouve qu'après trois mots, le risque de phlébite
lié à l'avortement ait joué. Mais rien ne
prouve non plus que ce risque supplémentaire eût
été effacé.
Sans
critiquer la décision d'opération prise au jour
110, il nous semble néanmoins qu'on avait fait courir de
sérieux risques à la femme le jour où l'on
avait décidé de lui poser un stérilet, et
le jour où l'on avait déféré à
sa demande d'avortement.
P.
Vignes
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, mai 1978
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