Un
de nos adhérents, appelé à attribuer certains
crédits pour l'avortement a demandé l'opinion d'un
moraliste catholique.
La réponse n'intéressera sans doute ni M. Giscard
d'Estaing, ni Mme Veil, ni M. Lecanuet et tutti quanti,
mais nous ne doutons pas qu'alla colt de nature à Intéresser
certains de nos lecteurs.
Ce
qui est en cause
L'avortement
est par nature une « atteinte radicale à
la vie humaine », un "crime" (Vatican
II, Gaudium et Spes n° 51) du double point de vue de
la morale naturelle et de la morale chrétienne. La lot
qui le permet est donc profondément Immorale.
Le
problème posé relève donc du cas classique
en théologie morale de la "COOPÉRATION"
(cf. B. Haring, Loi du Christ t. 111, pp. 84..97, qui emploie
le terme "COMPLICITÉ").
Point
de vue moral
Étant
donné la nature de .l'avortement, il est exclu qu'... une
personne s'occupant d'aide sociale, chrétienne, ou simplement
respectueuse de la morale naturelle et des Droits de l'homme,
puisse coopérer, de façon réelle, quoique
seconde, à cet acte, par un vote favorable à une
prise en charge des trais y afférents.
Ce
refus devra être l'occasion d'une explication respectueuse
de la pensée des personnes appelées à voter,
mais franche et aussi motivée que possible. Cette explication
s'appuiera essentiellement sur des raisons d'éthique naturelle,
mais pourra faire état des inspirations évangéliques
d'amour fraternel, de respect et d'accueil des plus pauvres et
des plus démunis, de renoncement radical à l'exclusion
de qui que ce soit de la communauté des hommes; l'Évangile
étant ici le "révélateur", par
la parole et l'exemple du Christ, des exigences ultimes de la
morale naturelle.
Engagement
personnel
Le
refus de coopérer à cette "uvre de mort"
que constitue l'avortement doit être accompagné d'une
ouvre positive, suivant la demande du cardinal Marty aux chrétiens
après le vote de la lot française. La présence
de chrétiens ou d'incroyants respectueux de la vie humaine
au sein des commissions... peut aider à transformer celles-ci
en organismes au service des enfants é naître et
de leurs mères. II faut promouvoir la collaboration de
ces commissions avec des organismes dont la mission spécifique
est l'aide directe, morale et matérielle, aux femmes enceintes
en difficultés - comme S.O.S. Futures Mères ;
ceci d'autant plus que l'expérience montre que les femmes
les plus démunies qui sont en cause sont tettes qui voudraient
davantage garder leur enfant, et acceptent le plus volontiers
une aide positive en ce sens.
Un
engagement personnel des membres des commissions... quand c'est
possible, une mise en relations des personnes concernées
: femmes enceintes, assistantes sociales, animateurs et animatrices
des organismes d'aide directe... une promotion de fade sous toutes
ses formes, y compris l'adoption, sont absolument à joindre
au refus de coopération à l'avortement.
Un
point particulier
Le
vote négatif et la prise de position très nette
envisagés au paragraphe 1 peuvent mettre, dans certains
cas, le chrétien qui se pose le problème dans une
situation très délicate... Pour éviter "le
plus grand mal" que constituerait sans doute une démission,
peut-être n'est-il pas exclu absolument, en fonction des
mentalités des membres du bureau, qu'il puisse, après
avoir clairement fait connaître sa position, s'abstenir
systématiquement de voter dans les cas envisagés,
à la condition expresse que cela ne soit pas interprété
comme une lâcheté au une quelconque approbation da
décisions "d'aide à la mort". Ceci est-il
tenable psychologiquement ? Ce n'est pas sûr... Et
les chrétiens, et d'autres avec eux, seront peut-être
acculés à des ruptures avec une société
qui se déshumanise de plus en plus en certains secteurs
essentiels.
Conclusion
La
question posée ne concerne pas seulement les... médecins
et personnels médicaux. C'est toute la communauté
chrétienne et toute la société qui sont interpellées.
Appel à un engagement total « pour que tous
aient la vie... en abondance. »
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, octobre 1975
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