Le
Congrès "Laissez-les Vivre", c'est comme une
grande réunion de famille : les militants viennent de toute
la France se "ressourcer" en écoutant les orateurs
exposer d'une manière toujours neuve et dynamique les divers
aspects du combat pour le respect de la vie ; ils viennent aussi
mettre leurs expériences, leurs informations, leurs documents
au service les uns des autres. C'est la joie de re retrouver plus
actifs et plus convaincus que jamais, c'est surtout un immense
travail dont les fruits seront à distribuer ensuite tout
autour de soi. Pour une fois, on n'est pas seul : pendant deux
journées trop courtes on n'a même pas le temps
de serrer toutes les mains, de parler à tous de faire le
tour de toutes les questions et aussi bien retenir ! On
en a la tête quelque peu fatiguée... Oui, pour une
fois, on n'est pas seul : on appartient à la grande famille
de ceux qui croient au droit de vivre de chaque être humain
sans exception, fût-il le plus minuscule, et qui sont bien
déterminés à le faire respecter. II y a les
"jeunes pour la Vie", pleins de l'ardeur de leurs 20
ans, il y a les familles nombreuses dont les membres de tous âges
témoignent dé leur foi en la vie, il y a aussi les
jeunes familles fières de leurs bébés dont
les rires sont tout un programme ; et il y a le délégué
venu entre deux trains malgré ses autres obligations et
le prix du voyage, les fidèles amis d'Alsace, de Lille,
de Marseille et de Bretagne, et des lointaines Pyrénées,
et aussi la voisine de Montrouge qui a traversé la rue.
Il y a l'équipe nationale au grand complet dont chaque
membre spécialisé dans un des secteurs du combat
est aussi indispensable à la bonne marche du Mouvement
que chaque doigt au bon fonctionnement de la main.
Le
Congrès, c'est aussi le dévouement discret et combien
efficace de tous ceux qui, dans les coulisses, après des
semaines d'une préparation minutieuse, veillent à
la réalisation de tous les détails pour faire d'une
telle manifestation une réussite : la salle est louée,
éclairée, sonorisée ; les participants sont
accueillis, les panneaux installés, les montages diffusés,
les discours enregistrés, le matériel de propagande
à la disposition de tous ; d'aimables personnes prennent
note de vos désidérata, vous présentent les
uns aux autres, vous écoutent inlassablement, vous orientent
; des puéricultrices diplômées gardent les
bébés ; des estafettes tout sourires en polo LLV
blanc ou orange se précipitent au moindre geste ; vous
vous procurez sans peine livres et documentation. Vous avez pu
enfin vous joindre aux longs et gais cortèges qui plusieurs
fois sont allés jusqu'aux boulevards extérieurs
lâcher les ballons qui doivent diffuser notre message d'espérance
aux quatre coins de l'horizon. Dans cette ambiance vibrante, aucun
visage n'est anonyme, et chaque bulletin d'adhésion reflète
désormais un visage.
Les
orateurs ont plus que jamais rivalisé d'ardeur et de conviction.
Ce qui est particulièrement remarquable, c'est le regard
audacieux que chacun d'entre eux nous invite à jeter sur
la manière dont notre Société occidentale
évoluée repose en réalité sur tout
un tissu d'injustices que les lois d'avortement n'ont fait qu'accentuer.
Le
Pr. Chauchard, ouvrant le Congrès, dénonce
d'abord cette façade de grands mots dans laquelle nous
baignons et qui masquent une affreuse réalité :
les mêmes qui patronnent l'Année internationale de
l'Enfance ont organisé l'assassinat prénatal ; ceux
qui ont fait voter les lois permissives de dégradation
des moeurs ont sans cesse à la bouche l'éloge de
la Famille dont les conditions se dégradent de jour en
jour ; des laboratoires s'enrichissent de chair humaine ; sous
prétexte de "libération" la Femme est
dénaturée et la Maternité dépréciée.
Mme
Alix Gobry se lance alors avec ardeur dans le procès
de toutes les injustices dont les femmes sont victimes et qui
ont fini par causer la situation dramatique actuelle : sous-payées
au travail, éreintées par la journée double,
exclues des instances de décision de cette Société
de type masculin où seules la profession et la rémunération
sont considérées, et où donc leur compétence
et leur dévouement de Mères n'ont pas cours, les
femmes se vengent en prenant leurs enfants en otage. En refusant
désormais de produire des enfants, elles ont fait de la
Maternité un pouvoir redoutable : chacun traîne son
dégoût de ne pas être aimé, et la Société
disparaît inexorablement. Du coup, de victimes, elles se
font complices de tous les égoïsmes qu'elles dénoncent.
Mais la Maternité, c'est d'abord un privilège :
c'est le bonheur d'aimer et d'être aimée qui réchauffe
et qui rayonne. Et parce que le bonheur ne peut jamais s'édifier
sur le malheur d'un autre, encore moins sur le cadavre de son
propre enfant, la "Cause des Femmes", c'est d'abord
la Cause des enfants. Et la Libération de la Femme, c'est
la vocation de donner la vie accomolie sans faille. Que ce discours
applaudi avec enthousiasme n'a-t-il été entendu
de celles restées au-delà des murs du Congrès
et à qui il s'adressait en réalité ?
Mme
Rollin, en juriste avertie qui a pu observer que l'attitude
de lâcheté et d'abondon du père est la plupart
du temps à l'origine de l'avortement, fait des propositions
de lois réalistes qui vont être étudiées
par la Commission Juridique du Mouvement : paf ex., la présomption
de paternité devrait être étendue au concubin
qui pourrait tout comme le mari intenter une action en désaveu
de paternité. De même, quand une femme est poursuivie
pour sévices ou défaut de soins à enfants,
que le père de ces derniers puisse être poursuivi
comme complice si son comportement l'a mérité, alors
qu'on a vu des procès scandaleux où le père
ayant abandonné femme et enfants est simplement cité
comme témoin !
Le
Dr Di Vittorio, psychanalyste, de l'École freudienne
de Paris, confirme avec beaucoup de verve les vues de Madame Rollin
quant à la perception, par les femmes, du désir
d'enfant. II souligne les contradictions de nos adversaires, imitant
avec humour M. Mitterrand et finalement devant une salle éberluée
relie la signification phallique à la métaphore
paternelle !
Entre
temps M. Sentis, sous-directeur au Collège de France,
et économiste distingué avait démontré,
sans réfutation possible, que la somme d'efforts et de
travail fournis pour amener un enfant à l'âge adulte
constitue du point de vue économique un investissement
indispensable à la survie du pays. La non-prise en considération
de cette donnée fondamentale par les indicateurs de l'activité
nationale (le P.I.B. en particulier] fausse les comparaisons entre
les niveaux de vie des différents pays. L'attribution d'un
salaire maternel, en rétablissant les véritables
priorités, aurait un effet positif sur l'emploi sans altérer
l'équilibre budgétaire ni avoir d'effet inflationniste,
contrairement aux théories de "l'école monétariste".
La
conférence magistrale du Dr Delarue a ensuite suscité
!'approbation passionnée de la salle. II s'agissait de
l'euthanasie, cette horrible pratique déjà inscrite
dans la loi Veil, qui s'étend, mais qui doit être
entièrement rejetée car elle répond exactement
à la définition juridique de l'assassinat : meurtre
commis avec préméditation, quels qu'en soient les
motifs et l'auteur. Encore moins que quiconque un médecin
appelé par vocation à soigner, mais jamais à
s'ériger en juge de la valeur d'une vie. Ce qui d'ailleurs
n'implique pas un zèle thérapeutique abusif car
s'acharner contre !'inévitable n'est pas une exigence éthique.
L'obligation de soins ordinaires, la nécessité ou
l'abstention Besoins extraordinaires doivent être laissés
à l'appréciation de la conscience du médecin.
Légiférer sur une obligation de soins minimum serait
admettre qu'au delà tout est permis, donc légaliser
implicitement l'euthanasie. Nous aurons aussi à lutter
sur ce nouveau front du difficile combat pour le droit de vivre
contre les maniaques de la mort des autres.
Le
Dimanche matin, après des informations démographiques
les congressistes discutent les motions, point par point ce qui
donne lieu à de nombreux votes et à un échange
en va et vient entre la tribune et la salle. Puis ce sont quatre
carrefours simultanés. Chacun suivant ses goûts qui
pour l'éducation des jeunes, qui pour !'action auprès
des parlementaires. On souligne que l'éducation affective
commence par un regard généreux et personnalisé
sur !'autre. On constate, par ailleurs, que l'orientation prise
par le mouvement aux dernières élections n'est désavouée
par personne et trouve un accueil chaleureux. Pendant ce temps
des réunions plus techniques ont lieu : l'une pour "S.O.S.
Futures Mères", ce cur de "Laissez-les
vivre", l'autre, avec le Professeur Landes (Nancy)
et le Dr de Montis (Paris) tant il est vrai qu'en Médecine,
la science est dans nos rangs.
L'après-midi
a vu se succéder à la tribune les orateurs les plus
prestigieux devant une salle comble et enthousiaste présidée
par M. Convent (de Malines), secrétaire généra!
d'Europe pro vita. D'abord le Pr Baruk, psychiatre
de renommée mondiale, admirable de bonté et de conviction,
redit inlassablement son amour de la vie qui est sacrée
puisqu'elle nous vient du Créateur qui nous demandera compte
de la nôtre et de celle des autres : croire en la vie, c'est
sauver des vies, ainsi que lui-même l'a toujours pratiqué
malgré les défaitistes. La conviction entraîne
la victoire, comme la guerre où le devoir a souvent galvanisé
des héros, et celle du Pr Baruk entraîne l'adhésion
et l'admiration de ses auditeurs.
Puis
c'est le Dr Tremblay qui se taille un vif succès
très mérité pour son étude passionnante
et détaillée sur "la
retraite de la mère de famille, moyen de promotion de la
femme". Cette conférence redite aux Assises régionales
de Dinan le 29 octobre a été plébiscitée
là-bas comme ici : le Dr Tremblay, infatigable Secrétaire
Général du Mouvement, est de ces précurseurs
dont les idées justes et réalistes sauveront la
situation si elles sont appliquées aussi vite qu'elles
le méritent.
Le
Père Oziol, dont la belle uvre au service
des débiles profonds vient d'être récompensée
par le Prix "Laissez-les Vivre", touche ensuite tous
les curs en parlant avec amour de ces déshérités
dont la vie est pourtant aussi précieuse et aussi respectable
qu'aucune autre, même si elle s'épanouit mieux dans
les établissements spécialisés qu'il a fondés
que dans leur famille où leur infirmité est cause
de troubles. II nous rappelle que c'est à force de conférences,
de contacts, de démarches, de congrès qu'a été
obtenue la loi-cadre pour les handicapés du 30 juin 1975.
Cet exemple vivifiant est encourageant pour "Laissez-les
Vivre" qui va aussi à contre-courant.
A
son tour, Mme Poullot avec son cur de mère
élargi à tous les enfants "S.O.S. F.M."
qu'elle a sauvés, sait trouver les mots qui touchent pour
dénoncer la misère maternelle rencontrée
chaque jour : actuellement, en plein Paris, il y a des femmes
enceintes qui ont faim, des jeunes ménages dans le plus
complet dénuement, parce que la Maternité est traquée
sournoisement, parce que l'individu seul ne peut s'affronter aux
énormes rouages administratifs lents et impassibles. Ces
témoignages irrécusables sont poignants et Mme Poullot
fait appel aux forces et aux convictions de tous pour vaincre
l'énorme barrage d'égoïsme et d'indifférence
que doivent franchir les mamans en difficulté.
Avec
le Pr Lejeune, c'est l'apothéose. Son aisance et
sa simplicité emportent l'adhésion. II nous rapporte
des faits et des chiffres irréfutables et en tire les conséquences
pour notre action. Aux États-Unis, toujours en avance sur
nous de quelques années, dans l'État de Californie,
un crime passe en jugement : un bébé expulsé
de l'utérus maternel par le chlorure de sodium à
l'âge de cinq mois et demi et quand même vivant a
été étranglé par son avorteur dans
la couveuse où la sage-femme l'avait placé. La Cour
conclut au non-lieu, parce que l'avortement est permis, à
n'importe quel terme. Et de conclure : un enfant conçu
actuellement en France a moins d'espérance de vie qu'un
bébé naissant dans une population sous-développée
où la mortalité infantile est de 250 compte
tenu des avortements, elle est chez nous d'au moins 400
!!!
Après
ce Congrès qui a excité à la fois notre indignation
et notre enthousiasme, une seule attitude est possible pour les
militants "Laissez-les Vivre" : une générosité
toujours plus active et plus efficace au service des enfants à
naître et de leurs mères.
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, décembre 1978
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