Présence
Les
nombreux adhérents du Nord, mais aussi du Pas-de-Calais,
de la Somme ou de la Région parisienne, qui sont venus
à l'audience où devait être jugé le
dentiste prévenu de 400 avortements clandestins ont
clairement montré que l'opinion reste vigilante.
Comportement
inqualifiable
D'entrée
de jeu, une avocate de l'avorteur a déclaré que
"Laissez-les vivre" étant fasciste, la défense
quitterait la salle si nous n'étions pas déboutés
sur le champ.
Le
Tribunal n'ayant pas obtempéré, le prévenu
prit un micro et déclara « ce sont des fascistes.
On nous avait dit, au procès de Nuremberg, qu'ils n'auraient
plus jamais la parole. S'ils sont là, moi je m'en vais ».
Et
de partir, en scandant « Avortement libre et gratuit »précédé
de ses trois avocats, de ses dix-neuf témoins et de ses
deux cent supporters, pour se rendre à la Halle aux sucres,
dont la salle avait été retenue d'avance.
Là,
les témoins racontèrent comment ils avaient été
avortés par le "bon docteur". Les journaux en
firent chaude gorge, mais le tribunal n'en sut rien et ne condamna
le prévenu que pour un seul avortement, celui qu'avaient
révélé des poursuites pour détournement
de mineure et qui avait entraîné des complications
infectieuses.
Nos
adhérents, restés dans la salle, à la différence
de M. Dupin, apprirent beaucoup de choses qui n'étaient
pas toutes à l'honneur du prévenu. Ils apprirent,
en particulier, que pour savoir si une grossesse est de 10 ou
de 17 semaines, M. Dupin perce l'uf avec une tige de
métal graduée, ce qui a l'inconvénient, quand
la grossesse est avancée, de le mettre dans une situation
dont la femme ne peut sortir sans accident.
Le
prévenu voulait sans doute cacher cela à ses supporters,
des supporters qui peuvent être des clients tant qu'ils
auront confiance dans la technique de M. Dupin.
Mais
"Laissez-les vivre" lui, ne craint pas l'objectivité
et relève dans le jugement ce qui suit :
Courant
juin 1976, les services de Gendarmerie de Lille diligentant une
enquête relative à des faits d'excitation de mineure
à la débauche, constataient que X âgée
de 27 ans, avait été avortée clandestinement...
Le
10 janvier, Dupin tentait d'avorter la jeune femme selon la
méthode de Karman. N'y parvenant pas il se contentait
essentiellement de sectionner le cordon ombilical pour interrompre
la grossesse et provoquer ultérieurement une fausse couche.
Le
lendemain, X était admise dans un état grave à
la Clinique Obstétricale Y...
Pour
sa défense, Dupin... a par ailleurs affirmé n'avoir
jamais exigé plus de deux cents francs (200,00 F) de ses
patientes, ajoutant que ces sommes ne lui étaient pas destinées,
mais servaient à alimenter les fonds du mouvement pour
la liberté de l'avortement et de la contraception. (M.L.A.C.)...
L'expertise
médicale fait état des mauvaises conditions d'hygiène
dans lesquelles l'avortement a été effectué.
Les experts ont notamment déploré l'usage d'un hystéromètre
et celui d'un médicament particulièrement nocif,
le méthergin. Ils ont, en outre, mentionné que « les
techniques employées par l'inculpé, bien qu' entraînant
nécessairement la mort du ftus, étaient dangereuses
et susceptibles d'amener par une rétention placentaire
une infection et des hémorragies »...
Dupin
et la M.L.A.C. réclament non seulement la liberté
totale de l'avortement et sa gratuité mais encore sa "démédicalisation".
Dupin
n'a jamais pu expliquer de façon satisfaisante cet échec
qui semble prouver son erreur en ce qui concerne la "démédicalisation"
nécessaire de l'avortement ; la gêne qu'il en
a éprouvée peut expliquer dans une certaine mesure
l'aveu spontané de 400 avortements antérieurement
pratiqués sans aucun incident, ainsi que son refus d'accepter
les débats à l'audience sous le prétexte
de la présence de "fascistes", qualificatif qu'il
applique à l'association et au syndicat qui se sont constitués
parties civiles...
Attendu
que Dupin fait l'objet de bons renseignements et n'a pas d'antécédents
judiciaires ; qu'il n'est pas douteux qu'il agi par idéal ;
que le seul avortement dont il est reconnu coupable a été
réalisé peu aprés l'intervention de la "loi
Veil", sur une jeune fille qui normalement aurait dû
pouvoir bénéficier d'une interruption volontaire
de grossesse dans le cadre légal mais qui s'est heurtée
aux difficultés d'application de la loi ; qu'il convient
dans ces conditions de ne prononcer qu'une peine de principe.
Et
vous, peuple français, estimez-vous que c'est faire justice
pour quatre cents bébés assassinés !
© Laissez-les-Vivre
SOS Futures Mères, mai 1978
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